Alors qu'une nouvelle étude rapproche les futures interfaces homme-cerveau et qu'un des grands pionniers de l'IA lance une nouvelle alerte sur ses dangers potentiels, OpenAI consolide sa valorisation et Microsoft teste un ChatGPT respectueux des données de ses clients. Bienvenue dans Qant, mercredi 3 mai.


IA GÉNÉRATIVE : Geoffrey Hinton, pionnier des réseaux neuronaux, quitte Google et dénonce l’utilisation politique des chatbots.
Des chercheurs de l’université de Texas parviennent à transcrire l’activité cérébrale de volontaires grâce à un modèle de GenAI.
OpenAI lève 300 millions de dollars auprès de nouveaux VCs, pour à peine plus de 1% de son capital.
Microsoft teste une version de ChatGPT sur des serveurs dédiés.
BLOCKCHAINS : Le californien Coinbase lance une plateforme d’échanges de produits dérivés cryptos basée aux Bermudes.
"Geoffrey Hinton réinventé par l'IA" (Midjourney)
Geoffrey Hinton, figure emblématique de l'intelligence artificielle et spécialiste des réseaux neuronaux, vient d'annoncer qu'il quittait Google. Âgé de 75 ans, il a indiqué au New York Times qu’il se séparait de l'entreprise, qu’il considère agir de manière «très responsable», afin de pouvoir parler sans réserve des risques liés à l'IA et exprimer certains regrets quant à son implication dans ce domaine. Il a souligné que les chatbots pourraient devenir plus intelligents que les humains et être exploités à des fins malveillantes, notamment par des dirigeants autoritaires pour influencer leur électorat.
Les inquiétudes de Hinton ne se limitent pas aux dangers immédiats, mais elles englobent également les conséquences à long terme de l'IA sur la société. Il craint que les avancées de l'IA ne rendent de plus en plus difficile la distinction entre le vrai et le faux, avec la création d'images, de vidéos et de textes générés par ordinateur. De plus, Hinton redoute que l'IA ne finisse par remplacer des emplois tels que les juristes, les assistants et bien d'autres tâches. Il figurait parmi les figures de proue de la lettre demandant une pause du développement de l’IA, aux côtés de Gary Marcus et, côté business, Elon Musk et Steve Wozniak (voir Qant du 29 mars).
Source : New-York Times, Geoffrey Hinton
Pour en savoir plus : BBC
Phrases entendues et reconstruites par l'IA ©The University of Texas at Austin
Le jour se rapproche où l’on pourra dicter à un ordinateur par la pensée, sans porter d’électrodes. Dans une étude publiée dans la revue Nature, un modèle basé sur des IRM fonctionnelles de trois volontaires a réussi à transcrire des phrases entières qu'ils écoutaient avec une précision sans précédent (cf. illustration ci-dessus), en se basant uniquement sur leur activité cérébrale.
Alors que les systèmes précédents étaient limités à quelques mots et requéraient la pose d’encombrantes électrodes, ce système, développé par une équipe de chercheurs de l'Université du Texas à Austin, est le premier à produire des phrases complètes à partir d'enregistrements cérébraux non invasifs obtenus par IRMf. Les chercheurs ont d'abord entraîné le modèle GPT-1 d'OpenAI sur un ensemble de données comprenant des phrases en anglais issues de Reddit, 240 histoires de The Moth Radio Hour et des transcriptions du podcast Modern Love du New York Times. Puis les participants ont écouté des podcasts et des conférences TED pendant qu'ils étaient dans un scanner IRM et le modèle a reconstruit les phrases écoutées à partir de l’activité cérébrale mesurée.
Début mars, des chercheurs de l’université d’Osaka ont utilisé Stable Diffusion pour reconstruire des images vues (voir Qant du 7 mars). Un système capable de convertir les pensées d'une personne en mots, pourra aider tous ceux qui ont perdu la capacité de parler, par exemple en raison d’un AVC. Mais il marque aussi une nouvelle avancée dans les brain-computer interfaces (BCI), où l’on trouve des start-up comme Neuralink, fondée par Elon Musk.
Source : Nature Neuroscience
Pour en savoir plus : MIT Technology Review
Le nombre de visites au site de ChatGPT a dépassé le milliard au mois de février, d'après SimilarWeb ©Similarweb
Forte de la notoriété de ChatGPT et du potentiel de GPT-4, OpenAI vient de lever quelque 300 millions de dollars, notamment auprès de ses investisseurs historiques Tiger Global, Sequoia Capital et Andreessen Horowitz, mais aussi de nouveaux VCs, comme Thrive, K2 Global et, semble-t-il, Founders Fund, de Peter Thiel.
Cette levée de fonds valoriserait l'entreprise entre 27 et 29 milliards de dollars. Elle consolide ainsi la valeur sur laquelle Microsoft s’est engagé à apporter, en début d’année, environ 10 milliards de dollars (voir Qant du 11 janvier). Malgré les sommes en jeu, les investisseurs extérieurs ne détiendraient guère plus de 30% du capital. Il faut dire que rien n’arrête ChatGPT, qui aurait reçu plus d’un milliard de visites sur son site en février dernier, d’après SimilarWeb.
Source : Tech Crunch
"Un ordinateur ultra-sécurisé" (Midjourney)
Microsoft Azure teste une version de ChatGPT fonctionnant sur des serveurs cloud dédiés, pour rassurer les entreprises qui craignent des fuites d'informations. Certaines sociétés, en particulier dans les secteurs réglementés tels que la finance et la santé, ont en effet évité d'adopter ChatGPT par peur de divulguer involontairement des informations confidentielles. La version dédiée de ChatGPT pourrait coûter jusqu'à dix fois plus cher que la version publique, mais garantirait la confidentialité de leurs données.
Pour sa part, OpenAI a annoncé qu’elle préparait un produit similaire pour les entreprises, ChatGPT Professionnal (voir Qant du 11 janvier). Toutefois, les clients importants de Microsoft Azure, notamment les banques, pourraient être mieux convaincus que Microsoft gérera leurs données en toute sécurité et se conformera aux réglementations de chaque pays.
Source : The Information
"La crypto aux Bermudes" (Midjourney)
Coinbase, leader américain de l'échange de cryptomonnaies, a récemment mis en place une nouvelle plateforme internationale destinée aux clients institutionnels, spécialisée dans les produits dérivés cryptos. Basé aux Bermudes, Coinbase International Exchange proposera dans un premier temps des contrats à terme perpétuels pour le bitcoin et l'éther, sans date d'expiration fixe. La nouvelle plateforme réglera les transactions en USDC, le stablecoin de Circle. Elle offrira plusieurs fonctionnalités de sécurité et les clients institutionnels des juridictions non américaines éligibles pourront également accéder directement à la plateforme via une API.
Coinbase, qui a fait l’objet lundi 1er mai d’une plainte pour délit d’initié, est en plein bras de fer juridique avec la SEC, le gendarme financier américain, qu’elle a attaqué en justice pour tenter d’imposer un éclaircissement de la règlementation sur les cryptos après avoir été menacée de poursuites pour ses activités de staking. La nouvelle forme de vérification sur Ethereum implique en effet de mettre en gage des sommes d’argent et la SEC considère que, en réunissant plusieurs investisseurs pour un même stake (enjeu), Coinbase crée des valeurs mobilières. De là, peut-être, sa volonté d’étendre ses activités en dehors des États-Unis.
Source : Coinbase
Pour en savoir plus : Coins.fr ; Les Echos
"Deux robots-journalistes" (Dall-e)
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Rédaction :
Nous avons utilisé dans ce numéro Midjourney pour illustrer nos articles, et ChatGPT Plus pour les synthétiser et les traduire.
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