Contre la Chine, l'Amérique mise sur l'IA

Pendant que l'IA générative s'étend aux parfums et aux odeurs et qu'Inceptive, qui s'en sert pour créer de l'ARN, lève 100 millions de dollars, la Défense américaine lance un programme pour se doter de robots de combat par milliers. Et pas en kit. Bienvenue dans Qant, vendredi 8 septembre.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Pour cela, ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022. Les articles qui requièrent le plus de travail humain demandent un abonnement.

L’ÉVÉNEMENT

Des drones et des robots : l’IA s’en va-t-en guerre …

Face à la Chine, les États-Unis se lancent dans un programme d’investissement de plusieurs centaines de millions de dollars pour créer des milliers de robots de combat : IA, drones, systèmes autonomes. La course est lancée.

"Un duel technologique au sommet entre Américains et Chinois" (Midjourney)"Un duel technologique au sommet entre Américains et Chinois" (Midjourney)

Kathleen Hicks, secrétaire adjointe à la Défense américaine, vient de présenter une nouvelle initiative nommée "Replicator". Cette dernière vise à créer des milliers de drones et systèmes autonomes (sans doute des plateformes d’armes) animés par l'intelligence artificielle. Elle a souligné que l’ensemble de ses outils devront être "petits, intelligentes, et peu coûteux". L’investissement total sera tout de même de plusieurs centaines de millions de dollars, et concernera à la fois les combats sur terre, en mer et dans les airs. L'approche proposée s'inspire des capacités démontrées par la Task Force 59 de la marine américaine, conçue pour surveiller les activités militaires de l'Iran au Moyen-Orient, en utilisant notamment l’intelligence artificielle.

Kathleen Hicks a également anticipé les critiques qui ne manqueront pas de tomber sur un tel programme. Elle a insisté sur le fait que le Replicator n'est pas un nouveau programme et qu’il utilisera des financements existants, ce qui limite la capacité d’interférer des républicains au congrès. Sans surprise, elle a affirmé que les États-Unis maintiendront des normes éthiques élevées, insistant sur le fait qu'un humain sera toujours responsable de l'utilisation de la force.

En réalité, la robotique de combat progresse régulièrement depuis l’apparition des premières plates-formes d’arme autonomes à la frontière des deux Corées, dans les années 2000. La guerre en Ukraine a fait la preuve de l’efficacité des drones et de leurs cousins les plus avancés, comme les Switchlade 600, des munitions télé-opérées (dites “rôdeuses” ou “vagabondes”) de l’équipementier californien Aerovironment. Mais la cible ici n’est plus la Russie.

“La Chine n’attend pas”, a déclaré Kathleen Hicks dans des propos rapportés par le Wall Street Journal, faisant notamment référence aux inquiétudes américaines sur une potentielle invasion de Taïwan par Pékin. Comme la Russie sur l’Ukraine, l’armée chinoise détiendrait sur l’Amérique, en cas de conflit, l’avantage de la masse : “plus de chars, plus de navires, plus de missiles… plus d’hommes”. En s’équipant d’une multitude de robots de combat bon marché, l’armée américaine pourrait aider Taïwan sans se retrouver face à ce dangereux déséquilibre.

C’est du moins, semble-t-il, le raisonnement au Pentagone. Début août, une task force baptisée Lima y a été constituée pour déployer dans les états-majors les chatbots comme Bard et ChatGPT.

Trop tard pour que l’idée de la robotisation du combat soit venue de l’un d’entre eux.

Pour en savoir plus :


  • L’Ukraine accuse Musk : Après avoir mis à disposition de la résistance ukrainienne son réseau satellite Starlink, Elon Musk en aurait secrètement ordonné l'arrêt inopiné près des côtes de Crimée afin de faire échouer une attaque-surprise ukrainienne sur la flotte navale russe. Elon Musk, une biographie du journaliste américain Walter Isaacson à paraître mardi, commence à nourrir la polémique.”Des civils et des enfants ont été tués. C'est le prix d'un cocktail d'ignorance et d'ego démesuré" réagit un conseiller du président Zelensky, Mykhailo Podolyak, sur X-Twitter, propriété du magnat sud-africain qu’il vise. La privatisation du régalien par la technologie est désormais sous les yeux de chacun.
    Pour en savoir plus: CNBC

L’ESSENTIEL : Bolt, FTX, Genesis, Inceptive, Tencent, Ubtech

ROBOTS

Le beau cas du robot en kit

Une start-up hongkongaise cherche à financer un kit permettant de fabriquer sept robots différents.

L'Ugot Robotic Kit permet aux utilisateurs de construire sept robots différents. Ce kit, qui fait l'objet d'une campagne de précommandes sur Kickstarter, est produit par Ubtech, une entreprise de robotique de Hong Kong connue pour avoir établi un record mondial de danse simultanée de robots. Le kit Ugot est composé de modules dédiés à des fonctions telles que le traitement de données, la locomotion et la détection. Avec ces modules, les utilisateurs peuvent construire un quadrupède, un robot équilibré sur deux roues, un robot à quatre roues omnidirectionnelles, et ainsi de suite. Ces robots sont équipés d’une caméra 720p et d’une unité de mesure inertielle. Ils peuvent intégrer des fonctions comme la reconnaissance vocale et visuelle. Les robots peuvent être préprogrammés en Python ou contrôlés en temps réel via Wi-Fi ou Bluetooth.

Pour en savoir plus : New Atlas

IA GÉNÉRATIVE

  • Nouvelle levée de fonds pour un des pères de l’IA : Jakob Uszkoreit, un ancien chercheur en intelligence artificielle de Google et pionnier de la technologie derrière ChatGPT (lire Qant du 07 septembre), vient de lever 100 millions de dollars pour sa start-up qui mêle IA et biotech, Inceptive. Selon le Financial Times, parmi les investisseurs, on compte de grands noms de la Silicon Valley tels que Nvidia et Andreessen Horowitz. Basée à Palo Alto, Inceptive utilise l'intelligence artificielle pour développer de nouveaux types de vaccins et médicaments, en concevant un "logiciel biologique".
    Pour en savoir plus: AI2 News

  • Tencent rejoint la danse des modèles : La société chinoise Tencent vient d’annoncer le lancement d’un modèle d'intelligence artificielle nommé "Hunyuan" destiné aux entreprises. Par ailleurs, Tencent, qui gère la célèbre application WeChat, a également annoncé le lancement d'un chatbot basé sur l'IA, quelques jours après que Baidu a dévoilé ses applications alimentées par l'IA (lire Qant du 5 septembre).
    Pour en savoir plus: Reuters

AR-VR-XR-MÉTAVERS

  • Une réalité diminuée de ses voitures : Dans le cadre de sa dernière campagne de publicité, Bolt, l’entreprise estonienne spécialisée dans la mobilité partagée, s'est associée à Snapchat pour créer un filtre de réalité augmentée permettant aux utilisateurs de visualiser des espaces extérieurs avec moins de voitures. Il transforme ces dernières en cafés en plein air, espaces verts et pistes cyclables. Cette campagne, nommée "Feels Like Home", vise à sensibiliser le jeune public à ce que seraient des environnements urbains avec moins d'émissions, de trafic et de congestion. Et où tout le monde, sans doute, se déplacerait en Bolt, un concurrent bon marché d’Uber.
    Pour en savoir plus: AdWeek

BLOCKCHAINS

  • Les crédits carbone au secours des mineurs de bitcoin : Durant une vague de chaleur record au Texas en août, le mineur de bitcoin Riot Platforms a reçu 31,7 millions de dollars en crédits énergétiques de l'opérateur du réseau électrique texan, Ercot, pour réduire volontairement sa consommation d'énergie. Une source de revenus bienvenue alors que Riot connaît des pertes financières, passant d'une forte hausse des revenus en 2021 à une perte nette de plus de 500 millions de dollars en 2022.
    Pour en savoir plus: CNBC

  • Les fausses notes de FTX et Genesis : Genesis Global, un prêteur américain en cryptomonnaies qui a fait faillite en novembre après l'effondrement de la plateforme d'échange FTX, vient de déposer une plainte où elle réclame à la société mère de FTX, le Digital Currency Group, le remboursement de plus de 600 millions de dollars de prêts dont plus de 115 millions en bitcoin.
    Pour en savoir plus: Bloomberg

QUANTUM

  • Un état quantique découvert … par hasard : Des chercheurs de l'université Cornell ont découvert, de manière inattendue, un état quantique appelé "quantum spin-glass" lors d'une étude visant à en apprendre davantage sur les algorithmes quantiques et les stratégies de correction d'erreur en informatique quantique. Cette découverte pourrait avoir des implications pour la protection automatique de certaines informations dans les algorithmes quantiques. Elle pourrait également révéler des propriétés cachées utiles pour le calcul, bien que leur application précise reste encore à déterminer.
    Pour en savoir plus: Phys Org

EXPERT

Ça y est, l’IA a du flair

En étudiant la structure des molécules, l’intelligence artificielle est désormais capable de décrire un profil olfactif. De quoi réaliser une véritable carte des odeurs, et de créer des parfums à la demande.

"L'odorat, nouveau sens du robot" (Midjourney)"L'odorat, nouveau sens du robot" (Midjourney)

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

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Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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