L’administration, la ville et l’énergie : les trois défis de l’IA

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

DERNIÈRE MINUTE

Gabriel, Albert et le fonctionnaire augmenté

Albert France Services, une expérimentation d’IA générative en cours depuis octobre dernier, a été présentée hier par le Premier ministre comme la clef des initiatives de simplification administrative. Mais les contraintes de son développement pourraient la rendre rapidement obsolète.

“Une IA dans l’administration française” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé hier mardi le déploiement d'Albert, une IA souveraine à destination de l'administration et de ses usagers. Développée par une équipe d’experts de la Direction interministérielle du numérique (Dinum), le Datalab, Albert veut améliorer l'efficacité des services publics en simplifiant les procédures administratives.

Albert est conçue pour de multiples cas d’usage, qui concernent aussi bien les administrations centrales que la santé. Alors que s’ouvre la saison des déclarations de revenus, elle a été surtout présentée comme capable d’assister les agents publics en pré-répondant aux demandes des contribuables. Confrontés chaque année à plus de 15 millions de requêtes, les fonctionnaires auront pour nouveau rôle de vérifier et d'ajuster les réponses générées par l’IA avant de les envoyer aux usagers.

Annonce précipitée

Albert devrait permettre ainsi un gain de temps significatif sur des tâches répétitives. Le Premier ministre a souligné que cette initiative ne cherche pas à remplacer les fonctionnaires. Soulagés d’une partie de leur charge de travail, ils pourront mieux se consacrer aux interactions humaines. 

Annoncée en octobre dernier (lire Qant du 5 octobre 2023), Albert a été déployée en janvier dans une trentaine de guichets du réseau France Services, qui en compte 2 700. Le passage en production auprès des agents de la direction générale des finances publiques s’annonce donc comme un saut important et difficile.

Ambitions élevées

D’autant que les modèles de fondation finalement retenus, souveraineté oblige, sont des “petits” LLM open source : une variante de OpenHermes 2.5 (et donc Mistral 7B) et Llama 2 7B et 13B. On est très loin de la puissance de Claude, qui avait été initialement cité, ou bien sûr de GPT-4. La qualité des réponses dépendra donc du soin apporté au surentraînement avec les fonds documentaires de l’État.

Néanmoins, l'intégration d'Albert dans les services publics marque le début d'une série d'applications d'intelligence artificielle générative destinées à améliorer différents services. Parmi les futurs projets, on trouve Aristote, qui aidera les étudiants à travers des quiz personnalisés, et une IA destinée à la retranscription automatique pour les étudiants en situation de handicap.

L’IA entre au cœur de l’État.

Pour en savoir plus :

• Gouvernement 

• France Services

• Le Monde

• Génération NT

• Journal du Net

L’ÉVÉNEMENT

Après l’atome, Sam Altman se tourne vers le soleil

Toujours plus voraces, les systèmes d’IA exigent de nouvelles sources d’énergie pour assurer leur fonctionnement. Parmi les pistes, le solaire et le nucléaire, dans lesquels le CEO d’OpenAI investit personnellement.

“Les besoins énergétiques de l’IA” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

Il n’y pas que l’identité, avec Worldcoin, et les puces d’IA (lire Qant du 22 avril et du 12 février) à l’esprit de Sam Altman, CEO d'OpenAI. Il apparaît parmi les investisseurs d’Exowatt, une start-up basée en Floride, dont les cellules solaires thermiques pourraient apporter une énergie quasi gratuite aux datacenters. 

L'énergie solaire vient ainsi rejoindre la fusion nucléaire dans les solutions d’énergie innovantes dans lesquelles Sam Altman investit, tout comme Bill Gates. Mais l’introduction en Bourse d’Oklo, une start-up nucléaire présidée par Sam Altman, a rencontré des difficultés. 

L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE

L’EXPERT

Une IA dans la ville

Selon la Chief Impact Officer d’IBM, l'IA peut contribuer à réduire l'impact environnemental des villes, qui jouent un rôle central dans la manière dont le monde aborde le changement climatique. Mais l'accès à la technologie et les compétences requises pour l'utiliser efficacement s'avèrent être des obstacles majeurs à sa mise en œuvre.

Justina Nixon-Saintil est vice-présidente et Chief Impact Officer d’IBM. 

“Justina Nixon-Saintil vue par Midjourney” (Qant, M. de R.)

“Les villes joueront un rôle central dans la manière dont le monde aborde le changement climatique. L'intelligence artificielle pourrait apporter aux villes le soutien dont elles ont tant besoin et débloquer des possibilités de renforcer leur résilience.” 

“Si elle est développée et déployée de manière responsable et éthique, l'IA pourrait potentiellement accélérer les solutions climatiques urbaines, permettre un développement durable fondé sur la science et apporter des innovations à un rythme sans précédent, ce qui nous permettrait de donner la priorité aux communautés les plus vulnérables.”

“Les modèles de fondation et les analyses géospatiales peuvent nous aider à visualiser nos villes d'une nouvelle manière”.

L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE

L’ESSENTIEL : Andreessen Horowitz, Cognizant, Meta, Microsoft, PDVSA, Profluent, Tether, Throwflame

ROBOTS

Découvrez le caractère pacifique du chien-robot lance-flamme

Malgré les apparences, le robot quadrupède développé par Throwflame n’est pas une arme. Il est destiné à faire fuir les animaux ou encore à déneiger les routes.

Conçu dans l'Ohio, aux États-Unis, le Thermonator est présenté par ses créateurs comme le premier robot-chien quadrupède lance-flammes au monde. Officiellement destiné à des usages tels que le contrôle de la faune, le déneigement et le divertissement, il peut projeter des jets de flammes jusqu'à 9 mètres de distance.

Le Thermonator intègre une technologie de vue subjective similaire à celle utilisée pour les drones sur les champs de bataille, permettant aux utilisateurs de le piloter via une transmission vidéo sur leur téléphone. Le robot et son lance-flammes peuvent donc être opérés à distance via Wi-Fi ou Bluetooth, de jour comme de nuit, grâce à un viseur laser et une lampe torche. Pesant environ 16 kilos, il dispose d’une autonomie de batterie allant jusqu'à une heure. 

Malgré son nom évocateur, le Thermonator n'est pas commercialisé comme une arme. 

Pour en savoir plus :

• New York Post

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

• Le plus petit des grands modèles • Microsoft vient de lancer Phi-3 Mini, premier modèle de la série Phi-3. Il s'agit du plus petit LLM produit par l'entreprise, avec 3,8 milliards de paramètres. Cette version améliorée de Phi-2 (lire Qant du 14 décembre 2023) est optimisée pour une utilisation sur les téléphones et les ordinateurs portables. Le modèle est disponible sur Azure, Hugging Face et Ollama.
  Pour en savoir plus: The Verge

• L’IA pour modifier l’ADN • La start-up californienne Profluent vient de développer OpenCrispr-1, un éditeur génétique généré par l'IA, inspiré des techniques Crispr-9. Ce nouveau système apprend à créer des éditeurs géniques en analysant de vastes quantités de données biologiques. OpenCrispr-1 est maintenant disponible en open source. Profluent propose d’utiliser ces outils génétiques pour personnaliser les traitements médicaux.
  Pour en savoir plus: New York Times

• Microsoft et Cognizant s’allient pour décliner les Copilot par secteur • Microsoft et la multinationale de services numériques Cognizant viennent de former un partenariat pour favoriser l'adoption de solutions d'intelligence artificielle générative par les entreprises. Ce partenariat se concentrera sur le déploiement de Microsoft 365 Copilot à travers onze secteurs industriels, en développant de nouveaux Copilots spécifiques à chaque secteur via Copilot Studio.
  Pour en savoir plus: Pymnts

MONNAIES NUMÉRIQUES ET BLOCKCHAINS

• Une blockchain pour contourner les sanctions…  • L'entreprise pétrolière d'État du Venezuela, PDVSA, utilise le stablecoin USDT de Tether pour contourner les sanctions récemment imposées par les États-Unis, selon Reuters. Ce recours à la cryptomonnaie vise à protéger l'entreprise contre le gel de ses comptes bancaires étrangers. Il fait suite à une première tentative infructueuse en 2018 d'utiliser la cryptomonnaie pour échapper à l'usage du dollar.
  Pour en savoir plus: Reuters, Coindesk

• …Une autre pour rendre transparente l’action publique • Robert Kennedy Jr., candidat indépendant (et populiste) à la présidence américaine, a proposé de placer le budget des États-Unis sur la blockchain pour en augmenter la transparence. Cela permettrait à chaque Américain à tout moment de consulter l’évolution de chaque poste budgétaire. Tout comme Trump, Kennedy s'oppose à la création d'un dollar numérique. Mais il accepte les dons de campagne en bitcoin et envisage même de soutenir le dollar américain avec du bitcoin s'il est élu.
  Pour en savoir plus: The Hill, Decrypt

AR-VR-MR-XR

• Meta partage son Horizon • Meta rend son système d'exploitation Quest, renommé Horizon OS, disponible pour d'autres fabricants de casques, y compris Microsoft. Cette initiative permettra aux partenaires comme Asus et Lenovo de développer des casques adaptés à des activités spécifiques en utilisant Horizon OS. Meta prévoit également une édition limitée du casque Quest inspirée par la console Xbox de Microsoft.
  Pour en savoir plus: Reuters

ÉDITION PREMIUM

En exclusivité pour les abonnés :

• Sam Altman et Andreessen Horowitz misent sur l’énergie solaire pour nourrir les besoins de l’IA. Mais face à la soif d’énergie de l’IA, la piste nucléaire reste d’actualité. Bill Gates et Sam Altman y ont beaucoup investi.

• Justina Nixon-Saintil, Chief Impact Officer d’IBM, explique le rôle que peut jouer l'IA pour faire mettre villes au service de l'environnement.

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