Elon Musk confirme sa détermination anti-européenne • L'IA ne renforce pas la croissance, malgré son impact social profond • Noble lance l’USDN, un stablecoin qui ses détenteurs • Israël se renforce dans l’IA militaire • Les essaims de drones font de Shield AI la deuxième start-up de défense américaine • Bienvenue dans Qant, lundi 10 mars 2025.
« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Sur son réseau social X, Elon Musk a réaffirmé ce week-end que l’appartenance des États-Unis à l’OTAN n’a plus de sens et que les États-Unis n’ont pas à financer la défense européenne. Le 3 mars, il avait déjà avancé une idée similaire incluant aussi un retrait des Nations Unies.
Il donne ainsi corps à un courant néo-isolationniste qui comprend notamment le sénateur de l’Utah Mike Lee et qui semble pouvoir compter sur le soutien du vice-président JD Vance et de Donald Trump lui-même.
La semaine dernière, Donald Trump a remis en question l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord, qui dispose « qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre [les parties] survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties ».
Au cours d’une réunion dont le contenu a largement fuité, Trump a demandé à ses collaborateurs d’envisager la manière de conditionner l’engagement des États-Unis aux dépenses militaires des membres.
EN FILIGRANE : Ballons d’essai. Une nouvelle loi ou une majorité des deux tiers au Sénat sera nécessaire pour que Trump puisse quitter l’Otan ou dénoncer le traité de l’Atlantique Nord, achevant ainsi le renversement des alliances en faveur de la Russie. Mais d’ici là, de nombreux actes symboliques sont possibles pour achever de détruire la crédibillité de l’alliance. La semaine dernière, d’autres indiscrétions pilotées indiquaient 35 000 soldats américains pourraient être redéployés de l’Allemagne à la Hongrie, par exemple.
À SURVEILLER : L’Otan sans les États-Unis. Les contributions américaines au budget de l’Otan sont comparables à celles de l’Allemagne, autour de 16 % (contre 11 % pour le Royaume-Uni et 10 % pour la France). Les 31 pays restants – ou 30, en excluant la Hongrie – déploieraient plus d’un million d’hommes et de femmes bien entraînés et équipés, protégés par la puissance nucléaire de la France et de la Grande-Bretagne.
Le ciel judiciaire de Google s’éclaircit partiellement • Le département de la Justice américaine a abandonné son projet d’obliger Google à vendre ses investissements dans l’IA, notamment sa participation dans Anthropic, tout en maintenant sa demande de cession du navigateur Chrome pour limiter son monopole sur la recherche en ligne. Les procureurs ont conclu qu’interdire à Google d’investir dans l’IA pourrait avoir des effets indésirables sur le secteur. Google devra toutefois notifier ses futurs investissements en IA aux autorités. En savoir plus…
Par Adair Turner
Ancien patron du gendarme financier britannique, la FSA, Adair Turner préside la Commission pour la transition énergétique du Royaume-Uni • DR
“Depuis une vingtaine d’années au moins, les spécialistes mettent en garde : après le déclin régulier des emplois dans le secteur manufacturier, les services professionnels comme le juridique seront les prochains à subir l’automatisation. Or, dans le domaine du droit commercial, l’emploi et les salaires ne cessent de croître. De même, les départements marketing auront beau exploiter l’IA pour produire une communication toujours plus ciblée et plus efficace afin d’influencer les choix des consommateurs, si leurs concurrents en font de même, le consommateur final n’y gagnera rien, et le PIB ne s’en trouvera pas stimulé.”
Unit 8200, une unité d’élite du renseignement militaire israélien, développe un modèle d’intelligence artificielle inspiré de ChatGPT, capable d’analyser d’énormes volumes de communications interceptées de Palestiniens dans les territoires occupés, selon une enquête du journal britannique The Guardian, avec les médias israéliens +972 Magazine et Local Call.
Le modèle, en cours d'entraînement, s’appuie sur une base de 100 milliards de mots, collectés via une surveillance de masse. Il vise à répondre à des questions sur des individus surveillés et à faciliter le traitement des données de renseignement.
L’armée israélienne refuse de commenter les détails du projet mais assure que l’utilisation de ces technologies suit un processus rigoureux pour garantir la précision du renseignement.
À SURVEILLER : L’avance israélienne. L’an dernier, +972 avait révélé que l’IA avait été utilisée pour analyser les données et déterminer 37 000 cibles pendant les opérations à Gaza. Israël, qui dispose du premier drone aérien à engagement complètement autonome, Harpy, confirme ainsi son avance technologique (lire Qant du 4 avril et du 15 février 2024).
Larry à la Page de l’IA • Larry Page, cofondateur de Google, développe une nouvelle entreprise baptisée Dynatomics, spécialisée dans l’application de l’IA à la fabrication de produits. Selon The Information, cette start-up travaille sur une IA capable de générer des designs optimisés pour des objets, ensuite produits en usine. En savoir plus…
Une nuée de puces pour Stargate… • OpenAI et Oracle s'apprêtent à installer 64 000 puces Nvidia GB200 dans un nouveau centre de données au Texas d’ici fin 2026, avec un premier déploiement de 16 000 unités cet été. Ce site est la première installation de leur projet d’infrastructure Stargate, annoncé en janvier. OpenAI et SoftBank étudient également d’autres emplacements aux États-Unis, dont la Pennsylvanie, le Wisconsin et l’Oregon. En savoir plus…
…Car ChatGPT croule sous les utilisateurs • ChatGPT a doublé son nombre d’utilisateurs actifs hebdomadaires en moins de six mois, atteignant 400 millions en février 2025, selon les informations d'Andreessen Horowitz. Cette accélération est attribuée aux nouvelles fonctionnalités comme l’Advanced Voice Mode. Sur mobile, l’application compte 175 millions d’utilisateurs. En savoir plus…
Noble a officiellement lancé USDN, un stablecoin adossé à des bons du Trésor américain avec un rendement actuel de 4,15 % par an.
Contrairement aux stablecoins dominants comme USDT et USDC, USDN redistribue ses revenus aux développeurs, validateurs et plateformes qui l’intègrent, plutôt qu’aux seuls émetteurs.
Le stablecoin repose sur l’infrastructure M^0, une couche intermédiaire permettant de créer des stablecoins personnalisés en s’appuyant sur un modèle de distribution programmable des rendements.
Un programme de points accompagne le lancement d’USDN, offrant aux utilisateurs des incitations supplémentaires via des options de staking et des coffres flexibles avec des rendements ajustables.
À SURVEILLER : Stablecoins et fonds monétaires. Avec USDN et d’autres initiatives similaires comme l’Origin Dollar (OUSD), la concurrence s’intensifie face aux stablecoins traditionnels, poussant le marché vers le partage des rendements.
Shield AI fait collaborer des pilotes humains avec des drones autonomes
La start-up de défense Shield AI, basée à San Diego, a finalisé une levée de fonds de 240 millions de dollars, consolidant ainsi sa position parmi les entreprises technologiques les plus valorisées du secteur. Shield AI, qui développe des drones et des logiciels d’autonomie avancée, prévoit d’utiliser ces fonds pour étendre son offre logicielle et toucher un plus large éventail d’acteurs, notamment les entreprises spécialisées en robotique.
Par Adair Turner
Ancien patron du gendarme financier britannique, la FSA, Adair Turner préside la Commission pour la transition énergétique du Royaume-Uni • DR
Nous le savons tous désormais, l’intelligence artificielle est une technologie immensément puissante, aux implications économiques considérables. Les cours de Bourse illustrent non seulement une grande confiance dans les perspectives des entreprises technologiques, mais également la conviction selon laquelle l’IA alimentera plus généralement une expansion économique. Le gouvernement britannique, actuellement obsédé par la croissance, considère le développement de l’IA comme une priorité absolue. De même, tous les participants au Forum économique mondial de Davos de janvier dernier souhaitaient entendre ce qu’avaient à dire les leaders mondiaux du secteur de l’IA.
Nous avons déjà connu ce type de période. Dans les années 1960, les ordinateurs étaient beaucoup trop volumineux et coûteux pour pouvoir être utilisés par d’autres que les plus grandes agences gouvernementales et entreprises. Les inquiétudes concernant « l’automatisation » étaient néanmoins si profondes que le président américain Lyndon Johnson fit réaliser une enquête sur le risque de voir les technologies informatiques « faire disparaître quasiment tous les emplois ». Il n’en fut rien. Au stade des années 1970, aucune explosion de la productivité n’avait eu lieu, et les craintes autour du chômage technologique s’étaient déjà apaisées.
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