En attendant Jensen

Nvidia GTC s'ouvre ce soir • Google s’émancipe de Broadcom • Airbus et Dassault fédèrent la tech européenne • Muse, de Microsoft, applique modèles d’action et world models • Pour rendre l’IA durable, il faut des indicateurs clairs sur son empreinte énergétique • La Corée écarte le bitcoin de ses réserves • Bienvenue dans Qant, mardi 18 mars 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Condamné à surprendre

GTC, la conférence mondiale de Nvidia sur l’IA, suscite de fortes attentes, alors que Trump isole les États-Unis et menace toutes les industries, y compris la tech.

  • RÈGNE DES GPU. Les annonces attendues à la Nvidia GTC ce soir sont principalement techniques : la puce Blackwell Ultra, qui devrait être lancée au deuxième semestre, et l’architecture Rubin, prévue pour l’an prochain.

  • BLACKWELL, ENCORE MIEUX. En particulier, Nvidia devrait présenter ce soir la série de GPU Blackwell Ultra, avec une nette amélioration par rapport à ses prédécesseurs : 288 gigaoctets de mémoire HBM3e contre 192go, une amélioration de 50 % de la précision de calcul en virgule flottante FP4…

  • TECHS ÉMERGENTES. Les actions de sociétés quantiques se sont renforcées, à la bourse de New York, car un “Quantum Day” est prévu pendant la semaine. La robotique, la conduite autonome, l’optimisation énergétique et les agents d’IA seront également au rendez-vous de San José.

  • EN FILIGRANE : Le secteur automobile, que vise particulièrement Nvidia, est au cœur de la tourmente trumpienne. Il faudra autre chose que cette perspective et celle des robots humanoïdes, sur lesquels Jensen Huang a été précurseur, pour conforter un cours de bourse stable depuis un an.

  • À SURVEILLER : La pression de la politique. En attendant la récession qu’ils ne manqueront pas de provoquer, les tarifs douaniers trumpiens ont déjà cassé la dynamique des marchés financiers américains. Nvidia a tiré son épingle du jeu jusqu’à présent, mais elle externalise entièrement sa production, pour l’essentiel au taïwanais TSMC. Elle est donc directement concernée par la menace trumpienne d’un tarif de 100 % sur l’importation de puces. Or, sa position de lobbying est affaiblie par le peu d’enthousiasme que Huang a montré à l’égard de Trump, en manquant son investiture. Et, pire, l’autre grande menace sur l’IA américaine, le modèle chinois DeepSeek, a été entraîné sur des GPU H800 de Nvidia, des puces bridées conçues pour se plier aux interdictions d’exportation (lire Qant du 12 décembre 2023). Pour résister à la Maison-Blanche, Jensen Huang doit continuer à éblouir par ses prouesses technologiques.

Google et Broadcom, fin de partie

Google prévoit de collaborer avec MediaTek, spécialiste taïwanais des semi-conducteurs, pour concevoir la prochaine génération de ses puces d'intelligence artificielle, réduisant ainsi sa dépendance à Broadcom.

  • Google envisage un partenariat avec MediaTek pour le développement de ses prochaines unités de traitement Tensor (TPU), prévues pour l'année prochaine, selon The Information

  • MediaTek est un concepteur taïwanais de semi-conducteurs, connu pour ses systems-on-chip (SOC) destinés aux smartphones, téléviseurs et objets connectés, qui collabore étroitement avec TSMC pour la fabrication de ses produits.

  • Le tandem Mediatek-TSMC devrait fabriquer les nouvelles puces pour des tarifs plus avantageux que ceux de l’américaine Broadcom, partenaire historique de Google dans la conception des TPU.

  • À SURVEILLER : Liaisons dangereuses. Depuis novembre dernier, on sait qu’OpenAI s’appuie sur l’américaine Broadcom pour ses futures puces, qui devraient entrer en production à la fin de l’année. Il était donc normal que Google cherche un nouveau partenaire.

Airbus, Dassault, Google, Roblox

  • Plaidoyer pour une excellence technologique européenne • Près de 100 entreprises et groupes industriels européens, dont Airbus et Dassault, demandent à la Commission européenne de renforcer la présence de technologies fabriquées en Europe dans les infrastructures numériques du continent. Dans une lettre adressée à Ursula von der Leyen, elles réclament un fonds pour les infrastructures souveraines et des obligations d'achat de technologies européennes pour les gouvernements. Cette initiative vise à réduire la dépendance vis-à-vis des États-Unis, alors que les tensions transatlantiques sur le commerce et la régulation technologique s'intensifient. Les signataires, parmi lesquels OVHCloud, Proton et Bpifrance, estiment que l’UE doit mobiliser l’industrie pour garantir son autonomie dans des secteurs clés comme les puces électroniques et l’intelligence artificielle. En savoir plus…

  • Ok Google, supprime cette watermark • Des utilisateurs de Reddit ont découvert que le modèle Gemini 2.0 Flash de Google peut retirer des filigranes sur des images, y compris celles de Getty Images et d’autres banques d'images. Ce modèle, récemment intégré aux outils pour développeurs de Google, offre des fonctionnalités avancées de génération et d’édition d’images, mais semble manquer de restrictions suffisantes. Contrairement à d’autres modèles comme Claude 3.7 Sonnet d'Anthropic et GPT-4o, qui refusent explicitement ces manipulations, Gemini 2.0 Flash remplit les zones laissées vides après suppression des filigranes, bien qu’il éprouve des difficultés avec certaines marques semi-transparentes. En savoir plus… 

  • Roblox met de l’IA dans le métavers • Roblox vient de lancer Cube, un modèle génératif 3D permettant de créer des objets à partir de simples instructions textuelles. Cube est proposé en open source pour être personnalisé et entraîné avec d’autres jeux de données. Roblox a également annoncé trois outils IA à venir : génération de texte, conversion text-to-speech et speech-to-text. En savoir plus… 

  • Google gazouille plus fort • Google ajoutera la semaine prochaine son modèle de reconnaissance et de synthèse vocale Chirp 3 à la plateforme Vertex AI, qui regroupe ses modèles d’IA. Chirp 3 prend en charge 31 langues avec huit nouvelles voix. Il s’adresse à des applications comme les assistants vocaux, les livres audio et les agents de support automatisés. Chirp a été présenté par Google Research il y a un an. En savoir plus…

La présentation initiale de Chirp par Google Research en 2024

Pourquoi l'IA frugale ne résoudra pas à elle seule le problème énergétique

Pour freiner l'augmentation de la consommation d'énergie de l'IA, l'industrie promeut le concept d'IA frugale, encourageant les entreprises et les particuliers à utiliser les modèles d'IA de manière plus sélective. Mais se concentrer uniquement sur les utilisateurs finaux est une erreur, étant donné que les principaux moteurs de la demande d'énergie de l'IA sont les fournisseurs.

Par Boris Ruf (Axa)

Boris Ruf (Axa), D. R.

“Alors que l'essor de l'intelligence artificielle pourrait révolutionner de nombreux secteurs et ouvrir des perspectives économiques sans précédent, son intensité énergétique suscite de vives inquiétudes sur le plan environnemental. En réponse, les entreprises technologiques encouragent les pratiques frugales en matière d'IA et soutiennent la recherche axée sur la réduction de la consommation d'énergie. Mais cette approche est loin de s'attaquer aux causes profondes de la demande croissante d'énergie de l'industrie.”

Une Muse pour les modèles d’action

Un modèle d’IA lancé par Microsoft le mois dernier illustre les capacités des world models et des modèles d’action, qui repoussent les limites des Transformers, au-delà des LLM.

L’IA au service du jeu vidéo • Qant, M. de R. avec Midjourney

Le mois dernier, Microsoft a présenté Muse, un modèle d’IA consacré à la création de jeux vidéos, conçu en collaboration avec Xbox Game Studios et Ninja Theory. Simultanément, la revue Nature a publié une étude de Microsoft Research sur les modèles Wham (World and Human Action Models), une série de transformers qui ressortissent simultanément des modèles d’action et des world models.

Muse a été conçu pour explorer les capacités des Wham dans la génération de séquences de jeu plausibles et variées. Il permet de reproduire les interactions humaines dans des environnements vidéoludiques en générant à la fois des images de jeu et des actions de contrôle.

La Banque de Corée s’élève contre une réserve en bitcoin

L’annonce de Donald Trump il y a dix jours sur la création d’une réserve en bitcoin déchaîne les convoitises, contraignant la banque centrale de Corée à réagir.

  • La Banque de Corée vient de déclarer au Korea Herald qu’elle n’avait "ni discuté ni examiné" l’inclusion de bitcoins dans ses réserves de change.  

  • La banque centrale a rappelé que, sans même prendre en compte sa volatilité, le bitcoin ne répond pas aux critères du FMI pour la gestion des réserves, qui imposent une gestion prudente des risques de liquidité, de marché et de crédit.

  • Elle fait face ainsi aux pressions de parti démocrate, le principal parti d’opposition, dont des figures de premier plan ont estimé publiquement que diversifier les réserves avec des crypotactifs pourrait attirer davantage de capitaux étrangers, stimuler l’entrepreneuriat et créer des emplois.

  • EN FILIGRANE : Le parti démocrate met également sous pression les autorités financières sud-coréennes pour qu’elles autorisent la création d’ETF crypto, à l’instar de la nouvelle réglementation japonaise sur les actifs numériques.

  • À SURVEILLER : La fièvre trumpienne. À ce jour, le seul pays a avoir intégré des bitcoins dans ses réserves de change est le Salvador, ce qui lui a valu une volée de bois vert de la part du FMI. Mais l’annonce de Trump il y a dix jours, sur la création de deux réserves cryptos, libère le lobbying dans de nombreux pays, de la République Tchèque au Brésil, la Pologne et la Russie. 


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• Les modèles Wham de Microsoft reproduisent des environnements et interactions vidéoludiques pour assister la création de jeux.

• Réduire la consommation d’énergie de l’IA nécessite plus de transparence des fournisseurs, au-delà des usages des utilisateurs.

Une Muse pour les modèles d’action

Un modèle d’IA lancé par Microsoft le mois dernier illustre les capacités des world models et des modèles d’action, qui repoussent les limites des Transformers, au-delà des LLM.

Le mois dernier, Microsoft a présenté Muse, un modèle d’IA consacré à la création de jeux vidéos, conçu en collaboration avec Xbox Game Studios et Ninja Theory. Simultanément, la revue Nature a publié une étude de Microsoft Research sur les modèles Wham (World and Human Action Models), une série de transformers qui ressortissent simultanément des modèles d’action et des world models.

Muse a été conçu pour explorer les capacités des Wham dans la génération de séquences de jeu plausibles et variées. Il permet de reproduire les interactions humaines dans des environnements vidéoludiques en générant à la fois des images de jeu et des actions de contrôle.

Aperçu général du plus grand des Wham • Source : Microsoft Research

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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