Pendant que les géants de l'IA garantissent leurs clients contre d'éventuels procès pour droit d'auteur, DeepMind construit une base de données pour entraîner des robots multi-tâches et une école privée britannique intègre une IA comme proviseur. Bienvenue dans Qant, mardi 17 octobre 2023.
« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.
Google vient d’annoncer qu’elle couvrira les frais juridiques des utilisateurs de ses IA s’ils sont attaqués pour violation des droits d’auteurs. Elle rejoint ainsi Microsoft, Adobe et Getty Images. De quoi se démarquer des start-ups. |
"Le robot assume le procès" (Qant, M. de R. avec Midjourney)
Google vient d'annoncer que les utilisateurs de sept de ses produits intégrant des fonctionnalités d'IA générative seraient couverts juridiquement à ses frais en cas de poursuites pour violation des droits d'auteur. Cela inclut notamment Duet AI dans Workspace (pour les textes générés dans Google Docs et Gmail, ainsi que les images dans Google Slides et Google Meet) et plusieurs autres produits comme Vertex AI Search et Codey APIs. Google explique que tout client mis en cause pour des raisons de droits d'auteurs verra l'entreprise prendre la responsabilité des risques juridiques potentiels. Cette démarche vise à protéger aussi bien les données d'entraînement de Google que les résultats obtenus à partir de ses modèles fondamentaux.
Face aux problèmes croissants liés aux droits d'auteur qui touchent les plateformes d'IA générative, Google n'est pas la seule entreprise d’IA à prendre une telle initiative. Getty Images est même allé plus loin. Plutôt que de garantir à ses clients de couvrir leurs procès pour droit d’auteur, l’entreprise a lancé un outil entraîné à partir de sa propre bibliothèque d’images (lire Qant du 27 septembre). Elle garantit ainsi le plein respect des droits d’auteur et l’indemnisation des ayants droit. Microsoft (lire Qant du 11 septembre) et Adobe (lire Qant du 15 septembre) ont également annoncé qu'ils assumeraient les responsabilités juridiques pour certains de leurs produits en cas d'atteinte aux droits d'auteur. Ces préoccupations juridiques sont d'autant plus pertinentes que de nombreuses plaintes sont déposées contre différentes sociétés pour violation présumée des droits d'auteur, y compris par des auteurs renommés tels que George R.R. Martin et John Grisham.
Pour les géants de la tech, l’argument est évident : contrairement aux start-ups, ils ont les moyens d’assumer les frais juridiques de leurs clients. “ Dans le cas de Getty, la valeur juridique est entière. Getty a des droits sur les images qu'elle utilise” expliquait jeudi 12 octobre Gilles Rouvier, managing partner chez Lawways à l’occasion de l’évènement “IA : créer des champions français”. Pour les trois autres, des conditions s’appliquent. Ainsi, la protection de Microsoft s'applique tant que les clients utilisent les mesures de sécurité et les filtres de contenu intégrés aux produits de l’entreprise. Google de son côté sépare deux cas : les données d’entraînement et le contenu généré par ses outils. “Notre indemnité couvre toute allégation selon laquelle l'utilisation par Google des données d'entraînement pour créer l'un de nos modèles utilisés par un service d'IA générative enfreint le droit de propriété intellectuelle d'un tiers” explique l’entreprise. Concernant le contenu généré, Google apporte une nuance : “Cette indemnité ne s'applique que si vous n'avez pas intentionnellement cherché à créer ou utiliser du contenu généré pour violer les droits d'autrui, et si vous utilisez des outils existants et émergents, par exemple pour citer des sources”. Payer, oui, mais pas à n’importe quelle condition.
Pour en savoir plus :
Le robot de maçonnerie Hadrian X du fabricant australien FBR a établi un nouveau record de vitesse, capable de construire des murs de la taille de la surface d’un court de tennis en 4 heures. Ce robot, initialement présenté en 2015, pouvait déjà construire la structure en briques d'une maison en deux jours, soit 20 fois plus rapidement que les maçons humains. En 2023, le modèle "next gen" du Hadrian-X a été lancé commercialement et a démontré une capacité à poser plus de 300 blocs maçonnés par heure lors de tests en extérieur. Avec les blocs les plus grands, il peut construire environ 70 m² de mur vertical chaque heure, soit un quart d'un terrain de tennis. La machine pourrait potentiellement atteindre une vitesse de 500 blocs par heure. Le robot utilise un adhésif de construction plus résistant que le mortier, qui sèche en 45 minutes. Il est opéré via une tablette et suit un plan CAD, avec d’autres robots qui préparent et acheminent les blocs. Son bras extensible lui permet de construire des structures de trois étages depuis le niveau de la rue. FBR prépare d'autres robots pour le marché américain, et elle a annoncé une implantation en Europe dans les mois à venir.
Pour en savoir plus : New Atlas
Une IA comme directrice adjointe : Une école privée dans le West Sussex, en Angleterre, a nommé un chatbot doté d’un avatar féminin, baptisé Abigail Bailey, comme directrice adjointe. « Elle » aidera le directeur humain, Tom Rogerson, dans ses fonctions. D’après le Daily Telegraph Abigail Bailey est conçue pour donner des conseils sur des questions telles que le soutien aux enseignants et au personnel, ainsi que l'aide aux élèves ayant des besoins particuliers.
Pour en savoir plus: BBC
La Commission européenne et le G7 préparent leurs grands principes sur l’IA : La Commission européenne vient de lancer une consultation en ligne ayant pour thème les principes directeurs du G7 sur l'intelligence artificielle. En effet, en parallèle de l'AI Act européen, la Commission travaille avec les membres du G7 pour élaborer des principes et engagements sur l'IA, dans le cadre du “processus d'Hiroshima”, lancé fin mai au G7 pour réglementer l’IA.
Pour en savoir plus: EU Law Live
Des millions de mots pour les modèles: Trois chercheurs, chez Google, Databricks et à l’université de Berkeley, viennent de mettre au point une méthode pour éliminer un goulot d'étranglement majeur pour les modèles d'IA : les limitations de la mémoire des GPU. Selon les chercheurs, la méthode Ring Attention permettrait aux modèles d'analyser des millions de mots à la fois.
Pour en savoir plus: Business Insider
L’intelligence artificielle générale, valeur d’entreprise : OpenAI vient de modifier les valeurs fondamentales affichées sur sa page de carrières, supprimant des qualités telles que "réfléchi", "audacieux" et "axé sur l'impact". Les nouvelles valeurs incluent savoir mettre "l'accent sur l'AGI (intelligence artificielle générale)", "intensité et débrouillardise", "créer quelque chose que les gens aiment"… comme l’AGI, sans doute.
Pour en savoir plus: Business Insider
Un nouveau CEO à la tête de Tether : Le stablecoin Tether a annoncé que son directeur technique, Paolo Ardoino, deviendrait également son CEO à partir de décembre, tandis que l'actuel directeur général, Jean-Louis van der Velde, passera à un rôle consultatif. Avec presque 85 milliards de dollars en circulation, Tether est le troisième plus grand crypot-actif, après le bitcoin et l'ether.
Pour en savoir plus: Bloomberg
L’Australie veut durcir la régulation des cryptos : Le trésorier australien (équivalent du ministre du Budget) Jim Chalmers vient de proposer de soumettre les plateformes d'échange de crypto-monnaies et d'actifs numériques aux lois financières australiennes existantes. Les opérateurs de ces plateformes devraient donc obtenir une licence de services financiers australiens. Fini de rire.
Pour en savoir plus: The Guardian
Un Vision plus abordable : Apple envisage de lancer une version moins chère de son casque Vision Pro, avec une puce iPhone à la place de la puce Mac actuelle, pour un prix entre 1 500 $ et 2 500 $. Selon le journaliste Mark Gurman de Bloomberg, cette version économique devrait présenter des écrans de résolution inférieure, réduire le nombre de capteurs et abandonner l'affichage externe qui permet la fonction EyeSight.
Pour en savoir plus: Engadget
Un laboratoire quantique pour Hon Hai : Hon Hai Precision Industry a inauguré un nouveau laboratoire dédié à l'informatique quantique basée sur des “ions piégés” – la technologie d’IonQ – à New Taipei City, dans le cadre de son initiative de transformation "3 plus 3". Cette initiative vise à développer trois secteurs émergents - véhicules électriques, robots et santé numérique - à l'aide de l'intelligence artificielle, des semi-conducteurs et des technologies de communication.
Pour en savoir plus: Taipei Times
"Les 500 compétences couvertes par les robots de DeepMind" (Source : DeepMind)
Dans le domaine de la robotique autonome, un enjeu majeur est de rendre les robots plus polyvalents – ce qui à haut niveau présente quelques similarités avec l’intelligence artificielle générale. Jusqu'à présent, il est courant de devoir reprogrammer entièrement un robot lors de la moindre modification de sa tâche ou de son environnement. Une collaboration entre 33 laboratoires académiques et dirigée par DeepMind tente de résoudre ce problème en créant un jeu de données qui rassemble plates-formes, comportements, environnements et modèles d’apprentissage. L’objectif annoncé est de développer un robot généraliste, à contre-courant de l’ultra-spécialisation actuelle.
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