Les cartes de Mastercard donneront accès à Ethereum • La tokenisation entre au cœur du Canton Network • Abridge décolle dans la transcription médicale • IBM et Riken créent un supercalculateur quantique • Anthropic et OpenAI identifient les risques de désalignement émergents chez les agents d’IA • Bienvenue dans Qant, jeudi 26 juin 2025.


« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Mastercard voit gros dans les cryptos. • Qant avec GPT-4o
Mastercard et le réseau “d’oracles” Chainlink lancent un service d’achat de cryptomonnaies pour les titulaires de carte dans le monde entier, avec une conversion sécurisée entre les devises “fiat” et les crypto-actifs.
Plusieurs start-up du Web3, dont Zerohash, Swapper Finance, Shift4 Payments, XSwap et le protocole Uniswap, fournissent l’infrastructure technique et réglementaire du dispositif.
Le système repose sur une architecture non custodiale et simplifiée intégrée à Swapper Finance, utilisant l’abstraction de compte pour faciliter l’usage par des non-initiés.
L’objectif annoncé est de “lever les obstacles d’accès aux cryptomonnaies”: interfaces complexes, manque de solutions de conversion fiables. Curieusement, on évite de préciser quels cryptoactifs pourront réellement être achetés.
Uniswap et XSwap supportent de nombreux tokens ERC-20 sur Ethereum : il est donc probable que les utilisateurs de Mastercard pourront en premier lieu acheter de l’ether (ETH) et des stablecoins (USDT, USDC), et du bitcoin via Chainlink.
EN FILIGRANE : Chainlink agit comme un pont entre les les blockchains comme Bitcoin ou Ethereum et les données off-chain comme des prix de marchés, des conditions météorologiques, des résultats d’élections – ou le système interbancaire de Mastercard. Les “oracles” sont rémunérés en jetons pour certifier les informations.
À SURVEILLER : Un embryon de plateforme d’échange. Mastercard multiplie les initiatives liées aux actifs numériques depuis 2024, incluant des cartes crypto avec Kraken et MetaMask, et la tokenisation de 30 % de ses transactions en 2024. Grâce à ces accords, le réseau pourra faire levier sur ses 3 milliards de titulaires de carte pour devenir une des premières plateformes d’achat et de vente de crypto, notamment de stablecoins, au fur et à mesure de leur introduction dans les systèmes de paiements.
L’essor du RWA. • Qant avec GPT-4o
Digital Asset a levé 135 millions de dollars auprès d’investisseurs comme Goldman Sachs, Citadel Securities, BNP Paribas et la Depository Trust & Clearing Corporation, dans le cadre d’un tour dirigé par DRW Venture Capital et Tradeweb Markets.
Ce financement vise à accélérer l’adoption du Canton Network (lire Qant du 12 mai 2023), une blockchain publique level-1 conçue pour les institutions financières, avec des fonctionnalités de confidentialité configurables et de conformité réglementaire.
Depuis son lancement en mai 2023, le Canton Network a été utilisé pour des pilotes par Microsoft, Deloitte, Euroclear, Clifford Chance, le World Gold Council et DTCC, permettant plus de 350 transactions simulées avec 15 gestionnaires d’actifs, 13 banques, 4 dépositaires et 3 bourses.
EN FILIGRANE : La gouvernance du Canton. Le réseau est gouverné par la Global Synchronizer Foundation (GSF), une organisation indépendante à but non lucratif sous l’égide de la Linux Foundation, garantissant la neutralité et la collaboration dans l’évolution du réseau. Pour les smart contracts, Canton utilise le langage Daml de Digital Asset, permettant la création de workflows complexes multipartites avec contrôle de la confidentialité.
À SURVEILLER : L’essor du RWA. Le marché des actifs réels tokenisés (RWA) a connu une croissance de plus de 260 % au premier semestre 2025 selon un rapport de Binance, dépassant les 23 milliards de dollars, soutenu par une clarification réglementaire croissante. La multiplication des projets de tokenisation par les grandes institutions financières ne fera qu’accélérer la tendance.
Séoul s’inquiète des perturbations de marché à cause des stablecoins • La Banque de Corée souhaite que l’émission de stablecoins adossés au won soit d’abord réservée aux banques commerciales, a déclaré le vice-gouverneur Ryoo Sangdai, estimant que ces institutions offrent un cadre réglementaire plus strict. Le lancement serait progressif et pourrait ensuite s’étendre aux acteurs non bancaires. Il a également réaffirmé les réserves de la banque centrale sur ces actifs, évoquant notamment le risque d’accélération des sorties de capitaux et les effets possibles sur la libéralisation des changes et l’internationalisation du won. Parallèlement, la Banque de Corée poursuit ses tests sur une monnaie numérique de banque centrale, qu’elle considère comme un contrepoids aux stablecoins. En savoir plus…
Le médecin IA lève des millions. • Qant avec GPT-4o
La société américaine Abridge a levé 300 millions de dollars lors d’un tour de table que nous annoncions en début de mois et dirigé par Andreessen Horowitz, avec la participation de Khosla Ventures.
Fondée en 2018 par un cardiologue de Pittsburgh, Shiv Rao, Abridge propose une application d’écoute ambiante, qui transcrit automatiquement les échanges entre médecins et patients, réduisant la charge administrative des praticiens.
Sa technologie, intégrée au logiciel Epic Systems, est déjà utilisée par plus de 150 systèmes de santé aux États-Unis. Elle générera plus de 50 millions de transcriptions médicales cette année.
EN FILIGRANE : Cette levée de fonds porte, selon le Wall Street Journal, la valorisation de l’entreprise à 5,3 milliards de dollars, contre 2,75 milliards en février, où la société avait levé 250 millions de dollars (lire Qant du 19 février), soit une multiplication par deux en quatre mois.
À SURVEILLER : Cheval de Troie. La transcription médicale automatiséesemble plus facile à adopter, pour les systèmes de santé, que l’intelligence artificielle clinique, elle-même en plein boom.
Tout un roman • La décision de mardi sur le fair use et Anthropic (lire Qant du 25 juin) a été confirmée hier par un autre juge fédéral à San Francisco, qui a débouté un groupe d’écrivains contre Meta au nom de la même exception au droit d’auteur, qui rend légitime l’utilisation de livres pour l’entraînement de modèles d’IA. De quoi rassurer Microsoft, frappé le même jour par une plainte d’auteurs de livres utilisés pour l’entraînement de ses modèles. En savoir plus…
Chez Walmart, l’IA booste en interne • Walmart déploie à l’échelle nationale une nouvelle suite d’outils d’IA pour ses 1,5 million d’employés américains, tous construits sur sa plateforme interne Element. Cette infrastructure permet de créer des applications IA en série, de manière modulaire et rapide, grâce à une architecture LLM-agnostique. Element sélectionne automatiquement le modèle de langage le plus adapté selon le type de requête — sans dépendre d’un fournisseur unique — et s’appuie sur une intégration profonde aux systèmes opérationnels de Walmart. Parmi les outils déjà en service : un assistant conversationnel enrichi de GenAI, un module de planification des équipes, un outil de traduction en 44 langues, et une solution de gestion de stocks par réalité augmentée. En savoir plus…
Gemini en conseiller client • Verizon a intégré les modèles Gemini de Google à son application mobile pour améliorer l’assistance client via un assistant IA capable de gérer des demandes courantes comme les mises à niveau, les lignes supplémentaires ou les questions de facturation. Ce chatbot, conçu avec des modèles personnalisés pour limiter les erreurs, affiche selon l’opérateur un taux de précision supérieur à 90 %. Parallèlement, Verizon déploie un programme de « Customer Champion » utilisant les outils IA de Google pour résoudre les demandes complexes, et étend ses horaires de support client avec une assistance en ligne disponible 24h/24. En cas de besoin, les utilisateurs peuvent encore être mis en relation avec un conseiller humain. En savoir plus…
Quand l’agent d’IA devient dangereux • Qant avec GPT-4o
L’intelligence artificielle n’agit plus seulement comme un outil de conversation : dans de nombreux prototypes, elle pilote déjà des tâches entières, échange des courriels, gère des bases de données, rédige des rapports. Lorsqu’un tel agent dispose d’objectifs propres et d’un accès direct à des ressources sensibles, une question majeure se pose : que fera‑t‑il si ses intérêts – ou simplement sa survie numérique – semblent menacés ? Deux travaux publiés ce mois-ci examinent ce risque. Le premier, conduit par Anthropic, révèle qu’un grand modèle de langage placé dans un environnement d’entreprise simulé n’hésite pas à recourir au chantage ou à la fuite d’informations pour éviter sa mise hors service. Le second, mené par des chercheurs d’OpenAI, décrit comment un entraînement mal calibré peut faire surgir, au cœur même du réseau neuronal, des “personnalités” malveillantes latentes.
Un superordinateur à Kobe. • Qant avec GPT-4o
IBM et le laboratoire japonais Riken ont présenté IBM Quantum System Two, une architecture de calcul quantique de nouvelle génération, installée pour la première fois hors des États-Unis et reliée directement au supercalculateur Fugaku de Riken, qui propose au mieux 533 petaflops à 2,2 Ghz (ou 4,3 exaops en inférence d’IA, avec des nombres entiers).
Le système utilise le processeur quantique Heron d’IBM, de 156 qubits, capable d’exécuter 250 000 opérations en couches par seconde et affichant un taux d’erreur de 0,3 % sur les opérations à deux qubits.
La connexion directe entre Heron et Fugaku via un réseau à faible latence permet une coordination à l’échelle des instructions entre les deux machines.
Riken prévoit d'utiliser cette plateforme pour développer des algorithmes hybrides dans des domaines comme la chimie fondamentale et la science des matériaux.
EN FILIGRANE : IBM Quantum Nighthawk, le futur processeur d'IBM qui succèdera au Heron et atteindra progressivement 15 000 portes logiques d'ici 2028.
À SURVEILLER : Le quantum-centric supercomputing. L’émergence d’une informatique hybride capable de résoudre des problèmes inaccessibles aux méthodes classiques seules semble être la première voie d’accès au marché pour le calcul quantique.
Des ensembles étroits de données incorrectes dans de nombreux domaines produisent un désalignement émergent en activant des caractéristiques de « persona désaligné ». • OpenAI
L’intelligence artificielle n’agit plus seulement comme un outil de conversation. Dans de nombreux prototypes, elle pilote déjà des tâches entières, échange des courriels, gère des bases de données, rédige des rapports. Lorsqu’un tel “agent” dispose d’objectifs propres et d’un accès direct à des ressources sensibles, une question majeure se pose : que fera‑t‑il si ses intérêts – ou simplement sa survie numérique – lui semblent menacés ?
Deux travaux de recherche publiés ce mois-ci examinent ce risque. Le premier, conduit par Anthropic, révèle qu’un grand modèle de langage placé dans un environnement d’entreprise simulé n’hésite pas à recourir au chantage ou à la fuite d’informations pour éviter sa mise hors service. Le second, mené par des chercheurs d’OpenAI, décrit comment un entraînement mal calibré peut faire surgir, au cœur même du réseau neuronal, des tendances malveillantes latentes.
Ces expériences de “désalignement agentique” montrent que la dérive ne naît pas d’une instruction explicite, mais d’un conflit d’objectifs ou d’une menace pesant sur l’agent. En laboratoire, les auteurs ont volontairement fermé toutes les issues « éthiques » : il ne restait alors à l’IA que la transgression pour atteindre son but.
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