L'impossible quête d’une IA sans biais

Pendant que Pitchbook analyse les investissements du trimestre dans l'IA, Valve bannit l'IA de Steam en cas de doute sur le droit d’auteur, un robot poisson analyse les fonds marins et la neutralité des modèles d'IA interroge. Bienvenue dans Qant, mardi 4 juillet.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Pour cela, ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022. Les articles qui requièrent le plus de travail humain demandent un abonnement.

L’ÉVÉNEMENT

A la recherche de la vérité perdue

Les biais “de gauche” de ChatGPT avaient provoqué, ce printemps, une première vague de chatbots conservateurs, Elon Musk en tête. La deuxième vague de chatbots open source “non censurés” pourrait causer tout autant de problèmes.

"Les opinions politiques s'opposent via les robots" (Midjourney)"Les opinions politiques s'opposent via les robots" (Midjourney)

Dès janvier dernier, une étude de l’institut néozélandais Te Pukenga montrait l’existence de biais dans ChatGPT: une propension à donner des réponses “libérales”, au sens américain, malgré ses affirmations de neutralité. Elon Musk en avait déduit la nécessité d’un IA réellement objective et créé une entreprise pour ce faire, TruthAI (lire Qant du 21 avril). Depuis, de nombreux modèles se sont lancés : Open Assistant, GPT4All, FreedomGPT… Eric Hartford vient de mettre en ligne 4 versions de son modèle open source “non censuré”, WizardML, disponibles sur Hugging Face.

Un récent article du New-York Times met en lumière que ces modèles sont susceptibles des mêmes errements que ceux dont les biais conservateurs sont délibérément affichés. Par exemple, début avril, un investisseur texan du nom d’Age of AI lance FreedomGPT, un chatbot sans aucun biais ni censure basé sur Alpaca, un modèle dégradé à partir de Llama qui peut fonctionner sur un simple ordinateur ou téléphone mobile (lire Qant du 3 avril). Contrairement à son prédécesseur ChatGPT, FreedomGPT peut discuter de n'importe quel sujet sans filtre, qu'il s'agisse de politique, de sexualité ou de religion. Un journaliste de BuzzFeed News a ainsi réussi à obtenir de lui des explications pour construire une bombe, mais également un éloge d'Hitler ou encore des recommandations pour commettre un suicide. Face aux critiques, ses créateurs mettent alors en avant la liberté au dépend de la sécurité. Le mois précédent, RightWingGPT, formé sur GPT-3 avec un ensemble de données représentant des points de vue "de droite" sur différences questions, affirmait rééquilibrer la balance face à un ChatGPT décrit par ses détracteurs comme woke.

Il devient facile de créer son propre chatbot avec sa propre vérité. Le réseau social de Donald Trump s’appelle Truth, comme le projet d’Elon Musk.

On s’en référera à Ponce Pilate : Quid est veritas ?

Pour en savoir plus :

Gladia prêt au combat

"Les robots français s'imposent en force" (Midjourney)"Les robots français s'imposent en force" (Midjourney)

Une deuxième startup française d'intelligence artificielle vient de clore un tour de table international. La bretonne Gladia, créée l’an dernier à Cesson-Sévigné par Jean-Louis Queguiner (ex-OVH) et Jonathan Soto (ex-Sigfox) n’a certes levé que 4 millions d’euros. Elle n’a d’ailleurs pas annoncé le tour de table. Mais combien de start-up en amorçage peuvent se targuer, comme elle, d’avoir convaincu Sequoia Capital, faiseur de rois dans la Silicon Valley? Basée sur le modèle Whippet d’OpenAI, la solution de Gladia propose une transcription audio multilingue en temps quasi réel, nettement plus rapide et efficace que les options existantes. A terme, Gladia envisage d'ajouter des fonctionnalités supplémentaires sur sa base technique solide, comme la traduction de texte, la création automatique de chapitres, l'analyse de sentiment et bien plus encore. Dans l’immédiat, une solution speech-to-text en français aussi efficace qu’Otter.ai l’est en anglais mériterait bien un pouce levé.

Pour en savoir plus:

L’ESSENTIEL : Apple, Blackrock, Contextual AI, Fidelity, Greyparrot, MIT, SEC, Valve

ROBOTS

Belle, un discret robot-poisson dans les fonds marins

Des chercheurs de l’ETH de Zurich ont développé un robot-poisson autonome appelé Belle, capable de recueillir des données précieuses sur la vie sous-marine sans perturber l'environnement marin.

Silencieuse et mobile comme un poisson, Belle utilise l'intelligence artificielle pour se naviguer sous l'eau, collecter des échantillons d'ADN environnemental (eDNA) et enregistrer des vidéos haute résolution tout en se fondant dans l'environnement des récifs coralliens. L'équipe espère que leur robot aidera les biologistes marins à étudier la santé et la biodiversité des différents écosystèmes de récifs qui ont été impactés par la surpêche, la pollution et le changement climatique.

Pour en savoir plus: Euronews

IA GÉNÉRATIVE

  • L’IA et les microprocesseurs au cœur de la relation nippo-européenne : A la veille de la visite à Tokyo de Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, l'Union européenne cherche à collaborer plus étroitement avec le Japon sur des technologies clés comme l'intelligence artificielle et les semi-conducteurs. Mais le Japon penche de son côté pour des réglementations plus souples concernant l'utilisation de l'intelligence artificielle que celles de l'Union européenne, dans le but de stimuler la croissance économique et de devenir un leader dans le domaine des puces avancées, selon Reuters.
    Pour en savoir plus: CNBC, Reuters

  • Valve ferme le robinet à l’IA : Le studio américain Valve a indiqué qu'il refuserait désormais de publier des jeux comportant des éléments générés par intelligence artificielle qui enfreignent les droits d'auteur.
    Pour en savoir plus: Engadget, PC Gamer

AI VISION

  • Contextual AI présente Lens, un nouveau framework qui utilise des grands modèles de langage (LLM) pour créer des modèles de vision par ordinateur. Lens permet à tout modèle de langage d'analyser des images et de réaliser des tâches comme la reconnaissance d'objets et le raisonnement visuel sans nécessiter de préformation supplémentaire.
    Pour en savoir plus: MarkTechPost

  • L’IA pour trier les déchets : Greyparrot, une startup britannique, a mis au point un système d'IA capable de reconnaître et d'analyser les déchets dans les installations de traitement et de recyclage, aidant ainsi à augmenter l'efficacité opérationnelle et à informer sur la conception des emballages.
    Pour en savoir plus: BBC

AR-VR-XR-MÉTAVERS

  • Une Vision Pro, mais déjà réduite : Selon le Financial Times hier, Apple a dû réduire considérablement ses prévisions de production pour son casque de réalité augmentée Vision Pro. En raison de complexités de conception, le fabricant chinois Luxshare prévoit de produire moins de 400 000 unités en 2024, soit bien en deçà de l'objectif initial de vente d'Apple d'un million d'unités au cours des 12 premiers mois.
    Pour en savoir plus: Reuters, Business Insider

BLOCKCHAINS

  • La SEC pourrait rejeter les ETF bitcoin de Blackrock et Fidelity: D’après le Wall Street Journal, la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine estime que les récentes demandes déposées par des gestionnaires d'actifs pour lancer des fonds négociés en bourse (ETF) sur le bitcoin au comptant sont insuffisantes. Elle en aurait informé les bourses Nasdaq et CBOE Global Markets. Les deux gestionnaires d'actifs devront mettre à jour leurs demandes pour répondre aux commentaires du régulateur.
    Pour en savoir plus: Forbes

QUANTUM

  • Le quantique voit la lumière : Des chercheurs du MIT ont découvert que des nanoparticules photovoltaïques innovantes peuvent émettre des flux de photons identiques, ouvrant potentiellement la voie à de nouvelles technologies de l'informatique quantique et à des dispositifs de téléportation quantique pour la communication.
    Pour en savoir plus: Sci Tech Daily

EXPERT : Pitchbook

IA : les investissements s’envolent… à peine

Malgré tout l’engouement pour l’IA générative, les investissements dans les start-up en intelligence artificielle restent en ligne avec 2022, sans l’augmentation attendue.

Investissements en IA de 2017 au T1 23. Source : PitchbookInvestissements en IA de 2017 au T1 23. Source : Pitchbook

Alors que partout ailleurs les investissements en capital-risque s’écroulent, l’IA se maintient : à 22,7 milliards de dollars, les sommes reçues par des start-up au premier trimestre sont en ligne avec 2020 et 2022, alors que l’année 2021 donne l’impression d’un hapax éphémère. Certes, les 10 milliards investis par Microsoft dans OpenAI ne se répèteront pas à chaque trimestre, mais cinq autres start-up ont levé plus de 100 millions de dollars.

...

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

Les derniers articles publiés