Les Nobel contre les optimistes de l’IA

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Et de six : tous les Nobel de l’IA

Après les prix Nobel de physique et de chimie la semaine dernière, celui d'économie a notamment été décerné hier à l’économiste Daron Acemoglu, l’un des principaux penseurs de l’IA et de ses effets. Revue de détail de ses positions, ainsi que celles des cinq autres personnalités de l’IA nobélisées.

L’IA truste les prix Nobel • Qant, M. de R. avec Midjourney

Le prix Nobel d'économie 2024 a récompensé Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson pour leurs recherches sur l'impact des institutions sur la prospérité, notamment dans les pays anciennement colonisés. Acemoglu, connu pour son scepticisme vis-à-vis de l'intelligence artificielle, met en garde contre son effet limité sur la croissance et l'emploi, tout en soulignant les risques de monopole technologique et de manipulation sociale. Il appelle à une meilleure régulation pour que l'IA serve la société, contrastant avec la vision plus optimiste de Philippe Aghion, qui voit dans l'IA un moteur de productivité et de création d'emplois, à condition de politiques adaptées. L'IA a également été au centre des prix Nobel de physique et de chimie, récompensant des avancées en apprentissage automatique et en prédiction des structures protéiques. Les prix ont notamment récompensé Geoffrey Hinton, père des réseaux neuronaux, et le directeur général de Google Deepmind, Demis Hassabis. Tous deux reconnaissent le caractère ambivalent de l’IA et, à l’instar d’Acemoglu, Hinton en dénonce les dangers. 

On est loin du techno-optimisme (lire Qant du 18 octobre 2023).

GPT-o1 se prend les pieds dans les kiwis

• Une étude publiée par des chercheurs d'Apple révèle que les modèles d'intelligence artificielle échouent face à des problèmes mathématiques légèrement modifiés. Les chercheurs ont montré que l'ajout de détails apparemment sans importance pouvait entraîner des erreurs de raisonnement. 

• Les modèles reproduisent des schémas de données observés plutôt que de véritablement raisonner, selon les auteurs. Cette limite suggère que les IA actuelles peinent à effectuer des raisonnements logiques, contrairement à un enfant capable de comprendre des détails contextuels simples.

• Face au problème suivant : "Olivier cueille 44 kiwis le vendredi. Le samedi, il cueille 58 kiwis. Le dimanche, il cueille deux fois plus de kiwis que le vendredi, mais cinq d'entre eux sont un peu plus petits que la moyenne. Combien de kiwis Oliver a-t-il cueillis ?", GPT-o1 va par exemple faire l'erreur de soustraire les kiwis plus petits du total.

• À SURVEILLER : Peut mieux faire. Ou pas. Cette étude soulève des doutes sur la capacité des IA à raisonner de manière autonome, ce qui remet en question leur utilisation dans des applications critiques où une compréhension fine et logique des problèmes est essentielle, comme la prise de décision ou l'analyse complexe.

Arcom, Cambridge, OpenAI

• L’Arcom rend sa copie • La mission de l’Arcom sur l’IA, lancée en septembre 2023, a présenté son rapport hier. L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) reconnaît que l’IA brouille les frontières entre médias et fait émerger des “médias du 3ème type”, les médias synthétiques. Elle se félicite néanmoins de l’attitude des producteurs et des médias, ainsi que des règlementations en train d’être mises en place. En savoir plus… 

• Coordonner un essaim d’agents • OpenAI a lancé Swarm, un cadre expérimental destiné à simplifier la gestion et l'orchestration des systèmes multi-agents. Ce framework léger permet aux développeurs de coordonner et de contrôler efficacement les interactions entre plusieurs agents d'IA, tout en facilitant les tests et le déploiement. En savoir plus… 

• L’IA pour promouvoir la biodiversité • Le Musée de Zoologie de l'université de Cambridge utilise l'intelligence artificielle pour permettre à des animaux disparus, comme un dodo ou un panda roux, de "parler" aux visiteurs via leurs téléphones. Ce projet vise à sensibiliser à la crise de la biodiversité en donnant une voix et une personnalité uniques à plus d'une douzaine de spécimens. L'IA ajuste le ton et la langue en fonction de l'âge du visiteur, et permet des conversations dans plus de 20 langues. En savoir plus…

Moscou organise les Brics autour de la blockchain

• La Russie, en tant que présidente actuelle du groupe des Brics, vient de proposer un système de paiement transfrontalier basé sur des registres distribués (DLT) et des monnaies numériques pour faciliter les paiements en devises locales.

• La solution DLT permettrait de réduire les risques de crédit et d'accélérer les transactions en éliminant les intermédiaires et en automatisant les contrôles de conformité. Le système est détaillé dans un nouveau papier de recherche du ministère des Finances russe, de la Banque de Russie et du cabinet de conseil Yakov and Partners. 

• À SURVEILLER.  Aussi rapide et moins coûteux que les infrastructures actuelles, ce système décentralisé protégerait les participants contre les sanctions. On comprend l’intérêt des Russes.

Un casque Vision moins cher pour 2025

• Apple devrait lancer en 2025, sans doute au deuxième semestre, un casque Vision à environ 2 000 $ (1 890 €), selon le journaliste de Bloomberg Mark Gurman. Le modèle sera plus abordable que le Vision Pro, dont l’objectif de ventes à 3 500 $ (3 310 €) a été revu de 800 000 pièces à 450 000.

• Ce modèle serait construit avec des matériaux moins coûteux et un processeur moins puissant. L'analyste Ming Chi-Kuo considère pour sa part qu’il sera basé sur la puce M5 (lire Qant du 14 octobre). Il ne disposerait pas de la fonctionnalité EyeSight, qui permet de voir les yeux de l'utilisateur à travers le casque. 

• À SURVEILLER : l’échéance de 2027.Un Vision Pro de deuxième génération est prévu pour 2026, avec des lunettes intelligentes et des AirPods équipés de caméras potentiellement lancés en 2027. La même année, Meta devrait lancer sur le marché les lunettes Orion, présentées le mois dernier.

Le quantique chinois fait trembler la crypto

• Des chercheurs chinois ont utilisé un ordinateur quantique fabriqué par la canadienne D-Wave Systems, pour attaquer des algorithmes de chiffrement comme Present, Gift-64 et Rectangle, utilisés dans la protection des données, selon le South China Morning Post.

• Ces algorithmes font partie de la structure Substitution-Permutation Network (SPN), une base pour les normes de cryptographie avancée, dont l'AES (Advanced Encryption Standard) largement utilisé pour sécuriser les portefeuilles de crypto-monnaies.

• À SURVEILLER. Bien que l'AES soit considéré comme l'une des méthodes de chiffrement les plus robustes, les progrès en informatique quantique pourraient bientôt remettre en question son efficacité.

L’IA jusque dans le doudou

Casio dévoile Moflin, un robot animalier conçu pour offrir réconfort et apaisement grâce à une intelligence artificielle capable de simuler des liens affectifs avec son propriétaire.

Le japonais Casio a récemment ouvert les précommandes pour Moflin, un robot animalier au design particulier, combinant l'apparence d'un hamster et d'une créature de science-fiction. Ce robot n’est pas conçu pour interagir de manière dynamique comme le chien robot Aibo de Sony, mais plutôt pour être un compagnon calme à câliner. Moflin est destiné à offrir un soutien émotionnel à son propriétaire grâce à une intelligence artificielle intégrée qui lui permet de reconnaître la personne qui interagit le plus avec lui. Il simule ainsi un lien affectif en réagissant avec des sons et des mouvements uniques.

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :

• Tout comme les prix de physique et de chimie, les prix Nobel d'économie 2024 récompensent des chercheurs qui appellent à une réglementation plus stricte de l’IA.
• Casio lance Moflin, un robot doux et interactif. Inspiré du Tamagotchi, il apprend à reconnaître son propriétaire pour créer un lien émotionnel.

Et de six : tous les Nobel de l’IA

Après les prix Nobel de physique et de chimie la semaine dernière, celui d'économie a notamment été décerné hier à l’économiste Daron Acemoglu, l’un des principaux penseurs de l’IA et de ses effets. Revue de détail de ses positions, ainsi que celles des cinq autres personnalités de l’IA nobélisées.

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