Des avatars, des robots et ce qu’il faut retenir du CES 2025

Synthesia lève 180 millions pour développer des avatars IA vidéos plus interactifs et réalistes et Robeauté réunit 27 millions pour un microrobot de neurochirurgie • La Banque d’Angleterre lance un laboratoire pour préparer la livre numérique • Le bilan du CES 2025 • Bienvenue dans Qant, jeudi 16 janvier 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Tik… Tok… le compte à rebours est parti pour durer

Alors que le verdict de la Cour Suprême se fait attendre, la Chine fait monter les enchères.

  • MENACE. TikTok prévoit de fermer ses opérations américaines, en retirant son app des stores d’Apple et Google, plutôt que de céder son algorithme à une entreprise américaine, rapporte l’agence Reuters ce matin.

  • PIED DE NEZ. Les utilisateurs de TikTok sont invités à basculer, depuis qulques jours, sur une paplication baptisée Xiaohongshu – le Petit livre rouge de Mao Zedong.

  • SUSPENSION. Pour sa part, Donald Trump prévoit de prendre la semaine prochaine, à son arrivée à la Maison-Blanche, un décret exécutif (executive order) suspendant l’application de la loi pendant deux à trois mois, selon les informations du Washington Post, publiées pendant la nuit.

  • EN FILIGRANE. Elon Musk, qui a de forts intérêts à ménager en Chine, serait en négociations pour reprendre TikTok en Amérique.

  • À SURVEILLER : Le dialogue des fuites. Donald Trump a toujours eu une position plus mesurée envers TikTok que la classe politique américaine, de gauche comme de droite. Bien que le couperet soit censé tomber un jour avant sa prise de fonctions, il semble en passe de se donner le temps de négocier. Ce qui relativise l’importance du jugement de la Cour Suprême, qui lui aussi se fait attendre.

Sexe, avatars et vidéo

Synthesia, une start-up basée à Londres spécialisée dans les avatars d’IA, lève 180 millions de dollars pour achever de s’imposer sur le marché des vidéos professionnelles.

  • La start-up britannique Synthesia a levé 180 millions de dollars lors d’un tour de financement de série D, avec une participation d’investisseurs comme NEA, Atlassian Ventures, World Innovation Lab et PSP Growth, portant ses fonds totaux à 330 millions de dollars. 

  • Sa valorisation double par rapport au tour précédent, à 2,1 milliards de dollars.

  • Sa plateforme permet de créer des vidéos à partir d’un texte, avec des avatars humains personnalisables, capables de parler plusieurs langues. Elle propose des modèles prédéfinis et des outils de montage vidéo intégrés.

  • D’après Synthesia, ses services sont déjà utilisés par 60 000 entreprises pour des besoins comme la formation et l’e-learning, le marketing et la publicité, la communication interne et les tutoriels. L’accent est mis sur la sécurité et la conformité, pour attirer les grandes entreprises.

  • Les nouveaux fonds serviront à améliorer les produits (avatars plus réalistes, plus interactifs) face à une concurrence qui s’intensifie : en fin d’année dernière, des entreprises comme HeyGen et DeepBrain AI (lire Qant du 10 janvier 2023) semblaient gagner du terrain.

  • La start-up veut aussi accroître la présence en Asie-Pacifique. Actuellement, plus de 50 % des revenus annuels de Synthesia proviennent de clients américains. 

  • À SURVEILLER : La future génération vidéo. L’offre de start-up comme Synthesia est structurée par un cadre strict, qui n’est pas évoquer les chatbots avant les LLM. Bien qu’ils soient encore chers et limités, les nouveaux modèles de génération text-to-video, comme Veo de Google et Sora d’OpenAI, ouvrent une perspective complètement nouvelle.

« En tirant parti de l’IA, la maison connectée prend une nouvelle dimension »

Florent Roulier, du cabinet Niji, tire les leçons du CES 2025.

Florent Roulier à Las Vegas testant les lunettes XReal Pro • D.R.

Qant. Après le CES de l’IA en 2024, nous avons eu cette année le CES des robots. L’heure de l’IA embarquée a-t-elle sonné ?

Florent Roulier. Indéniablement, Realbotix et Unitree ont marqué le salon. En particulier, voir le G1 humanoïde d’Unitree serrer les mains des passants était impressionnant, quand on pense à la gestion du risque dans un pays comme les États-Unis. Le robot d’Unitree n’a rien à envier à Optimus de Tesla ou Atlas de Boston Dynamics ! Moins avancée en termes de bipédie, Realbotix a pour sa part développé une gestuelle très intéressante. Cependant, pour des applications à plus court terme, il faut surtout considérer les retombées dans deux domaines déjà très présents sur le salon : l’électromobilité et la maison connectée.

Qant. Le courant passe donc encore dans la mobilité…

Applied Digital, Macquarie, Meta, OpenAI

  • ChatGPT joue les gestionnaires de tâches • L’évolution de ChatGPT vers une suite de productivité continue. OpenAI lance une nouvelle fonctionnalité bêta, "Tasks", pour les abonnés de ChatGPT Plus, Team et Pro, qui leur permet de programmer des rappels et des actions récurrentes, comme des alertes météo ou des notifications personnalisées. Les utilisateurs peuvent gérer jusqu'à 10 tâches actives simultanément via une section dédiée, avec des notifications sur web, desktop et mobile une fois les tâches accomplies. En savoir plus… 

  • Les attirants data centers IA des USA • L’australienne Macquarie Asset Management va investir jusqu'à 5 milliards de dollars dans Applied Digital, une entreprise américaine spécialisée dans les centres de données pour l'IA et le calcul haute performance. Ce financement inclut un investissement initial de 900 millions de dollars dans le campus d'Ellendale, dans le Dakota du Nord, et une priorité d'investissement sur 4,1 milliards de dollars supplémentaires pour de futurs projets au cours des 30 prochains mois. En savoir plus… 

  • Battre OpenAI, l’obsession de Meta • A l’occasion du procès contre Meta sur l’utilisation du dataset LibGen, pour entraîner les modèles Llama, des messages internes mettent en lumière des controverses sur l'utilisation de données protégées par le droit d'auteur, mais aussi la volonté agressive d’atteindre, avec Llama 3, le même niveau que GPT-4 d'OpenAI. Cela peut se comprendre, avant même le virage viriliste que Mark Zuckerberg désormais tente d’imprimer à sa firme. En savoir plus…

Robeauté : un robot dans le cerveau

La start-up française Robeauté vient d’annoncer à Fortune une levée de fonds de 27 millions d’euros pour développer ses microrobots destinés à la neurochirurgie. Ces dispositifs miniatures visent à transformer les interventions cérébrales grâce à une approche peu invasive et hautement précise.

Le microrobot de Robeauté • D.R.

Fondée en 2017 à Paris par Bertrand Duplat et Joana Cartocci, Robeauté développe un microrobot autonome de 1,8 millimètre, soit la taille d’un grain de riz, capable de naviguer à travers la matrice extracellulaire du cerveau. Contrairement aux outils neurochirurgicaux actuels, souvent rigides et limités à des trajectoires linéaires, ce microrobot peut emprunter des trajectoires courbes, pour atteindre plusieurs sites cibles sans endommager les cellules environnantes.

Les techniques neurochirurgicales actuelles sont invasives et parfois fatales, tandis que les traitements médicamenteux peinent à atteindre leur cible. Le microrobot de Robeauté veut offrir une médecine de précision personnalisée, avec un accès sans précédent au cerveau et un impact réduit sur les tissus sains.

La livre numérique progresse, mais en laboratoire

La Banque d’Angleterre vient de publier un point d’étape sur l’avancement de la livre numérique. Confrontée à l’opposition de la City, elle reporte la décision finale reportée à 2027 au moins.

  • La phase de conception de la livre numérique, débutée en 2023, se poursuit. Elle inclut un plan structuré avec des expérimentations, une évaluation coûts-bénéfices et des consultations nationales. 

  • Après les premières expérimentations, des notes de conception initiale ont été publiées, accompagnées de l’annonce d’un Digital Pound Lab pour tester des API, des cas d’usage et des modèles économiques en conditions réelles.

  • La confidentialité des transactions sera préservée, tout en permettant le suivi des flux suspects pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. La Banque d’Angleterre garantit qu’elle n’accédera pas aux données personnelles des utilisateurs.

  • La décision sur le lancement de la livre numérique ne sera pas prise avant plusieurs années mais la Banque a souligné de nouveau l’urgence à ce que les banques britanniques modernisent leurs systèmes de paiements pour rivaliser avec les entreprises technologiques.

  • EN FILIGRANE : Les avancées de la BCE. En décembre dernier, la banque centrale européenne a publié un rapport d'étape sur l'euro numérique, précisant les limites de détention proposées, les règles opérationnelles et les travaux en cours. Les choix techniques devraient être annoncés en octobre prochain.

  • À SURVEILLER : La réaction des banques anglaises. En novembre, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Bailey, avait déclaré qu’une livre numérique pour les paiements de détail deviendra nécessaire si les banques commerciales ne progressent pas en matière d'innovation, notamment dans les transactions transfrontalières. Le rapport d’étape renforce la pression dans le même sens.

Sony

  • Lancement mouvementé pour Soneium • Sony a ouvert mardi la principale blockchain (“mainnet”) de sa solution Web 3, qui comprend des plateformes de création de NFT et d’échange de cryptoactifs. Tenu par la gestion des droits d’auteur, le groupe a supprimé certains “memecoins”, comme Aibo, qui fait référence au robot-chien de Sony au début du siècle. Les critiques sur la gestion des droits et la centralisation dans un environnement censé rester ouvert et décentralisé sont significatives de la culture du droit d’auteur dans les cryptos. En savoir plus…

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :

• Robeauté : des microrobots pour traiter le cerveau sans endommager les tissus sains.

• CES 2025 : Des robots-aspirateurs aux lunettes AR, l’IA transforme la maison connectée en un espace véritablement intelligent et interactif.

Robeauté : 27 millions pour un robot dans le cerveau

La start-up française Robeauté a annoncé une levée de fonds de 27 millions d’euros pour développer des microrobots destinés à la neurochirurgie. Ces dispositifs miniatures visent à transformer les interventions cérébrales grâce à une approche peu invasive et hautement précise.

Source : Robeauté

Fondée en 2017 à Paris par Bertrand Duplat et Joana Cartocci, Robeauté développe un microrobot autonome de 1,8 millimètre, soit la taille d’un grain de riz, capable de naviguer à travers la matrice extracellulaire du cerveau. Contrairement aux outils neurochirurgicaux actuels, souvent rigides et limités à des trajectoires linéaires, ce microrobot peut emprunter des trajectoires courbes, pour atteindre plusieurs sites cibles sans endommager les cellules environnantes.

Médecine de précision

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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