« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
DeepSeek : premières répliques du tremblement de terre
La start-up chinoise DeepSeek fait face à des enquêtes en Europe et aux États-Unis, ainsi qu’à des accusations de violation de propriété intellectuelle par OpenAI, qui se retrouve ainsi dans la position de l’arroseur arrosé.
COPIEUR ! David Sacks, conseiller de Donald Trump pour l’intelligence artificielle et les cryptomonnaies, a affirmé hier sur Fox News qu’il existe des preuves que DeepSeek aurait utilisé des réponses d’OpenAI pour entraîner son modèle, ce qui soulève des questions de propriété intellectuelle.
Des chercheurs en cybersécurité de Microsoft auraient détecté une extraction massive de données via des comptes développeurs OpenAI fin 2024, potentiellement liés à DeepSeek.
OpenAI a confirmé hier au Financial Times qu'elle soupçonnait DeepSeek d’avoir utilisé ses modèles d’IA pour entraîner ses propres solutions. Elle affirme également avoir trouvé des preuves de distillation, une technique qui permet de former des modèles plus petits à partir de modèles plus avancés, en violation de ses conditions d’utilisation.
Un utilisateur de DeepSeek contourne la censure à propos du président chinois Xi Jinping • Source : @_SaxX_
EN EUROPE, la coalition des groupes de défense des consommateurs en Europe Euroconsumers a saisi l’Autorité italienne de protection des données sur la gestion des informations personnelles par DeepSeek.
La Garante, qui avait temporairement bloqué ChatGPT en 2023 pour non-respect du RGPD (lire Qant du 31 mars 2023), a déjà demandé des explications à DeepSeek, estimant que les données de millions d’Italiens sont à risque.
La start-up chinoise a 20 jours pour répondre aux questions des autorités italiennes, qui se retrouvent confrontées au même dilemme qu’avec ChatGPT : la capacité de l’Italie à faire durablement cavalier seul et couper la Péninsule d’un modèle utilisé partout dans le monde semble très douteuse.
EN FILIGRANE : Hugging Face vient de lancer Open-R1, un projet visant à recréer le modèle R1 de DeepSeek, lui-même pourtant offert en open source sous une des licences les plus permissives qui soient, celle du MIT.
L’objectif est de documenter entièrement les étapes d’entraînement, les jeux de données utilisés et les choix effectués, afin de permettre aux chercheurs d’approfondir leurs travaux et d’accélérer l’apparition de nouveaux modèles.
À SURVEILLER : …La caravane qui passe. Il est douteux que les risques juridiques sur la propriété intellectuelle ou les gesticulations italiennes aient un effet plus dissuasif sur DeepSeek, une start-up chinoise, qu’elles n’en ont eu sur OpenAI elle-même. En revanche, l’accélération de la recherche dont témoigne Open-R1 aura pour effet d’accélérer la “commoditisation” des modèles d’IA et donc la pression sur les éditeurs américains. Cette nuit, en présentant les résultats trimestriels de Microsoft – qui propose désormais DeepSeek sur Azure –, Satya Nadella a évoqué l’hypothèse d’une réduction des investissements dans les datacenters à partir de juillet.
Du sondage à la simulation : les agents d’IA, un nouveau laboratoire
Des chercheurs de Stanford, en collaboration avec Google DeepMind et d’autres institutions, ont conçu un système d’agents génératifs capables de simuler avec précision les comportements et décisions d’un échantillon représentatif de la société américaine.
Quand l’IA interview l’homme • Qant, M. de R. avec Midjourney
Une équipe de chercheurs de l’université de Stanford, en partenariat avec Google DeepMind et des experts de l’université de l’État de Washington, a mis au point un système permettant de simuler les comportements humains avec une précision inédite. Ces travaux s’appuient sur des interviews approfondies menées par l’IA auprès de 1 052 participants, sélectionnés pour représenter la diversité démographique des États-Unis en termes d’âge, de genre, d’éducation et d’idéologie politique.
Les agents ont ensuite été évalués sur leur capacité à prédire les réponses des participants à diverses enquêtes et des expériences de sciences sociales, démontrant une bonne précision, notamment en comparaison avec la cohérence interne des participants eux-mêmes. Les résultats, concluants, suggèrent que les agents génératifs, alimentés par des entretiens approfondis, constituent un outil prometteur pour la recherche en sciences sociales.
D’ici à la création d’échantillons permanents pour les sondages, il n’y a qu’un pas.
Humanoid, OpenAI, Perplexity, Skild, SoftBank
Perplexity s’ouvre aux médias français • Perplexity, connue pour son moteur de recherche boosté par l'IA, vient d'annoncer un partenariat avec Humanoid, la filiale du groupe Ebra qui édite notamment Numerama, Frandroid et Lemon. Cet accord prévoit l’enrichissement des réponses de Perplexity grâce aux contenus du groupe média, tandis que les équipes d’Humanoid bénéficieront de l’accès à Perplexity Pro et à l’API de recherche Sonar, qui sera intégrée à leurs sites dans les mois à venir. Il ne s’agit pas d’un accord de licence de contenus, mais d’un modèle de rémunération basé sur un pourcentage fixe des revenus publicitaires générés par les annonces affichées lorsque leurs articles sont cités sur Perplexity. Jusqu’icin la start-up a conclu des accords similaires avec des groupes de presse américains, comme Time, Fortune et le LA Times, et allemands : Der Spiegel, RTL (Stern, NTV…). En savoir plus…
SoftBank veut miser sur Skild AI • SoftBank est en négociation pour prendre la tête d’un investissement de 500 millions de dollars dans la start-up Skild AI, valorisée à 4 milliards de dollars. La start-up, fondée il y a deux ans en Pennsylvanie, développe un modèle de fondation et une plateforme de manipulation mobile adaptée à toute sorte de robots, aussi bien humanoïdes que quadrupèdes. L’IA s’ajustera en fonction des domaines d’application du robot. L’entreprise avait déjà levé 300 millions de dollars à l’été dernier (lire Qant du 11 juillet 2024) auprès d’investisseurs comme Jeff Bezos, Lightspeed Venture Partners et Coatue Management. En savoir plus…
Le gouvernement américain tient son propre ChatGPT • OpenAI vient de lancer ChatGPT Gov, une version de son chatbot conçue pour les agences gouvernementales américaines, qui offre un accès sécurisé via le cloud Microsoft Azure. Cette plateforme reprend les fonctionnalités de ChatGPT Enterprise, avec un accent sur la gestion de la sécurité et de la conformité pour traiter des données sensibles. En savoir plus…
La République Tchèque tentée par le bitcoin
La Banque nationale tchèque (CNB) étudie l'intégration du bitcoin dans ses réserves, une première en Europe qui pourrait représenter jusqu'à 5 % de son portefeuille.
Aleš Michl, gouverneur de la Banque nationale tchèque (CNB), prévoit de proposer à son conseil d’administration un plan d’acquisition de bitcoin lors d’une réunion prévue le 30 janvier, a-t-il déclaré auprès du Financial Times.
Une déclaration du gouverneur sur le réseau X indique cependant que l’étude reste à un stade préliminaire et qu’aucune décision n’est imminente.
Michl met en avant la faible corrélation du bitcoin avec les obligations et insiste sur sa forte volatilité, qui complique son intégration dans un portefeuille diversifié.
ILS ONT DIT : “La banque centrale tchèque détient environ 146 milliards de dollars de réserves officielles, dont 138 milliards de réserves de change et 4,3 milliards d'or. Elle prévoit d'investir jusqu'à 5 % de ces réserves en bitcoin” estime l’analyste André Dragosch, en charge de la recherche chez Bitwise.
À SURVEILLER : L’adhésion à l’euro. Après la crise de l’euro en 2010, la République Tchèque ne montre aucun empressement à rejoindre la monnaie commune, même si elle est tenue par le traité d’adhésion. La très trumpienne provocation du gouverneur de la CNB éloigne encore plus cette perspective.
Helion fusionne 425 millions supplémentaires
La start-up américaine Helion boucle le financement du premier réacteur électrique à fusion nucléaire.
La start-up Helion Energy, spécialisée dans la fusion nucléaire, vient de lever 425 millions de dollars, ce qui valorise l’entreprise à 5,2 milliards de dollars post-money et porte le montant total levé à plus d’un milliard.
Parmi les investisseurs, figurent notamment Lightspeed Venture Partners, SoftBank Vision Fund 2 et Sam Altman.
La start-up vise à fournir de l’électricité à Microsoft dès 2028 via une centrale de 50 mégawatts, commandée en 2023.
En 2030, une deuxième centrale de 500 mégawatts devrait être mise en service. Elle sera consacrée à Nucor, un sidérurgiste américain qui contribue 35 millions à la levée de fonds.
Le prototype Polaris, activé en décembre dans l’État de Washington, devrait être le premier réacteur à produire de l’électricité par fusion.
La technologie de fusion d’Helion Energy est basée sur une approche de fusion magnéto-inertielle qui utilise une configuration magnétique à champ inversé (FRC, pour Field Reversed Configuration), où des aimants confinent le plasma et l’accélèrent depuis les extrémités opposées du réacteur, entrant en collision au centre. Cette collision comprime davantage le plasma, atteignant les conditions nécessaires à la fusion nucléaire. Lorsque le plasma se dilate suite à la fusion, il modifie le champ magnétique environnant et induit un courant électrique dans des bobines adjacentes, permettant ainsi de récupérer directement l’énergie produite.
EN FILIGRANE : Reuters vient de révéler que la Chine construit un centre de recherche sur la fusion par laser dans le sud-ouest du pays, bien plus grand que son équivalent américain, le National Ignition Facility (NIF). Il devrait à la fois contribuer à la conception d’armes nucléaires et à la recherche sur la production d’énergie par fusion.
Source : Reuters
À SURVEILLER : La perte de l’avance européenne. Le directeur général du projet Iter, à Cadarache dans les Bouches-du-Rhône, a annoncé en juillet dernier que le réacteur expérimental de fusion nucléaire, attendu pour 2025, aura un retard d'au moins huit ans et coûtera 5 milliards d'euros de plus que prévu. D’ici là, Helion aura peut-être remisé son tokamak aux manuels d’histoire des sciences.
Alice & Bob se partagent 100 millions supplémentaires
La start-up parisienne Alice & Bob annonce une levée de 100 millions d’euros pour améliorer sa technologie de qubits "Cat", inspirés du chat de Schrödinger.
La start-up parisienne Alice & Bob, fondée en 2020, vient de lever 100 millions d'euros, pour atteindre une levée totale de 130 millions.
La technologie d'Alice & Bob repose sur les qubits "Cat", inspirés du paradoxe de Schrödinger, qui corrigent directement certaines erreurs au niveau matériel.
Le financement, mené par Future French Champions (FFC), AVP et Bpifrance, servira notamment à développer un qubit logique corrigé d’erreurs et construire un nouveau laboratoire, et généralement à améliorer la performance des qubits Cat.
L’an dernier, le chipset Boson 3, utilisant un qubit Cat appelé TomCat, a permis d’étendre la stabilité du qubit de trois ordres de grandeur : de 10ms à 10 secondes.
À SURVEILLER : L’ouverture de la boîte du chat. Alice & Bob vise la conception d’un ordinateur quantique tolérant aux fautes d’ici 2030, avec un système nécessitant des milliers de qubits physiques au lieu de millions.
Après l’agentique, la robotique
L’International Federation of Robotics (IFR) identifie cinq grandes tendances qui façonneront l’industrie de la robotique en 2025, allant des avancées en intelligence artificielle à l’essor des robots humanoïdes.
Les 5 grandes tendances de la robotique en 2025 • Source : IFR
D’une année sur l’autre, le déploiement supplémentaire d’algorithmes de machine learning et de modèles de deep learning se retrouve dans les prévisions de la Fédération Internationale de Robotique (IFR). Cette année encore, la convergence entre l’IA embarquée et la robotique autonome reste la technologie émergente la plus prometteuse du monde des robots.
EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :
• La convergence entre IA et robotique continue de transformer, tambour battant, la vieille dame robotique.
• Des simulations d’IA basées sur des entretiens permettent d’étudier les comportements collectifs avec un réalisme inédit.
Les agents d’IA, un nouveau laboratoire pour la recherche en sciences sociales
Des chercheurs de Stanford, en collaboration avec Google DeepMind et d’autres institutions, ont conçu un système d’agents génératifs capables de simuler avec précision les comportements et décisions d’un échantillon représentatif de la société américaine.
Une équipe de chercheurs de l’université de Stanford, en partenariat avec Google DeepMind et des experts de l’université de Washington, a mis au point un système d’IA permettant de simuler les comportements humains avec une précision inédite. Ces travaux s’appuient sur des interviews approfondies menées par l’IA auprès de 1 052 participants, sélectionnés pour représenter la diversité démographique des États-Unis en termes d’âge, de genre, d’éducation et d’idéologie politique. Elles ont ensuite permis d’élaborer des agents capables de reproduire les réponses et réactions des individus interrogés à partir d’un corpus de données détaillé.
Pour atteindre cet objectif, les chercheurs ont développé un chatbot sur un LLM, qui a réalisé des entretiens de deux heures avec chaque participant. Les conversations portaient sur leur histoire personnelle, leurs opinions et leurs préférences, permettant ainsi d’obtenir un profil comportemental détaillé. Les entretiens ont ensuite été transcrits avec Whisper d’OpenAI,
Un système de mémoire pour une meilleure cohérence
L'architecture de l'agent conversationnel • Source : Joon Sung Park et al.
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