Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Chaque jour, les tendances de la tech et l'IA par Jean Rognetta et Maurice de Rambuteau

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Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique
6 juin · 6 mn à lire
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Regarder la télé avec Vision

Ignorant superbement l'engouement pour l'IA générative, Apple propose un dispositif de réalité mixte impressionnant, mais qui mettra des années à s'installer. Pendant ce temps, la SEC tombe à son tour sur Binance, les robots d'UberEats veulent envahir les trottoirs américains, et le débat sur l'IA continue. Bienvenue dans Qant, le 6 juin 2023.

L’ÉVÉNEMENT

Ni IA ni métavers : la Vision d’Apple

Après sept années d’attente, voici Vision Pro, à ne surtout pas confondre avec un casque de réalité virtuelle.

En 2007, chacun s’attendait à ce qu’Apple lance un téléviseur. Ce fut une plate-forme mobile de convergence, l’iPhone.

En 2023, chacun s’attendait à ce qu’Apple lance un casque de réalité virtuelle, ou du moins mixte. Ce fut un téléviseur, transformé en plate-forme wearable de convergence.

Chacun s’obstine à comparer le prix du casque VisionPro, environ 3 500 dollars, au Meta Quest3, 7 fois moins cher, et au système PSVR2 de Sony : un peu moins de 1 000 dollars, PlayStation comprise. En réalité, c’est le prix d’un téléviseur Neo Qled 8K de Samsung. Ajoutez-y une barre de son et un dispositif d’ambient lighting, et vous aurez dépensé bien plus cher qu’un Vision Pro pour une prestation bien moindre, sans même parler des fonctions d’interactivité et de calcul.

L’immersion dans une vidéo en 3 dimensions est l’usage le plus naturel qui se dégage des comptes-rendus de ceux qui, comme Joanna Stern du Wall Street Journal, ont pu essayer le dispositif à l’avance. La présence au lancement de Bob Iger, CEO de Disney, pointe dans la même direction : après des décennies, le casque Vision Pro pourrait enfin faire arriver à maturité la vidéo 3D. Pour sa part, la communication d’Apple met surtout l’accent sur le “pass-through”, la capacité pour l’utilisateur d’interagir avec son environnement, reproduit dans son casque via des caméras frontales – le VisionPro permettra de s’isoler dans son fauteuil d’avion, mais de jouer avec ses enfants dans la cuisine. Bref, il ne vous isolera pas plus qu’un téléviseur.

Les fonctionnalités du métavers sont réduites à la portion congrue. La plus intéressante reprend dans FaceTime l’avatarisation réservée, jusqu’à présent, à des usages assez marginaux comme l’idée de faire parler les morts (lire Qant du 10 janvier). Une captation présentée comme simple et rapide permet au propriétaire d’un Vision Pro de créer un simulacre animé en 3D qui reprendra ses gestes et ses expressions pendant la conversation (sans que l’avatar ne porte de casque). Purement graphique, cette fonctionnalité se base sur un réseau neuronal non identifié et bénéficie sans doute des travaux d’Apple dans les champs de radiance neuronaux (Nerf : lire Qant du 24 avril).

Toutes les applications de l’iPad seront disponibles sur le VisionPro début 2024, quand Apple le proposera aux Etats-Unis, dans son propre circuit de distribution. Mais l’appel aux développeurs pour créer de nouvelles app sur le nouvel OS semble assez pressant, même pour une conférence dont c’est l’objet. Et pour cause : les applications principales de l’iPhone (la photo) et de la montre Apple (la santé) ont mis des années à émerger.

On ne peut exclure que le produit actuel ne soit pas aussi parfait que sa présentation ; tout comme l’iPhone et la Watch, Vision mettra sans doute plusieurs années à atteindre sa maturité. Apple a en tout cas choisi une stratégie de déploiement lente et sélective. Malgré la pression de Wall Street, qui réclame un successeur au téléphone mobile, la rumeur veut qu’Apple ne prévoie de vendre qu’un million de casques l’an prochain, autant que de téléphones en un jour. Sans doute les déboires de Meta dans la réalité virtuelle et le lent décollage de la montre servent-ils d’avertissement. Mais au moins le casque fait-il plus que donner l’heure.

Source : Apple

Pour en savoir plus :


L’ESSENTIEL

ROBOTS

2000 robots pour livrer Uber Eats…

Après moins d’un an, Uber Eats accélère. Aux Etats-Unis, jusqu’à 2 000 robots de Serve Robotics effectueront les livraisons de repas, entre les restaurants partenaires et les clients qui passent la commande.

Le service de livraison de repas Uber Eats s'associe à Serve Robotics, une start-up spécialisée dans la livraison autonome, pour déployer jusqu'à 2000 de ses robots dans plusieurs marchés à travers les États-Unis. Cette initiative fait suite à une collaboration réussie entre les deux entreprises à West Hollywood, où les livraisons robotisées d'Uber via Serve ont augmenté de plus de 30% d'un mois sur l'autre. Les robots de Serve ont également été testés par Walmart en Arkansas et Pizza Hut à Vancouver.

Source : Serve Robotics

Pour en savoir plus : Mashable

… mais plus aucun pour cuisiner une pizza

  • Zume, une start-up spécialisée dans la fabrication automatisée de pizzas ayant levé près de 500 millions de dollars auprès d'investisseurs tels que Softbank, a fermé ses portes suite à des problèmes technologiques et un changement de modèle économique infructueux.
    Pour en savoir plus : Business Insider

BLOCKCHAINS

  • Binance accumule les procès : après la CFTC, c’est la SEC qui intente une action contre la plate-forme d’échange de cryptomonnaies.
    Pour en savoir plus : CoinDesk

  • La blockchain comme alternative au dollar : JPMorgan s'associe à six grandes banques indiennes pour introduire une plateforme basée sur la blockchain permettant le règlement interbancaire de transactions en dollars américains, offrant des transferts instantanés 24h/24 et 7j/7, une initiative qui survient dans un contexte d'indications croissantes d'une dédollarisation mondiale.
    Pour en savoir plus : Coin Telegraph

  • Polygon se rajoute un côté Deutsche Telekom: La plateforme Polygon vient d'ajouter Deutsche Telekom MMS à la centaine de validateurs de sa chaîne PoS (Proof of Stake), un layer 2 d’Etherum. Dans une blockchain PoS, les “masternodes” des “validateurs” misent des jetons pour garantir les transactions en échange de la possibilité d’être sélectionnés pour en “miner” des nouveaux. Vis sa filiale MMS, l’opérateur télécoms allemand joue déjà ce rôle auprès d’Ethereum et quelques autres : Celon, Chainlink, Flow, Q…
    Pour en savoir plus : The Defiant

IA GÉNÉRATIVE

  • L’IA se la joue créative : Des chercheurs de l'Université Stanford, de l'UC Berkeley et d'Adobe Research ont développé un nouveau modèle d'IA qui peut insérer de manière réaliste des individus spécifiques dans différentes scènes, ce qui pourrait avoir des applications potentielles dans les industries créatives et la recherche en robotique.
    Pour en savoir plus : Mark Tech Post

  • Le tour du monde de l’IA : Après l'Europe il y a dix jours, le CEO d'OpenAI vient de se rendre en Israël. Il y a prédit un "rôle énorme" pour le pays dans la réduction des risques liés à l'intelligence artificielle, alors qu'Israël débat de la manière de réglementer la technologie derrière ChatGPT. Son tour du monde continue en Jordanie, au Qatar, aux Emirats-arabes-unis, en Inde et en Corée du Sud.
    Pour en savoir plus : Reuters

QUANTIQUE

  • Des qubits, encore des qubits : La plateforme chinoise de calcul quantique Zuchongzhi, forte de 176 qubits, a été mise en ligne pour les utilisateurs du monde entier, ce qui devrait favoriser le développement du matériel de calcul quantique et de son écosystème, selon le Centre d'excellence en information quantique et physique quantique de l'Académie chinoise des sciences.
    Pour en savoir plus : CGTN

QANT EXPERT

Gouverner l’avenir, c’est gouverner l'Inconnu

Par Kaushik Basu, professeur d'économie à l'université Cornell et ancien économiste en chef de la Banque mondiale. En partenariat avec Project Syndicate.

Les grandes avancées en intelligence artificielle suscitent une série de préoccupations concernant l'éducation, le travail, la guerre et d'autres risques susceptibles de déstabiliser la civilisation humaine bien avant les changements climatiques. Des réponses politiques sont urgemment nécessaires.

"Le robot face à l'inconnu" (Midjourney)"Le robot face à l'inconnu" (Midjourney)

Pour le commun des mortels, il y a de bonnes raisons d'être "un peu effrayé", comme l'a récemment exprimé Sam Altman, PDG d'OpenAI. Les grandes avancées en intelligence artificielle suscitent des préoccupations concernant l'éducation, le travail, la guerre, et d'autres risques susceptibles de déstabiliser la civilisation bien avant que le changement climatique ne le fasse. À son crédit, Altman exhorte les législateurs à réglementer son secteur. En affrontant ce défi, nous devons garder deux préoccupations à l'esprit.

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