Courage, fuyons

Les États-Unis se retirent d'Ukraine, mais aussi de la cyberguerre contre la Russie • Anthropic finance ses prochains modèles • Deepseek fait la nique aux Américains • À Barcelone, tout le monde veut de l’IA • TSMC vient montrer patte blanche à Washington • Le robot Goat change de forme à volonté • Bienvenue dans Qant, mardi 04 mars 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

L’autre retrait américain face aux Russes

Outre l’arrêt de l’aide militaire à l’Ukraine, les États-Unis sont en train de suspendre en catimini leur engagement contre les offensives cybernétiques russes. La semaine dernière, le service français de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum), a rappelé l’intensité croissante de la menace.

La puissance cyber russe • Qant, M. de R. avec Midjourney

Vendredi dernier, l'US Cyber Command au Pentagone a reçu l’ordre de cesser toute planification opérationnelle contre la Russie, y compris les actes offensifs, comme la pénétration des réseaux. Ce n’est pas là un acte isolé. La Russie a disparu des nouvelles priorités de l'Agence pour la cybersécurité et la sécurité des infrastructures (Cisa : Cybersecurity and Infrastructure Security Agency), d’après Wired. Le magazine rappelle aussi que, la semaine dernière aux Nations unies, la secrétaire d'État adjointe à la cybersécurité des États-Unis a omis de mentionner la Russie parmi les sources d’attaques numériques, ne citant que la Chine et l'Iran.

Or, depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie a mis en place un vaste dispositif de propagande destiné à façonner l’opinion publique internationale. Un rapport du service français de cybersécurité Viginum, également publié la semaine dernière, met en lumière la diversité des stratégies employées par la Russie pour manipuler l’opinion publique internationale et manipuler le discours sur la guerre en Ukraine.

Le soutien américain a jusqu’à présent souvent été déterminant dans la défense contre lces opérations. Le désengagement trumpien ouvre un nouveau front pour les Européens, moins meurtrier que l’Ukraine, mais qui demande un engagement immédiat.

La chasse aux milliards d’Anthropic porte ses fruits

Anthropic a bouclé hier un tour de table de 3,5 milliards de dollars, portant sa valorisation à plus de 60 milliards de dollars. L’investissement doit financer le développement de nouveaux modèles d’IA et l’expansion internationale de l’entreprise.

  • Comme prévu, Anthropic a bouclé hier un tour de table de 3,5 milliards de dollars, portant sa valorisation à 61,5 milliards de dollars. 

  • L’investissement doit financer l’expansion internationale de la start-up, mais surtout le développement de nouveaux modèles d’IA– chacun attend Claude 4, Claude 3.5 Opus et l’arrivée de la multimodalité –, ralenti par l’alignement scrupuleux et l’attention donnée à la sécurité. 

  • Lightspeed Venture Partners a mené cette nouvelle levée de fonds, avec la participation d'investisseurs comme Salesforce Ventures, Cisco Investments et Fidelity Management & Research Company.

  • Ce financement porte le total des fonds levés par Anthropic à 18,2 milliards de dollars, à peine devant xAI d’Elon Musk (18 Md$ en trois fois) mais encore loin des 21,9 milliards réunis par OpenAI.

  • Le chiffre d'affaires annuel d'Anthropic a atteint 1 milliard de dollars en 2024 et a déjà progressé de 30 % en 2025, mais l’entreprise prévoit un déficit de 3 milliards de dollars cette année. Par comparaison, on estime qu’OpenAI a perdu environ 5 milliards l’an dernier, sur un chiffre d’affaires de 3,7 milliards. xAI, quant à elle, n’aurait atteint les 100 millions de chiffre d’affaires annualisé qu’en fin d’année dernière.

  • À SURVEILLER : La superintelligence générale. Le cofondateur de Anthropic Dario Amodei a donné plusieurs fois, comme explication au soin qu’il apporte à la sécurité de ses modèles, la vitesse à laquelle ils se rapprochent de “l’IA puissante”, des systèmes d’IA supérieurs aux humains dans la plupart des tâches. Une notion plus précise que l’AGI de Sam Altman, qu’Anthropic pourrait néanmoins chiper sous le nez d’OpenAI.

TSMC

  • TSMC se rend à Washington • Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. (TSMC) s’apprête à annoncer un investissement de 100 milliards de dollars sur quatre ans pour renforcer la production de semi-conducteurs aux États-Unis. Le CEO C.C. Wei doit rencontrer Donald Trump à la Maison-Blanche pour officialiser cet engagement, qui s’ajoute aux 65 milliards de dollars déjà investis en Arizona. Il devrait être mieux reçu que Volodimir Zelensky, mais l’investissement reste soumis à l’approbation des autorités taïwanaises. En savoir plus…

L'incroyable marge de Deepseek

Non contente d’être bien moins chère que les grands modèles américains, la start-up chinoise les nargue en affichant des marges dont ils ne peuvent que rêver.

  • DeepSeek a indiqué que l'utilisation de ses modèles V3 et R1 sur une période de 24 heures génère 562 027 dollars de chiffre d’affaires proforma, pour un coût de location des GPU estimé à 87 072 dollars.

  • Cette marge brute théorique de 545 % ne prend pas en compte les remises accordées durant les heures creuses, ni évidemment, l’amortissement des coûts de recherche et développement.

  • La start-up a cependant précisé que seule une partie de ses services est monétisée. Les accès via le web et l’application restant gratuits, ce qui rend son chiffre d’affaires réel bien inférieur aux estimations.

  • À SURVEILLER : La viabilité des profits de l’IA. Très peu de chiffres sont disponibles sur la profitabilité des grands de l’IA mais le consensus veut que les géants du cloud engrangent les marges alors que les créateurs de modèles accumulent les pertes. Après avoir provoqué la panique en pratiquant des prix 15 fois à 30 fois inférieurs au marché, DeepSeek enfonce le clou.

Apple, Deutsche Telekom, Honor, OpenAI

  • Sora se rapproche de ChatGPT • OpenAI prévoit d’intégrer son outil de génération vidéo, Sora, directement dans ChatGPT. Actuellement disponible via une application web dédiée, Sora permet de créer des clips cinématographiques de 20 secondes. OpenAI travaille également sur une version mobile de Sora et sur un générateur d’images basé sur cette technologie, qui vise à améliorer le réalisme des visuels créés. En savoir plus…

  • Deutsche Telekom veut son AI Phone • Deutsche Telekom vient d'annoncer un projet de smartphone axé sur l’intelligence artificielle, développé en partenariat avec Perplexity, ainsi que Google Cloud, ElevenLabs et Picsart. Ce "AI Phone", qui intégrera un assistant IA nommé Magenta AI, sera disponible en 2026 en Europe. L’app Magenta AI sera aussi accessible aux clients de Deutsche Telekom sur Android et iOS. En savoir plus…

  • … Et Honor, aussi… • Le fabricant chinois de smartphones Honor Device a annoncé un investissement de 10 milliards de dollars sur cinq ans pour développer un écosystème centré sur l’IA. L’ancienne filiale de Huawei, qui a présenté cette stratégie dans le cadre du Mobile World Congress à Barcelone, veut intégrer l’intelligence artificielle dans ses appareils en renforçant ses collaborations avec Google, Qualcomm et Microsoft. Honor travaille notamment avec Google Cloud pour développer un agent IA ; il intègre Gemini dans ses smartphones. L’entreprise a également dévoilé un PC IA sous Windows, le MagicBook Pro 14. En savoir plus… 

  • Mais Siri se fait attendre • Apple a renoncé à lancer une version modernisée et conversationnelle de Siri avant iOS 20 en 2027, selon Bloomberg. Une mise à jour intermédiaire, intégrant les fonctionnalités d’Apple Intelligence annoncées en 2024, devrait être dévoilée en mai. Cette version fonctionnerait avec deux systèmes distincts : l’un pour les commandes classiques et l’autre pour les requêtes plus complexes exploitant les données utilisateur. Une version fusionnée, baptisée en interne "LLM Siri", pourrait être présentée en juin et déployée au printemps 2026, avant un perfectionnement plus avancé l’année suivante. Un calendrier qui, comme à l’accoutumée, concerne le monde entier sauf l’Europe. En savoir plus…

Binance fait le ménage en Europe

Pour se conformer au règlement Mica, Binance va supprimer pour ses utilisateurs européens neuf stablecoins, dont USDT de Tether et DAI.

  • Binance prévoit de retirer de sa plateforme pour ses utilisateurs dans l’Espace économique européen (EEE), d’ici le 31 mars, neuf stablecoins non conformes à Mica, dont USDT (Tether), FDUSD, TUSD, USDP, DAI, AEUR, UST, USTC et PAXG, 

  • Les Européens ne pourront plus échanger (“trader”) ces actifs, mais Binance maintiendra la possibilité de les convertir en actifs légaux et en continuera la garde. 

  • Binance recommande comme alternatives deux stablecoins conformes, comme USDC de l’américaine Circle et EURI de la luxembourgeoise (et presque homonyme) Banking Circle SA.

  • À SURVEILLER : L’écosystème des stablecoins en Europe. Alors que les stablecoins jouent un rôle croissant dans le blanchiment d’argent, l’Europe devient la seule zone économique où ils sont réellement régulés. Aux États-Unis, le rôle qu’ils joueront dans l’apport de fonctions de monnaie numérique dans un environnement dérégulé où les cryptos convergent avec la finance traditionnelle reste encore à imaginer. 

Amazon chasse aussi le félin quantique

Amazon Web Services a présenté Ocelot, son premier processeur quantique. Basé sur des cat-qubits, il rejoint la technologie d’Alice & Bob.

L’ocelot quantique et les qubits• Qant avec Dall-e

  • Amazon Web Services (AWS) vient de lancer Ocelot, une puce quantique développée en partenariat avec le California Institute of Technology (Caltech).

  • Ce processeur repose sur des qubits dits "chat", inspirés de l’expérience de pensée de Schrödinger, pour améliorer la correction des erreurs, l’un des problèmes majeurs de l’informatique quantique.

  • Chaque puce intègre cinq qubits de stockage et quatre qubits dédiés à la détection d’erreurs, réduisant potentiellement de 90 % le coût des corrections par rapport à d’autres approches. 

  • EN FILIGRANE : Les avancées en correction d’erreurs. Ocelot valide le choix technologique d’Alice & Bob, qui vient de lever 100 millions d’euros supplémentaires. Les cat-qubits deviennent de plus en plus crédibles comme une manière de réduire le bruit et les erreurs, qui rendent l’informatique quantique inexploitable à grande échelle.

  • À SURVEILLER : L’horizon de commercialisation. AWS ne mise pas sur une commercialisation à court terme, estimant que les ordinateurs quantiques réellement utiles ne verront pas le jour avant une à deux décennies.

Le robot qui changeait de forme comme de chemise

Grâce à sa capacité à changer de forme, le robot Goat, développé par des chercheurs de l’EPFL, optimise ses déplacements sur des terrains variés tout en consommant un minimum d’énergie.

Le laboratoire Create de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) a mis au point un robot autonome capable d’adapter sa forme à son environnement pour se déplacer plus efficacement. Baptisé Goat (Good Over All Terrains), ce robot peut passer d’une structure plate à une sphère en fonction du terrain, lui permettant ainsi de rouler, de conduire ou même de nager avec une consommation d’énergie réduite.

Tesla, Waymo

  • Waymo roule toujours plus loin • Waymo effectue désormais plus de 200 000 courses payantes en robotaxi chaque semaine, selon le CEO d’Alphabet, Sundar Pichai. Ce chiffre marque un doublement du volume en moins d’un an et une multiplication par vingt en deux ans. Actuellement déployée à Los Angeles, San Francisco et Phoenix, l’entreprise prévoit d’étendre ses services à Austin et Atlanta en partenariat avec Uber cette année, puis à Miami en 2026. En savoir plus… 

  • Tesla prépare des robotaxis… avec chauffeur • Tesla a déposé une demande d’autorisation en Californie pour lancer un service de transport avec chauffeurs. Ce service, qui utilisera initialement des véhicules Tesla avec conducteurs humains, pourra évoluer vers un service de robotaxis à l’avenir. Elon Musk a annoncé un déploiement à Austin dès juin et vise une introduction en Californie d’ici la fin de l’année. En savoir plus…


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• La Russie intensifie sa guerre informationnelle en contournant les restrictions européennes et en ciblant l’Afrique.

• Un robot transformable : Goat adapte sa structure pour optimiser ses déplacements et économiser de l’énergie.

L’autre retrait américain face aux Russes

Outre l’arrêt de l’aide militaire à l’Ukraine, les États-Unis sont en train de suspendre en catimini leur engagement contre les offensives cybernétiques russes. La semaine dernière, le service français de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum), a rappelé l’intensité croissante de la menace.

Schéma d'attaque du MOI Overload ou Matriocka • Source : Viginum

Vendredi dernier, l'US Cyber Command au Pentagone a reçu l’ordre de cesser toute planification opérationnelle contre la Russie, y compris les actes offensifs, comme la pénétration des réseaux. Ce n’est pas là un acte isolé. La Russie a disparu des nouvelles priorités de l'Agence pour la cybersécurité et la sécurité des infrastructures (Cisa : Cybersecurity and Infrastructure Security Agency), d’après Wired. Le magazine rappelle aussi que, la semaine dernière aux Nations unies, la secrétaire d'État adjointe à la cybersécurité des États-Unis a omis de mentionner la Russie parmi les sources d’attaques numériques, ne citant que la Chine et l'Iran.

Une menace persistante sur le territoire français

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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