Face à Starlink, une souveraineté numérique européenne

La France veut renforcer Eutelsat • Meta analyse les risques des apps avec l’IA • Anthropic réussit son virage vers les agents de programmation • Cantor Fitzgerald lance un programme de prêts adossés au bitcoin • La SEC jette l’éponge face à Binance • À son tour, ZScaler s’achète une IA • Bienvenue dans Qant, lundi 2 juin 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

La France montera en puissance dans Eutelsat

Eutelsat cherche à lever 1,5 milliard d’euros pour développer son réseau de satellites. L’occasion pour Paris de se renforcer au capital de l’opérateur.

  • Eutelsat Communications est en discussions avec plusieurs investisseurs pour lever 1,5 milliard d’euros, dans le but d'étendre son réseau de satellites en orbite basse, selon Bloomberg.  

  • Cette levée de fonds ferait passer la part de la France de 13,6 % à 30 % dans le capital de l’opérateur européen de satellites.

  • Outre l’État français, le gouvernement britannique et l’armateur CMA CGM sont également sollicités.

  • L’entreprise doit remplacer ses satellites tous les cinq à sept ans et prévoit également de participer au projet européen Iris2, nécessitant plus de 2 milliards d’euros de financement.

  • À SURVEILLER : Un embryon d’Airbus contre Starlink. En mars dernier, alors que les États-Unis paraissaient proches d’abandonner l’Ukraine, Eutelsat s’est montré comme la seule solution européenne souveraine susceptible de remplacer Starlink, le réseau d’Elon Musk. Le rachat de OneWeb et son réseau en orbite basse (LEO) en 2023 a permis cette prise de position, mais elle a donné aux Britanniques un poids certain dans la gouvernance. Après le changement de leadership, qui a installé un Français à la tête de l'opérateur (lire Qant du 6 mai), cette levée de fonds devrait marquer le retour en force de la France.

Meta confiera l’évaluation des risques humains à l’IA

Le groupe prévoit d’automatiser la grande masse des analyses de risques liés aux mises à jour de ses applications, au détriment d’un contrôle humain systématique.

  • Jusqu’à 90 % des évaluations de risques pour les nouvelles fonctionnalités de Facebook, Instagram et WhatsApp seront désormais effectuées par des systèmes d’intelligence artificielle, selon des documents internes consultés par NPR.

  • Le processus reposera sur un questionnaire rempli par les équipes produits, suivi d’une décision immédiate de l’IA identifiant les risques et les exigences à respecter avant tout lancement.

  • Meta affirme que l’automatisation ne concerne que les cas jugés à faible risque, les dossiers complexes continuant à être examinés par des experts humains.

  • EN FILIGRANE : Se diviser pour mieux régner. Meta vient de réorganiser son département d’intelligence artificielle, déplaçant Meta AI au sein de la division des produits concernée par l’automatisation. Une nouvelle unité, AGI Foundations, se consacre à la multimodalité et aux modèles Llama pendant que le laboratoire Fair continue ses recherches sans être intégré au groupe.

  • À SURVEILLER : La trumpisation de Meta. Le changement s’inscrit dans un contexte de réduction des dispositifs de modération, après la fin du programme de fact-checking et l’assouplissement des règles sur les discours de haine. Mais la possibilité juridique, pour Meta, de déployer en Europe des nouveaux produits testés de cette manière reste douteuse. 

Anthropic passe à la vitesse supérieure

Le pari sur les agents de développement réussit à l’outsider des grands modèles, dont l’ARR s’établit désormais à 3 milliards de dollars.

Mieux réfléchir avec Claude 4 • Qant avec GPT-4o

En décembre dernier, d’après Reuters, Anthropic a franchi le milliard de dollars de chiffre d’affaires annualisé (ARR). Résultat : au premier trimestre, le flux de ses recettes a triplé. Cette accélération valide le choix de la start-up de concentrer ses investissements dans l’adéquation de ses modèles au développement de code, dans lequel Claude 3.7 Sonnet excelle, au détriment du chatbot et ses capacités langagières. 

À l’inverse, ChatGPT représente la plus grande part du chiffre d’affaires d’OpenAI, qui devrait s’élever à 12 milliards de dollars cette année, contre 3,7 milliards l’an dernier. Claude 4, cependant, présenté le 21 mai, change la donne. Son modèle le plus puissant, Opus, égale o3 d’OpenAI dans ses capacités langagières, tout en l’emportant largement en matière de code. 

Il préfigure une nouvelle génération de modèles surpuissants, dans la course-poursuite que mènent OpenAI, Google et Anthropic avec, sur leurs talons, Meta et xAI. 

Apple, Informatica, OnePlus, Salesforce

  • Peu d’IA pour l’iPhone • Apple devrait être très prudente sur l’intelligence artificielle à sa conférence développeurs de lundi prochain (WWDC), d’après l’agence Bloomberg. La seule annonce d’importance devrait être l’ouverture à des développeurs tiers de ses modèles de fondation, embarqués dans les iPhones. L’IA devrait également être étendue à des applications comme la gestion de la batterie et la traduction, mais l’iPhone ne pourra pas encore se présenter comme un “AI-Phone”. Il faudra pour cela attendre que Siri soit doté de l’interface conversationnelle annoncée l’an dernier, sans trop halluciner. En savoir plus…

  • Informatica, le coup de force de Salesforce • Salesforce a confirmé la semaine dernière le rachat d’Informatica pour 8 milliards de dollars. Spécialisée dans la gestion des données en cloud, Informatica compte plus de 5 000 clients dans plus de 100 pays, avec une capitalisation boursière de 7,1 milliards de dollars avant l’annonce. Ce rachat vise à renforcer la plateforme d’intelligence artificielle Agentforce de Salesforce, en combinant les services de catalogage, d’intégration, de gouvernance et de confidentialité des données d’Informatica. Salesforce poursuit ainsi sa stratégie de rachats (Slack en 2021, Tableau en 2019, MuleSoft en 2018), qui n’ont guère renforcé jusqu’à présent son empreinte dans l’intelligence artificielle. En savoir plus… 

  • OnePlus, un AI Phone de plus • Le fabricant chinois de téléphones OnePlus a annoncé la création sur ses futurs modèles d’une nouvelle touche physique dédiée à l’intelligence artificielle, baptisée Plus Key. Ce bouton permettra non seulement de lancer des actions personnalisables (appareil photo, traduction, enregistrement), mais aussi d’activer AI Plus Mind, une fonction qui enregistre et extrait des informations présentes à l’écran (textes ou images) pour les stocker dans un espace dédié, Mind Space. Les utilisateurs pourront y effectuer des recherches en langage naturel. OnePlus développe également d’autres outils IA, dont VoiceScribe pour la transcription de réunions, AI Translation et une recherche locale via requêtes vocales. En savoir plus… 

Cantor lance ses premiers prêts adossés au bitcoin

La banque d’investissement Cantor Fitzgerald amorce un programme de prêts adossés, marquant un tournant dans la reprise du marché du crédit crypto.

  • Cantor Fitzgerald, dépositaire de la majorité des réserves de Tether, a lancé un programme de prêts adossés au bitcoin d’un montant de 2 milliards de dollars, destiné aux clients institutionnels.

  • La banque d’investissement, désormais dirigée par le fils du secrétaire d’Etat au Commerce de Donald Trump Howard Lutnick – qui en a tenu les rênes de 1991 à février dernier –, a conclu ses premières transactions avec FalconX et Maple Finance. 

  • Le courtier spécialisé en actifs numériques FalconX prévoit de mobiliser plus de 100 millions de dollars, dans le cadre d’un dispositif de crédit structuré.

  • La plateforme de prêts décentralisés Maple Finance a clôturé une première tranche de financement d’un montant non précisé, afin d’élargir son offre à ses clients professionnels.

  • EN FILIGRANE. Ce programme s’inscrit dans une série d’initiatives crypto de Cantor, notamment la création de 21 Capital en partenariat avec Tether et SoftBank.

  • À SURVEILLER : La reprise du crédit crypto. La faillite de FTX avait fait disparaître les prêts adossés aux cryptoactifs. La dérégulation trumpienne les fait réapparaître, avec à la clé l'intégration des actifs numériques dans la finance traditionnelle.

Binance, Trump

  • Binance : la SEC rend les armes • Le régulateur américain des marchés financiers (SEC) a abandonné jeudi ses poursuites civiles contre Binance, la plus grande plateforme d’échange de cryptomonnaies au monde. Cette décision, prise "dans l’exercice de son autonomie discrétionnaire" (sic), marque un nouveau tournant favorable à l’industrie crypto sous l’administration Trump. La plainte, déposée en 2023, accusait Binance et son fondateur Changpeng Zhao de manipuler les volumes d’échange et de tromper les investisseurs. En savoir plus…

  • Un démenti est une nouvelle donnée trois fois • Vendredi, le groupe Trump Media & Technology (TMTG) a cédé pour 1,44 milliard de dollars d’actions et contracté un emprunt convertible pour 1 milliard, afin de se constituer une trésorerie en bitcoins. L’opération avait été révélée mardi de la semaine dernière par le Financial Times. Confrontée à l’écroulement du cours de ses actions après la parution de l’article, TMTG, éditeur du réseau social Truth Social, avait violemment démenti, qualifiant de “stupides” le journal et ses sources. Et non ceux qui lui auraient prêté foi. En savoir plus…

Un Red Canary dans la mine de Zscaler

L’intégration de Red Canary à Zscaler vise à renforcer les capacités de détection et de réponse aux menaces grâce à l’intelligence artificielle, dans un contexte de consolidation croissante dans la cybersécurité.

  • Zscaler, fournisseur de services de sécurité cloud rival de Cisco et Palo Alto Networks, a annoncé l’acquisition d’un spécialiste de la détection et réponse managées (MDR), Red Canary.

  • Basée à Denver dans le Colorado, Red Canary revendique une réduction jusqu’à dix fois du temps d’investigation grâce à ses outils d’automatisation.

  • Jusqu’à présent, Red Canary a levé plus de 135 millions de dollars auprès de fonds comme Summit Partners et Access Venture Partners.

  • À SURVEILLER : La concentration en marche. L'acquisition fin avril pour plus de 500 millions de dollars, par Palo Alto Networks, leader du segment, de la start-up Protect AI, une start-up de Seattle spécialisée dans la sécurisation des applications d'intelligence artificielle et d'apprentissage automatique, indiquait que l’intégration de l’IA dans la sécurité allait déclencher une vague d’acquisitions. Elle ne se sera pas fait attendre.


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• FICHE TECHNIQUE : Anthropic renforce sa place dans le haut de gamme avec Claude 4 Opus, une IA non multimodale mais très performante pour la recherche, la synthèse et le développement logiciel intensif.

Claude 4 Opus : Anthropic passe à la vitesse supérieure

Anthropic a récemment lancé Claude 4 Opus, un modèle de langage haut de gamme conçu pour concurrencer GPT-4o, Gemini 1.5 Ultra et Mistral Large sur les tâches complexes de raisonnement, de codage et d’analyse documentaire.

Les modèles Claude 4 mènent sur le benchmark SWE-bench Verified. • Anthropic

Le 21 mai, Anthropic a dévoilé Claude 4 Opus, présenté comme son modèle « le plus intelligent à ce jour ». L’entreprise, fondée par d’anciens membres d’OpenAI, positionne Opus comme une réponse directe aux derniers modèles de Google et OpenAI. Disponible via l’interface Claude.ai et par API, Opus s’adresse aux usages avancés en entreprise et à la recherche. Il est accompagné de deux déclinaisons : Sonnet 4, plus rapide et économique, et Haiku 4, optimisé pour les interactions en temps réel.

Raisonnement complexe et mémoire étendue

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

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Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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