Elon Musk ouvre les vannes de xAI • Meta automatise la pub • Le NYT cède aux sirènes de l’IA • Vers un deal Samsung-Perplexity • Le casque Meta-Anduril transformera le fantassin en point de données • Healthtech : Abridge dépasse les 5 milliards de valorisation • Stablecoins : Stripe courtise les banques • Bienvenue dans Qant, mardi 3 juin 2025.


« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Morgan Stanley a entrepris la commercialisation de 5 milliards de dollars de dette émise par xAI, l’entreprise du groupe Musk qui regroupe le réseau social X et le modèle d’IA Grok. Le montage comprend un prêt à taux variable, un prêt à taux fixe et des obligations senior garanties (senior secured notes).
La banque d’affaires new-yorkaise aurait déjà placé 3,5 milliards sur 5 milliards, signe de l’appétit de Wall Street pour le papier d’Elon Musk, mais aussi pour le financement de datacenters comme le superordinateur Colossus dans le Tennessee, qui comptera l’an prochain, d’après xAI, un million de GPU. Pour l’heure, il approche des 200 000 GPU, avec un exaoctet de stockage et une bande passante mémoire totale de 194 pétaoctets par seconde.
Par ailleurs, la start-up d’IA créée en 2023 cherche, d’après le Financial Times, de nouveaux investisseurs à hauteur de 300 millions de dollars, ce qui permettra notamment aux salariés de céder leurs actions.
À SURVEILLER : La fuite en avant. Cette opération secondaire aura surtout pour effet de consolider la valeur d’entreprise totale de 113 milliards sur laquelle xAI a absorbé le réseau social X en mars dernier, permettant à Elon Musk de préserver la valeur à laquelle il avait fait l’acquisition de Twitter en 2022 (44 md$). Une divine surprise pour des actionnaires, comme Fidelity, qui avaient effacé de leurs comptes plus des trois quarts de la valeur de cette désastreuse opération, valorisant X-Twitter à moins de 10 milliards en octobre 2024. Mais pour en assumer le poids, xAI devra rapidement lever un nouveau tour de table.
Meta prévoit de lancer d’ici fin 2026 des outils publicitaires basés sur l’intelligence artificielle capables de générer automatiquement images, vidéos et textes à partir d’un simple visuel produit et d’un budget, révèle le Wall Street Journal.
Ces outils pourront également personnaliser les campagnes en temps réel selon des critères comme la géolocalisation, en adaptant l’esthétique des publicités aux contextes locaux.
L’objectif affiché est de rendre le processus publicitaire entièrement autonome, y compris la création, le ciblage, le budget et la diffusion sur Facebook et Instagram.
En 2024, la publicité représentait plus de 97 % du chiffre d’affaires de Meta, finançant ses investissements massifs dans les puces, centres de données et modèles d’intelligence artificielle.
À SURVEILLER : L’impact sur les agences. Les outils de Meta menacent de bouleverser la chaîne de valeur publicitaire, notamment pour les grands groupes comme WPP ou Publicis, qui ont vu leurs actions chuter à l’annonce du projet.
Le New York Times a signé un accord pluriannuel avec Amazon autorisant l’usage de ses contenus éditoriaux dans les produits et services d’intelligence artificielle du géant technologique.
L’accord inclut les contenus de NYT Cooking et The Athletic, ainsi que des résumés et extraits affichés en temps réel sur des services comme Alexa.
Les contenus du NYT seront également utilisés pour l’entraînement des modèles de fondation propriétaires d’Amazon.
Cet accord marque le premier partenariat de ce type du NYT dans le domaine de l’IA générative, sans que les termes financiers de l’accord ne soient dévoilés.
EN FILIGRANE : Combat judiciaire. Début 2024, le journal a notamment lancé une procédure, toujours en cours, contre OpenAI et Microsoft (lire Qant du 8 janvier 2024).
À SURVEILLER : Modèle économique. Sous pression comme jamais de la part de l’administration Trump, les grands médias américains voient leurs sources d’audience s’éroder ou disparaître, des réseaux sociaux à la recherche sur Google. Seule l’IA leur offre la perspective de recettes nouvelles, fussent-elles modestes.
Coopérer avec des agents autonomes. • Qant avec GPT-4o
Coordonner plusieurs agents autonomes pour qu’ils atteignent un objectif commun est l’un des défis centraux de l’intelligence artificielle moderne. Cette problématique, appelée prise de décision coopérative multi-agent (multi-agent cooperative decision-making), concerne autant les robots collaboratifs que les voitures autonomes ou les agents conversationnels.
Dans une synthèse récente, des chercheurs de l’université Jiaotong de Xi’an, de l’université de Hong Kong et d'Imperial College London dressent un état des lieux de ce champ de recherche. L’article recense les principales approches, les plateformes de simulation utilisées, et les domaines d’application, tout en proposant une taxonomie précise des méthodes fondées sur l’apprentissage par renforcement ou les modèles de langage.
Le papier détaille plusieurs innovations récentes, comme l’intégration du raisonnement en langage naturel dans l’apprentissage, la communication adaptative entre agents, ou l’emploi de mesures d’information mutuelle pour améliorer la coordination. Mais les auteurs identifient plusieurs obstacles. D’abord, le passage à l’échelle reste difficile : la coordination de dizaines, voire de centaines d’agents, pose des problèmes de communication et d’attribution du mérite. Ensuite, la plupart des modèles manquent de transparence : il est encore difficile de comprendre pourquoi un système multi-agent adopte telle stratégie plutôt qu’une autre.
Samsung lorgne sur Perplexity • Samsung envisage d’investir dans Perplexity et d’intégrer sa technologie dans ses smartphones. Proche d’être conclu, l’accord inclut l’installation native de l’application Perplexity et l’intégration de son moteur de recherche dans le navigateur par défaut des téléphones Galaxy. Certaines fonctions de l’assistant Bixby de Samsung seront également renforcées par l’IA de Perplexity. Seul hic dans les négociations : d’autres fabricants, comme Motorola et semble-t-il Apple, s’intéressent aussi à une collaboration avec Perplexity. En savoir plus…
Essaie Ankar : 3 millions • Créée au Royaume-Uni par deux françaises, Tamar Gomez et Wiem Gharbi, la start-up Ankar s’est spécialisée dans les agents d’IA appliqués à la propriété intellectuelle. Elle veut automatiser et simplifier le processus de dépôt de brevets, jugé trop chronophage et inefficace. Ankar utilise l’IA pour générer des mémos techniques, détecter les antériorités et reformuler les inventions afin de les rendre brevetables. Après un an d’activité et des clients comme Valeo, la jeune pousse lève 3 millions de livres auprès d’Index Ventures, Daphni, Motier Ventures, Booom et Puzzle Ventures, avec le soutien d’Olivier Pomel (Datadog) et Julien Chaumond (Hugging Face). En savoir plus…
Encore une gigafab à Abu Dhabi • TSMC envisage la construction d’une usine de semi-conducteurs de pointe aux Émirats arabes unis, un projet encore à l’étude et soumis à l’approbation de l’administration Trump. L’usine serait comparable à celle en cours de développement en Arizona, estimée à 165 milliards de dollars. En savoir plus…
L’armée américaine dans le métavers • Qant, M. de R. avec GPT-4o
Le créateur de drones de combat Anduril prend la main sur développement de casques de réalité mixte intégrant des capacités d’intelligence artificielle pour les forces armées américaines.
Le dispositif, baptisé EagleEye, repose sur le système de commandement Lattice d’Anduril et sur les technologies issues de Reality Labs et du modèle Llama de Meta.
Le casque vise à offrir aux soldats un affichage en temps réel des données de terrain, avec une perception augmentée et un contrôle intuitif des plateformes autonomes.
Le programme s’inscrit dans le cadre du Soldier Borne Mission Command (SBMC) Next, qui a succédé au programme Ivas initialement attribué à Microsoft en 2018 pour un montant total de 22 milliards de dollars.
À SURVEILLER : Du métavers à la robotique. On peut imaginer que les casques XR deviennent une nouvelle interface pour la conduite de drones, plus évoluée que les tablettes, télécommandes et joysticks actuels. Mais surtout, ils s’inscrivent dans une logique qui pourra transformer, à terme, chaque fantassin en un nœud de traitement de données, en essaim avec une multitude de robots semi-autonomes.
La start-up américaine Abridge AI prépare une levée de 300 millions de dollars, menée par le fonds Andreessen Horowitz, selon l’agence Bloomberg.
Cette levée valorise la start-up, basée à Pittsburgh, à 5,3 milliards de dollars, contre 2,75 milliards en février après un précédent tour de table de 250 millions (lire Qant du 19 février).
Le tour de financement actuel comprend également la participation de Khosla Ventures, aux côtés d’investisseurs historiques comme IVP, Elad Gil, Spark Capital, Bessemer et Union Square Ventures.
Fondée en 2018, Abridge développe un logiciel d’intelligence artificielle permettant de transcrire automatiquement les échanges entre médecins et patients.
À SURVEILLER : La factualité de l’IA. Les outils de transcription médicale pourraient transformer durablement les pratiques administratives dans le secteur de la santé, à condition de réduire considérablement le taux d’erreur.
Stripe, qui a entamé des discussions pour l’intégration des stablecoins dans les offres des banques américaines, affirme ressentir un intérêt réel et croissant chez ses interlocuteurs.
L’entreprise a récemment lancé plusieurs produits liés aux stablecoins, dont une plateforme permettant aux fintechs de créer des cartes adossées à ces actifs, et des comptes en stablecoins disponibles dans 101 pays.
L’acquisition de la plateforme Bridge pour 1,1 milliard de dollars a renforcé l'expertise de Stripe, qui emploie désormais environ 100 personnes sur les projets de stablecoins et prévoit d’en recruter davantage à San Francisco, New York, Dublin et Londres.
Stripe espère notamment utiliser les stablecoins pour réduire les frais de change sur les transferts internationaux, souvent lents et coûteux.
EN FILIGRANE : La concurrence. Plusieurs banques américaines dont JP Morgan, Bank of America, Citigroup et Wells Fargo, préparent l’intégration des stablecoins à leurs systèmes de paiement communs, Early Warning Services (Zelle) et The Clearing House.
À SURVEILLER : Les enjeux. On estime que pour Stripe, basculer sur des stablecoins le volume de paiements qu’elle intermédie générerait des dizaines de milliards de dollars en intérêts des bons du Trésor américains sous-jacents. Une manne pour l’administration Trump, qui voit petit à petit les marchés obligataires lui tourner le dos.
Aperçu de l'évolution des scénarios et des méthodes de prise de décision, des systèmes mono-agents aux systèmes multi-agents. • Weiqiang Jin et al.
Coordonner plusieurs agents autonomes pour qu’ils atteignent un objectif commun est l’un des défis centraux de l’intelligence artificielle moderne. Cette problématique, appelée prise de décision coopérative multi-agent (multi-agent cooperative decision-making), concerne autant les robots collaboratifs que les voitures autonomes ou les agents conversationnels.
Dans une synthèse récente, des chercheurs de l’université Jiaotong de Xi’an, de l’université de Hong Kong et d'Imperial College London dressent un état des lieux de ce champ de recherche. L’article pré-publié recense les principales approches, les plateformes de simulation utilisées et les domaines d’application, tout en proposant une taxonomie précise des méthodes fondées sur l’apprentissage par renforcement ou les modèles de langage.
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