Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Chaque jour, les tendances de la tech et l'IA par Jean Rognetta et Maurice de Rambuteau

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Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique
9 sept. · 10 mn à lire
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Le krach et le monopole

La tempête boursière pose la question de la bulle IA • Pourquoi la bulle est caractérisée • La condamnation de Google relance l'attaque antitrust contre Big Tech • Synthesia démocratise les deepfakes • Bienvenue dans Qant, vendredi 9 août 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » • Paul Virilio

RENDEZ-VOUS: 12 SEPTEMBRE, PARIS

Qant vous donne rendez-vous au Palais Brongniart, à Paris, le 12 septembre de 8h30 à 10h.

Dès l’apparition de ChatGPT, l’IA générative a été massivement adoptée par les collégiens, lycéens et étudiants du monde entier, qui en ont longtemps été les premiers utilisateurs. Les grandes plates-formes internationales, comme Coursera, Duolingo et Khan Academy, leur ont emboîté le pas. Après avoir été ébranlés par la pandémie, l’enseignement et la formation se trouvent ainsi confrontés à une modification, potentiellement très profonde, de l’acte d’apprendre. En outre, les IA génératives promettent d’amples gains de productivité en facilitant de nombreuses tâches et en supprimant les plus répétitives, mais leur adoption crée un besoin spécifique de formation. L’IA générative semble ainsi pouvoir marquer un tournant dans les technologies de l’éducation et de la formation (« edtech »), notamment par :

  • L’apprentissage « adaptatif » et la personnalisation avancée ;

  • L’automatisation des notes et des tâches administratives ;

  • L’augmentation de l’engagement des apprenants par l’interactivité le retour immédiat ;

  • En conséquence, un élargissement de l’accès à la connaissance et aux compétences.

Qant, l’Observatoire du Financement de l’IA et La Place invitent leurs membres et abonnés à examiner l’émergence de l’IA dans l’edtech et son adoption en France, aussi bien dans la formation que dans l’éducation et la recherche pédagogique.

S’inscrire à l’événement


TÉLÉ-TRANSAT

L’actu dont on devrait parler sous le parasol.

La tech s’enrhume, la crypto yoyote

  • En début de semaine, la capitalisation totale des “Magnificent Seven”, les principales valeurs technologiques de la place de New-York, s’est contractée de 650 milliards de dollars, alors que les marchés subissaient en général une sévère correction.

  • Alphabet, Amazon, Apple, Meta et Microsoft ont présenté des résultats honorables, mais cela n’a guère calmé les inquiétudes des investisseurs, qui ont également puni Tesla, et avec une particulière sévérité Nvidia.

  • Le bitcoin a perdu jusqu’à 20 % de sa valeur, puis commencé à rebondir, conforté par un afflux de fonds dans les ETF bitcoin et la signature par Vladimir Poutine, à Moscou, d’une loi libéralisant le minage. Cette décorrélation des des valeurs tech semble surprenante et, peut-être, éphémère.

  • À SURVEILLER. La liquidité réduite pendant le mois d’août provoque souvent des corrections, parfois sans lendemain. Mais les géants de la tech, qui ont généré plus du tiers de la correction globale sur les marchés, ont tous lié leur sort à l’IA. Le doute qui serpente sur les perspectives réelles de l’IA générative les a frappés sans discrimination. Et les corrections estivales se révèlent parfois durables.

    Google, Apple et le juge

  • Lundi 5, un juge américain a retenu Google coupable d’exercer et défendre un monopole sur le cœur de son métier, la recherche sur Internet. Il estime que le géant dispose d’une part de marché globale de 89,2 %, dont 94,9 % sur les appareils mobiles. Il a dépensé presque 51 milliards de dollars (46,7 Md€) en 2023 pour l’acquisition de trafic, et 49 milliards (44,9 Md€) en 2022. Cette année-là, Apple en a empoché presque la moitié (22 Md$, soit 20 Md€, 5% de son chiffre d’affaires).

  • Une procédure le 6 septembre fixera en première instance les mesures de redressement nécessaires à rouvrir le marché. Elle pourrait imposer à Google de céder son activité de search, celon certains. Toutefois, les divers appels possibles, jusqu’à la Cour suprême, laissent à Google et par extension Apple, un répit l’plusieurs années.

  • En particulier, un éventuel accord intégrant Google Gemini à Apple Intelligence ne devrait pas être couvert par la procédure.

  • À SURVEILLER. Malgré l’absence de conséquences immédiates, le jugement contre Google donne de l’élan aux poursuites antitrust contre les autres géants, Amazon, Apple et Meta. Si Kamala Harris est élue et la ligne de l’attorney general Merrick Garland est maintenue, une restructuration radicale des Big Tech, à l’instar du démantèlement d'AT&T en 1982, devient concevable.


RENDEZ-VOUS : 29 AOÛT, PARIS

Qant est partenaire de l’Université d'été de l’Asset Management, organisée par la House of Finance de l'Université Paris Dauphine - PSL. Demandez une invitation.


CORN FAKES

Le meilleur et le pire de la création par IA

Créer le deepfake de soi-même

  • À partir d’un enregistrement vidéo de deux minutes pris avec un téléphone ou une webcam, la bitannique Synthesia propose désormais à chacun de se créer un avatar personnel, capable de communiquer en 30 langues avec sa voix et son image animée.

  • La start-up soutenue par Accel et Kleiner Perkins propose ces avatars pour des cas d’usage dans le marketing, la vente et les DSI.

  • À SURVEILLER. Le véritable succès de cette technologie, s’il se confirme, ne viendra sans doute pas du monde de l’entreprise mais du grand public, par le biais des jeux vidéos et des réseaux sociaux.


RENDEZ-VOUS : 11 SEPTEMBRE, PARIS

Qant est partenaire du Trophée des futures licornes. La 7ème édition se tiendra le 11 septembre à Paris, avec l’intervention de quatre grandes personnalités :

  • Amélie de Montchalin, Représentante permanente de la France auprès de l'OCDE et ancienne ministre 

  • Anne BouverotPrésidente du Conseil d'Administration de l'École Normale Supérieure, auteure du rapport IA : notre ambition pour la France avec Philippe Aghion 

  • Anne-Laure Kiechel, CEO de Global Sovereign Advisory

  • Gabrielle Halpern, Philosophe, auteure de Tous centaures ! Éloge de l'hybridation 

En savoir plus et demander une invitation.



IPSE DIXIT

La tech sans filtre

« L’IA générative n’est pas la vraie bataille à mener » 

Le président de la Cité de l’IA, ancien chercheur mais également entrepreneur et fondateur de Vekia, revient pour Qant sur son entreprise, son parcours d’entrepreneur-chercheur, et sur l’adoption de l’IA en France.

Qant. La bulle autour des valorisations des entreprises d’IA, notamment aux États-Unis, a-t-elle atteint la France ? 

Manuel Davy. Sur l’IA générative, oui très clairement. L’attraction financière dont elle a fait l’objet est décorrélée de la valeur d’usage qu’elle apporte aux utilisateurs. Les IA génératives sont condamnées à devenir des fonctionnalités de logiciels existants : améliorer les images dans Photoshop, préparer une préparation dans PowerPoint, rédiger des mails. Le côté magique est en train de s’évanouir très vite pour se banaliser. La technologie se « commoditise » et elle est donc en train de perdre sa valeur financière. Cela se voit par exemple avec Microsoft, qui ne vend pas autant de Copilot qu’espéré. Le business model d’entreprise comme OpenAI ou Mistral est aujourd’hui de faire des levées de fonds. Pour cela, ils sont obligés de vendre du rêve et des choses toujours plus extrêmes à leurs investisseurs, à l’image de « l’IA générale » qui techniquement et scientifiquement n’est que de la foutaise !

Oui, l’IA générative a des cas d’usage, mais ils représentent entre le tiers et le quart des cas d’usage de l’IA en entreprise. Et ilsvont se banaliser très vite. L’IA traditionnelle (IA prédictive, IA analytique, IA de transformation) va redevenir majoritaire dans les cas d’usage en entreprise. Pour moi, une entreprise comme Mistral a une valorisation qui n’est pas tenable. Elle ne sera jamais rachetée au prix où elle est sur le marché aujourd’hui, personne n’a intérêt à le faire. Pour atteindre un chiffre d’affaires qui permette de valoriser à ce prix-là, le chemin est absolument colossal. L’argent levé par Mistral finance aujourd’hui principalement Nvidia et des opérateurs de cloud comme Microsoft, pour faire du calcul, même si une partie est gardée heureusement pour faire du développement logiciel et commercial. La réalité va rattraper tout l’écosystème et plonger ces entreprises dans des difficultés économiques. 

Je considère bien sûr qu’il faut qu’il y ait des LLMs français, qui soient un reflet de notre culture. Mais là on n’est plus dans le domaine de la bataille technologique, mais dans celui de la souveraineté culturelle !

Qant. Vous êtes également le président de la Cité de l’IA, à Lille. Est-ce cela qui a motivé sa création en avril 2019 ?

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