Les mœurs financières des cryptos sur la sellette

Pendant que le monde semble assez sceptique sur les perspectives de réussite du plan français dans l'IA, le FMI lance une plate-forme pour les CBDC, la police singapourienne embauche des robots, et une ombre descend sur Crypto.com. Bienvenue dans Qant, le mardi 20 juin.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » (Paul Virilio)

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Pour cela, ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022. Les articles qui requièrent le plus de travail humain demandent un abonnement.

L’ÉVÉNEMENT

Que prépare la longue litanie des pratiques douteuses des cryptos ?

Pendant que la France engage à son tour des poursuites contre Binance, la plateforme Crypto.com se trouve épinglée pour avoir mélangé les rôles d’investisseur et de place de marché.

"Les acteurs crypto multiplient les mauvaises pratiques" (Midjourney)"Les acteurs crypto multiplient les mauvaises pratiques" (Midjourney)

Après le scandale de la banqueroute de la plateforme crypto FTX, provoquée par les activités spéculatives de sa société-sœur, Alameda Research, les pratiques d’animation et d’investissement dans les “échanges” de crypto-actifs ne cessent de générer de nouveaux doutes.

Hier, le Financial Times a révélé que la plate-forme Crypto.com déployait des équipes internes dont elle avait nié l’existence pour animer certains jetons sur son marché. La plateforme singapourienne, parmi les dix premières places de marché de cryptomonnaies au monde, nie toute illégalité, précisant que son "market maker" interne est traité exactement de la même manière que les "market makers" tiers. Le quotidien britannique, dont la révélation ont provoqué la chute d’entreprises de la taille de l’allemande Wirecard en 2021, fait état de cinq sources distinctes. Il remarque que le gendarme de la bourse new-yorkaise, la SEC, a épinglé Binance, le leader du secteur, précisément pour la même raison.

Parmi les 13 accusations que la SEC a formulées contre Binance (lire Qant du 29 mars), figure en effet l'utilisation d'une société de trading appartenant au PDG Changpeng Zhao pour s'engager dans un "trading manipulatoire qui gonfle artificiellement le volume des échanges de la plateforme". Au début du mois, la SEC américaine avait engagé des poursuites contre Coinbase et Binance, accusant ces deux importantes bourses de cryptomonnaies de violation de ses règles, et en particulier d'avoir échangé plusieurs cryptoactifs sans les avoir enregistrés en tant que valeurs mobilières. Les deux plates-formes contestent l'autorité de la SEC en la matière, s'identifiant comme des traders de matières premières dépendant de la CFTC.

Une affaire de mœurs

Binance fait également l'objet d'une enquête par les autorités françaises pour des soupçons de fourniture illégale de services de crypto-monnaies et de blanchiment d'argent aggravé. Le Monde a rapporté vendredi que cette enquête préliminaire, qui a commencé en février 2022, est dirigée par le service d'enquête judiciaire financier sous l'autorité des autorités de Paris. La France avait été choisie par Binance comme premier pays où se donner une existence juridique, après être devenue leader mondial des cryptos sans autre implantation que numérique.

En matière d’animation de cours et de murailles de Chine internes, les premières années des cryptos ont indiscutablement laissé aux pionniers des mœurs très permissives, qu’elles s’avèrent légales ou non selon les pays. Rien de tout ceci cependant n’entache l’enthousiasme retrouvé pour les crypto-actifs. Portés notamment par la transformation d’Ethereum et la perspective du halving sur la chaîne Bitcoin (lire Qant du 30 mai et du 13 avril), ils ont en général retrouvé leur valeur de la fin 2020.

Binance a réussi, pour l’heure, à éviter la saisie de ses actifs aux Etats-Unis. Mais son marché semble destiné à suivre la direction des stablecoins, qui forment l’interface entre la finance traditionnelle et les cryptos. Certains acteurs, comme le leader Tether, ont quitté les Etats-Unis après avoir payé de fortes amendes et se sont installés sous les cieux plus cléments des Bahamas. D’autres, comme Circle, se sont créés pour offrir une passerelle parfaitement en règle pour les investisseurs, permettant à Wall Street de s’ouvrir aux cryptos

J.R.

Sources:

L’ESSENTIEL : Adobe, FMI, IBM, LG, Meta

ROBOTS

A Singapour, la police patrouille avec des robots

La police de Singapour a introduit des robots patrouilleurs à l'aéroport de Changi. L’initiative s'inscrit dans un plan à long terme d'augmenter la présence policière avec une technologie avancée.

Hauts de plus de 2 mètres lorsqu'ils sont complètement déployés et dotés d'une vision à 360 degrés, deux robots patrouillent aux côtés des agents de police de police dans l’aéroport de Singapour. Ils sont équipés de haut-parleurs intégrés pour diffuser des messages audio, d'un écran LCD à l'arrière pour afficher des messages visuels et de plusieurs caméras pour une vision à 360 degrés. En cas d'incident, ces robots sont capables de faire respecter les cordons de sécurité et d'avertir les passants en attendant l'arrivée des agents humains. Le public peut également communiquer directement avec la police en appuyant sur un bouton situé à l'avant des robots.

Pour en savoir plus : CNN

IA GÉNÉRATIVE

  • IBM et Adobe s’associent pour une supply chain dopée à l’IA : IBM a annoncé son intention de renforcer son partenariat avec Adobe. Elle intégrera les services Sensei GenAI d'Adobe à ses applications de logistique et de gestion de la chaîne d’approvisionnement. Avec le soutien d'une équipe de consultants d'IBM Consulting, les modèles d'IA générative seront déployés dans toutes les procédures de conception et de création.
    Pour en savoir plus: Analytics India

  • LG accélère sa recherche dans l’IA : LG AI Research a révélé une intelligence artificielle générative appelée "Captioning AI" capable de décrire une image en cinq phrases en moins de 10 secondes, une technologie qui devrait contribuer de manière significative à l'établissement d'une plateforme de recherche et de gestion d'images.
    Pour en savoir plus : Korea Joongang Daily

AR-VR-XR-MÉTAVERS

  • Meta allège la restriction d’âge de son casque Quest : Meta a annoncé qu'elle allait abaisser l'âge minimum requis pour utiliser Quest de 13 à 10 ans, en introduisant simultanément des comptes gérés par les parents pour Quest 2 et le prochain Quest 3 afin de garantir la sécurité des préadolescents.
    Pour en savoir plus: Road to VR

BLOCKCHAINS

  • Le FMI accompagne le développement des CBDC : Le Fonds monétaire international travaille sur une plateforme pour les monnaies numériques des banques centrales (CBDC) afin de permettre des transactions entre les pays, a déclaré Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI.
    Pour en savoir plus: Reuters

EXPERT : La France et l’IA dans le monde

Même pas peur

L’annonce des ambitions françaises dans l’IA et la tech n’a eu que peu d’effets à l’étranger. A défaut de relations presse, peut-on s’attendre à des effets plus substantiels des milliards promis ? Probablement pas : too little, too late.

"Emmanuel Macron avance frontalement avec l'IA" (Midjourney)"Emmanuel Macron avance frontalement avec l'IA" (Midjourney)

500 millions d’euros pour l’IA ; 7 milliards de nouveaux investissements directs dans la décarbonations et la technologie, générant plus de 35 milliards d’investissements totaux : le Président de la République n’y est pas allé de main-morte, la semaine dernière, lors de sa visite à Vivatech. La canadienne Reuters a ignoré le discours mais les deux principales agences américaines, Associated Press et Bloomberg, ont toutes deux proposé des dépêches à leurs clients et leur écosystème. Sans grand effet, même en Europe.

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

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Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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