Les sorties de l’IA redonnent espoir aux VCs

Le capital-risque commence à rebondir • La SEC libère les ETF crypto... et Trump lance le sien • La Sipearl de l'IA européenne • Mistral cherche 1 milliard, IonQ le trouve • Anthropic prêche la transparence • Waymo creuse son avance • La recherche générative impose de nouvelles stratégies aux médias • Bienvenue dans Qant, mercredi 9 juillet 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

L’IA redonne des couleurs au capital-risque, I : les sorties

Le retour des introductions en bourse à New York et l’envolée des fusions-acquisitions donnent espoir aux investisseurs dans les start-up, non seulement de réaliser leurs gains dans l’intelligence artificielle, mais aussi d’écluser le boom pré-pandémique.

L’IA brûle l’argent des VC pour décoller. • Qant avec GPT-4o

  • Reprise. Le deuxième trimestre 2025 a enregistré selon l’institut Pitchbook 67,7 milliards de dollars de sorties de capital-risque, soit le niveau trimestriel le plus élevé depuis fin 2021.

  • Langueur. Alors qu’en 2021 les cessions des VC, par fusion-acquisition, LBO ou introduction en bourse, avaient frôlé les 1 000 milliards de dollars, elles se languissent depuis 2022, à 150 milliards environ.

  • Ah, l’IA. La valeur des fusions-acquisitions dans l’intelligence artificielle a déjà atteint 55,3 milliards de dollars au premier semestre 2025, contre 49,9 milliards de dollars pour tout 2024, selon le cabinet Mergermarket.

  • Selon CB Insights, il faut en moyenne en 7 ans pour vendre une start-up IA, contre 13 pour les autres.

  • Le retour des introductions en Bourse s’accompagne cependant de réductions de valorisation notables. Figma, qui devait se vendre à Adobe en 2023 pour 20 milliards de dollars, espère une valorisation initiale de 15 milliards au minimum.  La banque en ligne américaine Chime s’est présentée mi-juin sur le Nasdaq à une valeur inférieure de plus de moitié à celle de son dernier tour de table, en 2021.

  • EN FILIGRANE : Marchés privés. À 40 milliards de dollars, le dernier tour de table d’OpenAI éclipse la plus grande introduction en bourse de l’histoire : Saudi Aramco, en 2019, avait levé un peu moins de 30 milliards. Et la capitalisation totale des licornes, dans le monde, s’élève d’après CB Insights à 4 400 milliards de dollars. 

  • À SURVEILLER : La fenêtre des IPO. Une série attendue d’introductions en bourse de start-up IA, notamment Databricks, Anthropic et Cerebras, pourrait redonner de la visibilité aux VCs américains. Et, six à douze mois plus tard, à leurs homologues européens.

Mistral veut souffler le milliard

Le champion français de l’IA discute d’un nouveau tour de table de 1 milliard de dollars avec le fonds émirati MGX, complété par un emprunt auprès de prêteurs français.

Le champion français construit l’IA dans le monde • Qant avec GPT-4o

  • Le vent se lève. Mistral AI est en pourparlers pour lever jusqu’à 1 milliard de dollars en capital auprès de plusieurs investisseurs, dont le fonds souverain MGX d’Abou Dhabi, selon Bloomberg.

  • Prêt au vent. Parallèlement, la start-up négocie plusieurs centaines de millions d’euros de dette auprès d’investisseurs français comme Bpifrance, déjà présente au capital.

  • Sur les ailes du vent. Fondée en 2023, Mistral AI a déjà levé plus de 1 milliard d’euros au total, atteignant une valorisation de 5,8 milliards d’euros à l’issue du dernier tour de table, fin juin 2024. Cela lui permettra de garder son avance sur Cohere, en particulier.

  • À SURVEILLER : Du vent dans les données. Mistral participe à un projet de campus de centres de données en Europe aux côtés de MGX et Nvidia, qui développe un programme européen alors que les Émirats arabes unis ont annoncé 50 milliards d’euros d’investissements dans l’IA. Le nouveau financement, s’il se confirme, servira à financer des projets comme le centre Mistral Compute et une nouvelle “AI Factory” près de Paris, équipée des puces Grace Blackwell de Nvidia.

Sipearl pêche à Taïwan

Le fabricant de puces SiPearl fait entrer un investisseur taïwanais avant d’envoyer en production chez TSMC le premier microprocesseur d’IA européen.

Construire une souveraineté électronique européenne • Qant avec GPT-4o

  • Argent frais. Le concepteur français de microprocesseurs SiPearl a annoncé hier avoir complété sa série A à 130 millions d’euros, avec une troisième tranche de 32 millions.

  • Aréopage. L’opération permet l’entrée au capital du fonds taïwanais Cathay Venture – tout à fait distinct du franco-chinois Cathay Capital –, aux côtés de la France (via French Tech Souveraineté), de l’Europe (via l’European Innovation Council) et de ses partenaires industriels ARM et Eviden (Atos), ainsi qu’un syndicat bancaire piloté par la Caisse d’Épargne Rhône-Alpes.

  • Déesse mère. Le financement vise à industrialiser le processeur Rhea1. Disponible en 2026, ce modèle à 80 cœurs repose sur l’architecture ARM Neoverse V1 et comporte plus de 61 milliards de transistors. Il sera produit chez TSMC à Taïwan.

  • Roi des dieux. Le processeur alimentera le supercalculateur européen Jupiter, quatrième au monde par sa puissance, qui atteint plus de 70 exaflops en calcul 8 bits pour l’entraînement des modèles d’IA. Installé en Allemagne, son architecture modulaire se base sur la plateforme BullSequana XH3000 d’Eviden (Atos).

  • EN FILIGRANE : Pivot vers l’IA. SiPearl, qui a été fondée en 2019 dans le cadre de l’European Processor Initiative, a su repositionner Rhea du calcul à haute performance à l’inférence IA. Cela la place au centre de la stratégie d’expansion d’ARM vers les datacenters, à partir de sa base dans les smartphones. Elle compte désormais 200 employés répartis en France, en Espagne et en Italie, et opère un centre de données dans le nord de la France.

  • À SURVEILLER : Poches creuses et souveraineté. Sipearl, l’un des plus ambitieux projets électroniques que l’Europe a vu naître, n’a levé en six qu’une série A somme toute assez modeste. Mistral, seul créateur européen de modèles de fondation, s’est ouvert immédiatement aux capitaux étrangers mais, malgré cela, ses moyens ne peuvent être comparés à ceux des grands Américains et Chinois.

Comment l’IA générative bouleverse l’accès à l’information

Une étude de Similarweb révèle une explosion des usages de ChatGPT pour s’informer, au détriment du trafic organique vers les sites d’actualités traditionnels. L’essor des recherches sans clic transforme en profondeur la visibilité des médias.

La recherche penche vers ChatGPT. • Qant avec GPT-4o

Le cabinet Similarweb, spécialisé dans l’analyse des données numériques et la veille concurrentielle, a publié une étude sur l’impact de l’intelligence artificielle générative sur les usages d’information en ligne. Connue pour ses outils de mesure d’audience et de performance web, l’entreprise s’appuie ici sur des données issues du web et des applications mobiles aux États-Unis entre janvier 2024 et mai 2025. Son rapport met en lumière une transformation rapide des comportements de recherche, portée par l’essor de ChatGPT et des outils similaires, au détriment des moteurs traditionnels comme Google.

L’exposition dans les résultats de recherche ne garantit plus le clic. Pour les médias, cela signifie qu’une stratégie fondée uniquement sur le référencement devient insuffisante pour conserver l’audience. Les plateformes d’IA deviennent de nouvelles sources de trafic, mais de manière très inégale. 

Le nombre de visites en provenance de ChatGPT vers les éditeurs d’actualités est passé de moins d’un million à plus de 25 millions en un an. Les grands bénéficiaires sont l’agence Reuters, le New York Post, Business Insider et le Guardian. À l’inverse, des marques majeures comme CNN sont absentes des classements, et le New York Times n’apparaît qu’en retrait, en raison de restrictions sur l’accès de ChatGPT à ses contenus.

Anthropic, Marco Rubio

  • Anthropic appelle à la transparence • Anthropic vient de proposer un cadre de transparence ciblé pour le développement des modèles d’IA à la frontière technologique. Il impose la publication d’un « Secure Development Framework » décrivant les méthodes d’évaluation et d’atténuation des risques, ainsi qu’une « system card » résumant les protocoles de test. L’objectif est d’instaurer une autorégulation provisoire en attendant des normes plus larges, afin de sécuriser et encadrer les modèles puissants en cours de développement. En savoir plus…

  • Un faux secrétaire d’État à Washington • Un américain se faisant passer pour le secrétaire d’État américain Marco Rubio a utilisé des messages vocaux et textuels générés par intelligence artificielle via l’application chiffrée Signal pour contacter au moins trois ministres des Affaires étrangères, un gouverneur américain et un membre du Congrès, selon le Washington Post. L'usurpateur a utilisé un compte Signal affichant le nom « Marco.Rubio@state.gov » et a laissé des messages vocaux à deux personnes ciblées. Le Département d’État, qui enquête sur l’incident, a indiqué que d’autres membres de son personnel avaient également été usurpés par courriel. En savoir plus…

L’été où fleuriront les ETF crypto – un, surtout

Alors que Trump prépare un ETF crypto, la SEC accélère leur procédure d’approbation.

Les ETF crypto à la plage • Qant avec GPT-4o

  • Demande. Le Trump Media & Technology Group a déposé hier une demande auprès du gendarme de la bourse américaine, la SEC, pour pouvoir émettre un ETF crypto investi dans de multiples jetons : bitcoin, ether, solana et ripple.

  • Empressement. Quelque 55 demandes d’ETF crypto sont actuellement en attente, couvrant des actifs comme Solana, XRP, Dogecoin et – bien évidemment – $Trump.

  • Coïncidence. Le gendarme de la bourse américaine, la SEC, va réformer ses règles d’approbation des ETF afin de raccourcir le délai maximal de lancement de 240 jours à 75 jours.

  • Feuille de vigne. La nouvelle directive incite les émetteurs à renforcer la transparence sur les risques spécifiques, notamment en matière de garde, de volatilité et de fonctionnement des fonds. 

  • EN FILIGRANE : Contournement. Le gestionnaire d’actifs Rex Financial et son ancienne division crypto, Osprey Funds, ont lancé un ETF indirect sur Solana, en utilisant un fonds offshore et le staking pour contourner les règles actuelles. Le produit a levé 12 millions de dollars dès son premier jour. 

  • À SURVEILLER : La SEC des cryptos. La SEC, sous sa nouvelle direction, a suspendu déjà de nombreuses actions coercitives contre les abus des cryptos. La promptitude de sa réaction à la demande de la société de Trumpe en dit long sur la nouvelle régulation financière américaine.

Strategy

  • La Strategy ? Toujours plus de bitcoins • Strategy (ex-MicroStrategy) vient d’annoncer une nouvelle émission de titres préférentiels perpétuels pouvant atteindre 4,2 milliards de dollars, destinée notamment à financer des achats de bitcoin. Cette opération intervient alors que l’entreprise détient 597 325 BTC, acquis pour 42,4 milliards de dollars à un prix moyen de 70 982 dollars l’unité, soit une valorisation actuelle d’environ 65 milliards $ de dollars et des plus-values latentes de 22,6 milliards de dollars. En savoir plus…

Waymo s’aventure dans le Nord-Est américain

Alors que les climats plus rigoureux que le Texas ou la Californie ont longtemps fait fuir les robotaxis, Waymo lance des tests à Philadelphie et prépare des essais similaires à New York.

Waymo cartographie New York • Qant avec GPT-4o

  • En route pour le nord. La filiale d’Alphabet spécialisée dans la conduite autonome, Waymo, a débuté hier des tests à Philadelphie, concentrés sur les zones complexes comme le centre-ville et les autoroutes, avec une flotte limitée de véhicules et des chauffeurs de sécurité.

  • Des bouchons dans le brouillard. Les tests, qui dureront jusqu’à l’automne, visent à recueillir des données cartographiques et à évaluer la performance du système autonome dans des environnements urbains denses.

  • New York, New York. Waymo prévoit également de cartographier manuellement Manhattan, ainsi que certaines zones de Brooklyn, Jersey City et Hoboken, en attendant une autorisation pour des essais autonomes avec superviseur. 

  • EN FILIGRANE : Leader d’un marché naissant. Waymo assure plus de 250 000 courses payantes par semaine dans des villes comme Phoenix, San Francisco, Los Angeles et Austin, et prévoit d’étendre ses services à Miami et Washington D.C. d’ici l’année prochaine. Elle a levé en tout 11 milliards de dollars, dont 5,6 milliards en série C en octobre dernier, sur une valorisation de 45 milliards.

  • À SURVEILLER : Technologies rivales. Les véhicules de Waymo sont chers : la technologie d’autonomie de niveau 4 ajouterait plus de 50 000 dollars au coût d’un véhicule. Mais le service de robotaxis d’Elon Musk avec des Tesla du marché vient juste de lancer un premier pilote et celui d'Amazon, avec des véhicules dépourvus de volant et de pédales, n’a fait l’objet que de tests à Las Vegas, où il devrait être lancé cette année. Si Waymo surmonte l’obstacle de la conduite autonome quand la météo est défavorable, elle creusera son avance sur le peloton.

Coup de force financier pour IonQ

IonQ, entreprise américaine spécialisée dans l’informatique quantique et les réseaux quantiques, a obtenu 1 milliard de dollars via une levée de fonds auprès de Heights Capital Management, à un prix supérieur de 25 % à sa dernière cotation.

IonQ sacrée reine du quantique. • Qant avec GPT-4o

  • IonQ a levé 1 milliard de dollars en émettant des actions ordinaires et des bons de souscription préfinancés à 55,49 dollars par titre, soit une prime de 25 %. 

  • L'opération comprend également des bons de souscription supplémentaires, dont l'exercice potentiel pourrait rapporter 3,6 milliards de dollars de plus à IonQ.

  • Heights Capital Management aurait ainsi effectué le plus important investissement institutionnel unique dans une entreprise quantique à ce jour.

  • À SURVEILLER : Leader des ions piégés. IonQ, qui vient de racheter la start-up Oxford Ionics, prend avec cette opération une nette longueur d’avance sur les autres start-up quantiques spécialisées dans les ions piégés comme l’américaine Qantinuum, l’helvétique ZuriQ ou, en France, Crystal Quantum Computing.


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• Entre janvier 2024 et mai 2025, aux États-Unis, les requêtes liées à l’actualité sur ChatGPT ont augmenté de 212 %, tandis que les recherches similaires sur Google ont reculé : les usages basculent vers des réponses synthétiques et contextuelles.

• Dans l’ensemble, le trafic généré par ChatGPT ne remplace pas la baisse de celui venu de Google. Mais certains médias tirent leur épingle du jeu.

Comment l’IA générative bouleverse l’accès à l’information

Une étude de Similarweb révèle une explosion des usages de ChatGPT pour s’informer, au détriment du trafic organique vers les sites d’actualités traditionnels. L’essor des recherches sans clic transforme en profondeur la visibilité des médias.

Evolution des prompts ChatGPT et des recherches Google entre janvier 2024 et mai 2025

Le cabinet israélien Similarweb, spécialisé dans l’analyse des données numériques et la veille concurrentielle, a publié une étude sur l’impact de l’intelligence artificielle générative sur les usages d’information en ligne. Connue pour ses outils de mesure d’audience et de performance web, l’entreprise s’appuie ici sur des données issues du web et des applications mobiles aux États-Unis entre janvier 2024 et mai 2025. Son rapport met en lumière la transformation rapide des comportements de recherche, portée par l’essor de ChatGPT et des outils similaires, au détriment de Google et des éditeurs en ligne, notamment la presse.

Des réponses contextuelles, synthétiques et conversationnelles

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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