De l'IA, des fraises et un Telegram

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

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Le talentueux M. Du Rove

• Samedi 24 août, Pavel Valeryevich Durov a été arrêté à sa descente d’avion à l’aéroport du Bourget. Naturalisé français sous le nom de Paul Du Rove, l’ancien fondateur du principal réseau social russe VKontakte dispose également des nationalités des Émirats Arabes Unis et de Saint Christophe et Niévès, dans les Caraïbes. Il dirige, depuis Dubaï, la messagerie Telegram, qu’il a fondée en 2013 et qui se targue d’avoir 950 millions d’utilisateurs de par le monde, dont 5 millions d’abonnés payants.

• De la multitude des chefs d’accusation pour lesquels il a été mis en examen, il ressort notamment que Telegram Messenger n’est pas aussi sécurisé que son marketing le prétend. En particulier, tous les messages semblent avoir été stockés en clair sur les serveurs de Telegram, tout ou partie en Russie.

• Telegram refusait notamment de se soumettre aux obligations du Digital Services Act (DSA) européen, notamment en matière de lutte contre la pédophilie. Après la mise en examen de son dirigeant, l’entreprise a changé d’avis, laissant Elon Musk (X-Twitter) déplorer une “atteinte à la liberté d’expression”. La détection de Csam (Child Sexual Abuse Material) est désormais largement automatisée, grâce à des solutions d’IA comme Safer Predict de l’association Thorn.

• A SURVEILLER, 1: en Russie. Telegram est très largement utilisé par les armées russe et ukrainienne. “Ils ont pratiquement arrêté le chef des communications de l'armée russe”, lisait-on sur Povernutie na Z Voine, une chaîne de blogs militaires russes citée par Politico. Moscou a très vivement réagi auprès des autorités françaises, malgré l’historique difficile des relations avec les autorités de Pavel Durov, qui ont mené à son exil.

• A SURVEILLER, 2 : en France. Il n’y a pas que les militaires. Telegram a été longtemps la messagerie de choix pour de nombreux politiques en France et en Europe, y compris des proches d’Emmanuel Macron. 

• A SURVEILLER, 3 : aux États-Unis. Puisque la promesse de confidentialité de Telegram s’avère fallacieuse, les messageries cryptées “end-to-end” sont désormais toutes américaines : WhatsApp de Meta (3 milliards d’utilisateurs uniques), iMessage d’Apple (plus d’un milliard d’utilisateurs par moi) et la solution open source Signal (40 millions en 2022).

La soupe aux fraises de Sam Altman

• Début août, le CEO d'OpenAI avait publié sur X une mystérieuse photo de fraises dans son jardin, déclarant son goût pour cette baie, si bénéfique pour la santé. De nombreuses rumeurs se multiplient depuis. OpenAI prévoirait de lancer cet automne un nouveau modèle d'IA appelé "Strawberry" (fraise), héritier du projet Q* en février.

• Q*-Strawberry est resté en grande partie confidentiel, mais il promet des avancées significatives, notamment dans la résolution d'équations ou l'élaboration de stratégies de marché. GPT-5, lui, reste encore plus flou, bien qu’il serait déjà en phase d’entraînement.

• À SURVEILLER. L’art de Sam Altman pour faire monter les expectatives sur les réseaux sociaux ne se dément pas. La raison en a sans doute fuité cette semaine : OpenAI est en train de préparer un tour de table sur une valorisation sans précédent, supérieure à 100 milliards de dollars. Le fonds Thrive Capital mènerait le tour en apportant 1 milliard. Il faut parfois du feu pour faire de la fumée.

OpenSea à la mer

• Le gendarme boursier américain, la SEC, a notifié le site de commerce de NFT Open Sea de son intention d’ouvrir des poursuites, arguant que les jetons non fongibles ne sont pas des œuvres d’art, mais des titres financiers.

• La plateforme, pionnière des NFT depuis 2018, a créé un fond de 5 millions de dollars pour aider les créateurs, qui pourraient se trouver mêlés aux procès.

• À SURVEILLER. Une victoire de la SEC contre OpenSea pourrait avoir un effet fatal sur les NFT, dont le montant échangé ne cesse de baisser. Une notification similaire contre un créateur de NFT, Stoner Cats, avait conduit en 2023 à un accord à l’amiable : Stoner Cats a rétrocédé 1 million de dollars, sur 8 millions levés. Et depuis un an, la SEC a notifié pour la même raison des plateformes aussi diverses que Paxos, Robinhood et Uniswap.

Gemini, à l’épreuve des faits

• Google vient de réactiver la fonction de génération d'images de personnes via son chatbot Gemini, après l'avoir suspendue en raison d'images historiquement inexactes, comme des soldats nazis noirs (lire Qant du 23 février).

• Cette fonctionnalité, alimentée par le modèle Imagen 3, sera accessible en avant-première aux utilisateurs professionnels et entreprises de Gemini. Des restrictions sont en place pour empêcher la création d'images réalistes de figures publiques, de mineurs, ou de contenus inappropriés.

• À SURVEILLER. Le problème de Google cet hiver ne provenait pas d’hallucinations du modèle, qui serait sorti des lignes tracées, mais au contraire d’une interprétation trop stricte des normes contre les biais de l’IA. Celles-ci conduisaient le modèle à s’écarter de la réalité historique. Demis Hassabis, CEO de Google Deepmind, avait promis de travailler à la “factualité” du modèle avant de le remettre en fonction.

Metropolis revient avec l’IA

• De mystérieux robots pour lutter contre l'effondrement de la population. C'est le thème du court-métrage Dependence, présenté sur Youtube par l'américain Andy Orsow.

• Le court-métrage montre comment l'utilisation de robots comme ouvriers d'usine, chauffeurs ou même baby-sitters a d'abord "horrifié" la population avant que les "bénéfices évidents" ne convainquent les plus récalcitrants.

• Pour parvenir à ce résultat, Andy Orsow a combiné plusieurs outils : Midjourney pour les images, Luma Labs pour pour l'animation image to video, Magnific et Topaz Labs pour l'amélioration de la définition, et Eleven Labs pour la voix off. Du 100% IA.

• À SURVEILLER. Selon le gouverneur de la Banque d’Italie Fabio Panetta, la Péninsule perdra dans les quinze ans à venir 5,5 millions de travailleurs, malgré une immigration nette positive. Cela provoquera une contraction de l’économie de l’ordre 10 % à 13%. Peu ou prou, cette situation se retrouve dans la plupart des pays de l’OCDE. De quoi rendre attractifs les robots.

Juliette Faure : « La vague de progrès en IA générative est porteuse de nouvelles opportunités pour la création d’alpha »

Juliette Faure (Dauphine, Bocconi) dirige depuis la France l’investissement quantitatif ESG chez BlackRock. Elle analyse l’impact de l’IA sur l’investissement systématique, mais aussi le comportement des marchés vis-à-vis de l’IA.

Nous avons la conviction profonde que l’IA va transformer la société et l’économie dans les dix ans à venir. Nous sommes à présent dans la deuxième année de cette phase de « ramp up » où l’infrastructure de l’IA est en train de se mettre en place. A court terme, les opportunités et les arbitrages se concentrent sur les « enablers », ces entreprises qui attirent les investissements et monétisent déjà la course à l’IA : fabricants de puces, fournisseurs de calcul et de stockage dans le cloud, producteurs d’équipements … 

RENDEZ-VOUS: 12 SEPTEMBRE, PARIS

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Le club IA et Finance vous invite à réserver la date de la prochaine matinale Qant : IA, Éducation et Formation, le 12 septembre 2024 de 8h30 à 10h, au palais Brongniart à Paris.

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En exclusivité pour les abonnés :

INTERVIEW

• Juliette Faure, responsable de l'investissement quantitatif ESG chez BlackRock, ex que l'IA générative offre de nouvelles opportunités pour la création d'alpha en permettant une analyse plus fine des signaux de marché, notamment grâce au traitement de grandes quantités de données non structurées.

• Elle souligne que l'IA va transformer l'économie et la gestion d'actifs, mais qu'elle est complémentaire à la gestion fondamentale, permettant de créer des portefeuilles plus réactifs et différenciés.

Juliette Faure : « La vague de progrès en IA générative est porteuse de nouvelles opportunités pour la création d’alpha »

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