La vérité ou la Pravda, pas les deux

Le marché des robots humanoïdes industriels semble proche d'éclore • UB Tech rejoint Figure AI dans les essaims d’humanoïdes • Un réseau prorusse, baptisé Pravda, manipule ChatGPT et les autres IA génératives • OpenAI vole à la rescousse de Coreweave • Les ratés de Target 2 menacent l'euro numérique • Bienvenue dans Qant, mercredi 12 mars 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

XPeng prépare un investissement massif dans les robots humanoïdes

Le constructeur chinois XPeng pourrait investir environ 14 milliards de dollars dans les robots humanoïdes ces prochaines années, créant le premier véritable marché pour ces nouveaux ouvriers.

  • Le constructeur chinois de véhicules électriques XPeng prévoit un investissement pouvant atteindre 100 milliards de yuans dans les robots humanoïdes.

  • Engagée dans les robots humanoïdes il y a cinq ans, XPeng a  présenté son robot humanoïde Iron en novembre dernier

  • Conçu pour un usage industriel, il est animé par un modèle d’IA de 30 milliards de paramètres et dispose de 60 articulations avec 200 degrés de liberté, dont 15 dans les “mains”.

Le robot Iron s’affaire dans les usines de XPeng

  • Iron est testé opérationnellement dans les usines de XPeng, où il aide à l’assemblage de la berline électrique P7.

  • Xpeng envisage de poursuivre ses efforts pendant au moins 20 ans, doublant sur la durée son engagement financier – soit un investissement moyen de 1,4 Md$ par an.

  • EN FILIGRANE : Tesla. A l’été dernier, Elon Musk a annoncé que Tesla déploierait 1 000 robots humanoïdes Optimus dans ses usines à partir de cette année, pour des tâches allant de l’assemblage à la manutention (lire Qant du 13 juin 2024).

  • À SURVEILLER : La naissance du marché. Les déclarations de XPeng envoient des signaux plus crédibles que les rodomontades d’Elon Musk sur la proche cristallisation du marché des robots humanoïdes. Le modèle de Figure AI, notamment, a été testé avec succès dans l’usine BMW de Spartanburg, augmentant l’efficacité de certaines tâches de production de 400 %. Figure AI prévoit de produire jusqu’à 100 000 robots humanoïdes d’ici quatre ans pour divers clients industriels.

UBTech fait collaborer des robots humanoïdes en usine

L’entreprise chinoise UBTech a testé un système permettant à plusieurs robots humanoïdes de travailler ensemble sur des tâches industrielles complexes.

L'entreprise chinoise UBTech, cotée à la bourse Hong Kong,  a annoncé un progrès dans la coordination de robots humanoïdes. Dans l’usine du constructeur automobile Zeekr, ses robots Walker S1 ont démontré leur capacité à travailler ensemble de manière autonome pour accomplir des tâches complexes. Cette avancée repose sur BrainNet, une plateforme d’intelligence en essaim qui coordonne plusieurs robots grâce à un « super cerveau » et un « sous-cerveau intelligent ». 

UB Tech rejoint ainsi, à quelques semaines d’intervalle, la californienne Figure AI, qui avait présenté le mois dernier Helix, une plate-forme d’IA pour créer des essaims de robots humanoïdes.

OpenAI prend les couleurs de Coreweave

OpenAI a conclu un accord de cinq ans avec le fournisseur de cloud CoreWeave pour 11,9 milliards de dollars, obtenant également une participation de 350 millions de dollars dans l’entreprise.

  • CoreWeave fournira des services cloud à OpenAI dans le cadre d’un contrat de cinq ans pour presque 12 milliards de dollars.

  • OpenAI acquiert également une participation dans CoreWeave pour 350 millions de dollars, avant l’introduction en bourse prévue par l’entreprise.

  • CoreWeave s’est imposé face aux trois hyperscalers – Amazon, Google et Microsoft Azure – en créant une infrastructure spécialisée pour l’IA, avec des technologies comme les réseaux InfiniBand Quantum-2, qui permettent aux GPU de communiquer avec une latence inférieure à la microseconde.

  • Au total, la start-up dispose d’un parc de plus de 250 000 GPU réparties sur 32 centres de données.

  • Son chiffre d’affaires a explosé grâce à l’IA, passant de 15,8 millions de dollars en 2022 à 1,92 milliard en 2024. 

  • Presque les deux tiers, cependant, proviennent de Microsoft, qui d’après le Financial Times devrait réduire ses engagements après des problèmes de livraison. 

  • EN FILIGRANE : L’IPO de CoreWeave. Soutenue notamment par Nvidia, CoreWeave a déposé une demande d’entrée en bourse, visant à lever 4 milliards de dollars sur une valorisation de plus de 35 milliards de dollars.

  • À SURVEILLER : Le coût du chevalier servant. En permettant à Coreweave de diversifier ses sources de revenus, OpenAI sauve sans doute l’IPO de Coreweave, qui semblait bien mal parti.

Pravda, le réseau russe qui manipule ChatGPT

Un audit révèle que les principaux chatbots répètent des affirmations mensongères diffusées par un vaste réseau pro-Kremlin. Une stratégie de manipulation des données destinée à fausser la perception des actualités par l'intelligence artificielle.

La Pravda s’attaque à l’IA • Qant, M. de R. avec Midjourney

Un réseau de désinformation basé à Moscou, baptisé Pravda, s'est infiltré dans les données des outils d'intelligence artificielle générative, selon un rapport de NewsGuard. En inondant les résultats de recherche et les bases de données explorées par les IA, ce réseau modifie la manière dont les modèles de langage interprètent et restituent l'information. Sur les dix principales IA analysées, 33 % des réponses contenaient des fausses informations issues de cette structure de propagande.

Alibaba, Consumer Reports, Flagship Pioneering, Lila Sciences, Manus AI, Meta, Moveworks, OpenAI, ServiceNow

  • Les agents et les astuces de Sam Altman contre ManusOpenAI a ouvert hier aux États-Unis une nouvelle API, baptisée Responses, pour aider ses clients à développer leurs propres agents. Le nombre de ses clients collectifs – Enterprise, Team et Edu – a doublé depuis l’an dernier, à 2 millions. L’annonce risquait d’être éclipsée par le bruit croissant autour de la chinoise Manus AI, qui a annoncé simultanément un accord avec Alibaba pour s’appuyer sur ses modèles Qwen (jusqu’à présent, il est apparu que Manus fait appel à Claude 3.7 Sonnet d’Anthropic). Le patron d’OpenAI a donc recouru à une recette éprouvée : un tweet sur son prochain modèle : Sam Altman a publié sur X une nouvelle de métafiction écrite par ce qu’on suppose être GPT-5. Les tweets passent, les agents restent. En savoir plus…

Une nouvelle de métafiction écrite par un modèle d’OpenAI sur X • Source : @sama

  • La trop grande vulnérabilité des IA de clonage vocal • Une étude de Consumer Reports, une organisation américaine de défense des consommateurs, révèle que plusieurs outils populaires de clonage vocal par IA manquent de protections suffisantes contre la fraude et les abus. Parmi les six services analysés (Descript, ElevenLabs, Lovo, PlayHT, Resemble AI et Speechify), seuls Descript et Resemble AI ont mis en place des mesures de sécurité pour limiter les usages malveillants. Les autres se contentent d'une auto-attestation, demandant aux utilisateurs de confirmer qu'ils ont le droit légal de cloner une voix. En savoir plus… 

  • Un bouquet de Lila à 200 millions dès l’amorçage • Lila Sciences, une start-up du Massachusetts spécialisée dans la recherche scientifique autonome par IA, vient de lever 200 millions de dollars en financement d’amorçage. Issue de l’incubateur Flagship Pioneering, la société ambitionne de développer des agents IA autonomes capables d’élaborer des hypothèses scientifiques, de concevoir des expériences et d’en analyser les résultats. Soutenue par des investisseurs comme General Catalyst, March Capital et l’ARK Venture Fund, Lila Sciences a déjà conçu des modèles d’IA appliqués à la génétique et à la capture du carbone. En savoir plus… 

  • Meta se cherche des puces • Meta teste son premier processeur interne dédié à l’entraînement de l’IA, selon Reuters. L'objectif est de réduire sa dépendance à Nvidia et d'optimiser ses coûts. Conçu en collaboration avec TSMC, ce processeur optimisé pour les tâches IA pourrait être plus économe en énergie que les GPU classiques. Meta a déjà lancé une puce d’inférence utilisée sur Facebook et Instagram et prévoit d’utiliser ses propres puces pour l’entraînement des modèles d’ici 2026. En savoir plus…

  • ServiceNow s’offre Moveworks • ServiceNow, spécialisée dans les logiciels de gestion des processus métiers et de l'automatisation des services informatiques, vient de faire l’acquisition de Moveworks, une start-up d’IA spécialisée dans les assistants conversationnels pour entreprises, pour 2,85 milliards de dollars. Moveworks, dont la technologie est utilisée par des entreprises comme Unilever, GitHub et Broadcom, sera intégrée aux solutions de ServiceNow afin de renforcer ses capacités en IA générative et en automatisation des tâches. En savoir plus…

Après Target 2, l’euro numérique devient la cible des critiques

La Banque centrale européenne (BCE) prévoit d’achever la phase de préparation de l’euro numérique en octobre 2025, mais son lancement effectif dépendra des décisions législatives et du soutien des parties prenantes. Et le Parlement européen rue dans les brancards.

  • La panne le mois dernier du système de paiement interbancaire Target 2, soulève des inquiétudes sur la fiabilité du futur euro numérique.

  • Deux parlementaires européens membres de la commission qui supervise la BCE, les allemands Markus Ferber (PPE) et Rasmus Andresen (Verts) ont émis des réserves sur la capacité de la BCE à maintenir un euro numérique, rejoints par des députés de l’extrême droite et de l’extrême gauche. 

  • La BCE prévoit de finaliser la phase de préparation de l’euro numérique en octobre 2025, après l’avoir lancée en novembre 2023. Cette étape inclut des tests, des discussions avec les parties prenantes et l’élaboration d’un cadre réglementaire.

  • À SURVEILLER : La date de lancement effectif. L’arrivée de l’euro numérique  en 2028 est envisagée, mais elle dépendra des avancées législatives et des défis techniques. La BCE veut accélérer le projet face à la concurrence du yuan numérique chinois et des stablecoins américains.


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• Comment le réseau Pravda influence les modèles d’IA avec de fausses informations.

• Des robots humanoïdes synchronisés pour l’industrie : UBTech expérimente BrainNet.

Désinformation : l'infiltration des IA génératives par le réseau russe Pravda

Un audit révèle que les principaux chatbots répètent des affirmations mensongères diffusées par un vaste réseau pro-Kremlin. Une stratégie de manipulation des données destinée à fausser la perception des actualités par l'intelligence artificielle.

Domaines et sous-domaines du réseau Pravda par date d'enregistrement • Source : Newsguard

En novembre 2023, Vladimir Poutine soulignait que les modèles génératifs occidentaux avaient un biais en faveur de l'Occident et annonçait un renforcement des investissements russes dans l'IA. Depuis, un réseau de désinformation basé à Moscou, baptisé Pravda, s'est infiltré dans les données d’entraînement outils d'intelligence artificielle générative, selon un rapport de l´institutnewyorkais NewsGuard publié la semaine dernière. En inondant les résultats de recherche et les bases de données explorées par les IA, ce réseau modifie la manière dont les modèles de langage interprètent et restituent l'information. Sur les dix principales IA analysées, 33 % des réponses contenaient des fausses informations issues de cette structure de propagande. 

Une stratégie de "LLM grooming" pour influencer les IA

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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