Stablecoins : les banques américaines prennent position

Le projet de loi “Genius” de déréglementation donnera le coup d’envoi à une course aux stablecoins • OpenAI créera un centre Stargate à Abou Dabi • Les lunettes d'Apple arriveront l'an prochain • Les pouvoirs surhumains de conviction de l’IA, risque politique • Bienvenue dans Qant, lundi 26 mai 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Plusieurs stablecoins bancaires se préparent aux États-Unis

Deux consortiums bancaires envisagent de créer des stablecoins, sous réserve de l’approbation d’une loi de déréglementation.

  • Un projet de stablecoin est à l’étude chez JPMorgan, Bank of America, Citigroup, Wells Fargo et plusieurs autres grandes banques américaines, via leurs entités de paiement communes Early Warning Services (Zelle) et The Clearing House, selon le Wall Street Journal

  • Des banques de plus petite taille, notamment régionales et communautaires, envisagent un consortium concurrent. Deux de celles-ci, Custodia et Vantage, se sont alliées le mois dernier pour lancer leur propre stablecoin (lire Qant du 2 avril 2025).

  • Ces projets pourraient mettre fin à la domination de Circle et Tether, deux émetteurs de stablecoins, qui contrôlent actuellement un marché estimé à 245 milliards de dollars, mais qui pourrait connaître une très forte croissance.

  • EN FILIGRANE : Hypercroissance. La tokenisation des opérations bancaires pourrait décupler la circulation des stablecoins, estiment des études récentes de Citi et Standard Chartered

  • À SURVEILLER : Monnaie et quasi-monnaie. Un stablecoin bancaire s’apparente à un compte bancaire, et non à un fonds monétaire comme les jetons actuels. Ces jetons auraient donc un impact direct sur le bilan des banques et la création monétaire. Les banques américaines attendent toutefois que le cadre législatif et réglementaire soit éclairci et stabilisé. L’initiative ne devrait donc être lancée que si le Genius Act est adopté, permettant aux banques de profiter de la déréglementation.

Stargate s’implante dans le Golfe

OpenAI et les Émirats arabes unis annoncent la création conjointe d’un centre de données massif à Abou Dabi, première étape d’une stratégie globale visant à établir des infrastructures d’intelligence artificielle à l’échelle internationale.

  • OpenAI s'associe aux Émirats arabes unis pour construire Stargate UAE, un centre de données de 1 gigawatt à Abou Dabi, dont 200 mégawatts seront opérationnels dès 2026.

  • Ce projet s’inscrit dans un plan plus vaste de 5 gigawatts d’infrastructure, annoncé récemment par Donald Trump et le président Mohammed ben Zayed (lire Qant du 19 mai).

  • Les Émirats investiront pari passu dans l’IA aux États-Unis, pour un montant total de presque 20 milliards de dollars, via le groupe d’IA émirati G42. 

  • Tous les habitants des Émirats bénéficieront d’un abonnement à ChatGPT Plus, une première mondiale selon les partenaires du projet.

  • EN FILIGRANE : Le partage du gâteau. Les membres d’origine du consortium Stargate, comme Oracle, Nvidia et SoftBank (ARM) participeront également à construire Stargate UAE, ainsi que Cisco.

  • À SURVEILLER : Stargate Asie-Pacifique. Plus de 30 pays auraient sollicité OpenAI pour Jason Kwon, directeur de la stratégie d’OpenAI, prépare une tournée en Asie pour discuter de partenariats similaires, malgré les inquiétudes de Washington concernant le partage de technologies avec des pays proches de la Chine.

Une puissance de conviction surhumaine

GPT-4 est plus persuasif que des humains dans des débats de toute sorte, à condition d’avoir accès à des informations personnelles sur ses interlocuteurs. Cette particularité renforce le risque d’un usage propagandiste des modèles d’IA.

Débattre face à l’IA • Qant, M. de R. avec GPT-4o

Lorsque GPT-4 a accès aux données personnelles de son interlocuteur, il parvient à le faire changer d’avis 64,4 % du temps. En revanche, sans personnalisation, GPT-4 n’est pas plus convaincant qu’un humain. Autrement dit, l’avantage de l’IA repose moins sur la qualité de ses arguments que sur sa capacité à adapter son discours en fonction du profil de son interlocuteur.

Dans un nouvel article de recherche publié sur Nature, des chercheurs issus notamment de l’EPFL de Zurich et l’université de Princeton estiment que ces résultats devraient alerter les plateformes numériques et les régulateurs. Ils appellent à la mise en place de contre-mesures, y compris l’usage de contre-arguments personnalisés générés par d’autres modèles. Un usage malveillant de cette capacité peut en effet servir à diffuser de la désinformation, polariser des débats politiques ou manipuler des opinions à grande échelle.

Demandez à Grok.

Eleven Labs, Meta

  • Meta alimente ses data centers • Meta a signé un nouvel accord avec l’énergéticien américain AES pour sécuriser 650 mégawatts d’énergie solaire, répartis entre le Texas (400 MW) et le Kansas (250 MW), afin d’alimenter ses centres de données en pleine expansion liés à ses activités d’IA. Il s’agit du quatrième contrat solaire annoncé par Meta cette année, portant à plus de 12 gigawatts la capacité totale de son portefeuille d’énergies renouvelables. Le Texas, devenu un pôle majeur du solaire grâce à des délais de permis courts et des connexions réseau rapides, attire particulièrement les géants du numérique à la recherche d’énergie rapide et bon marché. En savoir plus… 

  • Melania Trump se raconte grâce à l’IA • Melania Trump a sorti la version audio de son autobiographie Melania, narrée par une réplique de sa voix générée par intelligence artificielle. L’ancienne Première dame s’est associée à la start-up ElevenLabs, spécialisée dans la synthèse vocale, pour produire cette voix “officielle” via l’application ElevenReader. L’audiobook, vendu 25 dollars, est d’abord disponible en anglais, puis en espagnol, portugais et hindi. En savoir plus…

Apple chaussera ses lunettes en 2026

Apple prépare des lunettes intelligentes, misant sur la voix et l’analyse visuelle, ainsi que des écouteurs dotés d’une caméra, pour faciliter l’accès à l’IA.

  • Apple prévoit de lancer des lunettes intelligentes en 2026, dotées de caméras, de micros et de haut-parleurs, capables de traiter l’environnement via Siri, selon Bloomberg

  • La production de prototypes en grande quantité débutera fin 2025, essentiellement hors des États-Unis. 

  • Le projet Atlas, piloté par le Vision Products Group, s’inscrit dans une stratégie plus large visant à intégrer l’intelligence artificielle dans les produits Apple.

  • À SURVEILLER : Un supplément d’intelligence artificielle. La firme à la Pomme a abandonné ses projets de montre connectée équipée d’une caméra, initialement prévue pour 2027. Elle poursuit en revanche le développement d'écouteurs avec caméra, qui pourraient offrir le même accès à l’IA que les lunettes. Pour le jour où Apple maîtrisera l’IA.


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• GPT-4 dispose d’une force de conviction surhumaine lorsqu’il dispose d’informations personnelles sur son interlocuteur. Un article récent souligne les risques d’usage abusif.

L’art de convaincre selon GPT-4

Un article de recherche montre que GPT-4 est plus persuasif que des humains dans des débats argumentés – surtout lorsqu’il a accès à des informations personnelles sur ses interlocuteurs. Avec des conséquences inquiétantes pour l’espace public.

Peut-on mesurer la capacité d’un modèle de langage à convaincre un être humain dans un échange direct ? C’est l’objectif d’un article de recherche publié par une équipe de chercheurs, issus notamment de l’EPFL de Zurich et de l’université de Princeton, dans Nature Human Behaviour. L’équipe a conçu un protocole expérimental combinant intelligence artificielle, microciblage et débat argumenté.

Aperçu du dispositif expérimental. Les participants remplissent une enquête sociodémographique puis sont assignés à une des quatre conditions de traitement : Humain-Humain, Humain-AI, Humain-Humain (personnalisé) et Humain-AI (personnalisé). • Francesco Salvi et al.

Douze conditions expérimentales

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

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Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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