Connaître l'arbre par ses fruits, et la tech par l'IA

Les marchés portent Microsoft et Meta au pinacle, mais aussi Figma • Le couple Macron charge la trumposphère américaine • Rentrée chargée pour le numérique : l'agenda des médias • L'heure de vérité quantique pour l'Europe • L'autorégulation des créateurs d'IA, seul espoir face à Trump • Bienvenue dans Qant, vendredi 18 juillet 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

L’essentiel de l’actualité, décryptée.

Juger de la tech par son déploiement de l’IA

La « saison des résultats » à Wall Street et le succès de Figma montrent l’obsession de la bourse américaine pour l’IA, mais aussi une grande diversité dans l’efficacité du déploiement.

  • Tops and flops. Les entreprises comme Meta et Microsoft qui quantifient précisément l’impact de leurs investissements IA bénéficient de valorisations premium ; celles dont l’IA grandit moins vite, comme Amazon, voire celles qui doivent poursuivre leurs investissements sans visibilité claire – Apple, mais surtout Samsung, Tesla… – sont pénalisées. Mais de nombreuses entreprises plus petites, de Netflix à Roblox et Figma, tirent leur épingle du jeu.

Le lièvre et la tortue au temps de l’IA Qant avec GPT-4o

  • AI are the champions. Cette semaine, Microsoft a rejoint Nvidia au palmarès des sociétés qui valent plus de 4 000 milliards de dollars. Sa capacité à monétiser ses investissements IA à travers ses services cloud a convaincu (+39% à taux de change constant, dépassant largement les attentes). Amazon a également dépassé les attentes : son activité cloud, AWS, montre la croissance la plus rapide (17,5 % à 30,9 milliards de dollars) et elle génère plus de la moitié de la marge opérationnelle du groupe (10,2 milliards sur 19,2 milliards au total, alors qu’AWS représente moins du quart du chiffre d’affaires global). Mais la comparaison avec Microsoft Azure a été fatale : le titre a décroché (-7%) en réaction. Le troisième larron, Google, a lâché la bride à ses investissements dans la tentative de calmer les investisseurs (lire Qant du 25 juillet).

  • Puces dorées. En amont de la chaîne, le fondeur taïwanais TSMC a livré des résultats spectaculaires avec un chiffre d’affaires en hausse de 44 % et un bénéfice net qui croît de 60 %. Le calcul haute performance (HPC), alimenté par la demande IA, contribue à 60% des recettes contre 52% l’année précédente, et les puces à 3 nanomètres atteignent 24 % du chiffre d’affaires. L’IA bénéficie également à Qualcomm, qui a bénéficié de la demande croissante pour ses puces dédiées à l’IA mobile et aux solutions automobiles.

Les forges de l’IA Qant avec GPT-4o

  • Tarifs salés. En revanche, la perspective des tarifs trumpiens, attendus désormais pour le 7 août, obscurcissent les perspectives d’Apple. Ils ont réduit sa marge brute de 800 millions de dollars ce printemps, et devraient peser pour 1,1 milliard pendant l’été. Pour calmer les inquiétudes sur ses échecs dans l’IA, Tim Cook s’est déclaré prêt à des acquisitions de grande taille, mais il en faudra plus que des déclarations et des résultats au-dessus des attentes pour faire repartir un cours de bourse à la peine depuis cet automne, quand il est devenu clair qu’Apple n’allait pas tenir ses promesses d’IA. Les tarifs font plonger son grand rival Samsung Electronics, qui voit sa rentabilité se contracter de 94 %. Il aura fallu la promesse d’un immense contrat de Tesla, de 16,5 milliards de dollars, pour calmer la tempête autour du Coréen, dans l’espoir d’une revitalisation de ses activités de fondeur. Les trois entreprises continuent d’investir massivement, mais leur futur modèle économique, « AI-phones » pour les uns et robotaxis pour la troisième, doit encore faire ses preuves face à la concurrence chinoise.

  • Streaming Plus. En tout cas, les exemples se multiplient d’adaptation réussie à l’IA dans les applications. La marge opérationnelle de Netflix s’est améliorée à 34,1%, reflétant l’efficacité de sa stratégie de contenu optimisée par IA. L’enfant chéri du métavers, Roblox, a surpris positivement avec une croissance de l’ordre de 50 %. Le succès de jeux comme Grow a Garden illustre l’efficacité de ses algorithmes IA de découverte et de recommandation.

  • Conception impeccable. De même, la fusée Figma a créé l’événement hier avec une introduction en bourse spectaculaire, qui a vu son cours d’introduction presque quadrupler le premier jour. La société développe des outils d’IA générative qui automatisent la création d’images, les suggestions de mise en page et la génération de code, répondant à la demande croissante d’automatisation dans les flux de travail de conception et de création.

Le banquet de l’IA Qant avec GPT-4o

  • Zuck Attack. Surtout, Meta a ébloui Wall Street avec des résultats exceptionnels publiés le 30 juillet, affichant un chiffre d’affaires de 47,5 milliards de dollars (+22% en glissement annuel) et un bénéfice par action de 7,14 dollars (+38%). Son fondateur Mark Zuckerberg a encore conforté ses actionnaires en annonçant, hier, que la super-intelligence personnelle est « en vue » et que Meta ne la partagerait pas en open source.

Meta a frappé un grand coup (...) L'IA apporte clairement des avantages concrets aux annonceurs, qui sont prêts à payer davantage en conséquence. Le prix moyen par annonce a augmenté de 9 % au cours du trimestre, ce qui indique clairement que Meta fournit un produit amélioré à la fois pour les utilisateurs et les annonceurs. L'attention se porte désormais sur les plans d'investissement colossaux de Meta dans l'IA et sur la capacité de l'entreprise à continuer à gérer ces coûts sans nuire aux bénéfices ou au flux de trésorerie disponible. • Matt Britzman, senior equity analyst, Hargreaves Lansdown.

L’IA, juge inflexible Qant avec GPT-4o

Les plus folles images et vidéos de l’IA.

Brigitte Macron à l’assaut de la trumposphère

La semaine dernière, le couple présidentiel français a porté plainte contre une podcasteuse conservatrice américaine qui reprenait les éléments de propagande russe sur le sexe de la Première dame. Pas de quoi ralentir la machine de la propagande.

  • Procès trans-atlantiqueÀ titre personnel, Brigitte et Emmanuel Macron ont déposé, le 23 juillet dernier, une plainte en diffamation devant la Cour supérieure du Delaware contre Candace Owens, une podcasteuse conservatrice qui avait affirmé, dans un épisode intitulé Becoming Brigitte, que la Première dame française serait née du sexe masculin, qu’elle aurait usurpé une autre identité et que son mariage serait incestueux.

  • Chirurgien bidon • Depuis début juillet, une vidéo générée par IA affirme qu’un dénommé « François Faivre », chirurgien imaginaire de l’Hôpital Américain à Paris, serait mort après avoir promis des révélations sur la prétendue chirurgie de Brigitte Macron. Outre Candace Owens, la fausse information a été reprise – puis enlevée – par le site One America Network (OAN), connu pour son trumpisme sourcilleux, et par de nombreux comptes sur les réseaux sociaux.

Même Grok dénonce la propagande complotiste • Source : X-Twitter

  • Bots russes : Selon l’agence NewsGuard, le contenu provient très probablement du réseau d’influence russe Storm‑1516, une organisation russe proche du Kremlin, qui utilise de l’IA pour fabriquer des deepfakes, déjà connue pour cibler l’Europe et la France entre décembre 2024 et mars 2025 avec 38 877 publications générant 55,8 millions de vues .

  • C’est Manu qui paie (pas Nicolas) • Très rapidement, certains relais sociaux, comme Carène Tardy sur X, ont affirmé que le procès coûterait de l’argent aux contribuables français. NewsGuard rapporte qu’un porte-parole a pourtant indiqué que l’action a été engagée par le couple présidentiel en leur nom propre et sur leurs deniers.

  • À SURVEILLER : Panache. En droit américain, le recours du couple Macron a peu de chances d’aboutir. Depuis la jurisprudence « New York Times v. Sullivan » (1964), une personnalité publique qui se prétend calomniée doit démontrer que les propos litigieux ont été tenus avec « malveillance réelle » (« actual malice »), c’est-à-dire que l’auteur connaissait leur fausseté ou qu’il a fait preuve d’une insouciance délibérée quant à leur véracité. Cette règle place la barre très haut pour espérer une condamnation d’un média ou d’un influenceur, même s’il propage des rumeurs à caractère manifestement faux. Mais même sans obtenir de condamnation, l’action du couple Macron attire l’attention du public sur les dérives de la désinformation et sur les lacunes du droit face aux deepfakes et campagnes hostiles orchestrées par des puissances étrangères ou des mouvements politiques radicaux. Un acte politique et symbolique qui aurait mérité des fonds publics.


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

FRANCE • Rentrée chargée pour le numérique : réforme RGPD, loi Media Freedom, AI Act en tension et bras de fer budgétaire à Bruxelles.

EUROPE • L’Europe doit miser sur le quantique pour combler son retard stratégique face aux États-Unis et à la Chine

INTERNATIONAL • Pendant que Trump dérégule à tout-va, Anthropic propose de jouer la carte d’une autorégulation des IA les plus avancées, par la transparence.


Médias : ce qu’il faut attendre pour la rentrée

Confirmation par Matignon du dépôt du projet de loi français d’application du Media Freedom Act en septembre, début des discussions sur la modification du RGPD, lancement futur Digital Fairness Act, difficultés d’application de l’AI Act, discussions qui seront forcément houleuses autour du budget européen 2028-2034, vote du rapport d’Axel Voss sur l’IA et le droit d’auteur : voici un résumé de ce à quoi il faut s’attendre pour la rentrée.

Les rouages réglementaires Qant avec GPT-4o

Matignon confirme que le projet de loi préparé sur base des conclusions des états généraux de l’information contiendra bien des dispositions d’application du European Media Freedom Act, et sera présenté en Conseil des ministres en septembre. « Le texte sera soumis au Conseil d’État dans les jours qui viennent et présenté en Conseil des ministres à la rentrée, puisque sa présentation avant le dernier Conseil des ministres du 30 juillet n’a pas été possible compte tenu des délais nécessaires aux consultations préalables », nous a indiqué le bureau du Premier ministre. Les dispositions de ce règlement européen portant sur l’audiovisuel public, la transparence en matière de propriété des médias ainsi que sur la compétence de l’Arcom en matière de presse d’information entrent en vigueur le 8 août : la France aura donc du retard.

Ouverture des discussions sur la simplification du RGPD

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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