Le moment Anthropic

La course à l'IA s'éclaircit • Google passe entre les gouttes • Mistral souffle pour que sa valo s'envole • Les Trump lancent leur token • Le point de la semaine • Bienvenue dans Qant, vendredi 5 septembre 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

La levée d’Anthropic stabilise la course à l’IA

En triplant sa valorisation en six mois, Anthropic confirme sa place dans le trio de tête de l’IA, derrière OpenAI et Google DeepMind, mais loin devant xAI, Mistral, etc. Alors qu’OpenAI mise sur la marque ChatGPT pour séduire le grand public, Anthropic se voit en leader de l’IA professionnelle (B2B). Avec Google en embuscade.

Anthropic a présenté cette semaine un tour de série F assez… fantastique. L’opération menée par Iconiq capital, Fidelity et Lightspeed valorise la société 183 milliards de dollars, soit près de trois fois sa valorisation de mars 2025 (61,5 Md$) lorsque la start‑up avait levé 3,5 Md$ (3,40 Md€). Le tour a été clos à 13 milliards de dollars (12,61 Md€), alors l’appétit total des investisseurs se serait élevé à 25 milliards.

La transparence de la start-up permet de faire le point sur tout le marché des modèles.

Frontier AI : les laboratoires-clés

Dernière levée

Valorisation post‑money

Chiffre d’affaires

Points clés

OpenAI

8,3 Md$ ; août 25

300 Md$

~12 Md$ annualisés (mi‑2025)

400 M → 700 M d’usagers hebdo en 2025 

Google Deepmind

~15Md$ investis en 2025 et 70Md$ dans les activités cloud (selon est. de marché)

Anthropic

13 Md$ ; sept. 25

183 Md$

> 5 Md$  

300 000 entreprises clientes ; Claude Code : 500 M $ CA (485 M€)

xAI

10 Md$ (dette + equity) ; juil. 25

80 Md$

NC

Supercalculateur en construction, montée en puissance GPU H100/H200 

Mistral AI

600 M€ ; juin 2024

~6 Md$

NC (< 100 M$)

Leader européen, origine dans l’open source 

Cohere

500 M$ ; août 25

6,8 Md$

~100 M$

B2B (Oracle, Salesforce, Vertex) 

AI21 Labs

300 M$ ; mai 25

1,4 Md$

NC (> 50 M$)

Architecture hybride MoE,  qui combine des modèles d’espace d’état et des transformers

Le CFO augmenté : l’IA dans la fonction finance de l’entreprise

Mardi 16 septembre 2025, 08h30 • Hôtel de Bourrienne, Paris

Le machine learning et la digitalisation ont libéré les directions administratives et financières des tâches les plus répétitives. L’IA générative et les agents d’IA promettent d’aller plus loin, à condition d’encadrer leur autonomie opérationnelle. Le défi est moins technologique qu’humain : repenser la gouvernance, les compétences et la confiance pour transformer le CFO en chef d’orchestre d’un écosystème d’agents IA, qui pourront combiner planification, perception et action. Les IA n’assistent plus seulement l’humain, elles peuvent déjà exécuter et améliorer de bout en bout les process et les workflows. Cette perspective impose de nombreux sujets de débat :

  • Agents autonomes et automatisation intelligente de la fonction Finance : Quels bénéfices des IA agentiques (agents virtuels autonomes) pour automatiser les processus financiers ? Quelle intégration de ces agents/copilotes dans l’ERP, et quelle collaboration humain + IA au quotidien ? L’« assistant CFO virtuel », qui boucle des opérations de clôture, rapproche des données ou gère la trésorerie de bout en bout, peut-il devenir une réalité ?

  • Passage d’une logique de fonction à une logique de produit : comment la DAF pourra-t-elle livrer des API d’indicateurs temps réel aux métiers (pricing dynamique, scénarios ESG live) ?

  • Redesign des rôles : analystes requalifiés en prompt/agent designers, contrôleurs devenant éthiciens de modèles et garants de la fiabilité.

  • Contrôles by-design : preuves cryptographiques, journaux infalsifiables et IA contrôlant l’IA (double-boucle d’audit).

  • Durabilité et régulation : intégration native des métriques climat, conformité « ex-ante » à la CSRD, et stress-tests « agents contre agents » pour simuler crises de liquidité.

  • Reporting, communication financière et relations investisseurs : comment l’IA automatise l’analyse et la rédaction de contenus, tout en renforçant l’efficacité, la précision et la personnalisation des échanges.

  • Gouvernance et respect de l’AI Act : l’apparition de model risk charters et de nouveaux contrôles SOX sur les hallucinations, etc.

  • ROI attendu : Deloitte estime +30 % d’efficacité FP&A et –25 % de coûts back-office d’ici 2027 pour les organisations qui combinent Gen AI et agents orchestrateurs, sous réserve d’une base de données cohérente et gouvernée.

Qant et le Cercle IA et Finance vous invitent à venir en discuter lors d’un petit-déjeuner convivial, mardi 16 septembre, à Paris. La matinale a pour objet de faire le point sur l’ensemble des techniques en cours de mise en œuvre et des prochaines étapes souhaitables.

Nous serions ravis que vous puissiez être des nôtres. Comme les places sont limitées, nous vous invitons à vous inscrire via ce lien, en utilisant le code de gratuité QANT09.

Des jetons en l’air et des dollars dans les poches

La famille Trump a rendu négociable le jeton WLFI, valorisé près de 7 milliards de dollars à l’ouverture, et lancé le stablecoin dollar USD1, dont la circulation s’est approchée des 3 milliards. Les valeurs ont reculé depuis, mais les règles d'attribution et de gouvernance peuvent laisser songeur.

  • Crypto d’abondance. World Liberty Financial a débuté le premier septembre, chez Binance, OKX et Bybit, la cotation de son jeton “de gouvernance” WLFI avec une capitalisation voisine de 7 milliards de dollars, retombée depuis à 4,5 milliards environ. et des listings. Une holding familiale des Trump, DT Marks Defi LLC, détient 22,5 % des jetons.

  • Fils, fils et fils • La société est dirigée par deux fils du président des États-Unis, Donald Trump Jr., Eric Trump et par le CEO Zach Witkoff, fils d’un promoteur immobilier devenu envoyé spécial de Donald Trump au Proche-Orient, ont marqué le lancement lors d’une cérémonie au Nasdaq en août.

  • EN FILIGRANE : Petit stablecoin deviendra grand. En mars dernier, World Liberty Financial a lancé USD1, un stablecoin indexé 1:1 sur le dollar et disponible sur plusieurs réseaux dont Solana. Sa capitalisation s’établit entre 2,1 et 2,4 milliards de dollars, après avoir avoisiné les 2,7 milliards. Il est listé sur Coinbase et Binance.

  • À SURVEILLER : Comme un conflit d’intérêtsLes accusations contre la politique crypto de l’administration Trump suivent deux axes principaux : les risques qu’elle fait courir au système monétaire international et l’enrichissement personnel, voire la corruption, qu’elle favorise. La concomitance entre l’action publique pro‑crypto du président et les intérêts privés de sa famille seront examinés en profondeur dans le premier numéro de Qant Finance, la semaine prochaine.

Le vent l’emportera

  • Mistral souffle sur sa valo : La startup française d’intelligence artificielle Mistral AI serait en train de boucler un nouveau financement d’environ 2 milliards d’euros, portant sa valorisation post-investissement à 14 milliards de dollars. Cet été, alors que les indiscrétions faisaient état d’une valeur d’entreprise de 10 milliards, la rumeur d’un rachat possible par Apple à commencer à circuler. Fondée en 2023 par d’anciens de DeepMind et Meta, Mistral n’a pas levé depuis juin 2024 et elle doit conforter sa position dans une course qui est autant capitalistique que scientifique (voir Le Moment Anthropic, ci-dessous).

  • Faire AMI ami avec les robots : Le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) a lancé un nouvel Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) dans le cadre de la phase 2 de la Stratégie nationale pour la robotique et les machines intelligentes L’objectif est d’identifier dès maintenant les initiatives majeures qui préfigureront de futurs appels à projets, afin de soutenir l’innovation et l’industrialisation robotique en France. Cet AMI mentionne par ailleurs le futur appel à projets “Pionniers de l’IA” encourageant les projets combinant robotique et intelligence artificielle.

  • Moins d’humains, plus d’agents • La filiale française de Microsoft a annoncé une réduction d’environ 10 % de ses effectifs, soit 200 suppressions de postes sur environ 2 000 salariés dans le pays. Cette restructuration s’inscrit dans une réorganisation mondiale du géant, qui montre par l’exemple l’efficacité de ses solutions d’IA.

  • À SUIVRE : La « Rentrée de la Robotique » demain 6 septembre à CentraleSupélec (Gif-sur-Yvette). lancera la saison 2025-2026 de la Coupe de France de Robotique, réunissant étudiants et passionnés pour des démonstrations et concours de robots.

L’ambition d’Albion

  • Boom de l’IA au Royaume-Uni : Le gouvernement britannique se félicite d’investissements privés record de 2,9 milliards de livres en 2024 dans les startups d’intelligence artificielle au Royaume-Uni. Ce montant – en hausse de 55 % sur un an – s’accompagne de mesures pour renforcer l’attractivité du pays en matière d’IA, notamment un assouplissement réglementaire (« red tape cutting ») et le lancement d’une feuille de route pour le secteur émergent de l’« AI assurance » (évaluation et certification de systèmes d’IA fiables). Le ministre de la Technologie a appelé investisseurs et entreprises à soutenir l’ambition du Royaume-Uni de rester un pôle mondial de l’IA, alors que l’emploi dans le secteur dépasse désormais 86 000 personnes.

  • À LONDRES : UKAIRS les 8 et 9 septembre. Le UK AI Research Symposium réunira les chercheurs financés par les programmes publics britanniques (UKRI) autour des avancées en intelligence artificielle. Au programme : présentations de travaux couvrant aussi bien des progrès techniques que des perspectives en sciences humaines sur l’IA, afin d’orienter les priorités de recherche et de renforcer les collaborations.

  • À MUNICH : IAA Mobility 2025 du 9 au 14 septembre. Alors que les premiers essais de véhicules autonomes se préparent en Europe (évidemment pas en France, quelle idée), ce salon de l’automobile et de la mobilité mettra en avant les dernières innovations européennes en véhicules électriques, connectés et autonomes. Les industriels automobiles y présenteront de nouveaux modèles et concept-cars, avec un accent sur les technologies durables et la conduite assistée/automatisée.

L’IA sauve la mise de Google

Considérant que l’IA avait changé la donne concurrentielle, le juge du procès antitrust contre Google a opté pour des remèdes ciblés , écarté un démantèlement et autorisé les paiements à Apple. Le jugement final est attendu le 10 septembre 2025, tandis que le dossier adtech passe en phase de remèdes fin septembre. 

  • Après la décision de 2024 jugeant un maintien illégal du monopole, le tribunal ordonne la fin des exclusivités pour la distribution de Google Search, Chrome, Google Assistant et l’app Gemini, impose l’ouverture de certaines données de recherche (index et signaux d’interaction) et requiert une offre de services de syndication (recherche et annonces texte) à des rivaux. 

  • Le juge rejette la vente de Chrome et d’Android ; Google peut maintenir des paiements pour des positions par défaut, comme l’accord avec Apple, sous réserve d’éviter toute exclusivité. 

  • La Bourse a réagi positivement : l’action Alphabet a gagné environ 200 Md $ de capitalisation supplémentaires, après l’abandon de mesures structurelles. 

  • EN FILIGRANE : l’IA • L’intelligence artificielle pèse dans le dossier : le juge souligne l’émergence de nouveaux acteurs ; les remèdes couvrent explicitement Gemini et imposent le partage de l’index et des signaux d’interaction à des concurrents qualifiés . Google annonce un appel et évoque des risques pour la vie privée.   

  • À SURVEILLER : Bref répit • Le jugement final n’est pas encore formalisé : les parties doivent soumettre un texte révisé d’ici le 10 septembre ; les remèdes dureront six ans, entreront en vigueur 60 jours après l’entrée du jugement et seront suivis par un comité technique. Le jugement fixera la version définitive des obligations, déclenchera le compte à rebours d’exécution et orientera la stratégie d’appel. Le procès adtech, prendra la relève le 22 septembre.

Et par ailleurs :

  • Atlassian tire à l’Arc • Comme un bonheur ne vient jamais seul, Google voit aussi disparaître l’un des concurrents de Chrome. L’éditeur australien Atlassian, spécialisé dans les logiciels collaboratifs (Jira, Confluence, Trello) a conclu un accord pour acquérir en numéraire la start-up The Browser Company, basée à New York et créatrice des navigateurs Arc et Dia, pour environ 610 millions de dollars. La transaction, financée à partir de la trésorerie d’Atlassian, devrait être finalisée au deuxième trimestre de l’exercice 2026, sous réserve d’approbations réglementaires. L’opération veut permettre à Atlassian d’intégrer l’IA dans ses environnements de travail.

  • Tesla l’humanoïde • Elon Musk a affirmé que, bientôt, « 80 % de la valeur de Tesla proviendra d’Optimus », son projet de robot bipède autonome. Lors de la présentation du Master Plan Part IV de Tesla, le PDG a souligné que le robot Optimus (prototypé depuis 2022) est désormais central dans la stratégie de l’entreprise. Tesla ambitionne d’avoir des milliers de robots déployés dans ses usines d’ici fin 2025 et d’en produire un million par an d’ici 2030. Le constructeur envisage de vendre ces androïdes quelque 20 000 $ pièce à d’autres entreprises, dès 2026. En 2013, Musk avait prévu que 90 % du kilométrage d’une Tesla serait effectué de manière autonome avant 2016. Ce n’est toujours pas le cas, de loin.

  • Un « Swift des stablecoins » • La fintech américano-israélienne Fireblocks a dévoilé un réseau de paiements dédié aux stablecoins. Plus de 40 institutions y participent déjà, dont Circle, émetteur de l’USDC. Le réeau agrège « on/off-ramps », teneurs de marché, banques et émetteurs de stablecoins afin de fluidifier les règlements tout en réduisant les risques opérationnels. Fireblocks indique que son réseau traite d’emblée 200 milliards de dollars par mois en transactions de stablecoins , alors que le volume global des paiements en stablecoins a atteint ~800 Md$ mensuels en juin 2025. Cette initiative s’inscrit dans la vague d’infrastructures privées (Circle avait lancé son propre réseau en avril, Stripe ayant racheté la plateforme stablecoin Bridge) pour accompagner l’essor rapide des transactions en monnaies numériques adossées à des devises.

  • À SUIVRE : Apple Event • Le 9 septembre à Cupertino, Apple dévoilera sa nouvelle gamme de produits lors de sa keynote annuelle de rentrée . Sont attendus les iPhone 17 (modèles standard, Pro, Pro Max et un éventuel iPhone 17 Air), les AirPods Pro 3, la montre Apple Watch Series 11 (et Ultra 3), ainsi que les prochaines mises à jour logicielles majeures (connus comme iOS 26, iPadOS 26, macOS 26 “Tahoe”, etc., ils seront sans doute présentés avec le numéro 18). Après ses déboires ces dernières années, Apple cherchera à redevenir crédible dans l’IA générative et la réalité mixte.

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :

• La remarquable série F du créateur de Claude permet d’analyser le marché des modèles d’IA au moment où la progression des LLM s’assagit.

Le moment Anthropic

En triplant sa valorisation en six mois, Anthropic confirme sa place dans le trio de tête de l’IA, derrière OpenAI et Google DeepMind, mais loin devant xAI, Mistral, etc. Alors qu’OpenAI mise sur la marque ChatGPT pour séduire le grand public, Anthropic se voit en leader de l’IA professionnelle (B2B). Avec Google en embuscade.

Anthropic a présenté cette semaine un tour de série F assez… fantastique. L’opération menée par Iconiq capital, Fidelity et Lightspeed valorise la société 183 milliards de dollars, soit près de trois fois sa valorisation de mars 2025 (61,5 Md$) lorsque la start‑up avait levé 3,5 Md$ (3,40 Md€). Le tour a été clos à 13 milliards de dollars (12,61 Md€), alors l’appétit total des investisseurs se serait élevé à 25 milliards.

C’est sur le code que Claude, le modèle d’Anthropic, a trouvé l’effet de levier. La start-up a lancé au printemps sa génération de code « agentique » (Claude Opus 4 puis 4.1) avec un argument simple : tenir des tâches longues, multi‑fichiers, et exécuter des chaînes d’outils sans supervision lourde. Côté monétisation, Claude Code affiche déjà un run‑rate de 500 M$ (485 M€), presque 10 % de l’ARR total.

Le code a changé

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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