De P.IA.f à Spinoz.IA, un nouveau monde
Pendant que l'IA fait parler Edith Piaf dans son propre biopic, Reporters Sans Frontières lance un projet d'IA open source pour journalistes et des chercheurs de Berkeley proposent une solution aux problèmes de mémoire des LLM. Bienvenue dans Qant, mercredi 15 novembre 2023.
« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.
DERNIÈRE MINUTE
L’IA pour ressusciter la Môme
Warner prépare un biopic d’Edith Piaf, raconté par la propre voix de la chanteuse, reconstituée avec l’IA.
“Edith Piaf chante en coeur avec le robot” (Qant, M. de R. avec Midjourney)
Soixante ans après son décès, la voix d'Édith Piaf sera recréée par intelligence artificielle pour narrer son biopic. Ce projet, développé en partenariat entre Warner Music Group (WMG), la société de production Seriously Happy et les héritiers de la Môme, se propose d'utiliser des centaines d'enregistrements vocaux de la chanteuse pour entraîner l'IA. Julie Veille, déjà réalisatrice de documentaires sur Diana Ross, Sting et Stevie Wonder, est à l'origine du projet.
Le film, simplement intitulé Edith, combinera animation moderne et images d'archives, incluant des performances sur scène et à la télévision, des séquences personnelles et des interviews. Il veut offrir une représentation fidèle des moments significatifs de la vie d'Edith Piaf. En conséquence, il n'est pas prévu d'utiliser cette technologie pour créer de nouvelles musiques, comme cela a pu être le cas pour les Beatles (lire Qant du 30 octobre).
Pour en savoir plus:
L’ÉVÉNEMENT
Spinoza, l’IA pour un journalisme de confiance
Reporters sans frontières et l’Alliance de la presse d’information générale tâchent de créer un outil d’IA générative à destination des journalistes.
Spinoza rencontre le robot (Qant, M. de R. avec Midjourney)
Reporters sans frontières (RSF), en collaboration avec l’Alliance de la presse d’information générale, viennent de lancer le "projet Spinoza". Présenté pour la première fois en septembre dernier, il prépare un outil d’IA spécifiquement conçu pour les journalistes, en garantissant la propriété intellectuelle des médias sur leurs publications. Le but est donc de développer une culture de l'IA et de la technologie au sein de la communauté des journalistes, en leur offrant un outil fiable et transparent. Le modèle de langage utilisé sera open source, pour permettre aux médias qui le désirent de développer leurs propres outils à partir de l’expérience du projet.
Un premier prototype, commandé à la société Ekimetrics, devrait être réalisé d'ici à la fin 2023. Il se focalisera sur le traitement d'informations liées au changement climatique, permettant aux journalistes d'accéder à trois bases de données vectorielles, incluant les données du Giec, des articles scientifiques et d’autres de presse. “Le projet n’est pas de rédiger des articles, mais de produire rapidement des synthèses d’informations précises et sourcées” remarque Vincent Berthier, responsable du bureau technologies chez RSF. L'outil, financé par RSF et l’Alliance, est conçu en collaboration avec des journalistes de divers médias, pour s'assurer qu'il réponde à leurs besoins spécifiques.
Culture de l’IA et droits voisins
Le projet Spinoza se présente comme une manière d’appréhender les défis posés aux médias par l'IA générative : “Ce projet est aussi une expérimentation. Pour RSF, c’est une manière d’en apprendre encore plus sur l’IA” , continue Vincent Berthier qui rappelle le rôle des médias : “La proposition de Spinoza est de dire : les modèles d’IA ne peuvent pas se former sans les données des médias. Ces dernières ont une valeur et une importance. Il va falloir s’attaquer au problème de la répartition de la valeur : il y a une industrie qui en dépend ”.
Sa position est partagée par la profession bien au-delà de la France. Aux États-Unis par exemple, la News Media Alliance, qui représente quelque 2200 éditeurs, affirme que les créateurs de modèles comme OpenAI privilégient les articles de presse par rapport au contenu générique en ligne pour l’entraînement des modèles et que les chatbots reproduisent parfois des extraits d'articles dans leurs réponses, ce qui pourrait constituer une violation du droit d'auteur (lire Qant du 10 novembre).
Pour en savoir plus :
L’ESSENTIEL : Anthropic, BNP Paribas, CivitAI, Goldman Sachs, OpenAI, Ripple, Snap
ROBOTS
Le robot se donne de l’air
Un robot-chimiste est parvenu, grâce à l’IA, à extraire de l’oxygène à partir de matériaux provenant de la planète Mars.
Une équipe de chercheurs chinois a mis au point un robot chimiste, alimenté par l'intelligence artificielle, capable d'extraire l'oxygène de l'eau sur Mars. Le robot fabrique des catalyseurs qui décomposent l'eau pour libérer de l'oxygène. Cette technologie pourrait soit compléter les méthodes existantes de production d'oxygène, soit mener au développement d'autres catalyseurs pour synthétiser des ressources utiles sur Mars. Dirigée par Jun Jiang de l'université des Sciences et Technologies de Chine à Hefei, l'étude a utilisé une machine mobile avec un bras robotique pour analyser des météorites, soit d'origine martienne, soit similaires au sol martien.
Le système IA a dissous et séparé les matériaux, puis analysé les composés résultants. Ces analyses ont permis de trouver une formule chimique, parmi plus de 3,7 millions, pour un catalyseur capable de décomposer l'eau, processus qui aurait pris 2 000 ans à un chercheur humain. Le résultat est un catalyseur de réaction d'évolution de l'oxygène, potentiellement utilisable dans une future mission sur Mars. Les chercheurs suggèrent que le robot chimiste pourrait être utilisé pour produire d'autres catalyseurs utiles sur Mars, comme pour la fertilisation des plantes. Ils envisagent d'étendre son utilisation à d'autres domaines, tels que le sol lunaire.
Pour en savoir plus : Financial Times
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
L’influence de l’IA sur les élections inquiète la Grande-Bretagne : Le Centre National de Cybersécurité britannique avertit que l'intelligence artificielle, notamment les "deepfakes", représente une menace pour les prochaines élections au Royaume-Uni, exacerbée par l'émergence de cyberattaques de pays hostiles. Intégré à l'agence britannique de cyberespionnage GCHQ, le Centre souligne le défi que représente la montée en puissance de la Chine dans le cyberespace et les risques que cela pose pour les intérêts britanniques.
Pour en savoir plus: Associated PressL’IA pour lutter contre le risque cardiaque : Une étude de l'Université d'Oxford, financée par la British Heart Foundation, a découvert que l'intelligence artificielle pourrait être utilisée pour estimer le risque d'attaque cardiaque jusqu'à 10 ans à l'avance, en améliorant l'analyse des scanners cardiaques. Cette technologie pourrait non seulement sauver des milliers de vies, mais aussi améliorer les traitements pour près de la moitié des patients examinés.
Pour en savoir plus: The GuardianÀ l’appel de Jacinda : OpenAI et Anthropic ont rejoint Meta, Microsoft et Google au sein de l'initiative Christchurch Call to Action, lancée par la Nouvelle-Zélande et la France pour lutter contre la diffusion en ligne de contenus terroristes et extrémistes après l'attaque terroriste de 2019 à Christchurch. Dirigée par l'ancienne première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern, l’initiative comprend désormais tous les grands de l’IA, mais elle s’étend bien au-delà. Elle compte plus de 50 gouvernements nationaux et presque 20 éditeurs de plates-formes, d’Amazon à Zoom via Roblox.
Pour en savoir plus: AxiosLes dérives de CivitAI : CivitAI, une plateforme pour le partage de créations d'IA en open source, vient d'introduire une fonctionnalité nommée "bounties" pour récompenser la création de deepfakes réalistes de personnes réelles. Sans surprise, elle est utilisée principalement pour recréer l'apparence d’influenceuses et d’autres célébrités généralement féminines, sans leur consentement.
Pour en savoir plus: 404 Media, Engadget
BLOCKCHAINS
Goldman Sachs et la BNP misent sur Fnality : Fnality, une entreprise de paiements en gros basée sur la blockchain, a levé 77,7 millions de livres sterling (95,09 millions de dollars) dans un second tour de financement mené par Goldman Sachs et BNP Paribas. Cette levée de fonds servira à établir un réseau mondial de gestion de liquidités fonctionnant en continu pour de nouveaux modèles de paiement numérique dans les marchés financiers de gros et les marchés émergents d'actifs tokenisés.
Pour en savoir plus: Reuters, BloombergRipple sous la vague : Les cryptomonnaies Solana, Avalanche et Chainlink ont chuté de 8% à 12% après la publication d'un faux enregistrement de BlackRock pour un Trust XRP, entraînant une baisse générale des marchés de cryptomonnaies. Avant d’être douché par le démenti de BlackRock, le marché s’était envolé, avec notamment une hausse de 10% du XRP de Ripple.
Pour en savoir plus: Bloomberg, Coin Desk
AR-VR-XR
Pour un Snap de lentilles : Lors de son événement annuel Lens Fest pour les développeurs, Snapchat a annoncé l'intégration de Lenses, des expériences de réalité augmentée qui apparaissent à l'intérieur de l'appareil photo Snapchat, alimentées par ChatGPT. Ces nouvelles “lentilles” permettront des interactions de type questions-réponses en utilisant ChatGPT. Elles s'ajoutent à d'autres outils de création basés sur l'IA annoncés par Snap, notamment un générateur de masques faciaux en 3D. Les marques peuvent ainsi entrer en contact avec les consommateurs à grande échelle, non pas seulement via une impression, mais par un "temps de jeu".
Pour en savoir plus: The Verge
EXPERT
Lord of the Ring Attention
En segmentant en blocs la séquence d’entrée dans un LLM (prompt+contexte), Ring Attention promet une fenêtre d’attention quasi infinie. Cela pourrait représenter une étape significative dans l'évolution des transformers, en offrant une architecture plus efficace dans la gestion de la mémoire.
“Un anneau pour faire fonctionner l’IA” (Qant, M. de R. avec Midjourney)
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