Musk mise sur la politisation durable de la tech • Au Galaxy Unpacked, demain, Samsung persistera dans l’IA • Au cœur du rachat de WNS par Capgemini : les agents d'IA • Les puces de Groq arrivent en Europe • L’IA Centaur dépasse les modèles cognitifs classiques dans la prédiction des décisions humaines • Bienvenue dans Qant, mardi 8 juillet 2025.


« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Deux jours après son lancement, le parti de l’Amérique recueille ses premiers soutiens. À gauche, Mark Cuban, entrepreneur emblématique de la Silicon Valley centriste et progressiste. À droite, le financier Anthony Scaramucci, éphémère directeur de la communication de Donald Trump sous son premier mandat, violent critique du républicain depuis.
Le parti du bitcoin. Musk, Cuban et Scaramucci n’ont pas que la détestation de Trump pour point commun. Les trois hommes ont lourdement investi en cryptoactifs et Musk déclarait, hier, que le parti soutiendra le bitcoin car “les monnaies fiduciaires (fiat) sont sans espoir”.
Le parti de la tech. L’America Party multiplie déjà les propositions pour moderniser l’armée via l’intelligence artificielle, pour alléger la réglementation dans les technologies et l’énergie, et promouvoir la “liberté d’expression en ligne”, à l’image de X.
Un parti contre l’État. L’America Party a été fondé pour s’opposer aux déficits générés par la « Big, Beautiful Bill » de Donald Trump – et par l’échec du Doge, sous la direction de Musk, de réduire significativement la dépense fédérale. Elon Musk reste néanmoins convaincu qu’il suffit de lutter contre le gaspillage et la corruption (« waste & graft ») pour rééquilibrer les comptes.
Le parti d’en rire. Donald Trump a qualifié l’initiative de « ridicule » et « absurde », et Musk lui-même de « train wreck » (désastre ferroviaire), expliquant qu’il était « déraillait » depuis plusieurs semaines.
EN FILIGRANE : Stratégie chirurgicale. Le nouveau parti prévoit de cibler quelques sièges clés au Congrès pendant les midterms de 2026, en tablant sur le mécontentement des soutiens de Donald Trump et le désarroi des démocrates. Il lui suffirait d’une poignée de voix au sénat et à la chambre des représentants pour devenir arbitre du pouvoir.
À SURVEILLER : Wall Street et la Silicon Valley. Les tarifs douaniers, l’affaiblissement du dollar et les déficits publics incontrôlés éloignent la finance américaine de Donald Trump, alors que sa politique contre les échanges internationaux, la science et la recherche mettent Big Tech mal à l’aise. S’il réussit à s’engouffrer dans ces brèches, le nouveau parti, qui naît avec des ressources financières quasiment illimitées, pourrait alors bénéficier de la déroute républicaine espérée.
Samsung cherche la pièce manquante. • Qant avec GPT-4o
L’événement Galaxy Unpacked ouvrira ses portes demain, 9 juillet, avec la présentation attendue des Galaxy Z Fold 7, Z Flip 7 et Galaxy Watch 8, tous dotés de nouvelles fonctions basées sur l’intelligence artificielle.
Samsung entend mettre en avant une expérience IA centrée sur la photo, la santé et la personnalisation, sans refondre l’interface utilisateur.
Un troisième smartphone pliable à écran triple pourrait également être dévoilé, alors que Samsung cherche à convaincre les marchés américain et européen avec des produits plus légers et plus performants.
EN FILIGRANE : Pertes de vitesse. En présentant ses résultats trimestriels hier, Samsung Electronics a annoncé un bénéfice d’exploitation en baisse de 39 %, à 6 300 milliards de wons (3,9 Md€). Le groupe coréen l’explique par des retards dans la certification de ses puces mémoire à large bande passante (HBM), destinées à Nvidia. Le ralentissement des ventes des Galaxy S25, notamment menacées aux États-Unis par le iPhone 16e et les menaces tarifaires n’a pas amélioré la situation.
À SURVEILLER : Le pari IA de Samsung. En partenariat avec Google, Samsung a misé dès 2024 sur l’intégration de l’IA dans ses smartphones. Le groupe n’a cependant pas encore réussi à marquer une rupture dans l’usage et rivaliser avec Apple sur le terrain de l’expérience utilisateur. « Les consommateurs n’exigent pas encore l’IA et ce n’est pas un critère d’achat essentiel … cela restera un changement progressif » remarque Thomas Husson, vice-président et analyste principal chez Forrester Research. Mais il ne peut que continuer à renforcer son avance.
Un centaure pour décrypter le cerveau humain. • Qant avec GPT-4o
Une équipe de chercheurs affiliés à des institutions comme l’université de Tübingen, le Max Planck Institute for Biological Cybernetics, Princeton, New York University et Google DeepMind, viennent de présenter dans la revue Nature un modèle d’intelligence artificielle capable de prédire les comportements humains dans un éventail d’expériences psychologiques. Baptisé Centaur, ce modèle repose sur l’architecture Llama 3.1 (70 milliards de paramètres) et a été spécifiquement ajusté à l’aide d’un corpus inédit, Psych-101, qui rassemble plus de 10 millions de décisions prises par 60 000 participants au sein de 160 expériences, couvrant des domaines variés comme la mémoire, la prise de décision ou l’apprentissage supervisé.
Centaur a ensuite été confronté à des expériences totalement absentes de son corpus d’entraînement. Il parvient à prédire les choix humains dans des versions modifiées de tâches connues tout comme dans des structures expérimentales inédites, comme des tâches à trois options. Le modèle s’est également montré capable d’anticiper les temps de réponse humains avec une précision élevée, en s’appuyant sur l’entropie prédite des réponses. Cette capacité dépasse largement celle des autres modèles, confirmant la validité des représentations internes de Centaur pour capturer des mécanismes cognitifs sous-jacents.
Centaur démontre ainsi son potentiel comme instrument de découverte en psychologie computationnelle. En combinant les capacités des grands modèles de langage avec des bases de données comportementales standardisées, il devient possible de formuler, tester et ajuster des théories cognitives à grande échelle, ouvrant la voie à une psychologie assistée par l’intelligence artificielle.
Capgemini mise gros sur l’IA. • Qant avec GPT-4o
Capgemini a annoncé le rachat de WNS Holdings pour 3,3 milliards de dollars (2,8 Md€) en numéraire, soit une prime de 28 % sur la moyenne de l’action ces 90 derniers jours (lire Qant du 7 juillet).
WNS est une société indienne cotée à New York, spécialisée dans l’externalisation et les services pour les processus métiers (BPO et BPS), l’analyse de données, la gestion logistique, la réservation automatisée de voyages et la prédiction du comportement client.
L’opération permettra à Capgemini d’intégrer les outils de WNS pour bâtir une offre de services reposant sur l’intelligence artificielle générative et agentique, destinée à optimiser les processus d’entreprise.
WNS a développé diverses solutions et des expérimentations dans le domaine de l’IA agentique, notamment des Systèmes Multi-Agents (MAS), où plusieurs agents autonomes, généralement pilotés par des LLM, coopèrent ou travaillent indépendamment pour automatiser des tâches complexes comme la recherche, la collecte et l’analyse de données.
Les systèmes de WNS sont conçus pour prendre des décisions contextuelles, s’adapter en temps réel aux besoins des utilisateurs et offrir des solutions personnalisées grâce à l’apprentissage continu.
EN FILIGRANE : Croissance à la papa. Cette acquisition, qui sera immédiatement relutive, renforce l’empreinte de Capgemini aux États-Unis, où WNS réalise une grande partie de son chiffre d’affaires (de 1,3 Md$ au total), avec des clients comme United Airlines.
À SURVEILLER : L’évolution du marché des services. Le marché des BPS évolue vers l’autonomie, où des agents IA gèrent des processus de bout en bout avec peu d’intervention humaine. Cela commence à entraîner la consolidation du secteur de l’outsourcing, à l’instar du marché des données, où l’on voit Salesforce s’emparer d’Informatica, Databricks de Neon... Les MAS de WNS et les solutions qu’elle a intégrées en faisant l’acquisition, en début d’année, de Kipi.ai, offrent à Capgemini une plateforme prête à l’emploi.
Groq prend pied en Europe • La start-up américaine Groq, spécialisée dans les semi-conducteurs pour l’IA et soutenue par les fonds d’investissement de Samsung et Cisco, vient d’ouvrir son premier centre de données européen à Helsinki, en partenariat avec Equinix, un des principaux opérateurs de centres de données dans le monde. L’installation hébergera les unités de traitement linguistique (LPU) de Groq dédiées à l’inférence. En savoir plus…
Un Colossal appétit d’énergie • D’après Dylan Patel de SemiAnalysis, xAI s’apprête à importer aux États-Unis une centrale électrique clés en mains, pour pallier la pénurie d’électricité. Le site principal actuel de xAI, Colossus, situé près de Memphis, abrite déjà 200 000 GPU Hopper et utilise 35 turbines à gaz produisant 420 megawatts, complétées par des Tesla Megapack. Mais Elon Musk entend le porter à 1 million de GPU Nvidia Blackwell, avec une consommation estimée entre 1,4 et 1,96 gigawatts, soit l’équivalent de presque 2 millions de foyers. De quoi s’opposer aux tarifs douaniers de Trump. En savoir plus…
Prise de bec entre Huawei et Alibaba • Huawei, via son laboratoire Noah Ark, a démente avoir copié le modèle Qwen 2.5-14B d'Alibaba dans le développement de son modèle de langage Pangu Pro. L’équipementier affirme que son modèle, entièrement entraîné sur ses puces Ascend, a été développé de manière indépendante, avec des innovations dans l’architecture, en respectant les licences open source des modèles utilisés. En savoir plus…
Le fonctionnement du modèle Centaur. • Marcel Binz et al.
Une équipe de chercheurs affiliés à des institutions comme l’université de Tübingen, le Max Planck Institute for Biological Cybernetics, Princeton, New York University et Google DeepMind, viennent de présenter dans la revue Nature un modèle d’intelligence artificielle capable de prédire les comportements humains dans un éventail d’expériences psychologiques. Baptisé Centaur, ce modèle repose sur l’architecture Llama 3.1 (70 milliards de paramètres) et a été spécifiquement ajusté à l’aide d’un corpus inédit, Psych-101, qui rassemble plus de 10 millions de décisions prises par 60 000 participants au sein de 160 expériences, couvrant des domaines variés comme la mémoire, la prise de décision ou l’apprentissage supervisé.
Contrairement aux modèles cognitifs traditionnels, souvent limités à des tâches spécifiques, Centaur est capable de généraliser à des contextes nouveaux. Il prédit les comportements dans des scénarios dont la structure ou la narration a été modifiée, et même dans des domaines inédits. Il reproduit non seulement les moyennes comportementales, mais aussi la diversité des trajectoires observées au sein de la population humaine, y compris dans des situations d’incertitude ou de conflit stratégique.
...