Nvidia veut faire de Mistral le Coreweave européen • OpenAI lance o3-pro • L’IA de Google réduit le trafic des sites de presse • Snap accélère sur les lunettes • Crypto : alors que les entreprises américaines se préparent à basculer, les États-Unis gagneraient à s’inspirer de la réglementation européenne • Bienvenue dans Qant, jeudi 12 juin 2025.


« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
La keynote de Jensen Huang, CEO de Nvidia, lors de la première journée de Vivatech hier
Le CEO de Nvidia, Jensen Huang, a ouvert l'édition 2025 du salon Vivatech à Paris par une conférence d'une heure annonçant un partenariat avec la start-up française Mistral, qualifié d’ “historique” par Emmanuel Macron.
Ce partenariat vise à construire un cloud basé sur 18 000 puces intégrées Grace Blackwell de Nvidia, destiné aux entreprises souhaitant exploiter des modèles open source comme ceux de Mistral.
Baptisée Mistral Compute, cette AI Factory commune bénéficiera de 10 milliards d’euros d’investissement, financés avec la contribution de bpifrance et du fonds émirati MGX.
LA BONNE ÉCHELLE : L’Europe. Jensen Huang, qui rencontrera le chancelier allemand Friedrich Merz demain, a déclaré vouloir "multiplier la capacité de calcul dédiée à l'intelligence artificielle en Europe par dix", en créant une vingtaine d’AI Factories sur le Vieux Continent. Sept pays sont concernés. En Allemagne, Nvidia annoncera vendredi une plateforme cloud consacrée à la robotique et l’industrie. En Grande-Bretagne, le groupe s’est allié à la néerlandaise Nebius pour créer une AI Factory dotée de 4 000 GPU Blackwell.
EN FILIGRANE : Un Coreweave européen. Par ce virage vers l’infrastructure cloud, Mistral entre dans un territoire où seuls Google et OpenAI étaient présents jusqu’à présent, et dans une moindre mesure AWS et Meta : proposer simultanément ses propres LLM et un hébergement dans le cloud. Jensen Huang l’a publiquement encouragée à devenir “un Coreweave européen”, se déclarant prêt à financer l’aventure. Spécialisée dans le cloud computing pour l’IA, Coreweave a réalisé en mars la plus importante IPO reliée à l’IA jusqu’à présent, levant 1,5 milliard de dollars sur le Nasdaq.
À SURVEILLER : Construire la souveraineté européenne sur l’open source. Le projet de cloud Mistral-Nvidia pourrait structurer une chaîne de valeur européenne pour l’intelligence artificielle et renforcer l’autonomie technologique du Vieux Continent face aux géants américains et chinois. Mais avec des puces américaines fabriquées à Taïwan, s’entend.
OpenAI a lancé hier o3-pro ; cette version améliorée du modèle o3 est présentée son modèle de raisonnement le plus performant à ce jour.
Les modèles d’IA montent vers l’AGI • Qant avec o3 Pro
Lors de tests réalisés par des évaluateurs humains, o3-pro a été préféré à o3 dans 64 % des cas, en particulier pour la clarté, l’exactitude, la capacité à suivre des instructions et la qualité des réponses dans les domaines scientifiques, éducatifs ou professionnels.
Le modèle intègre des outils comme la recherche web, l’analyse de fichiers, le traitement d’images et l’exécution de code Python, mais affiche une latence plus élevée qu’o1-pro en raison d’une architecture plus complexe, et ne prend pas en charge la génération d’images ni Canvas.
L’API facture 20 dollars par million de jetons en entrée et 80 dollars en sortie, soit un tarif bien supérieur à celui de o3, récemment abaissé à 2 et 8 dollars respectivement.
EN FILIGRANE : La course à l’échelle-ote. L’inference-time scaling et les autres techniques de création de modèles de raisonnement ont donné une nouvelle jeunesse à l’IA, alors que les LLM plafonnaient dans leur course à la taille. De prime abord, o3-Pro semble nettement plus puissant que o3 et susceptible de ravir la vedette, ou du moins de concurrencer sérieusement Claude 4, qui se targue depuis le début du mois d’être le modèle le plus puissant sur le marché. En attendant l’arrivée de Gemini 3…
À SURVEILLER : Le lent divorce avec Microsoft. Reuters indique qu’OpenAI commencera à utiliser l’infrastructure cloud de Google pour compléter ses capacités de calcul, jusqu’ici fournies par Microsoft Azure.
Pour une cuillère à café d’IA • Sam Altman, CEO d’OpenAI, affirme dans un billet de blog que chaque requête sur ChatGPT consommerait en moyenne « environ un quinzième de cuillère à café » d’eau, soit 0,32 millilitre, sans toutefois préciser comment il arrive à cette estimation. Il précise qu’une requête mobilise environ 0,34 watt-heure d’électricité, comparant cela à une seconde d’utilisation d’un four électrique. Cette déclaration intervient alors que la consommation énergétique des IA génératives suscite de vives préoccupations, certains chercheurs estimant que leur empreinte pourrait dépasser celle du minage de bitcoin d’ici la fin de l’année. En savoir plus…
Quand Google tue les recherches Google • Les outils de recherche dopés à l’IA de Google, comme AI Overviews et le mode conversationnel AI Mode, font chuter fortement le trafic vers les sites d’information aux États-Unis. Ces systèmes répondent directement aux requêtes des internautes, souvent à partir de contenus journalistiques, sans inciter au clic, réduisant ainsi les audiences dont dépendent les éditeurs. Le New York Times a ainsi vu la part de trafic issu de la recherche passer de 44 % à 36,5 % en trois ans, ce qui l’a sans doute conduit à céder ses droits pour l’entraînement d’IA à Amazon. La transition vers le Web “Google Zero” qui se dessine sera rude pour les éditeurs de contenu, mais pas seulement : Google doit inventer des sources de recettes pour remplacer 200 milliards de dollars par an… En savoir plus…
La crypto guidant l’économie américaine, sans le peuple • Qant avec o3 Pro
46 % des PME américaines prévoient d’intégrer la blockchain dans leurs opérations d’ici trois ans, principalement via les stablecoins, analyse Coinbase dans son dernier rapport “The State of Crypto”.
Plus de 80 % des petites et moyennes entreprises estiment que les cryptoactifs peuvent répondre à un problème financier précis, comme la gestion des paiements transfrontaliers ou des créances.
Du côté des grandes entreprises, 6 dirigeants sur 10 du Fortune 500 déclarent que leur entreprise travaille actuellement sur des projets blockchain.
La part des grandes entreprises ayant un intérêt ou des projets liés aux stablecoins a plus que triplé en an, passant de 8 % en 2024 à 29 % en 2025.
Près d’un dirigeant sur cinq considère les technologies onchain comme essentielles dans leur stratégie à long terme, moitié plus que l’année précédente.
EN FILIGRANE : La finance n’est pas en reste. 80 % des investisseurs institutionnels prévoient d’augmenter leur exposition aux cryptos avant la fin de l’année.
À SURVEILLER : Exubérance irrationnelle. Le projet de loi Genius sur les stablecoins devrait apporter la clarté réglementaire (ci-dessous) que près de trois quarts des entreprises interrogées considèrent être le prochain levier de développement des cryptos. Le basculement de l’économie américaine ne pourra qu’entraîner une inflation importante des cryptoactifs.
Par Howard Davies, ancien gouverneur adjoint de la Banque d'Angleterre, président du groupe bancaire NatWest.
Enfin réglementer les cryptos. • Qant, M. de R. avec GPT-4o
« Il semble probable que les stablecoins recevront une enveloppe juridique utile, avec des règles réalistes sur la transparence et l'adossement des actifs. Standard Chartered estime que si la législation est adoptée, le marché américain des stablecoins passera de sa taille actuelle d'environ 240 milliards de dollars à 2 000 milliards de dollars d'ici à la fin de 2028. La majeure partie de ce montant serait investie dans des bons du Trésor américain, ce qui donnerait un coup de pouce utile à une administration [américaine] qui a la fâcheuse habitude de creuser son déficit. »
« La commission des services financiers de la Chambre des représentants et la commission bancaire du Sénat devraient plutôt se concerter et envisager d'entreprendre une mission d'enquête dans les bureaux de l'UE à Bruxelles. Ils pourraient bien y apprendre quelque chose. »
Qant est membre de Project Syndicate.
Peter Thiel s’en-va-t-en Bourse • Bullish Global, une plateforme d’échange de cryptoactifs soutenue par Peter Thiel, a déposé un dossier confidentiel auprès de la SEC pour préparer une introduction en bourse aux États-Unis. Dirigée par l’ancien président du NYSE Tom Farley, l’entreprise emploie plus de 275 personnes et est implantée aux États-Unis, à Hong Kong, Singapour, Gibraltar et aux îles Caïmans. Ce projet s’inscrit dans un contexte favorable aux acteurs crypto, alors que l’administration Trump est perçue comme favorable au secteur. Bullish avait racheté le média CoinDesk en 2023. En savoir plus…
Le dirigeant de Snap Evan Spiegel • Photo : Snap
Snap a annoncé la sortie en 2026 de Specs, ses premières lunettes de réalité augmentée grand public.
Ces lunettes fonctionneront avec le système Snap OS. Elles seront contrôlables par gestes de la main et elles intégreront un assistant d’intelligence artificielle, des jeux et une interface pour naviguer sur le web ou regarder des vidéos.
L’appareil n’utilisera pas de batterie externe et proposera un design allégé, avec une version noire au lancement et de potentielles éditions spéciales par la suite.
Les Specs permettront aux développeurs d’utiliser les modèles d’IA de Google et d’OpenAI, pour offrir des fonctions comme la traduction de texte, la conversion de devises ou des suggestions de recettes en fonction du contenu du réfrigérateur.
À SURVEILLER : La bataille de l’IA et de la réalité augmentée. Meta, Apple et Google préparent également de nouveaux modèles de lunettes, émoustillés par le succès des lunettes Meta Ray Ban. Mais celles-ci, qui se sont vendues à plus de 2 millions d’exemplaires, ne sont que des lunettes connectées à l’IA, sans fonctions de réalité augmentée (AR). Snap semble être la première à vouloir mettre sur le marché des lunettes AR, incluant un écran dans les verres, sans une batterie externe.
Par Howard Davies (NatWest)
Enfin réglementer les cryptos. • Qant, M. de R. avec GPT-4o
Il y a quelques années, l'Atlantic Council a publié un rapport soulignant la remarquable diversité des attitudes à l'égard des crypto-monnaies, qui étaient globalement légales dans 45 pays étudiés, partiellement interdites dans 20 pays et totalement interdites dans 10 pays.
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