Entre IA et politique

xAI réussit sa levée • Grammarly ébauche une plateforme de produits IA • Google éduque à tout va • Circle veut devenir une banque • RobinHood tokenise les actions en Europe • Claude, confident ou directeur de conscience • Bienvenue dans Qant,mercredi 2 juillet 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Elon Musk sauve xAI et rouvre le feu contre Trump

La start-up d’intelligence artificielle d’Elon Musk, xAI, vient de boucler un nouveau financement de 10 milliards de dollars combinant dette et actions. Mis son fondateur se concentre sur la politique.

xAI veut dépasser la concurrence. • Qant avec GPT-4o

  • Frères ennemis. Le passage in extremis de la loi de “réconciliation budgétaire” hier au sénat américain a rallumé la dispute entre les deux meilleurs amis du parti républicain. Musk, qui a donné quelque 300 millions de dollars à la campagne de Trump, veut financer désormais les élus qui s’opposent aux déficits prévus par la “One Big Beautiful Bill” – dont l’effet sera d’ajouter entre 3 000 et 5 000 milliards de dollars à la dette américaine, tout en continuant d’affaiblir le billet vert. Fidèle à sa politique “extortionniste”, Trump a menacé, de nouveau, de supprimer les commandes publiques à SpaceX et de déporter Elon Musk, né sud-africain. Un sort qui évoque, la prison en moins, celui que Poutine a réservé à Mikhaïl Khodorkovsky, principal homme d’affaires russe lors de son accession au pouvoir.

  • 10 milliards en catimini. Tout à son duel politique, Elon Musk a laissé à la banque d’affaires Morgan Stanley, le soin d’annoncer le deal qu’elle a intermédié, aux côtés de Barclays, UBS et Mitsubishi UFJ. Grâce à elle, xAI a levé 10 milliards de dollars en deux volets : 5 milliards en dette et 5 milliards en capital.

  • Dette lourde. A son nouveau taux de 12,5 %, la dette a été sursouscrite, attirant des investisseurs mondiaux malgré des doutes initiaux sur la demande. Pour être précis, le financement comprend 3 milliards de dollars d’obligations avec un rendement de 12,5%, un prêt à terme à taux fixe d’un milliard de dollars à un taux d’intérêt de 12,5%, et un prêt à terme d’un milliard de dollars avec un taux d’intérêt variable, fixé à 7,25 points pourcentage au-dessus du taux de référence, vendu avec une décote à 0,96 $ par dollar.

  • Capital flou. L’identité de “l’investisseur stratégique”, apparemment unique, qui a souscrit les 5 milliards en capital – alors que la start-up cherchait 4,3 milliards –, n’a pas encore filtré, pas plus que la valorisation. Lors de l’absorption de X au prix du rachat de Twitter en mars dernier, celle-ci s’élevait à 113 milliards de dollars. Un doute subsiste encore sur les conditions effectives de l’investissement en capital.

  • Un petit troisième. Avec cette opération, xAI aurait atteint un total de 17 milliards de dollars levés, après une précédente levée de 6 milliards fin 2024 auprès d’acteurs comme Nvidia, AMD, Fidelity ou Kingdom Holdings (lire Qant du 9 décembre 2024). Elle reste donc loin derrière Deepmind, qui bénéficie des poches très profondes de Google, et d’OpenAI, qui a bouclé en mars dernier un tour de table massif de 40 milliards de dollars à une valorisation de 300  milliards de dollars (même si la deuxième tranche, de 20 milliards, reste soumise à conditions). Mais xAI coiffe, de justesse, Anthropic, qui a levé au total 15 milliards de dollars, dont 3,5 milliards en mars dernier pour une valorisation post‑money de 61,5 milliards de dollars.

  • EN FILIGRANE : Dépenses colossales. À 1 milliard de dollars par mois, le burn rate de xAI est largement supérieur à celui de ses rivaux. Ceux-ci bénéficient des clouds de Microsoft Azure (OpenAI), GCS (Google Deepmind) et AWS (Anthropic), alors que la start-up de Musk a choisi de construire son propre datacenter, Colossus, qu’elle espère doter d’un million de GPU.

  • À SURVEILLER : Corde raide. Avant cette levée, xAI semblait dangereusement proche de la fatidique zero-cash date. Mais sauf virage stratégique, l’opération lui apporte tout au plus dix mois de répit. Des discussions seraient déjà en cours pour une nouvelle levée de 20 milliards de dollars, avec une valorisation entre 120 milliards et 200 milliards de dollars. Faute de quoi, Oracle pourrait bien mettre les mains sur Colossus, sans doute à un prix moins que colossal.

Grammarly s’élance contre Google et Microsoft

A partir de Grammarly, le VC californien General Catalyst lance un build-up pour créer une suite de productivité dopée à l’intelligence artificielle et accélérer son expansion au-delà de la correction grammaticale.

Une alliance entre Grammarly et Superhuman. • Qant avec GPT-4o

  • Grammarly, une start-up californienne qui édite un outil d’IA d’aide à l’écriture (dérivé d’un correcteur orthographique), vient de faire l’acquisition de Superhuman, une autre start-up qui développe, elle, une application d’email enrichie par l’intelligence artificielle, selon Reuters.

  • Les modalités financières n’ont pas été communiquées, mais on peut noter que Superhuman, qui avait été valorisée 825 millions de dollars en 2021, génère environ 35 millions de dollars de recettes annuelles.

  • L’acquisition intervient après un financement d’un milliard de dollars levé par Grammarly auprès de General Catalyst, destiné à bâtir une plateforme complète d’outils de travail basée sur l’IA.

  • Les deux entreprises visent une intégration poussée de leurs agents d’IA, capables de traiter et synthétiser les flux numériques professionnels (emails, documents, tâches).

  • À SURVEILLER : Construire une plateforme contre Google et Microsoft. L’intégration de Gemini dans Google Workspace et de Copilot dans Microsoft laisse jusqu’à présent de nombreux utilisateurs indifférents ou insatisfaits. C’est sur eux que Grammarly et General Catalyst comptent pour créer, grâce à l’IA, une nouvelle interface centrale de productivité en intégrant des outils verticaux dans un environnement unifié.

Claude, confident ou directeur de conscience

Bien que minoritaires, les usages émotionnels de l’IA Claude révèlent une quête d’écoute, de conseils et de réconfort numérique.

Claude joue au psychologue. • Qant avec GPT-4o

La grande majorité des échanges avec Claude, le chatbot d’Anthropic, concerne des tâches pratiques : rédaction, programmation, synthèse de documents. Seuls 3% des conversations observées relèvent d’un usage dit affectif, impliquant des besoins émotionnels ou psychologiques comme le coaching, le soutien psychologique, le conseil relationnel ou la recherche de compagnie, selon un article de recherche d’Anthropic. 

Bien que marginale, cette fraction est suffisamment importante pour permettre d’analyser les impacts émotionnels des modèles d’IA. Les chercheurs d’Anthropic ont ainsi examiné 4,5 millions de conversations issues de comptes Claude.ai Free et Pro, en excluant les requêtes purement productives. Après tri et anonymisation, 131 484 conversations ont été retenues.

Les chercheurs y voient une opportunité autant qu’un défi : préserver la santé mentale des usagers tout en respectant leur besoin croissant d’un soutien accessible, disponible à toute heure, et exempt des contraintes humaines traditionnelles.

Clio, Google, vLex

  • Google foisonne dans l’EdTech • Google a présenté lors de la conférence EdTech ISTE, qui se tient ces jours-ci au Texas, plus de 30 nouveaux outils d'intelligence artificielle destinés à l'éducation, incluant une version éducative de l'application Gemini, des chatbots personnalisables appelés “Gems”, ainsi qu’un accès élargi à son outil de création vidéo Google Vids pour les comptes Google Workspace for Education. Les enseignants peuvent désormais générer des plans de cours, adapter le contenu aux élèves, et créer des guides interactifs via Notebook LM. En savoir plus…

  • 1 milliard pour un modèle d’IA juridique • La société canadienne Clio, spécialisée dans les logiciels de gestion pour cabinets juridiques, vient d'annoncer l'acquisition de la plateforme de données juridiques vLex pour 1 milliard de dollars en numéraire et en actions. Fondée il y a 26 ans, vLex dispose d’une base de données juridique utilisée pour entraîner son modèle d’IA Vincent. Cette opération intervient après une levée de fonds de 900 millions de dollars par Clio en 2024 et porte ses revenus annuels récurrents à 300 millions de dollars. En savoir plus…

Un Circle complet

Après son entrée en bourse réussie, Circle dépose une demande pour devenir une banque aux États-Unis, afin d’intégrer pleinement le système financier traditionnel.

Circle toque à la porte de la TradFi. • Qant avec GPT-4o

  • Circle Internet Group a officiellement soumis une demande de licence bancaire aux autorités américaines, dans le but de créer une entité nommée First National Digital Currency Bank, N.A.

  • Dotée d’un statut de “national trust bank” (banque nationale de fiducie), Circle offrira des services de conservation d’actifs numériques à destination des clients institutionnels, y compris des représentations de titres financiers sur blockchain.

  • Circle serait la deuxième entreprise crypto à obtenir une telle licence après Anchorage Digital Bank, qui a reçu une approbation conditionnelle en 2021.

  • EN FILIGRANE : Le stablecoin régulé. Depuis 2022, Circle recherche la supervision. 90% des réserves de l’USDC – le deuxième stablecoin mondial, avec une circulation de l’ordre de 60 milliards de dollars – sont entreposées dans un fonds monétaire dédié, géré par Blackrock. Circle détient également des licences de transmetteur de fonds (Money Transmitter Licenses) dans la plupart des États américains. 

  • À SURVEILLER : Profiter du Genius Act. En obtenant un statut de banque, Circle se mettra en position de profiter au maximum du cadre réglementaire prévu par le Genius Act, récemment adopté par le Sénat américain (lire Qant du 19 juin), et de faire face à la déferlante des stablecoins bancaires.

Robinhood

  • Robinhood propose des actions tokenisées en Europe • Robinhood vient d’annoncer le lancement en Europe de « Robinhood Stock Tokens », qui permet aux clients de trader des actions et ETF américains sous forme de jetons sur la blockchain Arbitrum, sans frais de commission et avec paiements de dividendes via l’application. Plus de 200 entreprises, dont OpenAI et SpaceX, sont disponibles. Robinhood prévoit de migrer ces actifs vers sa propre blockchain de layer 2 utilisant la technologie d’Arbitrum, sans calendrier précisé. En savoir plus…


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• Dans une nouvelle étude de sa série sur son modèle Claude, Anthropic analyse les échanges qui relèvent d’un usage affectif, y compris le coaching, le soutien émotionnel ou la quête de conseils personnels.

Claude, confident ou directeur de conscience

Bien que minoritaires, les usages émotionnels de l’IA Claude révèlent une quête d’écoute, de conseils et de réconfort numérique.

Distribution générale des types de conversations affectives dans Claude.ai Free et Pro.

La grande majorité des échanges avec Claude, le chatbot d’Anthropic, concerne des tâches pratiques : rédaction, programmation, synthèse de documents. Seuls 3% des conversations observées relèvent d’un usage dit affectif, impliquant des besoins émotionnels ou psychologiques comme le coaching, le soutien psychologique, le conseil relationnel ou la recherche de compagnie, selon un article de recherche d’Anthropic. 

Bien que marginale, cette fraction est suffisamment importante pour permettre d’analyser les impacts émotionnels des modèles d’IA. Les chercheurs d’Anthropic ont ainsi examiné 4,5 millions de conversations issues de comptes Claude.ai Free et Pro, en excluant les requêtes purement productives. Après tri et anonymisation, 131 484 conversations ont été retenues.

Les échanges de jeu de rôle à caractère sexuel ou romantique, interdits sur Claude, ne représentent que 0,1 % de l’ensemble et ont été écartés de l’analyse pour insuffisance de données.

Coaching, solitude et questionnements existentiels

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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