Pour que l'IA tienne toutes les promesses que détaille une étude approfondie de McKinsey, il faudra résoudre le problème de confidentialité qui empêche bien des entreprises de l'adopter, y compris Google elle-même. Intel présente une puce à 12 qubits et Canon un appareil photo à 360°. Bienvenue dans Qant, le vendredi 16 juin.
« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Pour cela, ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022. Les articles qui requièrent le plus de travail humain demandent un abonnement.
"Un employé se confie au robot" (Midjourney)
Apple, Amazon, Samsung, Bank of America, Citigroup, Deutsche Bank, Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Wells Fargo : la liste des entreprises qui mettent en garde contre l’usage interne des chatbots ne cesse de s’allonger. Elle fait écho à une méfiance certaine dans les grands groupes français. Alphabet, la société mère de Google, vient de conseiller à ses employés de ne pas communiquer des informations sensibles à des chatbots comme ChatGPT mais aussi son propre Bard, pur produit de la firme californienne. Alphabet craint que des informations confidentielles puissent être exposées, notamment parce que des évaluateurs humains pourraient examiner les entrées de chat et que les chatbots pourraient utiliser des entrées précédentes pour s'auto-former. Ce risque n'est pas négligeable, comme en témoigne la fuite de données internes de Samsung le mois dernier après l'utilisation de ChatGPT par son personnel.
D'autres géants de la tech ont également pris des mesures similaires pour protéger leurs informations sensibles. En janvier, Amazon a exhorté ses employés à ne pas partager de code avec ChatGPT. Plus récemment, Apple a interdit à ses employés d'utiliser ChatGPT et GitHub Copilot, un éditeur de code IA. Ces entreprises, y compris Apple, sont également intéressées par la construction de leurs propres modèles de langage. Malgré ces inquiétudes concernant la confidentialité des données, Google a lancé Bard en mars, en utilisant son propre moteur d'IA appelé LaMDA. Cependant, la sortie de Bard a été retardée dans l'Union Européenne en raison de préoccupations concernant la protection des données personnelles soulevées par les régulateurs irlandais.
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Pour en savoir plus :
Un article de recherche d’une équipe de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse décrit un robot appelé Mori3, capable de changer de taille, de forme et de fonction, passant de triangles 2D à presque n'importe quel objet 3D, en vue de futurs voyages interplanétaires tels que des missions vers Mars. Le robot, grâce à son caractère modulaire et origami, peut être assemblé et désassemblé à volonté en fonction de l'environnement et de la tâche à accomplir, se prêtant ainsi à des applications variées comme les réparations externes et les communications, tout en pouvant être stocké à plat pour économiser de l'espace précieux lors d'une mission de longue durée avec équipage.
Pour en savoir plus : Digital Trends
Ne pas confondre Transformers, Transformers et Transformers : Il y avait les robots qui se transforment, un cas de plus où la science-fiction a inspiré la technologie (lire ci-dessus). Il y a les Generative Pretrained Transformers (GPT), la classe de grands modèles de langage naturel (LLM) qui s’est imposée progressivement. Et maintenant voici que le Boston Consulting Group tente d’étendre le nom aux start-up qui, incapables de créer leur propre modèle, se proposent d’accompagner la transformation des grands groupes grâce à l’IA générative. Il est sans doute encore possible de leur trouver un nom plus précis.
Pour en savoir plus: Les Échos
Une nouvelle licorne fait la synthèse des avatars et de l’IA : Synthesia, une startup spécialisée dans la création de vidéos synthétiques avec des avatars générés par l'IA pour la publicité et d'autres applications, a levé 90 millions de dollars lors d'un tour de financement de série C, portant sa valorisation à 1 milliard de dollars et son total de fonds levés à ce jour à 156,6 millions de dollars.
Pour en savoir plus : Tech Crunch
Intel lance une puce à 12 qubits : Intel distribue sa dernière puce quantique, Tunnel Falls, dotée de 12 qubits, à des laboratoires de recherche et à des universités américaines, afin de stimuler le développement des technologies pour les ordinateurs quantiques, y compris les techniques de manipulation de plusieurs qubits. Alors qu’IBM et Google privilégient des composants supraconducteurs, Intel reste fidèle aux électrons, ce qui en fait un outsider de la course aux qubits, parmi d’autres technologies alternatives, basées sur les ions (IonQ) ou les atomes (le français Pasqal).
Pour en savoir plus : CNet, The Register
Prendre une photo à 360 degrés : Canon vient de présenter au salon japonais Photo Next un prototype d’appareil photo pensé pour la réalité immersive. Il est capable de prendre des photos et vidéos à 350 degrés, et créer des images de réalité virtuelle en 3D à 180 degrés. Outre la prouesse technique, l'appareil préfigure peut-être une tendance. Un autre appareil photo à 360° sera en effet bientôt disponible sur le marché : le casque Apple Vision Pro.
Pour en savoir plus: Lifewire
FDJ, NFT, même combat : La Française des jeux (FDJ) a annoncé lors du salon Vivatech le développement d'un jeu blockchain appelé "Ultimate Numbers", permettant aux utilisateurs de collectionner des NFT, un projet qui fait partie d'une stratégie plus large de l'entreprise d'exploitation du Web3.
Pour en savoir plus: Cryptoast
Le Fake de la semaine est signé du CEO de l’institut CB Insights Anand Sanwal. La “photo” réalisée par IA est accompagnée de la légende suivante : "Dans 3 ans, voilà à quoi ressembleront les voyages en avion grâce à l’Apple Vision Pro”. Anand Sanwal en fait un sondage que nous étendons à nos lecteurs.
Source : Anand Sanwal, Twitter
"Le robot s'assoit sur une fortune" (Midjourney)
Les analystes de McKinsey ont étudié l’impact de l’IA générative dans 850 professions et 2100 activités de travail détaillées dans 47 pays, représentant plus de 80% de la main-d'œuvre mondiale. Le rapport suggère que l'IA générative a le potentiel d'automatiser des activités qui accaparent actuellement 60 à 70% du temps des employés. Cependant, cela ne signifie pas nécessairement une perte massive d'emplois selon le cabinet de conseil, mais plutôt une accélération significative de l'exécution de ces emplois et une amélioration de la précision. Il serait naïf de penser que l’IA ne va pas supprimer de très nombreux emplois, et modifier en profondeur des millions d’autres. Tout l’enjeu porte sur la formation des salariés à ses outils et aux nouveaux métiers qui ne manqueront pas de se créer dans les années voir les mois à venir. Et ce bouleversement promet jusqu'à 4 400 milliards de dollars supplémentaires chaque année à l'économie mondiale : le PIB de la France est d’environ 3000 milliards.
Si les transitions des travailleurs et d'autres risques peuvent être gérés, l'IA générative pourrait contribuer à soutenir un monde plus durable et inclusif. Cependant, il souligne que les travailleurs auront besoin de soutien pour acquérir de nouvelles compétences, et certains changeront de profession.
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