Youtube entraîne les robots et les LLM mais il ne réprime plus la désinformation. Son ancien président, Eric Schmidt, tance Google, pendant que l'économiste Dambisa Mayo pose la question : l'IA augmentera-t-elle plus vite la productivité ou le chômage? Bienvenue dans Qant, mercredi 28 juin.
« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Pour cela, ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022. Les articles qui requièrent le plus de travail humain demandent un abonnement.
Une femme à trois bras sur les images de campagne d'Anthony Furey, candidat conservateur à la mairie de Toronto
L'ancien CEO de Google, Eric Schmidt, prédit que l'absence de régulation du contenu fallacieux ou trompeur généré par des outils d'intelligence artificielle sur les réseaux sociaux créera d’importants problèmes lors des élections à venir aux Etats-Unis. Dans une interview à CNBC, il déplore la '“pagaille” qui commence à s’installer dans la campagne et souligne que le danger immédiat de l’IA, c’est la désinformation. “Il faut protéger la liberté d’expression des gens, pas des machines”, s’exclame-t-il sur la chaîne. Ancien CEO de Google et président d’Alphabet, Eric Schmidt réagit notamment à l'annonce de YouTube, propriété de Google, de ne plus supprimer les contenus promouvant le “grand mensonge” sur les fraudes électorales aux Etats-Unis en 2020, qui auraient privé Donald Trump de sa victoire. Mais Meta aussi a fortement réduit son engagement contre les fake news, réduisant ses investissements et licenciant les trois quarts de ses équipes ce printemps. Et comme on sait, Twitter a fait de la liberté d’exprimer une propagande mensongère un cheval de bataille.
Ce sont tout d’abord les politiciens conservateurs d’Amérique du Nord qui se sont saisis des nouvelles technologies. Parfois avec maladresse : Anthony Furey, candidat à la mairie de Toronto, a par exemple représenté une électrice à trois bras (ci-dessus) au milieu d’images représentant de faux clochards dans les vraies rues de la ville. Ce qui a commencé par des courriels de collecte de fonds avec des images promotionnelles composées par l'IA se transforme en un flot régulier de matériaux de campagne créés par l’IA. Fin avril, le parti républicain américain avait marqué un tournant, en diffusant un spot généré par intelligence artificielle qui simule un second mandat de Biden marqué par des catastrophes. La vidéo présente une série de photos créées par IA montrant Biden et la vice-présidente Kamala Harris faisant face à une invasion chinoise de Taïwan et décrétant la loi martiale à San Francisco (lire Qant du 27 avril).
A la Chambre des représentants de Washington, une élue démocrate de New York, Yvette Clarke, vient de présenter une proposition de loi qui exigerait que les publicités politiques utilisant du matériel généré artificiellement comportent un avertissement. La Chambre étant contrôlée par les républicains et bloquée par leurs divisions interne, l’idée restera lettre morte.
Mais sans doute serait-il sage que les gouvernements européens s’en inspirent.
Pour en savoir plus :
L'apprentissage par les robots grâce à des vidéos devient possible. L'Institut de robotique de la Carnegie Mellon University (CMU) a développé l'algorithme Whirl (in-the-Wild Human Imitating Robot Learning), conçu pour former les systèmes robotiques en regardant un enregistrement d'un humain effectuant une tâche. Il vient de présenter une évolution de cet algorithme, appelée VRB (Vision-Robotics Bridge), qui permet aux robots d'apprendre à effectuer des tâches en observant des vidéos, telle que l'ouverture d'un tiroir. Les chercheurs espèrent utiliser cette technique pour exploiter les vastes quantités de données d'apprentissage disponibles sur Internet et YouTube.
De son côté, Google utilise aussi YouTube, le plus grand réservoir d'images, d'audio et de transcriptions textuelles sur Internet, pour entraîner son futur grand modèle de langage (LLM), Gemini. OpenAI aurait également utilisé des données de YouTube pour former certains de ses modèles d'IA, bien que cela puisse enfreindre les conditions de service du site. La propriété de Youtube donne à Google un accès plus complet aux données vidéo que ses concurrents. Cet avantage compétitif pourrait soulever des préoccupations en matière d'antitrust.
Pour en savoir plus :
La revanche du flocon de neige: La société d'analyse de données cloud Snowflake s'associe à Nvidia pour permettre à des clients, notamment dans la finance, la santé et la vente au détail, de construire des modèles d'IA à partir de leurs propres données, en intégrant la plateforme NeMo de Nvidia dans le Snowflake Data Cloud. Une annonce qui intervient au lendemain de l’annonce de l’acquisition de Mosaic ML par Databricks, concurrent de Snowflake, pour offrir des services similaires. (lire Qant du 27 juin).
Pour en savoir plus : Reuters
Thomson Reuters fait ses emplettes dans l’IA : Thomson Reuters a conclu un accord définitif pour acquérir une regtech basée sur l'IA, Casetext, pour 650 millions de dollars en cash. Le but est d'intégrer l'IA générative à ses principales activités - juridique, fiscal, comptabilité et actualités - et d'étendre son potentiel de marché.
Pour en savoir plus: Tech Crunch
L’IA vise les bons organes: Avec l’appui de Microsoft Research, l’hôpital Addenbrook à Cambridge, au Royaume-Uni, a mis au point une IA de reconnaissance d’images qui aide les médecins à déterminer où diriger les faisceaux de radiation contre le cancer. L’IA travaille deux fois et demi plus vite que les méthodes traditionnelles, avec une précision d'environ 90%.
Pour en savoir plus: BBC
Meta lance un service d’abonnement VR : Meta a lancé un service d'abonnement appelé Meta Quest+, similaire à PlayStation Plus, qui permet aux utilisateurs d'accéder à deux jeux VR sélectionnés chaque mois pour un coût mensuel de 7,99 $.
Pour en savoir plus: Ars Technica
SAP utilise l’USDC : SAP, une entreprise de logiciels, teste une solution blockchain pour les paiements internationaux, utilisant le stablecoin USDC de Circle pour des transactions transfrontalières aussi faciles à utiliser que la banque en ligne.
Pour en savoir plus: Blockworks
Le franc suisse numérique sera une monnaie de gros : La Banque nationale suisse prévoit de lancer un projet pilote pour émettre une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) de gros sur la bourse numérique SIX.
Pour en savoir plus: Coin Telegraph
L'économiste Dambisa Mayo selon Midjourney
En avril, le CEO d'Alphabet, Sundar Pichai, a estimé que l'intelligence artificielle aurait un impact "plus profond" que toute autre innovation humaine, du feu à l'électricité. S'il est impossible de savoir précisément quel sera cet impact, deux changements semblent particulièrement probables : la demande de main-d'œuvre va diminuer et la productivité va augmenter. En d'autres termes, nous semblons nous diriger vers un modèle économique sans travail, dans lequel moins de travailleurs humains sont nécessaires pour soutenir la croissance.
Les emplois dans le soutien administratif, les services juridiques et la comptabilité semblent être les plus immédiatement menacés par les nouvelles technologies d'IA générative, comme ChatGPT-4. Mais chaque secteur de l'économie risque d'être affecté. Un récent rapport d'Accenture le note, les grands modèles de langage pourraient affecter 40% de toutes les heures de travail.
«Même si une productivité plus élevée stimule la croissance économique, la diminution de l’emploi peut la compromettre. En fin de compte, la croissance pourrait bien stagner.»
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