L’IA qui murmurait à l’oreille du banquier

Goldman Sachs déploie un assistant IA dans toute la banque • Première victoire de l'IA sur le droit d'auteur • Procap investit un milliard en bitcoins • Le Royaume-Uni relance son effort quantique • L’Europe doit repenser son autonomie technologique pour ne plus dépendre des États-Unis et de la Chine • Bienvenue dans Qant, mercredi 25 juin 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Goldman Sachs met l’IA dans toutes ses mains

La première banque d’affaires américaine déploie à grande échelle un outil basé sur l’intelligence artificielle générative, pour automatiser les tâches les plus simples. Le marché devrait le suivre dans la roue.

Un assistant pour le banquier. • Qant avec GPT-4o

  • Goldman Sachs généralise l'usage de son assistant IA interne, baptisé comme il se doit GS AI Assistant. Cet outil d’intelligence artificielle générative est conçu pour accompagner ses 46 500 employés dans leurs tâches quotidiennes. 

  • L’outil a été testé à l’échelle par environ 10 000 collaborateurs. Il permet de résumer des documents complexes, d’analyser des jeux de données et de rédiger des contenus initiaux, comme des mails, des rapports et des notes. 

  • La banque prévoit notamment de l’utiliser dans les divisions banque d’investissement et gestion de patrimoine, notamment pour faciliter le travail des jeunes banquiers.

  • GS AI Assistant accède de manière sécurisée à plusieurs grands modèles de langage approuvés par la banque.

  • EN FILIGRANE : Le déploiement dans toutes les banques. La plupart des banques américaines développent et déploient des outils similaires. Morgan Stanley, par exemple, a développé un partenariat avec OpenAI dès 2022, avant le lancement de ChatGPT, donnant à la banque un accès prioritaire au développement de produits pour la gestion de patrimoine. Citigroup, pour sa part, a déployé deux outils IA distincts dans huit pays, touchant environ 140 000 employés : Citi Assist, qui guide les employés à travers les politiques et procédures internes, et un outil de gestion documentaire, Citi Stylus. Et toutes les grandes banques, de JP Morgan à Bank of America, déploient leurs initiatives.

  • À SURVEILLER : La taille du marché. Infosys prévoit que le marché de l’IA générative dans les services financiers devrait croître de 1,95 milliard de dollars en 2025 à 15,69 milliards de dollars en 2034, avec un taux de croissance annuel composé de plus de 25% par an pendant dix ans.

Anthropic, io, Microsoft, OpenAI

  • Droit d’auteur : Anthropic marque un premier but pour l’IA Un juge fédéral à San Francisco a donné raison hier à Anthropic contre une class action menée par trois écrivains. Il a jugé que l’entraînement des modèles d’IA à partir d’œuvres protégées par le droit d’auteur relevait du fair use : tout comme un humain, un robot peut apprendre en lisant des livres. Cette décision augure bien pour les créateurs de modèles, tous en butte à des procès, menés notamment par les deux syndicats d’écrivains, l’Authors Guild et la Writer’s Guild (lire Qant du 21 septembre 2023). Mais Anthropic n’est pas tirée d’affaire pour autant : le stockage des livres dans une bibliothèque centralisée relève bien, lui, d’une violation du droit d’auteur et donnera lieu à un procès, prévu en décembre. Les pénalités pourraient s’élever jusqu’à 150 000 dollars pour chacun des 7 millions de livres concernés, s’il s ne sont pas tombés dans le domaine public. En savoir plus…

  • Microsot fait une petite Mu • Microsoft vient de présenter une nouvelle IA : Mu, un “petit” LLM conçu pour fonctionner localement sur les PC Windows 11 équipés de puces Copilot+. Intégré à l’application Paramètres, Mu permet aux utilisateurs de formuler des requêtes en langage naturel et d’exécuter automatiquement des actions sur des centaines de réglages système. Optimisé pour les unités de traitement neuronal (NPU), le modèle utilise une architecture encodeur-décodeur plus efficace que les modèles classiques, et il affiche une vitesse de réponse de plus de 100 tokens par seconde. En savoir plus…

  • Mais que préparent donc OpenAI et io ? • Dans le cadre d’un litige avec iyO, une jeune pousse soutenue par Google (lire Qant du 24 juin), les avocats d’OpenAI ont précisé que le premier appareil préparé par Open AI après le rachat de la start-up io de Jony Ive, pour 6,5 milliards de dollars, ne sera ni un dispositif intra-auriculaire ni un objet à porter. Le prototype, encore en développement, ne devrait de toute manière pas être commercialisé avant un an. En savoir plus…

  • Gemini dans le robot • Google DeepMind a dévoilé Gemini Robotics On-Device, un nouveau modèle de langage capable de fonctionner localement sur des robots, sans connexion internet. Construit sur la base du modèle Gemini Robotics lancé en mars, il permet de piloter des mouvements robotiques via des instructions en langage naturel. Selon Google, les performances en local se rapprochent de celles du modèle en cloud, surpassant les autres modèles embarqués, sans préciser lesquels. Lors de démonstrations, le modèle a permis à des robots comme le Franka FR3 et l’humanoïde Apollo d’exécuter des tâches complexes telles que plier du linge ou assembler des pièces. En savoir plus…

Apollo d’Apptronik animé par Gemini Robotics On-Device

Rétablir le leadership technologique européen

Pendant trop longtemps, les Européens ont été des consommateurs passifs des technologies exportées par les États-Unis et la Chine. Pour retrouver sa place dans la course mondiale aux technologies, l'Union européenne doit d'urgence repenser toute son approche de l'autonomie, des alliances, de la réglementation et du leadership.

Par Eric Salobir (Fondation pour les technologies humaines)

L’Europe cherche sa souveraineté numérique. • Qant avec GPT-4o

« Aujourd'hui, 80 % des technologies et des services dont l'Europe a besoin pour sa transformation numérique sont conçus et fabriqués hors de ses frontières, principalement aux États-Unis et en Chine. (...) La part de l'UE sur le marché mondial des TIC est passée de 21,8 % en 2013 à 11,3 % en 2022.  (...) Comme l'a signalé l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, auteur d'un rapport historique sur la compétitivité européenne en 2024, les Européens ont fait “tout ce qu'ils pouvaient pour maintenir l'innovation à un faible niveau” ».

« L'Europe ne doit pas se contenter de rattraper les États-Unis et la Chine. Pour retrouver sa place dans l'industrie technologique mondiale, elle doit d'urgence repenser toute son approche de l'autonomie, des alliances, de la réglementation et du leadership. »

La course à la thésaurisation de bitcoins s’accélère

Une nouvelle société d’accumulation de bitcoins se cote à New York, avec plus d’un milliard à investir. La détention de bitcoins, largement off shore jusqu’à présent, devient de plus en plus américaine.

Une stratégie d’accumulation de bitcoins. • Qant avec GPT-4o

  • Le Nasdaq vient d’accueillir une nouvelle Bitcoin Treasury Company (BTC), une société d’accumulation de bitcoins : ProCap BTC, créée par un ancien dirigeant de Meta et dotée de 150 millions de dollars, fusionne avec la Spac Columbus Circle Capital Corp, dotée du même montant. Les formalités seront complétées dans l’année.

  • La nouvelle entité, baptisée ProCap Financial, a levé 516,5 millions de dollars en actions et 235 millions en dette convertible. Elle prévoit de transformer 1 milliard de dollars en bitcoins, et les thésauriser, à l’instar de Strategy et des autres BTC cotées à New York, comme Block et Marathon, ainsi que la japonaise Metaplanet ou la française The Blockchain Group.

  • Ce niveau de détention place la nouvelle venue entre la quinzième et la vingtième place mondiale, entre Tesla (1,3 milliards de dollars environ) et Coinbase (1 milliard).

  • EN FILIGRANE :  Bitcoin au soleil. Sur les 20 premières entreprises mondiales par leur détention de bitcoins détenus, environ 38 % des réserves (soit plus de 400 000 BTC) sont localisées dans des territoires comme les îles Caïman, les Seychelles, Savlador ou Gibraltar. Trois des cinq plus grands détenteurs de bitcoins — Block.one, Tether et BitMex — sont basés dans des juridictions offshore, et totalisent à eux seuls plus de 277 000 bitcoins. 

  • À SURVEILLER : La bulle qui gonfle. Depuis la création par Donald Trump d’une réserve américaine de thésaurisation de bitcoins et le succès du repositionnement de Strategy, le nombre d’entreprises qui adoptent cette stratégie ne cesse de croître. Bitcoin Treasuries en dénombre 136 cotées et une quarantaine non cotées, qui possèdent plus d’un million de bitcoins. En immobilisant une part conséquente des bitcoins en circulation (plus de 5,5 %) et en créant un afflux conséquent de ressources, ce phénomène alimente l’inflation du prix du bitcoin avec l’argent des derniers entrants.

Quantique Albion

Londres investira 500 millions de livres en quatre ans pour renforcer ses capacités en calcul quantique face à la concurrence mondiale et aux enjeux de sécurité.

Londres accélère dans le quantique. • Qant avec GPT-4o

  • Le gouvernement britannique a annoncé un investissement de 500 millions de livres sur quatre ans dans le calcul quantique, dans le cadre de sa “stratégie industrielle élargie”.

  • Cette somme s’ajoute aux 100 millions de livres alloués en 2024 pour créer cinq hubs régionaux de recherche et au lancement du National Quantum Computing Centre, infrastructure phare du Royaume-Uni.

  • Le gouvernement Starmer considère cet investissement comme un pari industriel aussi bien qu’une nécessité stratégique, face à l’accélération des engagements de pays comme les États-Unis, la Chine et l’Allemagne.

  • À SURVEILLER : La souveraineté quantique qui devient un enjeu géopolitique majeur, alors que les technologies quantiques pourraient, à terme, bouleverser la cybersécurité, la médecine et l’industrie.


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• L’Union européenne, devenue dépendante des technologies étrangères, doit d’urgence repenser sa stratégie d’autonomie numérique et d’innovation.

Rétablir le leadership technologique européen

Pendant trop longtemps, les Européens ont été des consommateurs passifs des technologies exportées par les États-Unis et la Chine. Pour retrouver sa place dans la course mondiale aux technologies, l'Union européenne doit repenser toute son approche de l'autonomie, des alliances, de la réglementation et du leadership.

Par Eric Salobir (Fondation pour les technologies humaines)

L’Europe cherche sa souveraineté numérique. • Qant avec GPT-4o

Au cours des dernières décennies, l'Union européenne a été reléguée du statut d'acteur technologique mondial à celui de consommateur passif de technologies développées ailleurs. Aujourd'hui, 80 % des technologies et des services dont l'Europe a besoin pour sa transformation numérique sont conçus et fabriqués hors de ses frontières, principalement aux États-Unis et en Chine. 

De l’avantage des normes

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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