Leçons d’Ukraine

Innovation et réarmement : l’exemple de Parrot et des drones • Amazon veut renforcer son partenariat avec Anthropic, courtisé par Apple • Le dollar numérique australien avance à grand pas • Microsoft réalise 500 millions d’économies grâce à l’IA • Apple cherche comment relancer le Vision Pro • Bienvenue dans Qant, vendredi 11 juillet 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Parrot, champion français de la guerre des drones

La guerre d’Ukraine a sonné l’alarme dans les états-majors : le combat a changé, radicalement, à cause de drones d’un coût dérisoire. Parrot, qui a pivoté dès 2021, semble aujourd’hui la start-up française la mieux placée pour constituer le noyau du futur leader européen des drones.

Henri Seydoux, fondateur et PDG de Parrot, à la conférence World In Progress de Chantilly • D.R.

Le choc de la guerre en Ukraine a profondément accéléré la militarisation des drones en Europe et dans le monde. Du front du Donbass aux laboratoires en Europe et dans le monde, il a permis une prise de conscience salutaire : les drones, jadis gadgets ludiques, sont devenus des pièces maîtresses de la guerre moderne. «70% des coups portés contre l’armée russe le sont par des drones » observait fin juin Henri Seydoux, fondateur et PDG de la principale entreprise française, Parrot, à la conférence World In Progress de Chantilly. « La ligne de front est entièrement occupée par des drones et de la tech : un immense développement d’apps sur un backbone fourni par Starlink et la 4G », témoigne-t-il.

Dans l’immédiat, Parrot bénéficie de la dynamique internationale créée par l’invasion de l’Ukraine. L’entreprise, en plein essor, se trouve à répondre à une multitude de nouveaux appels d’offres rendus urgents par la situation géopolitique. Par exemple, Taïwan a lancé en 2023–2024 un vaste programme de drones pour se préparer à d’éventuelles menaces chinoises, dans lequel les fabricants européens comme Parrot ont une carte à jouer, rapporte Reuters.

Pour comprendre si la France peut créer un leader des drones de combat, mondial ou du moins européen, il faut revenir sur les leçons stratégiques que l’on tire dans les états-majors de la guerre en Ukraine, et sur le pivot réussi d’une start-up française créée en 1994.

Anthropic, objet de tous les désirs

Alors que les rumeurs d’un rachat ou d’un partenariat avec Apple vont bon train, Amazon envisage un nouvel investissement de plusieurs milliards de dollars dans la start-up Anthropic, dont elle est déjà partenaire stratégique.

Amazon et Anthropic renforcent leur alliance • Qant avec GPT-4o

  • Gros chèque. Amazon envisage un nouvel investissement de plusieurs milliards de dollars dans Anthropic, selon le Financial Times, sans toutefois dépasser un tiers du capital de la start-up californienne d’IA.

  • Ménage à trois. Cette initiative viendrait s’ajouter aux 8 milliards de dollars déjà engagés depuis l’an dernier (lire Qant du 25 novembre 2024). Ils ont fait d’Amazon le principal partenaire cloud pour l’entraînement des modèles d’Anthropic, malgré la présence au capital de Google, qui a investi plus de 3 milliards de dollars.

  • Popcorn et datacenters. Le partenariat inclut le développement de centres de données massifs, l’utilisation des puces Trainium2 conçues par Amazon aux côtés des GPU de Nvidia, et l’intégration de Claude dans les produits très grand public d’Amazon : Alexa et Prime Video.

  • À SURVEILLER : Les pépins d’Apple. Désarçonnée par les négociations avec OpenAI, qui traînent en longueur, ainsi que par le départ de ses deux dirigeants chargés de l’IA, Ruoming Pang et Tom Gunter, la firme à la Pomme aurait ouvert des négociations avec Anthropic pour un partenariat, voire un rachat. On peut cependant difficilement imaginer que Claude anime Alexa en même temps que Siri…

Internet Watch Foundation, Microsoft

  • Les coûts des économies de l’IA • Microsoft vient de confirmer avoir économisé plus de 500 millions de dollars en un an dans ses centres d’appels grâce à l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle dans les ventes, le support client et le développement logiciel. Ce qu’on peut, sans doute, rapprocher en partie des 15 000 suppressions de postes depuis le début de l’année. En savoir plus…

  • L’explosion de la pédopornographie IA • L'ONG britannique Internet Watch Foundation a identifié 1 286 vidéos d’abus pédosexuels générées par IA au premier semestre 2025, contre seulement deux sur la même période en 2024. Les contenus ont été produits à partir de modèles vidéo IA accessibles librement et « fine-tunés » avec du matériel pédopornographique, parfois à partir de quelques vidéos existantes. La fondation alerte sur la capacité de ces modèles à reproduire des victimes réelles et sur la prolifération rapide des contenus, avec une hausse de 400 % des URL signalées. En savoir plus…

Apple revoit son Vision Pro pour tenter de relancer les ventes

Apple prépare une mise à jour technique de son casque Vision Pro pour 2025, avec un nouveau processeur M4, une amélioration du confort et un renforcement des capacités d’intelligence artificielle.

Le Vision Pro se refait une beauté • Qant avec GPT-4o

  • Turbo casque. Apple prévoit de lancer une nouvelle version du casque de réalité virtuelle Vision Pro avant la fin de l’année, avec un processeur M4 plus rapide que l’actuel M2 et de nouveaux composants optimisés pour les usages en intelligence artificielle. 

  • Neckflix. Le casque mis à jour inclura un nouveau bandeau conçu pour réduire la douleur au cou et à la tête, en réponse aux critiques sur le confort du modèle de première génération, qui pèse environ 635 grammes. 

  • Luxe sans volupté. Le Vision Pro actuel, commercialisé à 3 499 dollars depuis février 2024, a connu un lancement lent, freiné par son prix élevé, son poids et un manque d’applications exclusives.

  • EN FILIGRANE : Sauver le soldat Siri. Malgré son échec, le casque Vision Pro reste une prouesse d’ingénierie et le seul produit réellement nouveau d’Apple depuis les AirPods en 2016. L’équipe qui l’a créée cherche désormais une solution pour Siri, l’assistant vocal en perdition d’Apple, sans avoir été rattachée à la division IA, qui a connu récemment de nombreux départs (lire ci-dessus, Les Pépins d’Apple).

  • À SURVEILLER : Too little, too late ? Les deux ans de retard pris par le casque Apple Vision Pro l’ont probablement confiné, durablement, à un marché de niche. Apple développe en parallèle un modèle totalement repensé pour 2027, plus léger et moins cher, le N100, ainsi qu’une paire de lunettes de réalité augmentée. La Pomme se heurtera de plein fouet aux projets de Meta (Orion) et à l’avance prise par Google, grâce à Android XR et les lunettes Aura. Sa capacité à remonter la pente dépendra de son savoir-faire en IA, de plus en plus compromis.

L’Acacia qui pousse en Australie

La Banque d’Australie passe à la deuxième phase de son projet Acacia, testant l’usage de monnaies numériques dans les marchés financiers de gros avec la participation de grandes banques et de fintechs.

Le projet Acacia veut porter ses premiers fruits • Qant avec GPT-4o

  • Boomerang tokenisé. La Banque de réserve d’Australie (RBA) vient de lancer une nouvelle phase de tests autour des monnaies numériques et des actifs tokenisés dans le cadre du projet Acacia, mené en partenariat avec le Digital Finance Cooperative Research Centre.

  • 24 idées et un peu de vrai cash. Cette phase prévoit 24 cas d’usage, dont 19 impliquant de l’argent réel et 5 reposant sur des transactions simulées, testant divers types d’actifs comme les obligations, les marchés privés, les créances commerciales et les crédits carbone.

  • Casting premium. Les principales banques australiennes, comme Commonwealth Bank of Australia (CBA), ANZ et Westpac, participent à l’expérimentation, aux côtés de plusieurs fintechs. CBA s’est associée à JPMorgan pour tester l’usage de monnaies numériques dans le marché des pensions livrées.

  • Token cocktail. Le projet inclut l’utilisation de stablecoins, de tokens de dépôts bancaires et d’une monnaie numérique de banque centrale de gros, ainsi que des améliorations des comptes de règlement des banques à la RBA.

  • EN FILIGRANE : Une exception réglementaire. L’Australian Securities and Investments Commission (ASIC) a accordé un allègement réglementaire aux participants pour leur permettre de tester ces technologies, qui ne sont pas encore couvertes par le droit financier existant.

  • À SURVEILLER : Le calendrier. La deuxième phase du projet doit durer six mois, avec une publication des conclusions prévue au premier trimestre 2026. Elles influenceront le cadre réglementaire australien sur les actifs numériques et le lancement effectif d’un dollar australien numérique.

Ant Group

  • La fourmi chinoise qui rêve de stablecoins • Ant Group, la filiale financière d’Alibaba, prévoit d’intégrer le stablecoin USDC de Circle sur sa plateforme blockchain, dans le cadre d’une collaboration menée par sa division Ant International, qui cherche par ailleurs à obtenir des licences pour des stablecoins à Singapour, Hong Kong et Luxembourg. Ant cherche à inclure des cryptomonnaies régulées dans toute son infrastructure, qui gère des services de trésorerie et de paiements transfrontaliers, et qui a traité un tiers des 1 000 milliards de dollars de transactions d’Ant en 2024. En savoir plus…


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• En Ukraine, drones FPV bon marché, micro-drones civils modifiés et munitions rôdeuses ont bouleversé l’équilibre tactique, rendu le champ de bataille totalement transparent et conduit au retour de la guerre de position.

• L’armée française a tiré les leçons de ce conflit en structurant une filière industrielle du drone, en adaptant ses doctrines et en renforçant ses capacités de guerre électronique.

• Parrot s’est imposé comme fournisseur de micro-drones militaires souverains, testés en Ukraine et adaptés aux contraintes des conflits de haute intensité, devançant un petit peloton de start-up françaises.

Parrot, champion français dans la guerre des drones

Le conflit en Ukraine a transformé les drones en instruments centraux du combat, ce qui a poussé les états-majors à repenser leurs doctrines et à accélérer leurs investissements, tant pour l’emploi que pour la lutte anti-drones. Parrot, pionnier du Bluetooth et des drones ludiques, s’est imposé en adaptant ses drones civils à des usages militaires, testés en Ukraine et adoptés par plusieurs forces armées.

La guerre des drones • Qant avec o3 et GPT-4o

Sur le front ukrainien, l’emploi intensif des drones a changé l’art du combat. Jamais ces engins n’avaient été utilisés à une telle échelle. D’outils spécialisés, ils sont passés au rang d’armes incontournables du champ de bataille. Presque chaque brigade ukrainienne comporte désormais une compagnie de drones d’attaque, et la plupart des unités sont dotées de mini-drones de reconnaissance. Cette massification s’explique par la variété des missions et des types de drones mis en œuvre, que l’on peut regrouper en quatre catégories.

Les quatre drones de l’Apocalypse

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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