Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Chaque jour, les tendances de la tech et l'IA par Jean Rognetta et Maurice de Rambuteau

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Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique
26 juin · 1 mn à lire
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Fâchés tout brun

L’avancée conjointe du populisme et de la société numérique est souvent sous-estimée. À tort, car la généralisation de l’IA ne fera que l’aggraver.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Fâchés tout brun

La politique au XXIème siècle • Qant avec Dall-e.La politique au XXIème siècle • Qant avec Dall-e.

Mercredi dernier, l’ensemble des syndicats patronaux a reçu Jordan Bardella, le président du Rassemblement National que chacun donne pour Premier ministre, l’élection passée. Dans un sondage Ipsos-Le Parisien-Radio France qui paraît ce dimanche, le Rassemblement National et ses listes croupions obtiennent 35,5 % d’intentions de vote. La plupart des Français prévoit que le RN gagnera les élections ; une majorité le souhaite.

France Digitale, qui s’oppose fermement au programme du RN, était absente mercredi. Il faut dire que la préférence nationale n’est guère compatible avec l’innovation. Les talents sont rares et chers ; s’en priver pour des questions de passeports, c’est handicaper le développement de la tech et du digital. Quant à l’idée de préférer les maigres services numériques français aux étrangers…  même les populistes les plus extrêmes ne vont pas jusque-là, sans doute parce qu’ils sont grands utilisateurs de TikTok et d’Instagram. 

  Jordan Bardella devant le Medef et les syndicats patronaux, mercredi 19 juin. © A. Daubrée  Jordan Bardella devant le Medef et les syndicats patronaux, mercredi 19 juin. © A. Daubrée

Il ne s’agit pas que du numérique. Après s’être trouvés à manquer de chauffeurs routiers, les conservateurs britanniques ont commencé à mettre de l’eau dans leur vin xénophobe. Giorgia Meloni en Italie a rouvert les portes de l’immigration pour préserver la récolte des tomates. Comme elle, aux portes du pouvoir, Jordan Bardella détricote à toute vitesse son programme électoral pour rassurer les entreprises. Mais ses entrechats embarrassés sur la retraite à 60 ans et l’emploi ne doivent pas occulter un autre paradoxe. 

Il existe un lien indéniable entre le numérique et la propagation du populisme, que l’IA semble destinée à accélérer. Les plateformes numériques, notamment les réseaux sociaux, accélèrent et amplifient les messages simples et émotifs. Le numérique, que le philosophe Paul Virilio qualifiait de « radioactivité de la télévision », n’a fait qu’aggraver la descente du rationnel vers l’instinctif.  

Le contenu généré par IA, comme le Christ en crabes ou les publicités générées automatiquement par IA, s’adapte aux métriques d’engagement avec d’autant plus de naturel que celles-ci sont de plus en plus déterminées par l’IA. Les « bulles informationnelles » ont tendance à se renfermer encore sur elles-mêmes. Sur les réseaux sociaux, la mauvaise monnaie continue de chasser la bonne, au point que Meta se détourne des journaux et de la lutte contre la désinformation. 

Le Christ en crabes, thème de nombreuses images créées par IA sur FacebookLe Christ en crabes, thème de nombreuses images créées par IA sur Facebook

Le contournement des médias s’accélère. Newsguard a montré cette semaine comment ChatGPT et les autres chatbots répercutaient les désinformations de 167 faux sites de presse locale aux États-Unis – le « Boston Times » au lieu du Boston Globe, par exemple. Le réseau est piloté depuis Moscou par un ancien US marine, devenu policier en Floride, proche des soutiens russes à Donald Trump, et enfin exilé.

ChatGPT et ses émules donnent ainsi un vernis de respectabilité aux messages que les leaders populistes font circuler sur les plateformes numériques. Peu importe qu’ils les contrôlent, comme Truth Social et X-Twitter, ou non.

L’analyse de données et le micro-targeting président aux campagnes électorales. Les médias attachés à la vérification des faits, que les populistes accusent souvent de partialité, se voient de plus en plus réduits à l’impuissance. Aucune institution ne semble capable de ramener le débat public vers la réalité et la raison. 

Cela fait du populisme un phénomène mondial et non seulement français. Tout comme le numérique.

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.

Jean Rognetta

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