« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Meta rampe sous les fourches caudines de Trump et Musk
Dans un discours publié sur les réseaux hier soir, Mark Zuckerberg a annoncé la fin du fact-checking sur Facebook, Instagram et Threads. Les équipes de modération seront déplacées de Californie au Texas.
Dans un reel publié sur Instagram hier soir (heure de Paris), Mark Zuckerberg a annoncé la fin du fact-checking sur Facebook, Instagram et Threads. Des “comunity notes” inspirées de X s’y substitueront et les équipes internes de modération seront déplacées de Californie au Texas. Les restrictions sur les propos contre les migrants, les femmes et les transexuels seront levées et la modération automatique sera restreinte aux violations les plus patentes : drogues, terrorisme...
En parallèle, le contenu politique sera de nouveau promu sur les réseaux de Meta. Mark Zuckerberg promet également de s’employer, “avec le président Trump, à combattre les gouvernements dans le monde qui s’opposent aux sociétés américaines” et à la liberté d’expression. En particulier, “l’Europe, qui institutionnalise la censure et rend difficile d’y construire quelque chose d’innovant.”
“La présentation [vidéo] de Meta est excellente” s’est immédiatement réjoui Donald Trump sur Fox News : “Ils ont parcouru un long chemin”. En 2020, il avait accusé Zuckerberg d’avoir comploté pour lui faire perdre l’élection. Ls républicains ont depuis multiplié les menaces contre lui, y compris au plan personnel.
Le très trumpien Dana White, président de l'Ultimate Fighting Championship, intègre le conseil d’administration de Meta, après que le libéral anglais Nick Clegg ait été remplacé aux affaires publiques du groupe par Joel Kaplan, une figure plus compatible avec le futur occupant de la Maison Blanche.
EN FILIGRANE : Depuis décembre 2020, la FTC pousse un procès antitrust contre Meta. La position de la nouvelle administration pourrait faire la différence.
À SURVEILLER : L’espace public américain. L’élection de Donald Trump a largement été favorisée par la transformation de X en un réseau social de propagande. En forçant Meta à placer ses 4 milliards d’utilisateurs sous un régime similaire, après une humiliante reculade publique, Donald Trump s’assure d’un espace public à sa botte.
Des tracteurs aux tondeuses : John Deere mise sur l’autonomie complète
Lors du CES 2025, John Deere a présenté plusieurs nouveaux véhicules autonomes, dont des tracteurs agricoles, un camion-benne pour carrières, une tondeuse électrique et un pulvérisateur pour vergers.
Habitué du salon CES de Las Vegas, John Deere y a annoncé cette année l’intégration de l’autonomie complète à ses tracteurs 9 Series, les modèles les plus puissants de sa gamme, capables de développer jusqu’à 830 chevaux. Ces mastodontes, disponibles en version à roues ou à chenilles, peuvent désormais être équipés d’un pack d’autonomie dès la fabrication ou être rétrofités” sur le terrain.
Ils ne sont pas seuls : d’un colossal camion pour les carrières jusqu’à une humble tondeuse, le leader mondial des machines agricoles veut rendre autonomes tous ses véhicules. Avec pour objectif de proposer d’ici 2030 un système agricole entièrement autonome pour les grandes cultures comme le maïs et le soja.
Kioti Tractor, Full Nature Farms
L’IA pour une irrigation plus efficace • La start-up hongkongaise Full Nature Farms a dévoilé au CES 2025 sa plateforme intelligente d’irrigation Rocket 2.0, conçue pour réduire de 30 % les coûts en eau, limiter la consommation d’énergie et améliorer les rendements agricoles. Ce système autonome, intégrant des capteurs et une IA capable d’analyser le sol, le climat et les prévisions météo, propose une irrigation automatisée et précise, accessible via un abonnement mensuel de 10 à 20 dollars par capteur, sans coût initial. Cette solution, déjà testée à Hong Kong, vise à s’étendre en Amérique du Nord et dans d’autres régions grâce à des projets pilotes prévus dans plusieurs pays. En savoir plus…
L’IA des villes et l’IA des champs • Kioti Tractor, filiale américaine de la société sud-coréenne Daedong Corporation, a présenté ses technologies agricoles au CES 2025 sous le thème "L'IA au champ". L'exposition a notamment mis en avant le tracteur RX7340, doté de capacités d'analyse des sols, de gestion antiparasitaire et de récolte assistées par IA, ainsi qu'un robot agricole multifonctionnel conçu pour des tâches autonomes, comme la plantation et la gestion des cultures. En savoir plus…
Google DeepMind explore les simulations réalistes avec l’IA
Google DeepMind entre dans le jeu des world models.
Google DeepMind vient d’annoncer la formation d’une nouvelle équipe pour travailler sur des modèles d’intelligence artificielle capables de simuler des environnements physiques et virtuels. Cette équipe sera dirigée par Tim Brooks, ancien co-responsable du modèle vidéo Sora chez OpenAI, qui a rejoint Google DeepMind en octobre 2024.
Le projet s’appuiera sur les travaux des équipes Gemini (modèles multimodaux, lire Qant du 7 décembre 2023), Veo (génération vidéo) et Genie, spécialisées dans la création de mondes 3D interactifs.
Genie 2, présenté en décembre dernier, génère des environnements 3D en temps réel, avec des interactions physiques et des animations réalistes, pour des usages dans les jeux vidéo et l’entraînement de robots.
EN FILIGRANE : De son côté, Nvidia a présenté plus tôt cette semaine Cosmos, une plateforme d'entraînement de robots par des vidéos de synthèse, qui comprend notamment des modèles de fondation pour générer des vidéos photoréalistes qui obéissent aux lois de la physique. L’entraînement de l’IA embarquée semble devenir l’un des premiers cas d’usage des world models.
À SURVEILLER : L’utilisation des contenus YouTube. Google affirme avoir le droit d’entraîner ses modèles sur les vidéos YouTube, mais l’absence de transparence sur les vidéos spécifiques utilisées pourrait entraîner des litiges juridiques importants.
Apple, Google, New Delhi, Washington
Gemini passe à la télé • Google a présenté lors du CES 2025 une nouvelle fonctionnalité du système d'exploitation Google TV, utilisant l'assistant IA Gemini pour résumer les actualités de la journée. En demandant un "News Brief", Gemini analyse des articles et des titres de vidéos YouTube provenant de sources fiables pour offrir un résumé concis des événements marquants, disponible sur les appareils Google TV existants et futurs d’ici fin 2025. En savoir plus…
Apple rend les armes face à la BBC • Apple a annoncé qu'une mise à jour logicielle modifiera prochainement la présentation des notifications résumées par son IA Apple Intelligence, après la tempête soulevée par la BBC pendant les fêtes. Le groupe britannique avait signalé des erreurs dans les résumés, notamment l’attribution de déclarations fictives à Rafael Nadal ou la publication de résultats d’événements sportifs avant leur déroulement. En réponse, Apple a promis de clarifier les cas où les textes affichés sont des résumés générés par son IA, tout en rappelant que cette fonctionnalité, actuellement en phase bêta, reste optionnelle et désactivable dans les paramètres. En savoir plus…
Washington et New Delhi coopèrent dans l’IA • Les États-Unis et l'Inde ont annoncé un cadre de collaboration gouvernementale visant à encourager les investissements réciproques dans les technologies d’intelligence artificielle et à harmoniser les protections liées à leur diffusion. Lors d’une réunion à New Delhi, les deux pays ont également convenu de renforcer leur coopération sur les applications sécurisées de l’IA en matière de sécurité nationale, tout en promouvant un développement "sûr, sécurisé et digne de confiance" de cette technologie. En savoir plus…
Un modèle pour compter les lettres
Des chercheurs affiliés au laboratoire Fair de Meta, à l’université de Washington et à l’université de Chicago proposent une nouvelle approche modulaire, le Byte Latent Transformer, pour optimiser le traitement des données au sein d’un modèle d’IA.
Cet été, le microcosme de l’IA s’est unanimement moqué d’OpenAI, car le modèle Strawberry (“fraise”), rebaptisé depuis o1, s’obstinait à ne compter que deux lettres R dans son propre nom, au lieu de trois. À la racine du mal, la tokenisation : le fait que les modèles d’IA traitent, non des octets, mais des jetons (“tokens”) correspondant, grosso modo, à un mot de quatre lettres.
Non sans ironie, des chercheurs du laboratoire Fair de Meta et de diverses universités viennent de publier une architecture alternative. Leur Byte Latent Transformer traite directement des octets, et donc des lettres, plutôt que des jetons. Ce faisant, ils vont beaucoup plus loin que la simple amélioration de la granularité des informations traitées. En analysant l'entropie de chaque mot, ils permettent de concentrer les ressources de calcul là où l’information est la plus complexe.
Création de tokens (1ère ligne) et de patches pour les BLT • Source : Artidoro Pagnoni et al.
A l’échelle, ils atteignent des résultats comparables à Llama3, tout en étant bien moins gourmands en données d’entraînement. Ils pourraient atténuer donc la pénurie de données d’entraînement auxquels sont confrontés les grands LLM, leur ouvrant de nouvelles perspectives de développement.
Springer Nature
Nature cède aux sirènes de l’IA • Springer Nature, l’un des principaux éditeurs scientifiques du monde, a lancé un nouvel outil basé sur l’intelligence artificielle pour assister les éditeurs et les évaluateurs dans les vérifications de qualité des manuscrits soumis. Cet outil identifie les problèmes potentiels, comme les manquements aux déclarations éthiques ou les risques d’utilisation abusive, avant la soumission en évaluation par les pairs. Actuellement en test sur plus de 100 revues en libre accès, il vise à accélérer le processus éditorial tout en maintenant l'intégrité scientifique, avec une vérification humaine avant toute décision finale. En savoir plus…
FTX sort de sa tombe en Europe
La filiale européenne de FTX a été acquise par Backpack Exchange, une plateforme californienne fondée par d’anciens employés de la banque crypto en faillite. Son ambition : proposer des produits dérivés cryptos régulés en Europe.
Backpack Exchange a racheté FTX EU pour 32,7 millions d’euros, après approbation par le tribunal chargé de la procédure de faillite de FTX et l’autorité chypriote des marchés financiers.
Backpack devra répondre aux demandes de remboursement des anciens utilisateurs de FTX EU, après la failllite.
Grâce à sa licence chypriote, Backpack prévoit de devenir le premier fournisseur Mifid II de contrats perpétuels (des contrats à terme sans date) en Europe, avec un lancement prévu au premier trimestre 2025.
À SURVEILLER : Mifid II et Mica. Le cadre réglementaire européen continue de transformer le secteur des cryptomonnaies, ouvrant la voie à une intégration des cryptos dans le système financier moins aventureuse que celle qui se dessine aux États-Unis.
EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :
• En éliminant la tokenisation, le Byte Latent Transformer réduit la consommation énergétique tout en améliorant le traitement des données brutes.
• John Deere mise sur le machinisme agricole entièrement autonome.
Le Byte Latent Transformer : vers une approche plus efficace pour l’IA
Des chercheurs affiliés au laboratoire Fair de Meta, à l’université de Washington et à l’université de Chicago proposent une nouvelle approche, le Byte Latent Transformer, pour optimiser le traitement des données dans les modèles d’IA.
Publié en fin d’année dernière, l’article Byte Latent Transformer: Patches Scale Better Than Token présente une nouvelle forme de modèle linguistique de grande taille (LLM) qui traite les données brutes en octets au lieu de jetons, améliorant ainsi l'efficacité et la robustesse. BLT regroupe dynamiquement les octets en « patches » de taille variable, allouant plus de ressources de calcul aux parties les plus complexes.
Création de tokens (1ère ligne) et de patches pour les BLT • Source : Artidoro Pagnoni et al.
Contrairement aux approches traditionnelles qui utilisent un découpage fixe en tokens, le BLT adapte la taille de ses unités de traitement - les patches - en fonction de l'entropie locale du texte. Cette adaptation dynamique permet une allocation optimisée des ressources computationnelles.
De plus, la tokenisation introduit des biais dans la façon dont une chaîne est compressée, ce qui peut entraîner des problèmes de sensibilité au domaine, de sensibilité au bruit d'entrée, de manque de connaissance orthographique et d'inégalité multilingue. En travaillant directement avec les octets, BLT évite ces limitations. Il permet également au modèle une compréhension “infralexicale”, au niveau de la lettre et non du mot.
Une architecture Transformer
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