L'IA générative bascule vers la sécurité

Les cas d'usage de l'IA générative ne cessent de se multiplier : dans la cybersécurité avec Microsoft, les offres d'emploi avec LinkedIn, la création d'applications avec Langchain. Loin des projecteurs, la crypto est désavouée par Nvidia et le métavers par Disney. On tourne la page dans Qant, jeudi 30 mars.

SOMMAIRE

DÉCRYPTAGE : OpenAI invente le marketing millénariste.

IA GÉNÉRATIVE : Microsoft lance Security Copilot, un chatbot spécialisé dans la cybersécurité.

LinkedIn met en place un générateur de texte par IA pour inciter les professionnels à rédiger des articles.

Le framework LangChain incorpore LangFlow, une interface graphique pour faciliter la création d’applications avec les grands modèles de langage.

BLOCKCHAIN : Nvidia dénonce l’inutilité des cryptomonnaies.

RÉALITÉ VIRTUELLE ET AUGMENTÉE : Disney ferme sa division métavers.

IA GÉNÉRATIVE: DÉCRYPTAGE

Jouer à se faire peur

"Elon Musk est inquiet" (Stable Diffusion)"Elon Musk est inquiet" (Stable Diffusion)

En sonnant la charge contre l’intelligence artificielle, Elon Musk tombe dans le piège tendu par OpenAI. La start-up a su faire de la crainte que suscite l’IA depuis plus d’un siècle son principal argument. Bienvenue dans le marketing millénariste pour millenials.

Elon Musk a perdu son mojo. Non seulement Twitter a perdu plus de la moitié de la valeur depuis qu’il en a fait l’acquisition, mais l’opération lui a coûté la confiance des investisseurs dans Tesla. Et voici qu’OpenAI, une société de recherche qu’il avait cofondée avec le président de Y Combinator Sam Altman, se met à fleurir, prospérer et surtout capter toute la lumière. Or, l’entrepreneur sud-africain en est sorti à l’occasion du premier investissement de Microsoft, en 2020, en perdant d’après ses dires quelque 100 millions de dollars dans l’opération. Contrariant. Rageant. Pire : inquiétant, quand votre fonds de commerce consiste à faire rêver une foule de petits investisseurs persuadés de votre capacité messianique à faire advenir le futur.

En demandant avec d’autres personnalité de la Silicon Valley de mettre en pause l’entraînement des grands modèles au moins six mois, jusqu’à ce qu’une solution de réglementation soit mise en place, il justifie donc d’avoir abandonné l’avenir (OpenAI) pour le passé (Twitter). Mais il renforce en réalité le jeu d’OpenAI, qui veut s’imposer comme le seul éditeur responsable pour ces si dangereux logiciels.

Retrouvez la suite de ce décryptage demain dans Qant Expert. S’abonner (premier mois gratuit).


IA GÉNÉRATIVE : MODÈLES

Microsoft lance un modèle spécifique à la cybersécurité

"Le robot copilote" (Stable Diffusion XL)"Le robot copilote" (Stable Diffusion XL)Microsoft vient d'annoncer la création d'un modèle d’IA spécifique à la cybersécurité. Couplé à GPT-4 d'OpenAI, il lui permet de déployer la marque Copilot dans les derniers produits de Microsoft dont elle était absente (avec les jeux) : Microsoft Sentinel, Microsoft Defender et les autres logiciels de sécurité. Mais le Security Copilot sera également accessible en tant que tel, comme un “assistant” – le terme est désormais train de remplacer “chatbot” – destiné à aider les professionnels de la cybersécurité à comprendre les problèmes critiques et à trouver des solutions pour les résoudre. Le modèle de sécurité de Microsoft s’appuie sur les données générées par ses 8 000 spécialistes et les 65 000 milliards d’alerte de sécurité qu’ils reçoivent chaque jour, d’après l’éditeur, mais aussi sur les acquisitions de RiskIQ en 2021 et Miburo en 2022.

Security Copilot connaîtra l'environnement de sécurité du client qui l’utilise, mais ces données ne seront pas utilisées pour entraîner les modèles généraux. Cela peut être obtenu par un entraînement spécifique du modèle de sécurité ou, simplement par la fenêtre de contexte de GPT-4. L’assistant peut créer des diapositives PowerPoint résumant des incidents de sécurité, décrire l'exposition à une vulnérabilité active ou préciser les comptes impliqués dans une exploitation, en réponse à une invite textuelle saisie par une personne. L’utilisateur peut ensuite confirmer la réponse si elle est correcte ou sélectionner un bouton "hors cible" pour signaler une erreur, permettant d’améliorer la fiabilité du système. Pour l’heure, le Security Copilot n’est déployé que chez certains clients choisis – comme tous les autres copilotes que Microsoft promet dans ses logiciels.

Source : Microsoft

Pour en savoir plus : CNBC

IA GÉNÉRATIVE : APPLICATIONS

LangFlow, la GenAI par le glisser-déposer

"Le robot à l'école" (Stable Diffusion XL)"Le robot à l'école" (Stable Diffusion XL)Jusqu’à présent, la vitesse à laquelle évoluent les grands modèles de langage naturel (LLM) a pris de court les start-up qui proposent des applications qui font appel à eux. C’est ainsi que les principales applications de GPT-4 (Bing Chat et ChatGPT Plus) sont des modèles issus du tandem Microsoft/OpenAI. La multiplication des modèles d’entreprise dédiés laisse supposer, cependant, que les data scientists auront bientôt besoin d’un cadre où exercer leurs talents. C’est le pari de LangChainAI, le principal framework open-source qui permet de combiner facilement des modèles de langage avec des API et des fonctions, en introduisant des composants pour construire des interactions en langage naturel complexes et générer ainsi toute sortes d’applications, du chatbot à la génération de résumés, et bien d’autres. En "chaînant" ses différentes parties, des applications plus complexes basées sur des modèles de langage peuvent être développées.

LangFlow, sa nouvelle interface utilisateur graphique (GUI), simplifie les tests et la création d'applications intelligentes. Elle permet de personnaliser les paramètres des invites, de construire et gérer des chaînes d'agents, de surveiller le raisonnement de l'agent et d'exporter le flux. Le glisser-déposer permet de prototyper rapidement des idées. Elle laisse espérer que le mouvement no-code se saisira de la création d’applications en IA… un jour.

Source : LangFlow

Pour en savoir plus : MarkTechPost


IA GÉNÉRATIVE : CAS D’USAGE

Pour LinkedIn, la créativité passe par l’IA

"Le robot rédige sur LinkedIn" (Stable Diffusion XL)"Le robot rédige sur LinkedIn" (Stable Diffusion XL)Pour encourager la rédaction d'articles de référence, LinkedIn vient d'annoncer la mise en place d'un générateur de texte par IA. L'équipe éditoriale de la plateforme utilise ce système pour produire des articles courts visant à stimuler les échanges. Grâce au graphe de compétences (“SkillGraph”) de LinkedIn, des experts sont automatiquement conviés à contribuer en partageant leurs conseils, informations complémentaires et expériences. En récompense, un badge "Community Top Voice", d'une durée de 60 jours, leur est offert, pour qu’ils puissent accroître leur réseau d'abonnés et de contacts. Les membres de la plateforme peuvent quant à eux élire les contributions qu'ils jugent les plus pertinentes.

Le graphe de compétences fait lui-même appel à l’IA générative pour sa taxonomie. Un modèle issu de KG-Bert permet à une équipe dédiée de mettre à jour continuellement les quelque 39 000 compétences répertoriées sous 374 000 appellations différentes. L’IA a généré quelques 200 relations entre compétences, permettant de faire vivre une relation “polyhiérarchique” entre elles. Celui lui permet d’inférer des compétences complémentaires (si vous savez programmer en C, peut-être maîtrisez-vous aussi Python ?). Cela permet d’améliorer la pertinence des alertes et des offres d’emploi signalées aux membres et, par ce biais, d’augmenter les recettes issues du contenu sponsorisé.

Source : LinkedIn

Pour en savoir plus : KG-Bert, L’Usine Digitale


BLOCKCHAIN

Nvidia veut faire une croix sur les cryptos

"La fin des crypto-monnaies" (Bing Image Creator)"La fin des crypto-monnaies" (Bing Image Creator)Le fabricant américain de puces électroniques Nvidia a déclaré, à travers son directeur technique Michael Keagan, que les cryptomonnaies "n'apportent rien d'utile à la société", malgré la vente en grande quantité de ses processeurs puissants à ce secteur. Michael Keagan a affirmé que d'autres utilisations de la puissance de traitement, telles que des intelligences artificielles comme ChatGPT, étaient plus valables que l'exploitation de cryptomonnaies. La première version de ChatGPT a été entraînée sur un superordinateur composé d'environ 10 000 GPU Nvidia.

Nvidia n'a jamais été un fervent supporter de la communauté crypto. En 2021, l'entreprise a même lancé un logiciel qui limitait artificiellement la capacité d'utilisation de ses cartes graphiques pour miner la populaire cryptomonnaie Ethereum, afin de privilégier d'autres clients, tels que les chercheurs en IA et les gamers.

Source : The Guardian


RÉALITÉ VIRTUELLE ET AUGMENTÉE

Disney ferme la porte au métavers

"Mickey ferme la porte" (Stable Diffusion XL)"Mickey ferme la porte" (Stable Diffusion XL)Disney renonce à ses projets de métavers et va licencier toute son équipe dédiée à la narration interactive, selon les informations du Wall Street Journal. L'unité de narration et d'expériences pour les consommateurs de nouvelle génération, qui se concentrait sur l'élaboration de stratégies liées au métavers, a été supprimée dans le cadre d'une restructuration et d'un effort de réduction des coûts qui entraînera la suppression de 7 000 emplois. L'équipe, dirigée par Mike White, comptait environ 50 personnes. Elle était chargée d'explorer de nouvelles méthodes de narration interactive grâce à de nouveaux formats technologiques, comme un court métrage en réalité augmenté avec Brie Larson sorti en septembre 2022.

Source : Wall Street Journal

Pour en savoir plus : Business Insider


QUI SOMMES NOUS ?

"Deux robots-journalistes" (Dall-e)"Deux robots-journalistes" (Dall-e)

Qant, c'est le pari de deux journalistes d'accompagner les futures technologies de la presse et de l'audiovisuel, pour ne pas avoir à les subir : notamment l'IA générative, la réalité virtuelle et augmentée, le métavers et le Web3, mais aussi l'informatique quantique.

Qant, c'est le choix d'utiliser systématiquement des modèles d'intelligence artificielle pour rédiger et illustrer des articles qui restent conçus et édités par des humains. Écrire et illustrer avec l'IA, comme avec un traitement de texte, sans fantasmer sur un grand remplacement par les robots. Nous travaillons sur l’ingénierie d’invite (« prompt engineering ») pour mettre au point le traitement futur de l’actualité, dans le respect de la déontologie journalistique. Et c’est gratuit ! Pour en profiter c'est ici.

Qant Expert vous propose chaque semaine des analyses du marché, un modèle au banc d'essai, et une revue d'actualité détaillée. Vous recevrez gratuitement deux études par an, dont le Qant CES Report avec votre premier numéro.

Il faut s'abonner ici. C'est moins de dix euros par mois, et ça vous assure la reconnaissance des robots. Et même des journalistes.

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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