Taxi (no) Driver

La manière dont les robotaxis déferleront de par le monde se précise • Avec l’IA, Qantev automatise la liquidation des sinistres et Actionable prédit la satisfaction client • Ameca et Azi, deux robots qui dialoguent entre eux • Bienvenue dans Qant, vendredi 11 octobre 2024.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Le prototype et le marché

Cette nuit, Elon Musk a fait ce qu’il sait faire le mieux : faire attendre, puis rêver, son public.

Cinquante minutes de retard, une arrivée filmée accompagné d’un astronaute de Space X, une course rapide en robotaxi pour arriver jusque sur la scène, et Elon Musk avait déjà ravi son audience, conquise d’avance.

Comme prévu, ni pédales ni volant pour le prototype du Cybercab que Tesla a montré cette nuit dans les studios de Warner à Burbank – dotés d’un réseau de routes privées suffisamment étendu pour y faire rouler 50 véhicules pleinement autonomes, dont 20 Cybercabs.

Elon Musk s'embarque dans le Cybercab • Source : Tesla

Il s’agit donc du premier prototype d’un véhicule autonome de niveau 5. Peu de détails techniques ont été précisés, mais deux d’entre eux se détachent : le prix et la date.

Le Cybercab sera vendu moins de 30 000 dollars, a promis Elon Musk, dès 2027. Or, on estime que les Jaguar I-Pace de Waymo, qui opèrent dans trois villes américaines, coûtent environ 200 000 dollars, dont plus de 40 000 dollars pour les capteurs.

Tenir la promesse de Musk implique, pour Tesla, un bond en avant dans son système d’assistance à la conduite, baptisé non sans hyperbole FSD, pour Full Self-Driving, autoconduite intégrale. Les Tesla Model 3 et Model Y recevront dès l’année prochaine une mise à jour faisant bondir le système du niveau 2 actuel au niveau 4 d’autonomie, assure Musk. Il promet ainsi de tenir ses promesses, en quelque sorte.

Caricature d’Elon Musk à l’arrière de son robotaxi • Qant, M. de R. avec Midjourney

Tesla promet également un minibus de 20 places totalement autonome, le Cybervan. Mais c’est sur l’IA que la société veut pivoter (lire Qant du 12 septembre 2023), alors que l’intérêt pour les véhicules électriques décline, tout comme sa profitabilité.

Des robotaxis pour les JO de Los Angeles

Paul Miller, vice-président et analyste principal chez Forrester Research, poursuit son analyse des conditions du déploiement progressif des robotaxis, porté par Waymo, Uber et les projets d’Elon Musk.

Paul Miller • © Forrester Research

“Il est très difficile de créer un véhicule autonome capable de rouler sur n'importe quelle route, dans n'importe quelles conditions. Les robots taxis de Baidu, Cruise, Waymo et d'autres opèrent dans des zones géographiques spécifiques, comme le centre de San Francisco en Californie ou Wuhan en Chine. Certains d'entre eux ont encore besoin de conducteurs de sécurité humains dans la voiture, en particulier lorsqu'ils commencent à conduire dans une nouvelle zone. Nombre d'entre elles ont des restrictions quant aux conditions de conduite, ce qui peut les empêcher de circuler la nuit ou par forte pluie ou neige, par exemple.”

Tous les concurrents du Cybercab

Bien avant Tesla, le marché des robotaxis a été défriché par Waymo, Baidu, Uber, Yandex, General Motors, Hyundai, Nissan…

La course des taxis autonomes • Qant, M. de R. avec Midjourney

La concurrence s'intensifie entre les acteurs chinois et américains dans le secteur des technologies de conduite autonome. Cette rivalité se voit renforcée par des tensions géopolitiques, notamment avec la proposition récente du département du Commerce des États-Unis d'interdire l'utilisation de composants logiciels et matériels chinois dans les véhicules connectés sur le sol américain, invoquant des raisons de sécurité nationale. Simultanément, les autorités chinoises renforcent les contrôles sur la gestion des données de ces véhicules intelligents.

Qantev, l’IA actuaire

  • La start-up parisienne Qantev, spécialisée dans l'automatisation des sinistres pour les assurances santé et vie, a levé 30 millions d'euros lors d'un tour de financement de série B mené par Blossom Capital, avec la participation des investisseurs historiques Elaia, Omnes et Raise. 

  • Créée en 2019, Qantev a créé des modèles d'IA spécialisés, entraînés sur des données historiques, pour limiter les erreurs dans les décisions de prise en charge médicale. Elle collabore déjà avec des assureurs comme AXA et Generali.

  • Les priorités de Qantev incluent l'amélioration de ses modèles d'IA pour optimiser la gestion des sinistres, le recrutement de talents en intelligence artificielle et en ingénierie, ainsi que l'expansion de sa présence en Amérique du Nord et en Asie.

  • À SURVEILLER.  L'évolution de la stratégie de Qantev face à la concurrence croissante dans le domaine de l'IA pour les assurances, notamment en Amérique du Nord, avec des start-ups comme Alaffia Health et Anomaly. 

AMD, Nvidia, Sierra, Stripe, Zoom

  • AMD part pour Turin • Éclipsée par l’Elon-show, AMD a présenté hier deux nouvelles puces. Les Instinct MI325X s’attaqueront dès cette année aux Blackwell de Nvidia (lire Qant du 20 mars) et à la marge brute de 75% dont se targue ce dernier. Les Epyc de cinquième génération, baptisées Turin pendant leur développement, s’adressent aux datacenters, où AMD a conquis une part de marché d’un tiers environ. Mais Nvidia produit 90% des puces d’IA pour datacenters. Les progrès de ROCm, pour faciliter la migration à partir de Cuda, seront donc essentiels. En savoir plus…

  • Nvidia et Stripe main dans la main • Stripe et Nvidia ont étendu leur partenariat pour renforcer les capacités d'IA de la plateforme financière de Stripe, notamment en optimisant la détection des fraudes avec des outils comme Stripe Radar et Radar Assistant. Cet accord permet également aux développeurs et aux entreprises de prépayer des services cloud de Nvidia. En savoir plus… 

  • Sierra voit triple • Bret Taylor, président d'OpenAI et ancien co-CEO de Salesforce, lève des fonds pour sa start-up Sierra, sur une valorisation de plus de 4 milliards de dollars (3,8 Md€), selon The Information. Co-fondée l'an dernier avec Clay Bavor, un ancien dirigeant de Google, Sierra vise à utiliser l'IA pour aider les entreprises dans des domaines comme le service client (lire Qant du 15 février). Cette nouvelle levée de fonds, menée par Greenoaks Capital, pourrait tripler sa valorisation depuis janvier. En savoir plus…

  • Un avatar IA en réunion • Zoom va bientôt permettre aux utilisateurs de créer des avatars IA personnalisés qui pourront envoyer des messages vidéo courts à leur équipe, en utilisant sa fonctionnalité Clips. Les avatars seront créés à partir d'une vidéo enregistrée par l'utilisateur, reproduisant son apparence et sa voix, et ils pourront lire des messages écrits. Cette fonctionnalité sera disponible dès l'année prochaine via l'add-on AI Companion à 12 $ par mois. En savoir plus…

IA can get satisfaction

Nicolas Rieul, Co-CEO et cofondateur d’Actionable• Source : Actionable

La toute nouvelle start-up française Actionable se spécialise dans l’analyse prédictive de la satisfaction client via l’IA. Des entreprises comme Ouigo et Mirakl testent déjà ses modèles et elle vient de lever 2 millions d’euros.

Fondée en avril 2024 par Nans Thomas et Nicolas Rieul, Actionable est une start-up française spécialisée dans l’analyse prédictive de la satisfaction client grâce à l’intelligence artificielle. Après cinq mois d’existence, l’entreprise vient de boucler une levée de fonds de 2 millions d’euros. Ce financement permettra à Actionable d’accélérer le développement de sa plateforme, qui vise à transformer l'expérience client pour les grandes entreprises.

A Buenos Aires, les stablecoins ont la cote

  • L'Argentine a dépassé le Brésil en tant que principal pays d'Amérique latine en termes d'afflux de cryptoactifs, atteignant 91 milliards de dollars (environ 85,6 Md€) entre juillet 2023 et juin 2024, selon un rapport de Chainalysis. Le Brésil se situe juste derrière, avec des flux estimés à 90 milliards de dollars (environ 84,Md€) sur la même période. 

  • L'Argentine se distingue par son marché des stablecoins, représentant 61,8 % du volume des transactions cryptos, bien au-dessus de la moyenne mondiale de 44,7 %. Un phénomène lié à une recherche d'alternatives à la dévaluation de la monnaie locale et à l'inflation persistante.

  • À SURVEILLER. Le président argentin Javier Milei avait promis d’adopter le dollar en lieu et place du peso en chute libre. Le manque de réserves l’en a empêché mais les stablecoins pourraient préfigurer une alternative. Tether en tout cas, leader du marché aux pratiques douteuses, cible prioritairement des marchés émergents comme l'Argentine.

Washington

  • Washington à la chasse aux crypto-criminels • Les procureurs fédéraux de Boston ont inculpé 18 entreprises et individus pour fraude et manipulation des marchés de cryptoactifs, accusés de pratiques de wash trading et de pump-and-dump. Le premier consiste à acheter et revendre un actif pour en gonfler artificiellement le prix, tandis que le pump-and-dump implique de faire monter le prix d'un actif par des achats massifs avant de le revendre brutalement, provoquant une chute des prix. Plus de 25 millions de dollars (23 M€) en cryptomonnaies ont été saisis et plusieurs bots de trading ont été désactivés dans le cadre de cette enquête. En savoir plus…

Le dialogue des robotiques

Dans la vidéo ci-dessus, les robots humanoïdes Ameca et Azi de la britannique Engineered Arts s'engagent dans une conversation grâce à GPT-4o, avec des interactions expressives grâce à un contrôle précis des micro-expressions faciales.

Engineered Arts, une entreprise britannique spécialisée dans les robots humanoïdes, a récemment présenté une conversation entre ses deux dernières créations : Ameca et Azi. Ces deux robots sont conçus pour reproduire des interactions humaines grâce à leurs capacités expressives et conversationnelles avancées. Dans une vidéo publiée par la société, on observe ces machines échanger des plaisanteries accompagnées de différentes expressions faciales.

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :

• Les projets de Tesla pour faire diviser le coût des transports parr cinq à dix.

• Fondée en 2024, Actionable utilise l'intelligence artificielle pour analyser les facteurs de satisfaction client, avec un financement de 2 millions d'euros destiné à accélérer le développement de sa plateforme.

• Les robots humanoïdes Ameca et Azi d'Engineered Arts démontrent leurs capacités d'interaction grâce à GPT-4o.

Le prototype et le marché

Avec le prototype du Cybercab, Elon Musk veut convaincre la bourse que la valeur de Tesla va se multiplier par 40. Et que la robotisation pourra faire chuter le coût du transport.

Les transports publics selon Elon Musk • Source : Tesla

Comme prévu, ni pédales ni volant pour le prototype du Cybercab que Tesla a montré cette nuit dans les studios de Warner à Burbank – dotés d’un réseau de routes privées suffisamment étendu pour y faire rouler 50 véhicules pleinement autonomes, dont 20 Cybercabs. Il s’agit donc du premier prototype d’un véhicule autonome de niveau 5. Peu de détails techniques ont été précisés, mais deux d’entre eux se détachent : le prix et la date.

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: IA et Technologies Émergentes

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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