Que le grand Cric me Grok !

Les mésaventures de Grok 3 ne troublent pas la facilité brouillonne d’Elon Musk • De l’argent dans les machines : Quantum Machines lève 170 millions de dollars et Nomagic 42 millions d’euros pour ses bras robotiques à l’IA • Paypal fait tapis sur le PYUSD • Bienvenue dans Qant, jeudi 27 février 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Distinguer le faux du faux

Alors qu'Elon Musk présente Grok 3 comme l’IA qui “maximise la recherche de la vérité”, son lancement a surtout mis en lumière la manière dont il cherche à l’orienter et le censurer. Mais cela n’a pas troublé son but principal.

Une main de fer sans gant de velours • Qant, M. de R. avec Midjourney

Si ce que voulait Elon Musk, en présentant Grok 3 plus tôt que prévu, c’était éclipser le lancement de Claude 3.7 Sonnet et s’installer comme le créateur du “modèle d’IA le plus intelligent au monde”, c’est réussi. Depuis son lancement, Grok 3 s’est installé en tête de la Chatbot Arena, un site ouvert où chacun vote pour le LLM de son choix. 

Au cas où quelqu’un conteste, un jour, les choix d’IA que Musk fera pour accélérer la réforme de l’État fédéral en tant que “Doge”, ce titre a une valeur. Même si, dans la réalité, les performances de Grok 3 ne se distinguent guère des autres modèles de pointe, le “Doge” de Washington pourra pousser sa propre IA dans la grande réforme de l’État fédéral qu’il coordonne.

En outre, en deux ans, il a presque rattrapé son retard, non pas tant face à OpenAI et Anthropic, que face au leader des réseaux sociaux, Meta. Alors que Meta AI se diffuse partout, X pourra tenir son rang et faire entrer l’IA générative dans ses algorithmes d’amplification.

Pour tout le reste, quel échec. Du jamais vu depuis Bard.

Datacenter : Meta met le paquet

Meta serait en discussions avancées pour investir dans un centre de données destiné à ses projets d’intelligence artificielle, bien que l’entreprise ait démenti ces informations.

  • Meta étudie la construction d’un centre de données géant dédié à l’intelligence artificielle, avec des sites potentiels en Louisiane, au Wyoming et au Texas. Des dirigeants de l’entreprise auraient récemment visité plusieurs emplacements.

  • Dans son budget, Meta prévoit d’investir entre 60 et 65 milliards de dollars en 2025 dans ses infrastructures. Son CEO, Mark Zuckerberg, mise sur une large adoption de son assistant IA dès cette année.

  • Le groupe pourrait cependant porter ses investissements à plus de 200 milliards de dollars, selon The Information, à cause de la démesure du nouveau datacenter.

  • À SURVEILLER : On ne plaisante pas avec la Bourse. Un porte-parole de Meta a démenti ces informations, affirmant que la société a déjà communiqué ses plans en matière de centres de données et de dépenses, et que toute spéculation au-delà de ces annonces est infondée.

Alibaba, Donald Trump, OpenAI, Perplexity

  • L’IA entre dans les écoles à Tallinn • L’Estonie lance "AI Leap", un programme qui vise à intégrer des chatbots éducatifs, dont une version spécialisée de ChatGPT, dans ses écoles. Dès septembre 2025, 20 000 lycéens et 3 000 enseignants auront accès à ces outils, avec une extension aux écoles professionnelles et à 38 000 élèves supplémentaires en 2026. L’initiative, soutenue par OpenAI et Anthropic, vise à former les jeunes aux compétences numériques essentielles. En savoir plus… 

  • Alibaba se met à la vidéo en open source • Alibaba a annoncé la mise en open source de quatre modèles d’intelligence artificielle de génération vidéo de sa série Wan2.1, accessibles via Alibaba Cloud et Hugging Face. Ces modèles permettent de créer des images et des vidéos à partir de texte ou d’images, à l’instar de Veo de Google et de Sora d’OpenAI. Stable Diffusion, qui a connu depuis des difficultés importantes, avait présenté fin 2023 un premier modèle open source de génération vidéo, Stable Video Diffusion. En savoir plus… 

  • Perplexity cherche les pépites de l’IA • Perplexity vient de créer un fonds d’investissement de 50 millions de dollars pour financer des start-ups en phase de seed et pre-seed. Ce fonds est principalement financé par des investisseurs externes, mais Perplexity y contribue également avec une partie des 500 millions de dollars levés lors de son tour de table de décembre dernier. En savoir plus… 

  • Trumperie éhontée • Donald Trump a publié une vidéo générée par IA présentant une vision de Gaza en 2025, transformée en destination balnéaire. Le clip de 30 secondes commence par des images de destruction avant de montrer des gratte-ciel, des plages et des symboles liés à Trump, dont une statue dorée géante et un bâtiment “Trump Gaza”. Parmi les scènes, figurent également Elon Musk qui mange du houmous, des militants du Hamas qui dansent en bikini et Trump en boîte de nuit. La vidéo est accompagnée d’une chanson affirmant que “Trump Gaza est enfin là”. En savoir plus…

Paypal accélère l’adoption du PYUSD

PayPal prévoit d’intégrer son stablecoin PYUSD à plusieurs de ses services en 2025, notamment pour les paiements internationaux et les règlements en cryptos via Hyperwallet.

  • Paypal est déterminé à accélérer l’adoption de son stablecoin PYUSD, resté assez confidentiel depuis son lancement en 2023, selon Bloomberg

  • Plus de 20 millions de commerçants internationaux sur Paypal se verront proposer le PYUSD pour leurs règlements internationaux, 

  • Hyperwallet, une filiale crypto acquise pour 400 millions de dollars en 2018, proposera le stablecoin PYUSD pour les paiements globaux d’ici à quelques mois.

  • PayPal prévoit d’autoriser d’ici fin 2025 les règlements en cryptomonnaies sur sa plateforme.

  • À SURVEILLER : Les “rails” pour les paiements internationaux. Bien que petits, Paypal et Ripple (avec XRP et le RL USD) semblent être particulièrement bien placés pour orchestrer le développement des stablecoins dollars dans le commerce international.

Du quantique à Tel Aviv

La start-up israélienne Quantum Machines, qui fournit des solutions de contrôle quantique, réussit une levée importante dans un contexte toujours difficile : 170 millions en série C.

  • Quantum Machines vient de  lever 170 millions de dollars lors d’un tour de financement mené par PSG Equity, avec la participation d’Intel Capital et Red Dot Capital Partners.

  • La start-up développe du matériel essentiel au fonctionnement des ordinateurs quantiques, notamment des contrôleurs, des modules de refroidissement et des systèmes de filtrage des interférences.

  • La société revendique plusieurs centaines de clients, parmi lesquels plus de la moitié des entreprises travaillant sur l’informatique quantique, ainsi que des universités et des laboratoires nationaux. 

  • Son contrôleur OPX+ équipe notamment le DGX Quantum de Nvidia, facilitant l’exécution d’algorithmes hybrides mêlant processeurs classiques et quantiques. 

  • Avec ce financement, la start-up totalise 280 millions de dollars levés depuis sa création.

  • À SURVEILLER : La reprise des financements en informatique quantique. Plusieurs levées récentes, dont celles de QuEra et Alice & Bob, montrent un regain d’intérêt des investisseurs, malgré la crise traversée ces dernières années.

Pas de magie, mais de l’IA dans le bras

La start-up polonaise Nomagic, spécialisée dans les bras robotiques alimentés par l’intelligence artificielle, vient de lever 41,9 millions d'euros pour étendre ses activités en Europe et amorcer son expansion en Amérique du Nord.

Le robot Arvato de Nomagic en action à Dortmund, en Allemagne • Source : Nomagic

La start-up polonaise Nomagic développe des solutions robotiques dédiées aux opérations logistiques, notamment dans le tri et la préparation de commandes. L’entreprise, qui mise principalement sur le développement logiciel plutôt que sur des innovations matérielles, utilise l’IA et la vision par ordinateur pour optimiser la manipulation d’objets de différentes formes et tailles. Grâce à cette approche, ses robots peuvent être déployés dans divers environnements industriels avec un minimum d’adaptation.


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• Grok 3 se veut une IA plus libre et performante, mais sa modération et ses performances contredisent cette prétention.

• La polonaise Nomagic lève 41,9 millions d'euros pour développer ses solutions robotiques dédiées aux opérations logistiques.

Distinguer le faux du faux

Alors qu'Elon Musk présente Grok 3 comme l’IA qui “maximise la recherche de la vérité”, son lancement brouillon a surtout mis en lumière la manière dont il cherche à l’orienter et le censurer.

Elon Musk promeut Grok 3, le dernier modèle de xAI sorti à la mi-février et rendu disponible gratuitement à la plupart des utilisateurs de X, comme une IA « maximalement en quête de vérité », une alternative non censurée à ses rivaux ChatGPT, Gemini et Claude. La première semaine a montré tout le contraire : un modèle ridiculement facile à “jailbreaker”, que ses mentors tentent frénétiquement de transformer en un véhicule de propagande trumpienne.

Les trois personnalités qui nuisent le plus à l’Amérique aujourd’hui d’après Grok • Source : Don’t worry about the vase

Dès le premier jour, en effet, Grok 3 a montré une tendance à distiller des opinions “woke”, clairement anticonservatrices, venues de ses données d’entraînement. Interrogé sur quel Américain vivant mérite le plus la peine de mort, le modèle répondait sans hésitation : “Donald Trump”. Il désignait également Donald Trump, Elon Musk et Robert Kennedy comme les personnalités qui véhiculent le plus de faussetés sur Internet. Et ainsi de suite : l’alignement de Grok 3 sur les opinions de son créateur avait clairement échoué – ou plus précisément, le modèle a été ouvert au public avant le red teaming ne soit terminé. 

Censure mal dirigée

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

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Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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