Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Chaque jour, les tendances de la tech et l'IA par Jean Rognetta et Maurice de Rambuteau

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Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique
9 sept. · 5 mn à lire
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L'IA et les JO (des maths)

L'IA neurosymbolique médaille d'argent à l'Olympiade internationale des mathématiques (IMO) • Donald Trump fait tout pour séduire les cryptos • Pour le soutenir, Elon Musk propage les deepfakes • L'asset management et le wealth management face à l'IA • Bienvenue dans Qant, formule d'été, vendredi 2 août 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » • Paul Virilio

RENDEZ-VOUS: 12 SEPTEMBRE, PARIS

Qant vous donne rendez-vous au Palais Brongniart, à Paris, le 12 septembre de 8h30 à 10h.

Dès l’apparition de ChatGPT, l’IA générative a été massivement adoptée par les collégiens, lycéens et étudiants du monde entier, qui en ont longtemps été les premiers utilisateurs. Les grandes plates-formes internationales, comme Coursera, Duolingo et Khan Academy, leur ont emboîté le pas. Andrej Karpathy, l’un des pères de ChatGPT, vient de quitter OpenAI pour en créer une nouvelle, Eureka Labs. Après avoir été ébranlés par la pandémie, l’enseignement et la formation se trouvent ainsi confrontés à une modification, potentiellement très profonde, de l’acte d’apprendre.

En outre, les IA génératives promettent d’amples gains de productivité en facilitant de nombreuses tâches et en supprimant les plus répétitives, mais leur adoption crée un besoin spécifique de formation. L’IA générative semble ainsi pouvoir marquer un tournant dans les technologies de l’éducation et de la formation (« edtech »), notamment par :

  • L’apprentissage « adaptatif » et la personnalisation avancée ;

  • L’automatisation des notes et des tâches administratives ;

  • L’augmentation de l’engagement des apprenants par l’interactivité le retour immédiat ;

  • En conséquence, un élargissement de l’accès à la connaissance et aux compétences.

Dans ce contexte, Qant, l’Observatoire du Financement de l’IA et La Place invitent leurs membres et abonnés à examiner l’émergence de l’IA dans l’edtech et son adoption en France, aussi bien dans la formation que dans l’éducation et la recherche pédagogique.

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TÉLÉ-TRANSAT

L’actu dont on devrait parler sous le parasol.

Plus de maths et moins de blabla

  • Il n’y a pas qu’à Paris que se tiennent des jeux olympiques. Deux nouveaux modèles de Google Deepmind, AlphaProof et AlphaGeometry 2, viennent d’atteindre le niveaux d’une médaille d’argent à l’International Mathematical Olympiad, ratant l’or d’un seul point. Seuls 58 des 609 participants se sont avérés meilleurs que ces IA.

  • Jamais en reste, OpenAI voit se multiplier les rumeurs autour de Q*, le projet de modèle d’IA qui avait fuité lors de la crise de gouvernance de novembre dernier. Désormais baptisé Strawberry, il serait également capable de tenir des raisonnements mathématiques.

  • On voit ainsi s’affirmer des modèles d’IA neurosymboliques, qui combinent des architectures différentes pour proposer des solutions capables de raisonnement, d’apprentissage et de modélisation cognitive.

  • À SURVEILLER. Faibles encore, les signaux d’un essoufflement des LLM et de l’IA générative se multiplient. À moins que GPT-5 ne vienne encore une fois renverser la table, le futur pourrait bien s’écrire autour de l’IA neurosymbolique, aux côtés d’autres architectures pour l’IA conversationnelle, comme les SSM et Mamba.

Aux États-Unis, le bitcoin entre en campagne

  • Comme prévu, Donald Trump a annoncé samedi dernier son intention de créer une réserve stratégique de bitcoins. Il a cependant limité ses ambitions au fait que le gouvernement fédéral ne cèdera pas les actifs qu’il possède, sans annoncer de programme de rachat. Wired estime que les États-Unis détiennent 210 000 bitcoins (environ 14 Md$), saisis lors de la fermeture de sites illégaux, comme Silk Road ou BitConnect.

  • L’annonce n’a pas suffi à relancer le cours du bitcoin, mais elle mobilise la campagne de Kamala Harris qui, selon The Block, n’a pas encore développé de réflexion particulière sur le sujet des cryptoactifs.

  • Une position naturelle pour le parti démocrate serait de défendre les autorités de marché, notamment la SEC, contre les attaques dont elles font l’objet de la part de Donald Trump. Et peut-être même de faire avancer le dollar numérique, devenu une sorte d’épouvantail pour la droite républicaine.

  • À SURVEILLER. 40 millions d’Américains possèdent des crypto actifs. En cédant ce printemps au lobbying de “l’industrie” – notamment Coinbase, semble-t-il –, Donald Trump s’attache à peu de frais un public important. Il est toujours bon de parler au portefeuille des électeurs, même contre la voix de la raison.


RENDEZ-VOUS : 29 AOÛT, PARIS

Qant vous donne rendez-vous à l’université Paris Dauphine - PSL le 29 août, de 14h à 18h30

Qant est partenaire de l’Université d'été de l’Asset Management, organisée par la House of Finance de l'Université Paris Dauphine - PSL.

Les sociétés de gestion d’actifs, et même la gestion privée, sont confrontées à un quadruple défi: la hausse des coûts, la diminution des marges, l’intensification des demandes des investisseurs et le besoin de renforcer la recherche, afin d’appréhender l’impact des nouvelles technologies de rupture sur les entreprises et même au niveau des États.

Leurs investissements en technologie devraient donc s’accélérer dans les prochaines années. Il s’agit pour certains d’une source de risques, mais aussi pour de nouveaux entrants d’une formidable opportunité pour une industrie longtemps perçue comme enviable par d’autres secteurs, notamment en termes de rentabilité constante sur de longues périodes.

Cette onzième édition accueillera décideurs, économistes, stratèges, experts financiers et gestionnaires d'actifs afin mieux comprendre comment l'innovation technologique, telle que l'intelligence artificielle, les big data et la blockchain, sont en train de faire évoluer l’industrie de l’asset management en offrant efficacité, transparence et sécurité. Elle permettra d'explorer les défis et les opportunités que ces avancées offrent à l'industrie financière.

Demandez une invitation.


CORN FAKES

Le meilleur et le pire de la création par IA

Elon strikes again

  • Après avoir retiré de X-Twitter la vidéo de la semaine dernière, qui reprenait la caricature de Xi Jinping en Winnie l’ourson (censurée en Chine depuis 2023), Elon Musk a partagé sur son compte une vidéo qui parodie un spot de Kamala Harris (ci-dessus), sans préciser qu’il s’agissait d’un fake généré par l’IA.

  • La tempête a immédiatement fait rage, ce qui était sans doute l’effet recherché. Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newson, a notamment indiqué qu’il entend rendre illégal ce genre de détournement de voix.

  • La polémique a fait un heureux : le youtuber républicain, dont la vidéo a dépassé les 100 millions de vues grâce à Elon Musk. Et elle ancre plus que jamais l’entrepreneur dans le camp de Donald Trump.


RENDEZ-VOUS : 11 SEPTEMBRE, PARIS

Qant vous donne rendez-vous à Paris, le 11 septembre, de 14h à 18h30, pour la cérémonie de remise des Trophées des futures licornes.

Qant est partenaire du Trophée des futures licornes, dont la 7ème édition se tiendra le 11 septembre à Paris, avec l’intervention de quatre grandes personnalités :

  • Amélie de Montchalin, Représentante permanente de la France auprès de l'OCDE et ancienne ministre 

  • Anne BouverotPrésidente du Conseil d'Administration de l'École Normale Supérieure, auteure du rapport IA : notre ambition pour la France avec Philippe Aghion 

  • Anne-Laure Kiechel, CEO de Global Sovereign Advisory

  • Gabrielle Halpern, Philosophe, auteure de Tous centaures ! Éloge de l'hybridation 

En savoir plus et demander une invitation.


IPSE DIXIT

La tech sans filtre

« Les gérants doivent désormais se mettre en mode "commando" »

Co-créateur de l’Université d’été de l’Asset Management en 2014, avec Nicolas Duban et Serge Darolles, Jean-François Bay dirige Quantalys. Intégrée au groupe Harvest, elle forme le leader français des solutions digitales Cette interview a été réalisée avant la reprise du groupe Harvest Quantalys par TA Associates et Montagu, rendue publique hier. 

Qant. Quel sera l’impact de l’intelligence artificielle sur la gestion d’actifs ?

Jean-François Bay. Les investisseurs et les gérants investissent dans les technologies depuis longtemps – il suffit de penser au parcours de sociétés comme Bloomberg (créée en 1981) ou en France de Fininfo (fondée en 1982), pour voir que l’analyse de données est au cœur du métier. On peut comprendre l’intelligence artificielle dans une vision horizontale : elle se déploie d’abord dans l’asset management par le biais de l’analyse de données, la génération d’analyses et en général de tous les logiciels existants. Et ce n’est pas la seule technologie ! Il y a tout un alphabet des techs de rupture adoptées par l’industrie de la gestion : (A)I, (B)lockchain, (C)loud, (D)ata… on peut sans doute continuer au moins jusqu’à (Q)uantum, (R)obot, (S)ensors… 

Qant. Vous voyez donc l’IA en premier lieu comme un prolongement de ce qui existe déjà…

Jean-François Bay. Dans un premier temps, oui. Mais trois choses viennent changer la donne rapidement et font de l’IA un saut quantique. D’abord la faculté pour la machine de communiquer directement avec les humains. Ensuite, la faculté de générer du contenu intelligent en fonction du contexte. Enfin, la faculté à générer de nouvelles formes de contenus sous n’importe quel format – code, texte, voix, image, vidéo… Le fait que cette révolution soit arrivée si vite fait que l’on est encore en train d’imaginer les applications, qui se déploieront dans les années qui viennent. Elles ne toucheront pas que la partie BtoB ou « back-office » réservée aux professionnels ! Dans une industrie à croissance nulle en Europe, avec des épargnants vieillissants et une forte pression sur les marges, l’approche « transaction de produits » s’est imposée de plus en plus sur la gestion à long terme, par la croissance organique, « à la Warren Buffett ». Fonds à échéance, fonds en euros boostés, fonds de private assets, fonds structurés et même ETF… le monde s’accélère, les thématiques changent vite et les distributeurs pensent désormais surtout au rendement à court terme. Les gérants doivent donc se mettre en mode « commando » et adopter une forme de Yield Management dont les technologies pour faciliter la distribution seront la clé ! 

Qant. Qu’en est-il de la gestion de patrimoine ?

Jean-François Bay. Face à cette approche produits exacerbée, les gérants de patrimoine et le secteur du Wealth Management doivent plus que jamais développer une approche solutions, avec des investisseurs finaux en Europe écartelés entre une épargne de précaution liquide, mais sans rendement net d’inflation (ou « saving »), et des coups de trading en mode « gaming » sur le bitcoin ou Tesla. Le conseiller doit donc réhabituer ses clients à investir sur le moyen-long terme (ou « investing ») , c’est-à-dire faire le lien avec les objectifs et contraintes de ses clients : bilan patrimonial, transmission, retraite… Là encore, mais avec d’autres outils, les technologies seront une des clés de succès. Mais attention ! Le succès très relatif des roboadvisors a bien montré que c’est d’abord un métier humain et chaleureux et que la machine froide a touché ses limites. Ce qui est possible pour l’asset management l’est moins pour le wealth management. Le conseiller financier augmenté va donc devoir utiliser des solutions digitales pour gagner en analyse, en efficacité et productivité, mais aussi l’IA pour gagner sur le plan relationnel, le service client, le monitoring et le reporting. En bref : une tech chaleureuse, intelligente, qui intègre le contexte du client.

Propos recueillis par Jean Rognetta