Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Chaque jour, les tendances de la tech et l'IA par Jean Rognetta et Maurice de Rambuteau

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Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique
17 sept. · 8 mn à lire
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Les robotaxis commencent leur longue marche vers le monde

Waymo et Uber approfondissent leur partenariat pour accélérer le déploiement des robotaxis • Avec 230 M$, Fei Fei Li lance World Labs, une start-up de Large World Models • OpenAI contemple sa transformation juridique • Le robot Isaac s'intègre aux appareils intelligents du foyer • Bienvenue dans Qant, mardi 17 septembre 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Waymo et Uber dessinent l’avenir du covoiturage

  • Waymo proposera ses robotaxis via l'application Uber à Austin et Atlanta début 2025. Son partenariat avec Uber est effectif  à Phoenix, dans l’Arizona, depuis octobre 2023  (lire Qant du 25 mai 2023).

  • La filiale de Google opère son propre service dans d'autres villes comme San Francisco et Los Angeles (lire Qant du 6 mars 2024). Après avoir ouvert à tous son service en juin dernier à San Francisco, Waymo effectue 100 000 trajets par semaine avec sa flotte de Jaguar I-Pace autonomes. 

  • À SURVEILLER 1. Malgré l’échec de Cruise (lire Qant du 10 novembre 2023) et une enquête fédérale pour des incidents de circulation contre Waymo, le modèle des robotaxis autonomes de niveau 4 (avec télésurveillance) semble clairement destiné à déferler partout aux États-Unis, puis de par le monde. 

  • À SURVEILLER 2. Waymo ne devrait pas rester seul longtemps sur le marché. La start-up Nuro a récemment relevé le gant et Elon Musk a multiplié les déclarations fracassantes, envisageant un avenir où les propriétaires de Tesla pourraient amortir le prix de leur véhicule (et éviter les frais de parking) en le transformant en robotaxi. Le système de Tesla, toutefois, n’en est qu’au niveau 2 de conduite autonome.

Isaac, va ranger ma chambre

La start-up Weave promet de livrer dans un an les premiers Isaac, un robot humanoïde autonome conçu pour assister les utilisateurs dans la gestion des tâches ménagères.

Intégrer un robot humanoïde à un environnement domestique connecté. C’est le pari de la start-up californienne Weave, dont le robot Isaac est capable, de manière entièrement autonome, d’identifier et de ranger les objets dispersés dans la maison en les plaçant à leur emplacement désigné. Le robot peut également prendre en charge le pliage du linge grâce à ses bras articulés, qui lui permettent de manipuler les vêtements avec précision.

Isaac se rendra également utile pour les propriétaires d’animaux de compagnie. Il est capable de surveiller leurs besoins, notamment en remplissant leurs gamelles de nourriture ou d’eau dès que nécessaire. Et à terme de les promener.

World Labs veut comprendre le monde

  • GPT-o1 n’est pas la seule tentative de dépasser l’IA générative. À San Francisco, une start-up, World Labs, vient de se lancer avec 230 millions de dollars (215 M€) pour créer des large world models, des modèles d’intelligence spatiale.

  • Ces modèles doivent pouvoir comprendre et raisonner sur la structure et le fonctionnement du monde en trois dimensions, ce qui est essentiel pour des applications comme la réalité augmentée, la réalité virtuelle et la robotique.

  • Parmi les fondateurs de World Labs, la chercheuse Fei-Fei Li, de l’université de Stanford. Le financement a été mené par Andreessen Horowitz, avec la participation d’AMD et Intel, ainsi que d’autres financiers.

  • À SURVEILLER. En février dernier, des chercheurs de Berkeley, dont Pieter Abbeel, ont présenté un Large World Model capable des représentations complexes à partir de séquences audiovisuelles d’un million de tokens. Les LWM représentent une évolution prometteuse au-delà de l’IA générative, vers l’IA embarquée et la robotique (y compris la conduite autonome) et la réalité mixte et augmentée.

Des agents pour Microsoft

  • Microsoft a annoncé des mises à jour de son intelligence artificielle pour les applications Microsoft 365, y compris l'introduction d'agents autonomes capables d'automatiser des processus métiers.

  • Parmi les nouveautés, Copilot Pages permet de collaborer en équipe sur des documents, en intégrant des données externes ou internes à l'entreprise, partagées entre les utilisateurs.

  • Des améliorations sont également prévues pour Excel, PowerPoint, Teams, Outlook et Word, avec des fonctionnalités avancées comme la génération de code Python pour l'analyse des données.

  • À SURVEILLER. Le lancement progressif des agents autonomes et des nouvelles fonctionnalités pourrait transformer la productivité des entreprises utilisant Microsoft 365 d'ici fin 2024.

Et par ailleurs :

  • La valorisation d'OpenAI à 150 milliards de dollars (135 Md€) dépend, selon les informations de Reuters, de la suppression du plafonnement des profits pour les investisseurs. OpenAI envisagerait de restructurer son modèle, en abandonnant son statut associatif pour attirer davantage de financements. En savoir plus…

  • La start-up californienne Groq, créateur de puces d’IA (lire Qant du 22 février) a signé un partenariat avec le producteur saoudien de pétrole Aramco, pour la construction d'un centre de données géant en Arabie Saoudite. En savoir plus…

Méfiez-vous de la réglementation de l'IA pilotée par les grandes entreprises technologiques !

Par Peter Kirchschläger

Peter Kirchschläger, professeur d'éthique et directeur de l'Institut d'éthique sociale de l'université de Lucerne, est professeur invité à l'ETH Zurich.

Les grandes entreprises technologiques ont créé des outils dangereux, qui nuisent aux utilisateurs et sapent la démocratie, au nom de la maximisation de leurs profits. Il devrait être évident que leur permettre de dominer le processus d'élaboration des règles mondiales pour l'IA et le domaine numérique est une grave erreur.

Peter G. Kirchschläger, université de Lucerne

“En octobre dernier, la Commission européenne a adopté une nouvelle feuille de route pour lutter contre le trafic de drogue et la criminalité organisée, l'une des plus graves menaces pour la sécurité de l'Union. Pour des raisons évidentes, les responsables politiques de l'Union européenne n'ont pas invité les membres des cartels à participer à la conception et à l'élaboration de cette stratégie ; demander l'avis des réseaux criminels n'aurait fait que faciliter la poursuite de leurs activités en toute impunité.

Mais lorsqu'il s'agit de réglementer la transformation numérique et l'intelligence artificielle, qui présentent toutes deux une myriade de risques, les décideurs politiques font le contraire. Ils collaborent avec les grandes entreprises technologiques telles que Meta (Facebook), Alphabet (Google), Amazon, Apple et Microsoft, alors même que leurs dirigeants ont fait preuve d'une volonté éhontée de créer des outils dangereux et de nuire aux utilisateurs au nom de la maximisation des profits.”

Circle et Sony s’associent pour l’adoption de l’USDC

  • Circle s'associe avec Sony Block Solutions Labs pour promouvoir l’adoption du stablecoin USDC sur la blockchain de niveau 2 Soneium de Sony, lancée en août 2024. 

  • L'objectif est de faire de l'USDC un standard pour les créateurs Web3, facilitant les paiements en dollars numériques sur les blockchains compatibles avec l’Ethereum Virtual Machine.

  • À SURVEILLER. Cette collaboration s'inscrit dans la stratégie de Circle pour renforcer l'utilisation de ses stablecoins et des technologies blockchain, avec un focus sur des expériences Web3 sécurisées et accessibles. Circle va déplacer son siège mondial à New York avant son introduction en bourse (IPO), prévue après l'approbation de la SEC.

Et par ailleurs :

  • Une étude de Barclays, cet été, explore des options pour la future livre numérique. Comme la monnaie programmatique a été écartée par la Banque d’Angleterre – tout comme pour la BCE, pour ce qui est de l’euro numérique –, l’étude conclut que les fonctions programmatiques, dont dépendent de nombreux gains en matière de paiements, devraient être délégué à une “infrastructure de marché” non spécifiée. En savoir plus…

Mastercard vise sur l’IA pour détecter les cybermenaces

  • Mastercard a annoncé l'acquisition de Recorded Future, une entreprise spécialisée dans la cybersécurité, pour 2,65 milliards de dollars (environ 2,48 Md€). Elle veut ainsi renforcer ses capacités de détection des menaces. 

  • Recorded Future utilise des analyses alimentées par l'intelligence artificielle pour identifier les cybermenaces potentielles, un domaine où Mastercard a déjà intensifié ses efforts avec des technologies d'IA générative.

  • À SURVEILLER. Mastercard, qui  gère 9 000 milliards de dollars de transactions par an, compte développer ses services à valeur ajoutée, notamment dans la cybersécurité, avec un impact attendu sur sa croissance en 2025.

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :

• Laisser les grandes entreprises technologiques diriger la régulation de l'IA est dangereux, car elles ont montré une volonté de créer des outils nuisibles pour maximiser leurs profits, explique Peter Kirchschläger.
• Isaac, robot domestique de Weave, aide à accomplir les tâches ménagères tout en préservant la confidentialité des utilisateurs.

Méfiez-vous de la réglementation de l'IA pilotée par les grandes entreprises technologiques

Par Peter G. Kirchschläger. 

Peter G. Kirchschläger, professeur d'éthique et directeur de l'Institut d'éthique sociale de l'université de Lucerne, est professeur invité à l'ETH Zurich.

Les grandes entreprises technologiques ont créé des outils dangereux, qui nuisent aux utilisateurs et sapent la démocratie, au nom de la maximisation de leurs profits. Il devrait être évident que leur permettre de dominer le processus d'élaboration des règles mondiales pour l'IA et le domaine numérique est une grave erreur.

Peter G. Kirchschläger, université de Lucerne

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