Remplacer Starlink en Ukraine

Le spatial européen commence à se mobiliser • L'IA échoue à museler le L.A. Times • Microsoft lance un assistant pour les professionnels de santé • Premier design pour le shekel numérique • IA et blockchain : une nouvelle approche pour optimiser la livraison par drones • Comment créer l’IA du Sud • Bienvenue dans Qant, mercredi 5 mars 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

En Ukraine, EutelSat veut prendre la relève de Starlink

Le groupe français Eutelsat négocie avec les gouvernements européens pour renforcer la connectivité satellitaire en Ukraine, alors que des incertitudes pèsent sur l'accès de Kyiv à Starlink.

Un satellite au secours de l’Ukraine • Qant, M. de R. avec Midjourney

  • Eutelsat a confirmé être en pourparlers avec des institutions européennes pour déployer rapidement des services Internet en Ukraine, notamment pour des missions critiques.

  • L’Ukraine dépend pour l’instant de Starlink, un service d’accès Internet fourni par SpaceX, pour ses communications militaires. Or, son propriétaire Elon Musk a montré que son soutien pouvait être erratique, en restreignant notamment le service pour empêcher une offensive en Crimée (lire Qant du 8 septembre 2023). La coupure complète a été utilisée comme moyen de pression par les Américains ces dernières semaines et la suspension sine die de l’aide américaine fait craindre sa mise en œuvre.

  • Or, Eutelsat est devenu, fin 2023,  propriétaire de OneWeb, un autre fournisseur de services Internet par satellite. Sa constellation est certes bien plus petite que Starlink (environ dix fois), il dispose néanmoins d’une couverture globale.

  • L’action Eutelsat a bondi de +70 %, portée par les perspectives d’un soutien accru de l’Europe à l’Ukraine.

  • À SURVEILLER : Le retour de l’espace européen. Alors que le lancement d’Ariane 6 devrait – enfin – avoir lieu demain jeudi, l’Union européenne envisage plusieurs alternatives à Starlink. L’initiative GovSatCom, notamment, fournit des services de communication par satellite sécurisés pour les utilisateurs gouvernementaux et institutionnels. Dans la première phase, qui doit se conclure cette année, elle regroupe les capacités satellitaires des États membres dans un réseau sécurisé. En fin d’année dernière, le groupe espagnol GMV a remporté un appel d’offres d’un maximum de 107 M€ pour construire le hub qui gérera la demande, l’offre et la sécurité.

Trump gratte les puces ; couac de droite au Los Angeles Times

  • Chips Act : vers la fin du paquet • Lors de son discours au Congrès cette nuit, Donald Trump a demandé l’abrogation du programme de soutien à l’industrie américaine des semiconducteurs. Celui-ci prévoit 39 milliards de dollars en subventions et 75 milliards en prêts, ainsi que 11 milliards pour la recherche et des crédits d’impôt. Il a déclenché des investissements pour quelque 400 milliards de dollars, dont les 100 milliards annoncés avant-hier par TSMC à la Maison Blanche. Le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a annoncé sa volonté de contester rétroactivement certaines attributions. Son Président considère que des tarifs douaniers sur les microprocesseurs seront plus efficaces. En savoir plus… 

  • Perdre l’équilibre grâce à l’IA • Le Los Angeles Times a dû retirer cette nuit, 24 heures après son lancement, L.A. Times Insights, un outil d’IA qui attribue une orientation politique aux tribunes et fournit des points de vue alternatifs. Destiné aux contenus de la section “Voices” (opinions, critiques et commentaires), ce système voulait “aider les lecteurs à identifier d’éventuels biais et à explorer différentes perspectives”. Une première analyse publiée lundi a ainsi estimé qu’un article sur Donald Trump adoptait – horresco referens – une position de "centre gauche", et proposé des sources complémentaires. Emportée par son élan, l’IA a ensuite proposé une défense du Ku Klux Klan, pour équilibrer le parti pris d’une autre tribune. Patrick Soon-Shiong, le nouveau propriétaire du L.A. Times qui, à l’instar de Jeff Bezos au Washington Post, tente de réorienter vers la droite trumpienne la ligne du journal, a été contraint de faire précipitamment marche arrière. Pour l’instant. En savoir plus… 

Le Dragon qui parlait à l’oreille du médecin

Microsoft vient de présenter Dragon Copilot, un assistant d’intelligence artificielle destiné aux professionnels de santé, capable de générer automatiquement des notes cliniques, des lettres de recommandation et des résumés post-consultation.

Le dragon à l’hôpital • Qant, M. de R. avec Midjourney

  • Dragon Copilot combine les technologies de dictée et d'écoute ambiante développées par Nuance, une entreprise acquise par Microsoft en 2021 pour environ 16 milliards de dollars. 

  • L’application s’intègre directement aux dossiers de santé électroniques. Elle  permet aux médecins d’extraire rapidement des informations médicales et d’automatiser des tâches administratives

  • Un déploiement progressif est prévu. Disponible aux États-Unis et au Canada en mai, il s’étendra au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, à la France et à l’Allemagne dans les mois suivants.

  • À SURVEILLER : L’adoption par les hôpitaux. Non sans hyperbole, Microsoft affirme que cette solution contribue à limiter l’épuisement professionnel des cliniciens.

Google, Podcastle, Sony Music

  • L’IA de Google devient zoologiste • Google a publié en open source SpeciesNet, un modèle d’intelligence artificielle conçu pour identifier les espèces animales à partir d’images capturées par des caméras équipées de capteurs infrarouges. Développé dans le cadre de Wildlife Insights, un programme de Google Earth Outreach, SpeciesNet a été entraîné sur plus de 65 millions d’images, issues notamment du Smithsonian Conservation Biology Institute et de la Zoological Society of London. Disponible sur GitHub sous licence Apache 2.0, il peut être utilisé à des fins commerciales. En savoir plus… 

  • 450 voix pour un podcast IA • La plateforme d’édition de podcasts Podcastle a présenté Asyncflow v1.0, un modèle de synthèse vocale qui propose plus de 450 voix IA capables de narrer du texte, avec des coûts d’entraînement réduits par rapport à la concurrence. La start-up, qui a levé 13,5 millions de dollars en 2024, propose son service à 40 $ pour 500 minutes, soit moins de la moitié du tarif d’ElevenLabs. En savoir plus… 

  • Sony protège ses artistes face à l’IA • Sony Music a participé à une levée de fonds de 16 millions de dollars pour Vermillio, une start-up spécialisée dans la gestion des licences et la protection des droits face à l’IA générative. Son outil TraceID surveille l’utilisation de propriétés intellectuelles en ligne et peut automatiser les demandes de retrait ainsi que la gestion des paiements pour les contenus sous licence. En savoir plus…

Les pays du Sud doivent s'approprier la révolution de l'IA

Sur la trajectoire actuelle, le Nord mondial continuera à dominer l'IA et à développer de nouvelles formes de dépendance économique et culturelle. Mais en investissant dans l'informatique distribuée et l'innovation locale, les pays à revenu faible ou intermédiaire peuvent établir un ordre technologique plus équitable qui crée de la valeur pour leurs communautés.

Par Kate Kallot (Amini)

Kate Kallot (Amini), D. R.

À l’instar des économies coloniales, l’industrie technologique est fondamentalement extractive. Les systèmes d’IA modernes, qu’ils soient conçus par OpenAI ou Meta, s’appuient sur des données annotées par des travailleurs au sein des pays du Sud. Or, les pays du Nord conservent le contrôle du secteur et de ses bénéfices.

“La question n’a jamais été de savoir si les pays du Sud étaient en mesure de « rattraper » leur retard face à la domination de l’IA par les pays du Nord. Il s’agit de déterminer si nous utiliserons la technologie comme un outil d’égalisation en direction d’un monde meilleur. (...) Un écosystème de l’IA riche en données, axé sur la communauté et inclusif au sein des pays du Sud bénéficierait au monde entier.”

Qant est membre de Project Syndicate.

Israël dévoile un premier design pour son shekel numérique

La Banque d’Israël a publié un projet préliminaire de shekel numérique, sans qu'une décision définitive sur son lancement ne soit encore prise.

  • La Banque d’Israël a présenté un design initial pour le shekel numérique, détaillant son écosystème, son cadre technique et ses considérations réglementaires.

  • Le projet veut offrir un moyen de paiement alternatif, qui permettra de réduire les coûts, d' améliorer la confidentialité et de lutter contre l’économie informelle.

  • Des acteurs privés joueront un rôle clé, en assurant l’intégration des utilisateurs, la conversion des dépôts et la fourniture de services financiers avancés.

  • Le projet prévoit une compatibilité avec d’autres systèmes de paiement, permettant aux utilisateurs de régler des transactions en shekel numérique même si l’autre partie utilise un autre système. 

  • À SURVEILLER : La consultation publique. Israël recueillera les avis du public et des entreprises sur le design du shekel numérique jusqu’au 30 avril 2025, avant une décision finale après 2026. Une première enquête a montré des résultats très positifs.

Drones autonomes et blockchain : une approche logistique optimisée

Une étude récente par des chercheurs chinois explore l’intégration des drones autonomes dans un cadre logistique appuyé par l’apprentissage par renforcement, la communication sémantique et la blockchain. Ce modèle vise à améliorer la transmission d’informations et la sécurité des échanges tout en optimisant l’efficacité opérationnelle.

Réinventer les drones autonomes • Qant, M. de R. avec Midjourney

Les drones autonomes sont de plus en plus utilisés dans le domaine de la logistique. Une étude menée par des chercheurs de l’université des Sciences et Technologies de Shanghai examine comment ces dispositifs peuvent interagir avec un environnement numérique en exploitant des technologies avancées. Trois éléments sont au cœur de cette approche : un apprentissage par renforcement quantique pour améliorer l’adaptation des drones, un système de communication sémantique pour réduire les coûts de transmission de données et l’utilisation de la blockchain afin de sécuriser les transactions.


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• Apprentissage par renforcement, communication sémantique et blockchain renforcent l’autonomie et la sécurité des drones en logistique.

• L’IA peut être un outil d’émancipation pour les pays du Sud, à condition d’investir dans l’innovation locale.

Les pays du Sud doivent s'approprier la révolution de l'IA

Sur la trajectoire actuelle, le Nord mondial continuera à dominer l'IA et à développer de nouvelles formes de dépendance économique et culturelle. Mais en investissant dans l'informatique distribuée et l'innovation locale, les pays à revenu faible ou intermédiaire peuvent établir un ordre technologique plus équitable, qui crée de la valeur pour leurs communautés.

Par Kate Kallot (Amini)

Kate Kallot (Amini), D. R.

L’intelligence artificielle transforme les dynamiques de puissance au niveau mondial. Nous, les pays du Sud – de l’Afrique jusqu’aux Caraïbes, en passant par l’Asie du Sud-Est et l’Amérique latine – devons saisir cette opportunité pour appliquer à cette technologie en plein essor une approche axée sur la communauté.

L’IA qui reproduit la domination du Nord 

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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