Petit papa Noël, de l’IA plein la hotte

Google dévoile Gemini 2.0 • Prévisions 2025 : le marché des robotaxis se structure, aggravant la crise stratégique de l’automobile européenne • Apple se tourne vers Broadcom pour ses puces d’IA • La suisse ANYbotics lève 60 millions pour porter ses robots autonomes intelligents aux États-Unis • Bienvenue dans Qant, vendredi 13 décembre 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Un Flash éblouissant chez Google

Google a présenté Gemini 2.0 Flash, premier modèle de la série Gemini 2.0. Il devient pleinement multimodal et se veut le modèle de référence pour les agents d’IA qui commencent à apparaître. Avec de bonnes chances de réussite.

  • Google a présenté Gemini 2.0 Flash, un nouveau modèle d’IA multimodal, capable de générer du texte, des images et de l’audio, et d’accepter des vidéos en input. Il est à la fois plus puissant et plus rapide que Gemini 1.5 Pro 002, le plus fort des Gemini jusqu’à présent, avec un score de 76,4 % sur MMLU-Pro, 92,9% sur Natural2Code et 89,7 % sur Math, pour citer les tests les plus courants.

  • Après les déboires de Gemini, épinglé en février pour avoir notamment représenté des soldats nazis noirs (lire Qant du 23 février), Google a commencé à tester ses modèles sur la “factualité”, le respect des faits, où le nouveau modèle obtient un score raisonnable de 83,6 %.

  • Google Deepmind déclare que son objectif à long terme est de créer des agents d'intelligence artificielle utiles dans tous les domaines. 

  • Par exemple, Jules, un agent de code expérimental alimenté par Gemini 2.0, s'intègre directement dans un flux de travail GitHub. Il peut s'attaquer à un problème, développer un plan et l'exécuter, le tout sous la direction et la supervision d'un développeur. Gemini 2.0 peut non seulement écrire du code, mais l’exécuter.

  • Astra, qui avait fait sensation au printemps lors de Google I/O, utilise Gemini 2.0 pour offrir une assistance visuelle, permettant d’identifier des objets, de donner des indications et d’aider à localiser des objets personnels. 

  • Mariner propose une navigation web automatisée via une extension Chrome, avec des applications dans l’exécution de tâches complexes sur le navigateur. 

  • Avec l’éditeur de jeux vidéos Supercell, Google développe des agents pour conseiller les joueurs. Ces agents se basent exclusivement sur l’écran du joueur, ses instructions orales et la recherche sur Internet.

  • Gemini 2.0 renforcera l'intégration de l’IA dans les principaux outils de Google : la recherche sur Internet (“Search”) et la suite bureautique Workspace. Les abonnés payants à Gemini Advanced, par exemple, peuvent avoir accès à des fonctions de “recherche profonde” : Deep Research agit comme un assistant de recherche personnel, qui crée un plan de recherche en plusieurs étapes basé sur la requête de l'utilisateur, l’exécute sur le web, trouve des informations pertinentes et lance de nouvelles recherches en fonction de ses résultats. Il répète ce processus plusieurs fois, en affinant continuellement son analyse, puis compile un rapport complet des principaux résultats, avec des liens vers les sources originales.

  • Les nouveaux modèles font montre également de capacités en informatique spatiale, calculant aisément les positions d’objets dans les images (vidéo ci-dessous). Un signe de plus que Large World Models, comme ceux développés par Niantic ou Fei Fei Li, représentent un avenir potentiel de l’IA après l’IA générative.  

  • À SURVEILLER : Des agents plutôt que des performances. Comme prévu, les performances Gemini 2.0 ne constituent pas une rupture mais une amélioration progressive. Tous les grands modèles semblent se heurter à ce plafond, qui déplace la lutte vers le terrain des applications : chain-of-thought pour o1 d’OpenAI, agents d’IA pour Google. Seul Orion/GPT-5 pourrait changer la donne si, comme certains le pensent, le présente comme bouquet final de son “calendrier de l’Avent”, la semaine prochaine.

Apple, Broadcom, Google, OpenAI

  • Premier couac pour Sora OpenAI a subi une panne majeure qui a affecté ChatGPT et Sora dans la nuit de mercredi à jeudi. Selon l'entreprise, la panne, attribuée à une modification de configuration ayant rendu plusieurs serveurs inaccessibles, était indépendante des récents lancements de produits, notamment l’intégration avec Apple Intelligence et la sortie publique de Sora. En savoir plus… 

  • Apple Intelligence s’appuiera sur BroadcomApple collabore avec le concepteur de puces américain Broadcom pour développer son premier processeur serveur, conçu pour gérer des applications d’intelligence artificielle – Broadcom est également à l’origine des TPU de Google. Le projet, nommé en interne Baltra, vise à tenir la promesse que les calculs d’Apple Intelligence s’effectueront dans un cloud et avec des puces entièrement Apple. Mais la conception du processeur devrait être achevée d’ici à 12 mois, ce qui porte à s’interroger sur le déploiement d’Apple Intelligence. En savoir plus… 

  • Google s’attaque à l’alliance Microsoft-OpenAI • Google a demandé à l’autorité de la concurrence américaine, la FTC, de mettre fin à l’accord exclusif entre Microsoft et OpenAI, qui oblige les entreprises souhaitant utiliser les modèles d’OpenAI à passer par les serveurs de Microsoft. Google affirme que cet accord augmente les coûts pour les concurrents et freine l’innovation en limitant l’accès aux modèles d’OpenAI. Microsoft génère des revenus importants grâce à cette exclusivité, dont une commission de 20 % sur les recettes d’OpenAI. En savoir plus… 

  • La Mère Noël a trouvé son Chat • Hier soir, OpenAI a commencé à rendre actives des capacités d’input vidéo à GPT-4o, similaires à celles d’Astra dans Gemini 2.0 ( ci-dessus). Le modèle continue de ne générer que de la voix et du son, du texte et des images mais sa capacité à suivre ce qui se passe sur l’écran de l’utilisateur permettra à Siri de rivaliser avec les assistants sur Android que rendra possibles Gemini. Pour une fois, Google aurait pu l’emporter sur le front de la communication, mais OpenAI a trouvé la parade : à partir de ce soir, ChatGPT permet de discuter en direct avec le Père Noël. Mieux que La Poste. En savoir plus…

La France sans les robotaxis : prévisions 2025, III

Les récentes annonces de General Motors et les avancées de Waymo et Tesla redéfinissent le paysage des robotaxis, un secteur où s'entrecroisent espoirs technologiques et enjeux économiques. Et dont la France reste désespérément absente.

Le futur des robotaxis • Qant, M. de R. avec Midjourney

General Motors vient d'annoncer la fin des opérations autonomes de Cruise, sa filiale dédiée aux robotaxis. Loin des ambitions initiales de générer 50 milliards de dollars de revenus d’ici 2030 grâce à ce service, GM a choisi de recentrer ce qu’il reste de sa filiale vers des technologies d’assistance à la conduite comme son système SuperCruise. Ce recentrage, après la sortie de route de Cruise (lire Qant du 10 novembre 2023), met un terme à un projet lancé il y a près d’une décennie. L’annonce a surpris, d’autant que Cruise reprenait ses opérations à San Francisco et Houston. Cependant, GM considère désormais que la rentabilité d’un service de robotaxis est hors de portée pour un constructeur automobile traditionnel. 

Pour qui sonne le glas ?

GM abandonne donc l’idée d’un modèle économique hybride, partiellement basé sur la vente de véhicules aux particuliers et partiellement sur les services de mobilité, comme Uber, Waymo ou Zoox d’Amazon – qui devrait lancer ses services à Las Vegas dès l’an prochain.

Axa IM teste la monnaie numérique de gros avec la Banque de France

Axa Investment Managers a mené deux transactions dans le cadre des essais sur les règlements en blockchain de l’Eurosystème.

  • Le gestionnaire d'actifs Axa Investment Managers (Axa IM) a participé à deux essais de monnaie numérique de gros dans le cadre des tests d’intégration des règlements sur blockchain menés par l’Eurosystème et la Banque de France

  • Les transactions, réalisées avec des « jetons exploratoires de liquidités », ont été finalisées fin novembre.

  • Lors d’un premier essai cet été, Axa IM a investi 3 millions d’euros dans une obligation numérique à quatre mois émise par la Slovénie via la plateforme BNP Paribas Neobonds, avec un règlement en T+1. 

  • Un second essai a vu Generali investir 1 million d’euros dans le fonds Court Terme d’AXA IM, via la blockchain privée Iznes, créée à Paris en 2017.

  • AXA IM, déjà active dans la tokenisation, a obtenu une licence française pour gérer des actifs numériques et a participé à plusieurs initiatives similaires l’an dernier. 

  • À SURVEILLER : D’autres initiatives européennes. L’évolution des tests de règlement sur blockchain dans l’Union européenne, en particulier leur potentiel pour transformer les marchés financiers.

L’IA entre au Pentagone

Le Département de la Défense américain crée une nouvelle unité dédiée à l’intégration accélérée des technologies d’intelligence artificielle.

Le Pentagone veut son IA • Qant, M. de R. avec Dall-e

  • L’Artificial Intelligence Rapid Capabilities Cell (AI RCC) est chargée d’accélérer le déploiement de l’IA générative au Pentagon et d’incorporer l’intelligence artificielle dans les systèmes militaires, avec un accent sur les domaines comme le commandement, les drones autonomes, les tests d’armement, et la gestion logistique. 

  • Le Pentagone prévoit d’investir 100 millions de dollars (94 M€) sur les exercices fiscaux 2024 et 2025 pour soutenir cette initiative, incluant 40 millions de dollars (37,5 M€) pour des contrats avec des PME et 20 millions de dollars (18,8 M€) pour créer des bacs à sable (“sandboxes”) de développement. 

  • La cellule collaborera avec des fournisseurs de cloud comme Google, Oracle, Amazon Web Services et Microsoft, pour garantir la sécurité et l’efficacité des données dans les environnements de test. 

  • À SURVEILLER : L’adoption accélérée. L’AI RCC pilotera des projets en cycles courts de 90 jours, en se concentrant sur des modèles génératifs capables de répondre à des besoins spécifiques, du soutien logistique à l’autonomie des systèmes. 

Un drôle d’ANYmal

La société suisse ANYbotics, spécialisée dans les solutions d’inspection robotisée autonomes, a levé 60 millions de dollars supplémentaires pour accélérer son expansion mondiale et renforcer ses technologies basées sur l’intelligence artificielle, notamment le robot-chien ANYmal.

ANYbotics, une entreprise suisse spécialisée dans les solutions d’inspection robotisée autonomes, vient de lever 60 millions de dollars (environ 56 M€) dans le cadre d’une extension de sa série B, portant son financement total à 130 millions de dollars (environ 122 M€). Fondée en 2016 à partir des recherches menées à l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zurich), la société développe ANYmal, un robot quadrupède doté de capteurs avancés et de capacités d’analyse pilotées par l’intelligence artificielle. 

En mars dernier, les chercheurs de l'ETH Zurich avaient mis en scène le robot ANYmal  train de réaliser du parkour et de traverser des terrains accidentés grâce à l'apprentissage automatique (lire Qant du 18 mars).

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :

• Entre flottes centralisées et autonomie individuelle, Waymo et Tesla façonnent l’avenir des robotaxis.
• ANYbotics renforce ses robots d’inspection industrielle autonomes grâce à un nouveau financement de 60 M$.

La France sans les robotaxis : prévisions 2025, III

Les récentes annonces de General Motors et les avancées de Waymo et Tesla redéfinissent le paysage des robotaxis, un secteur où s'entrecroisent espoirs technologiques et enjeux économiques. Et dont la France reste désespérément absente.

Le futur des robotaxis • Qant, M. de R. avec Midjourney

General Motors vient d'annoncer la fin des opérations autonomes de Cruise, sa filiale dédiée aux robotaxis. Loin des ambitions initiales de générer 50 milliards de dollars de revenus d’ici 2030 grâce à ce service, GM a choisi de recentrer ce qu’il reste de sa filiale vers des technologies d’assistance à la conduite comme son système SuperCruise. Ce recentrage, après la sortie de route de Cruise (lire Qant du 10 novembre 2023), met un terme à un projet lancé il y a près d’une décennie.L’annonce a surpris, d’autant que Cruise reprenait ses opérations à San Francisco et Houston. Cependant, GM considère désormais que la rentabilité d’un service de robotaxis est hors de portée pour un constructeur automobile traditionnel. 

Pour qui sonne le glas ?

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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