OpenAI vole la vedette à la bulle

CETTE SEMAINE DANS L'IA ET LA TECH • Le DevDay d'OpenAI éclaire l'avenir de l'IA, pendant que Sora 2 et AMD illustrent sa course effrénée • La Chine grogne, les marchés tremblent, l'IA avance • Avec l'IA, l'Europe se dote d'un embryon de politique industrielle • Bienvenue dans Qant, samedi 11 octobre 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Sous les pavés, la plage…

Alors que les signes avant-coureurs de l’explosion de la bulle IA se multiplient, OpenAI prépare la suite.

« We are still so early on this journey…» : en lançant lundi, avec tambours, trompettes, orgues et fanfares, la journée d’OpenAI pour les développeurs, Sam Altman a tenté sans le dire de reporter le débat sur le moyen et le long terme : « Nous n’en sommes qu’au tout début de l’aventure… ». Dans l’immédiat, en effet, les craquements dans la coque se multiplient : chacun attend le renversement sur les marchés financiers et un institut de poids, Forrester Research, publie des prévisions pessimistes pour 2026, que nous détaillons ci-dessous.

À moyen terme, cependant, faire de ChatGPT un « système d’exploitation » ou une nouvelle « plateforme » est beaucoup plus sensé. Pouvoir communiquer avec un ordinateur en langage naturel annonce un profond changement d’interface, comparable aux écrans tactiles dans les années 2000, aux interfaces graphiques dans les années 1980, ou à la ligne de commande (un net progrès par rapport aux cartes perforées). Chaque nouvelle interface homme-machine (IHM) a engendré de nouveaux acteurs dominants : Intel et Microsoft ont succédé à IBM avant de voir Apple et Google les remplacer. Même si « nous n’en sommes qu’au tout début de l’aventure », il est raisonnable de penser à OpenAI et Nvidia comme les nouveaux acteurs du siècle, capables de traverser la tempête financière en préparation. Ou du moins est-il raisonnable pour Sam Altman de tenter de le faire croire.

Les illustrations de Qant, cette semaine, sont inspirées de SuperStudio, un collectif de designers et d’architectes actif de 1966 à 1982.

Du point de vue technologique, il s’agit dans un premier temps de permettre à ChatGPT de lancer des applications de toute sorte, de Figma à Spotify : l’inverse de ce que font Google et Microsoft, qui intègrent les assistants IA à leurs outils bureautiques. Des outils complémentaires permettent à l’utilisateur de ChatGPT de programmer des agents et personnaliser son interface : c’est le véritable rôle d’AgentKit et de Codex, autant que du SDK et des API. Il est aisé d’extrapoler et d’imaginer, dans quelques années, des agents autonomes codant des interfaces d’accès à une immense bibliothèque d’applications, pour répondre aux besoins exprimés par l’utilisateur, à l’écrit, à la voix, au geste. Voire les anticiper : tout changement d’interface s’accompagne d’une nouvelle clef matérielle et l’objet que prépare Jony Ive chez OpenAI sera certainement une tentative de la capturer.

Cette logique semble convaincante – en tout cas plus que celle de l’intelligence artificielle générale/super-intelligence, expressions que Sam Altman laisse désormais à ses rivaux. Elle pourrait permettre à OpenAI, qui est encore très loin de l’équilibre financier malgré ses 800 millions d’utilisateurs hebdomadaires, de passer la cap de la bulle. Nous la détaillons dans un des dossiers ci-dessous – l’autre est dédié au deuxième Nobel français dans le calcul quantique : tout comme Alain Aspect, Michel Devoret montre que l’excellence scientifique peut aller de pair avec l’entrepreneuriat innovant.

Ce qui, pour la recherche française, est une vraie révolution.

Jean Rognetta

…sera ravi de recueillir vos idées et répondre à vos commentaires.

Qant est désormais routée tous les samedis, avec des dossiers d’approfondissement de plus en plus fournis. Qant Finance, en partenariat avec La Place et le Cercle IA et Finance, est distribuée le mardi de chaque semaine.

Eh bien, dansez maintenant

Avec la multiplication des agents, l’IA quitte le pitch deck pour le P&L : dans ses prédictions pour 2026, Forrester annonce le début des choses sérieuses pour l’IA. Les budgets, longtemps gonflés pour complaire aux actionnaires, seront réduits pour se concentrer sur les déploiements rentables.

  • IA-lphabétisation forcée : 30% des grandes entreprises étudiées par Forrester rendront la formation IA obligatoire (y compris celle d’IA responsable pour les rôles techniques), suivant l’exemple de premiers programmes internes à grande échelle. 

  • Autorégulation • En outre, 60% des entreprises du Fortune 100 nommeront des responsables de la gouvernance IA pour intégrer conformité, sécurité et éthique au‑delà de la simple « compliance ». 

  • Agents de liaison • La majorité des entreprises s’apprêtent à assembler des « agentlakes » pour orchestrer des déploiements multi‑agents hétérogènes, en s’appuyant sur des standards émergents comme le Model Context Protocol pour l’interopérabilité outils‑agents.

  • Charrettes • Les équipes data paieront la note : l’agentisation automatisera lourdement la découverte, le nettoyage et l’analyse des données. Les équipes d’ingénieurs, analystes et data scientists devraient être réduites de 25 %.

  • Coup de frein • Forrester Research anticipe que 25% des budgets IA prévus pour 2026 glisseront à 2027. Seuls 15 % des responsables IA interrogés considèrent que l’IA a eu un impact positif sur la marge, jusqu’à présent. On peut prévoir des exigences plus sévères pour des retours sur investissement (ROI) tangibles et l’écrémage des preuves de concept (POC) trop chères. 

  • EN FILIGRANE : ROI introuvable. Depuis que cet été l’étude du MIT Media Lab (Nanda) a fait trembler les bourses en montrant que seules 5 % des entreprises avaient déployé avec succès des projets d’IA générative sur mesure (contre 40 % pour l’accès aux modèles du marché), le marché doute de la capacité des entreprises à générer de la valeur « à l’échelle », même si au niveau micro la productivité augmente.

Le déploiement de l’IA générative dans les entreprises • Source : MIT Nanda

  • À SURVEILLER : La fin de l’innocence et le shadow AI • Il y a quelque chose de paradoxal à l’intégration de l’IA générative, dont les modèles ne distinguent pas les données du code, aux équipes data et machine learning. Mais cela devrait permettre de réduire l’adoption désordonnée de modèles d’IA du commerce par les équipes métiers (« shadow AI ») et de rétablir l’équilibre budgétaire. L’effet sur les start-up d’IA et sur l’optimisme de leurs actionnaires ne peut que s’imaginer.

Anthropic • Harvard • Microsoft • Rishi Sunak • Donald Trump

  • Terres rares, techs faibles • La Chine passe à l’attaque. Elle vient de multiplier les restrictions à l’importation de puces Nvidia et d’imposer des contrôles d’exportation renforcés sur les terres rares et les technologies associées. Désormais, les entreprises exportant des produits contenant au moins 0,1 % de matériaux rares d’origine chinoise devront obtenir une autorisation du gouvernement. Selon Pékin, les usages militaires seront systématiquement rejetés et les applications liées aux semi-conducteurs examinées au cas par cas. Le pays produit environ 90 % des terres rares mondiales — un levier stratégique dans les négociations avec les États-Unis. En conditionnant les autorisations d’export à un examen particulier pour les usages liés aux semi-conducteurs, la Chine se donne un levier direct sur la chaîne d’approvisionnement des technologies d’IA.  Cela pourrait ralentir le développement et le déploiement de systèmes d’IA dans les pays dépendants, en augmentant les coûts ou en créant des ruptures d’approvisionnement critiques dans les composants nécessaires à l’entraînement des modèles. En réponse, Donald Trump a menacé d’imposer jusqu’à 100 % de tarifs supplémentaires sur les importations chinoises et d’adopter des contrôles d’exportation ciblés, mesures qu’il avait supprimées avant l’été et à la rentrée. La prise de bec a fait perdre 770 milliards de dollars à la capitalisation des 7 plus grandes valeurs tech de New-York, les Magnificent Seven. Elles ont entraîné les marchés dans leur chute.

  • Microsoft AI fait sa médecine • Microsoft vient de conclure un accord de licence avec Harvard, permettant à l’éditeur d’accéder au contenu de santé à visée grand public de Harvard Health Publishing, contre rémunération.  Cette collaboration vise à enrichir la prochaine version de Copilot avec des réponses médicales fondées sur des sources crédibles. Avant l’été, Microsoft AI a présenté MAI-DxO, un « orchestrateur » où cinq agents d’IA interagissent pour établir un diagnostic. Testé sur 304 articles du New England journal of Medicine qui présentaient des cas particulièrement épineux, le Diagnostic Orchestrator présentait un taux de succès de 85,5 %, contre 20 % pour les médecins humains.

  • Un Prompt pour la Pomme • Apple est en passe d’acquérir les compétences et la propriété intellectuelle de la start-up de vision par ordinateur Prompt AI.  Lors d’une réunion générale, la direction de Prompt a informé les 11 employés que l’acquisition était imminente, qu’ils étaient encouragés à postuler à des postes internes chez Apple et que ceux ne rejoignant pas Apple recevraient un salaire réduit. il s’agit en effet d’une « acqui-hire », une absorption sans acquisition inaugurée par Microsoft avec Inception AI en 2023, qui a projeté Mustafa Suleyman à la tête de Microsoft AI. Les autorités de la concurrence n’auraient sans doute pourtant pas eu beaucoup à objecter à cette petite opération, de niche. Les investisseurs recevront un paiement, mais ils ne seront pas intégralement remboursés des 5 millions de dollars misés sur la start-up.  Le produit phare de Prompt, Seemour — qui analyse les flux de caméras domestiques pour détecter personnes, animaux ou objets, envoyer des alertes ou répondre à des questions — sera retiré et les données des utilisateurs supprimées. 

Les 1 000 milliards de dollars qui pèsent sur les épaules d’OpenAI

OpenAI agit sur trois fronts simultanément : ChatGPT, Sora 2 et Stargate. Chacun a eu son lot d’annonces cette semaine, mais c’est le développement de datacenters qui s’est emballé. Il pourrait faire déraper tout le projet.

  • Polygamie. Lundi 6 octobre, OpenAI et AMD ont scellé un accord pluriannuel pour 6 gigawatts de puissance de calcul, sur plusieurs générations de puces, avec un premier gigawatt déployé au deuxième semestre 2026. Pour aligner les intérêts, AMD a émis au profit d’OpenAI un warrant portant au maximum sur 160 millions d’actions (environ 10 % du capital) à 1 cent chacune. Les tranches sont conditionnées à des jalons d’achats (1 GW → 6 GW) et à des objectifs de performance/cours. AMD devient « core strategic compute partner » d’OpenAI, alors que Nvidia avait signé la semaine précédente un accord pour investir jusqu’à 100 Md$ au fil du déploiement de 10 GW de puissance de calcul, le premier gigawatt étant également prévu au deuxième semestre  2026.

  • L’argent parle en gigawatts. Le Financial Times détaille ainsi un réseau d’accords autour d’OpenAI qui flirte avec les 1 000 Md$ d’investissement cumulé. Oracle, notamment, prévoit de miser 300 milliards sur 5 ans pour créer 4,5 GW de capacité cloud au sein de Stargate, qui devrait en totaliser.

  • EN FILIGRANE : L'hypercroissance. OpenAI revendique désormais 12 milliards de dollars de revenus annualisés (ARR), avec plus de 800 millions d’utilisateurs hebdomadaires de ChatGPT. Ses besoins ne feront que croître au fur et à mesure que le succès du générateur de vidéos Sora 2 se confirme. Lancé la semaine dernière comme un réseau social rival d’Instagram et TikTok, il a engendré plus d’un million téléchargements en 5 jours alors même que sa croissance est bridée par un code d’activation. En outre, la plateforme API de ChatGPT, qui traite déjà 6 milliards de tokens par minute, devrait voir sa consommation exploser au fur et à mesure qu’elle intègre de nouvelles applications, que l’e-commerce s’y développe et que les agents d’IA démultiplient les besoins des 4 millions de développeurs sur la plateforme.

  • À SURVEILLER : Un cercle en équilibre instable. En 2024, 4 clients ont généré 46 % du chiffre d'affaires de Nvidia. Le 27 juillet  dernier, trois d’entre eux représentaient 56 % des créances de l’électronicien. Le financement de l’IA devient circulaire , avec des fournisseurs qui investissent chez leurs clients (Nvidia → OpenAI), des clients chez leurs fournisseurs (OpenAI→ AMD), avec un levier de dette de plus en plus important. Sam Altman devra avoir la main ferme pour qu’OpenAI ne soit pas déstabilisée par la crise qui s’annonce.

L’IA made in Europe, à marche forcée

Face à l’hégémonie des géants technologiques étrangers, l’Union européenne déploie deux stratégies pour accélérer l’adoption de l’IA et relancer la recherche européenne, tout en affirmant une ambition forte de souveraineté numérique.

  • Les deux volets de l’IA • Bruxelles lance une stratégie Apply AI pour doper l’usage de l’IA dans les secteurs publics et industriels, et une stratégie AI in Science pour stimuler la recherche. Objectif : raccourcir le fossé technologique avec les États-Unis et la Chine.

  • Financement militant • L’UE prévoit d’injecter environ 1 milliard d’euros dans ces initiatives – notamment pour soutenir le développement de modèles « frontier », le déploiement de l’IA agentique dans l’industrie et pour créer des centres de dépistage IA en santé.

  • À la recherche de l’IA perdue • Présentée comme la réponse européenne à la dépendance scientifique envers les outils étrangers, la stratégie AI in Science repose sur la création de Raise, une plateforme virtuelle mutualisant calcul, données et compétences. Après consultation (734 réponses de 43 pays), Bruxelles doit lancer les premiers appels à projets début 2026, avec un focus sur le climat, la santé et la reproductibilité scientifique.

  • Faire descendre l’IA dans l’arène • Apply AI vise une adoption massive de l’IA dans la production, les services publics et les PME, avec un modèle “AI-first” pour moderniser les chaînes de valeur. Les premières “AI Factories” pilotes devraient émerger en 2026 dans la santé et la mobilité.

  • EN FILIGRANE : Douloureux AI Act • Pour accompagner le déploiement du AI Act, l’UE met à disposition un outil interactif de conformité. Mais plusieurs acteurs (dont Mistral AI ou ASML) dénoncent un cadre trop contraignant, qui pourrait freiner l’innovation.

  • À SURVEILLER : La naissance d’une politique industrielle européenne • Le document stratégique évoque explicitement « des dépendances externes de la pile IA pouvant être instrumentalisées », sans préciser par qui. Le ministre allemand du numérique Karsten Wildberger a tenu à préciser qu’autonomie stratégique n’implique pas protectionnisme et certains États membres plaideraient pour des calendriers plus souples, redoutant un effet disparate sur des économies encore inégalement numérisées. Donald Trump, qui ne cache pas sa volonté de préserver la domination américaine, pourra faire levier sur ces divisions.

Alice & Bob • Anthropic • Michel Devoret • Pasqal • Rishi Sunak • Microsoft

  • Deuxième Nobel quantique pour la France • Le prix Nobel de physique 2025 vient d’être attribué au Français Michel Devoret, qui le partage avec les Américains John Clarke et John Martinis, pour avoir démontré que des circuits électriques supraconducteurs peuvent présenter des comportements quantiques macroscopiques, notamment la tunnellisation quantique et la quantification de l’énergie. Leurs travaux, menés depuis les années 1980, ont ouvert la voie aux circuits supraconducteurs comme plateforme pour l’informatique quantique, la voie adoptée par IBM et Google Quantum, dont Michel Devoret est directeur scientifique. Il est également, tout comme John Martinis, membre du conseil scientifique de la start-up française Alice & Bob. En 2022, un autre physicien français dont les travaux ont eu d’importantes répercussions sur l’informatique quantique avait obtenu un prix Nobel : Alain Aspect, cofondateur de Pasqal.

  • Dernier bastion du multilatéralisme • L’ancien Premier ministre britannique Rishi Sunak vient d’être nommé conseiller senior à temps partiel chez Microsoft et la firme d’IA Anthropic, des rôles qu’il décrit comme centrés sur les perspectives stratégiques, macroéconomiques et géopolitiques des deux géants de l’IA, sans implication dans la politique britannique.  Apôtre de la régulation multilatérale de l’IA, il avait réuni le premier Sommet international à Bletchley Park en 2023. Le prochain, qui doit se tenir en Inde en février prochain, est en butte à l’hostilité de l’administration Trump, qui veut profiter de l’avance américaine pour imposer sa domination unilatérale.

  • Verte Belgique • Google vient d’annoncer un investissement de 5 milliards d’euros en Belgique sur deux ans pour agrandir son centre de données de Saint-Ghislain et créer 300 emplois permanents. Le projet vise à renforcer les capacités de Google Cloud et d’autres services comme Search, Maps et Workspace, tout en soutenant le développement de l’IA. Google a également signé de nouveaux accords d’énergie sans carbone avec Eneco, Luminus et Renner, portant sur 365 MW de capacités renouvelables. Depuis 2010, ses contrats éoliens et solaires européens totalisent plus de 4,5 GW.

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• Le Français Michel Devoret, lauréat du Nobel de physique 2025, rejoint Alain Aspect dans le cercle restreint des Nobel pionniers du calcul quantique. Leurs travaux, passés du laboratoire à l’industrie, ont inspiré les architectures de qubits utilisées aujourd’hui par les start-up françaises et les grands acteurs mondiaux du calcul quantique.

• Après la recherche, OpenAI s’attaque aux interfaces. Des “GPTs” de 2023 aux “apps dans ChatGPT” du Dev Day 2025, la firme déroule une stratégie où l’assistant conversationnel remplace l’écran, organise les services et exécute les tâches. Une mutation technologique que viendra compléter un support matériel, successeur du téléphone.

• La géopolitique de l’IA s’installe. La puissance ne se mesure plus seulement en divisions ou en barils, mais en données, talents et capacité de calcul. Si les États-Unis gardent l’avantage, mais la Chine, l’Europe et plusieurs puissances intermédiaires peuvent réduire l’écart.

Tous les Nobel du quantique français

Le Français Michel Devoret a reçu le prix Nobel de physique cette semaine, rejoignant ainsi Alain Aspect, qui l’a précédé de trois ans. Tous deux ont joué un rôle déterminant dans la transition de la recherche fondamentale en physique quantique vers des applications concrètes. Leurs travaux ont directement inspiré de nouvelles architectures de qubits – ces unités de base de l’ordinateur quantique – exploitées aujourd’hui par des start-up françaises aussi bien que des entreprises internationales.

Michel Devoret s’est illustré par des expériences réalisées au milieu des années 1980 montrant que les lois étranges de la mécanique quantique pouvaient s’appliquer à un circuit électrique macroscopique . En fabriquant une jonction Josephson – deux supraconducteurs séparés par une fine barrière isolante – Devoret et ses collègues ont observé deux phénomènes jusqu’alors inimaginables à cette échelle : l’effet tunnel quantique macroscopique (le circuit peut changer d’état sans « coup de pouce » extérieur, en passant à travers une barrière d’énergie) et la quantification de l’énergie (le circuit ne peut prendre que des valeurs d’énergie discrètes, comme un atome). En d’autres termes, un circuit électrique composé de milliards d’électrons s’est comporté comme un objet quantique unique pouvant occuper des états quantifiés et changer d’état par effet tunnel, confirmant expérimentalement que les lois de la mécanique quantique, longtemps confinées aux particules, pouvaient se manifester à une autre échelle. Ce passage du microscopique au macroscopique a ouvert un nouveau champ de recherche – parfois appelé quantronique – et a surtout jeté les bases des qubits supraconducteurs modernes . En effet, les circuits à jonctions Josephson développés par Devoret forment le socle des qubits supraconducteurs actuels, y compris ceux utilisés dans les processeurs quantiques de Google ou d’IBM.

Quantronique

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

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Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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