Agents Orange : un nouvel espace public

Comment la tech a contribué à faire élire Trump • Llama sera utilisé par l’armée américaine • L’IA pousse ses pions à Hollywood • Physical Intelligence lève 400 M$ pour développer une IA robotique “générale” • Contre la stratégie monétaire chinoise, les États-Unis pourraient mobiliser les stablecoins • Bienvenue dans Qant, mercredi 6 novembre 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Agents Orange

La tech a joué un triple rôle dans cette “Elon-ction”, faisant pencher la balance en faveur de Donald Trump. La déroute des médias consacre un faiseur de rois, Elon Musk, et surtout un nouvel espace public.

Donald Trump deviendra de nouveau, en janvier prochain, président des États-Unis • D.R.

Sauf extraordinaire, Donald Trump a été élu président des États-Unis cette nuit, par une majorité des Américains. Son parti, désormais placé sous son contrôle étroit, devrait contrôler les deux chambres du Congrès.

Un nouvel espace public a émergé. La confiance que les Américains plaçaient dans leurs institutions, des médias aux universités, de la justice aux forces armées – du moins, leurs officiers généraux –, est en pièces. Cette victoire, qui en est la conséquence, ne fera qu’aggraver le phénomène.

L’étoile des oligarques

Tout mène à Elon Musk. “Une étoile est née” a dit de lui Donald Trump dans son discours de victoire : “Quel homme extraordinaire !”. En effet, les élections de 2016 et 2020 avaient été marquées par Fox, que son statut de chaîne de divertissement protégeait des règles sur la télévision d’information. Mais cette année, les principaux facteurs d’influence ont été X-Twitter, l’IA et les cryptos.

Yann LeCun, prix Turing et directeur scientifique de l'IA chez Meta, avait résumé la situation en s’adressant ainsi à Elon Musk : "Vous êtes un oligarque qui s'est acheté un énorme mégaphone pour soutenir un dictateur en puissance", écrivait-il dans un tweet cité par l’AFP. Il n’est pas seul : de Marc Andreessen à Jeff Bezos, nombreux sont ceux qui ont senti venir le vent. Mais Elon Musk est allé plus loin que tout le monde.

Voici comment un entrepreneur a réunit sur son seul nom les trois figures historiques d’America First, le mouvement profasciste américain des années 1930 : le grand industriel – Henry Ford –, le pionnier – Charles Lindbergh – et le magnat des médias – Randolph Hearst. Voici comment il a gagné une élection qu’on a appelée, à juste titre, l’Elon-ction. Et voici comment s’est terminé le vingtième siècle.

Les stablecoins pourront défendre le statut mondial du dollar

La Chine consacre d'importantes ressources à la création d'une alternative au système de paiement en dollars. Pour contrer cette tendance, les responsables politiques américains doivent soutenir les entreprises privées qui émettent des stablecoins. Elles pourront conforter la demande de dette publique américaine et renforcer la position et la portée du billet vert dans le monde.

Par Paul Ryan, ancien président de la Chambre des représentants, coprésident du Paradigm Policy Council

Paul Ryan (Paradigm Policy Council)

“Imaginez un monde où la Chine aurait supplanté les États-Unis à la tête de l'économie mondiale et où le renminbi, et non le billet vert, serait la monnaie de réserve mondiale. Ce scénario serait désastreux pour les États-Unis. Compte tenu de l'endettement et du déficit record, la baisse de la demande d'actifs libellés en dollars paralyserait l'économie américaine. Le gouvernement serait contraint de réduire les services publics et les dépenses militaires.”

“Le dollar règne en maître depuis près d'un siècle parce qu'il s'appuie sur un État de droit bien établi, une armée nombreuse et puissante et une économie dynamique. Mais les responsables politiques américains ne peuvent pas se permettre de rester inactifs face à l'évolution du monde. La livre sterling était autrefois la monnaie dominante pour le commerce international et les réserves de change – jusqu'à ce qu'elle ne le soit plus. Si le billet vert veut éviter le même sort, les dirigeants américains doivent reconnaître que le système financier américain a grand besoin d'être modernisé. Alors que nos vies et nos économies se numérisent de plus en plus, le dollar doit lui aussi se numériser.”

Islamabad

  • Bal cryptographique au Pakistan Le gouvernement pakistanais vient de présenter un projet de loi qui pourrait aboutir à donner cours légal à des cryptomonnaies comme le bitcoin. Sous la présidence du gouverneur de la Banque d'État du Pakistan, Jameel Ahmad, le Comité de politique monétaire (MPC) a proposé des amendements autorisant la banque centrale à émettre une roupie pakistanaise numérique. Ils prévoient également des sanctions pour les émetteurs de monnaies numériques non autorisées et aideront les banques à traiter les services de paiements numériques, incluant l'achat, la vente et le commerce de cryptomonnaies via la blockchain. En savoir plus…

Des Llama chez les GI

  • Meta autorise désormais l’utilisation de ses modèles d’intelligence artificielle par des agences gouvernementales américaines et des sous-traitants en matière de sécurité nationale, vient d’annoncer le géant des réseaux sociaux. 

  • Les modèles open source Llama de Meta seront mis à disposition d’entreprises américaines de défense, comme Lockheed Martin ou Palantir, et de 4 autres pays du pacte de partage de renseignements Five Eyes : le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

  • À SURVEILLER : Les talents. L’utilisation militaire de l’IA reste un sujet sensible dans la Silicon Valley. En début d'année, la modification par OpenAI de ses conditions d'utilisation pour ne plus prohiber l'usage de l'IA à des fins militaires avait entraîné des manifestations devant les bureaux de l'entreprise à San Francisco (lire Qant du 14 février).

Google

  • Un agent d’IA détecte une faille zero-day • Pour la première fois, un agent d’IA a repéré une faille de sécurité critique inconnue jusqu’alors et donc exploitable par surprise (zero-day), avant qu’un correctif ne soit disponible. Créé par deux divisions de Google, Project Zero et DeepMind, Big Sleep a passé au peigne fin SQLite, un moteur de base de données open-source largement utilisé. La faille a été corrigée immédiatement par les développeurs de SQLite après sa détection. En savoir plus…

Des modèles de fondation pour la robotique

La start-up californienne Physical Intelligence a levé 400 millions de dollars pour développer un logiciel d'IA capable de contrôler une large gamme de robots pour accomplir diverses tâches.

La start-up de robotique Physical Intelligence, basée à San Francisco, a récemment levé 400 millions de dollars (378 M€) lors d'un nouveau tour de financement, atteignant ainsi une valorisation de 2,4 milliards de dollars (2,26 Md€). Cette levée de fonds, soutenue par des investisseurs notables comme Jeff Bezos, OpenAI, Thrive Capital et Lux Capital, marque une étape cruciale pour l'entreprise dans le développement de modèles d'intelligence artificielle généraux pour robots. L'objectif de Physical Intelligence est de concevoir des logiciels capables de fonctionner sur différents types de robots, sans nécessité de programmer chaque machine pour des tâches spécifiques : une “intelligence artificielle générale” pour les robots.

Quand l’IA rajeunit Tom Hanks

  • Le film Here, réalisé par Robert Zemeckis, utilise l'intelligence artificielle pour rajeunir les acteurs Tom Hanks et Robin Wright sur une période de 60 ans. 

  • La technologie de rajeunissement, fournie par la société Metaphysic, permet des transformations faciales en temps réel sans nécessiter de postproduction. En utilisant un modèle d'apprentissage automatique basé sur des films antérieurs des acteurs, l’équipe visualisait chaque scène sur deux écrans : l'un avec l'apparence réelle et l'autre avec le rajeunissement instantané requis pour le film. 

  • À SURVEILLER : La diffusion de l’IA à Hollywood. Les effets spéciaux numériques (VFX) étaient inabordables pour ce petit film, au budget de seulement 50 millions de dollars (environ 47 M€), Metaphysic a également collaboré sur d'autres productions de 2024, comme Furiosa: A Mad Max Saga et Alien: Romulus, pour ressusciter des personnages d'acteurs décédés avec l'accord des ayants droit. Les grèves de l’été dernier (RENVOI) ne seront bientôt qu’un souvenir.

Perplexity

  • Perplexity AI se gausse du New York Times • Alors que le New York Times négociait avec ses syndicats pour éviter une grève le jour des élections, Aravind Srinivas, CEO de Perplexity, a proposé de fournir au journal une assistance technique par IA, basée sur son hub électoral (lire Qant du 5 novembre).  Cette offre survient alors que Perplexity et le New York Times sont en conflit depuis octobre, le journal ayant envoyé une mise en demeure pour usage non autorisé de ses articles afin d’entraîner ses modèles d’IA. En savoir plus…

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :

• X, l’IA et les cryptos ont forgé un nouvel espace public qui explique la victoire de Donald Trump

• Les stablecoins peuvent constituer un atout pour défendre la suprématie mondiale du dollar face aux ambitions chinoises.

• Physical Intelligence veut concevoir une IA universelle, destinée à diversifier les capacités des robots dans des environnements multiples.

Agents Orange

La tech a joué un triple rôle dans cette “Elon-ction”, faisant pencher la balance en faveur de Donald Trump. La déroute des médias consacre un faiseur de rois, Elon Musk, et surtout un nouvel espace public.

Donald Trump

Sauf extraordinaire, Donald Trump a été élu président des États-Unis cette nuit, par une majorité des Américains. Son parti, désormais placé sous son contrôle étroit, devrait contrôler les deux chambres du Congrès.

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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