Décrypter la boîte noire de l’IA

Une agence fédérale teste Claude sur sa capacité à garder le secret • Une IA contre les scams • Franklin Templeton se lance sur Ethereum • Gemma Scope observe les réseaux neuronaux • PanoRadar permet aux robots de voir du verre à travers la fumée et le brouillard • Bienvenue dans Qant, lundi 18 novembre.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Claude apprend à tenir sa langue

  • Anthropic évalue ces jours-ci, avec le département de l’Énergie américain (DOE) et la National Nuclear Security Administration (NNSA), les risques que son IA divulgue des informations sensibles sur les armes nucléaires, selon Axios

  • Cette procédure, une forme avancée de red-teaming, consiste à simuler des scénarios d’abus pour identifier les vulnérabilités des modèles. Les résultats de ce programme, prévu vers février 2025, pourraient être partagés avec des laboratoires et organisations scientifiques. 

  • À SURVEILLER : Elon Musk. Tout comme Anthropic, OpenAI, Scale AI et Meta se sont également rapprochés de Washington pour tempérer les risques que posent leurs modèles et mettre ces derniers au service de la défense et généralement de l’État. Donald Trump a cependant promis d’abroger le décret exécutif de 2023 qui pose le cadre juridique de ces initiatives (voir ci-dessous). xAI, d’Elon Musk, pourrait profiter de la vague de dérèglementation pour s’arroger une part du gâteau public.

Washington

  • L’administration Biden donne ses dernières instructions • Le département de la Sécurité intérieure des États-Unis a publié un framework pour l'utilisation de l'intelligence artificielle dans les infrastructures critiques, comme le réseau électrique, le système d'eau ou le transport aérien. Ce cadre, issu du décret exécutif sur l’IA (lire Qant du 31 octobre 2023) que Donald Trump a promis d’abroger, exige des développeurs d'IA d'évaluer les risques potentiels de leurs produits, de garantir leur alignement avec des valeurs centrées sur l'humain, de protéger la confidentialité des utilisateurs et de renforcer la cybersécurité des opérateurs d'infrastructures critiques. Il a été élaboré avec le Conseil consultatif sur la sécurité et l'IA du département dont font notamment partie Sam Altman (OpenAI), Jensen Huang (Nvidia) et Sundar Pichai (Alphabet). En savoir plus…

Daisy, l’IA qui rend fous les scammers

  • Une intelligence artificielle nommée Daisy, développée par l’opérateur télécoms britannique Virgin Media O2, a été conçue pour piéger les arnaqueurs téléphoniques en leur faisant perdre du temps. 

  • Cette IA incarne une grand-mère fictive qui discute longuement avec les escrocs en leur fournissant des informations sensibles de fantaisie : faux numéro de compte bancaire, etc. 

  • Pour créer Daisy, Virgin Media o2  dit avoir combiné plusieurs LLM. Daisy répond en temps aux appels reconnus comme frauduleux pour retarder les criminels et recueillir des informations sur leurs tactiques. 

  • À SURVEILLER. Selon Virgin Media O2, une personne sur cinq au Royaume-Uni est visée chaque semaine par une tentative d'arnaque. L'entreprise a bloqué pour plus de 290 millions d'euros de transactions suspectes l'an dernier.

Ouvrir le capot des modèles de langage

Gemma Scope, un nouvel outil développé par Google DeepMind, propose une approche inédite pour décrypter les processus décisionnels des modèles de langage, en s'appuyant sur une architecture avancée de décodeurs automatiques “sparses”.

Inspecter l’intérieur des modèles • Qant, M. de R. avec Midjourney

Les processus internes des réseaux neuronaux restent largement opaques, y compris pour leurs créateurs. La complexité de ces “boîtes noires” pose un défi majeur dans les domaines nécessitant une fiabilité et une transparence accrues, comme la médecine ou la finance.

Pour faire face à ces enjeux, des chercheurs de Google DeepMind ont conçu Gemma Scope, une suite d'outils exploitant des autoencodeurs sparses (SAE) pour analyser et décomposer les activations des réseaux neuronaux des modèles de langage. Gemma Scope s’inscrit ainsi dans l’effort croissant pour améliorer l’interprétabilité des modèles de langage, essentielle à leur adoption dans des contextes critiques.

Coca-Cola, Shakespeare

  • Une nouvelle pub Coca à la sauce IA • Coca-Cola a dévoilé une nouvelle version, entièrement générée par intelligence artificielle, de sa publicité de Noël Holidays Are Coming. Elle sera diffusée au Royaume-Uni à partir d'aujourd'hui. Fidèle à l'original de 1995 en termes de musique et de visuels, cette nouvelle version intègre des changements comme une consommation du nouveau Coca-Cola Zero Sugar et un casting plus diversifié. Coca s’était distinguée, dès 2023, par un premier spot 100% IA (lire Qant du 19 février). En savoir plus… 

  • L’IA et la plume • Une étude publiée dans Nature – Scientific Reports a testé la capacité des lecteurs à différencier des poèmes écrits par une intelligence artificielle, comme GPT, de ceux de poètes classiques tels que Shakespeare. Les participants, exposés à dix poèmes (cinq humains et cinq générés par IA), ont souvent préféré les créations des IA, qu’ils jugeaient plus créatives, immersives et émotionnelles. Ils avaient du mal à distinguer leur origine, sauf lorsqu’on leur précisait que certains poèmes étaient écrits par une machine. En savoir plus…

Franklin Templeton élargit son fonds monétaire à Ethereum

  • Franklin Templeton a étendu son fonds monétaire tokenisé (FOBXX) aux transactions sur Ethereum, après l’avoir déployé sur Aptos, Avalanche et Stellar.

  • Lancé en 2021, FOBXX a été le premier fonds monétaire à utiliser une blockchain publique pour suivre les transactions et la propriété des actifs. Il gère actuellement 410 millions de dollars (environ 382 M€).

  • À SURVEILLER. La semaine dernière, BlackRock a élargi l'accès de son fonds monétaire tokénisé Buidl, lancé sur Ethereum en mars, à cinq nouvelles blockchains. Ethereum domine le marché des actifs tokenisés avec 1,6 milliard de dollars (1,49 Md€) en circulation, surpassant largement Stellar et Solana.

Tether

  • RWA : Tether veut démocratiser la tokenisation • Tether vient de présenter Hadron, une plateforme de tokenisation d'actifs réels (RWA) destinée au “marché de masse”. À ce titre, Hadron prend en charge la tokenisation d'actions, d'obligations, de stablecoins et de points de fidélité, tout en ouvrant la possibilité de tokeniser des biens réels comme des terrains, des œuvres d'art, ou des bijoux. Elle veut s’adresser aussi bien aux particuliers qu’aux sociétés privées et aux institutions publiques. En savoir plus…

Sous le casque, la réalité augmentée

Arc2 se place aisément sous un casque et au-dessus de lunettes de vue • Source : Almer Technologies

  • La société américaine RealWear, spécialisée dans les technologies portables pour travailleurs industriels et de terrain, a fait l’acquisition d'Almer Technologies, créateur d’un casque de réalité augmentée, Arc 2. 

  • Le casque, en location sur abonnement,  permet aux techniciens de recevoir une assistance à distance en temps réel grâce à la réalité augmentée. 

  • Almer, fondée en 2021, continuera d'opérer depuis son siège suisse. Les cofondateurs, Timon Binder et Sebastian Beetschen, rejoindront l'équipe de direction de RealWear. 

  • À SURVEILLER : L’extension du domaine de l’assistance. Cette opération est soutenue financièrement par TeamViewer, qui édite un logiciel de téléassistance. Son CEO, Oliver Steil, rejoindra le conseil d’administration de RealWear. Histoire de sortir des centres d’appel.

Des radars pour donner la vue aux robots

PanoRadar, un nouveau capteur développé par l'université de Pennsylvanie, utilise les ondes radio et l'intelligence artificielle pour offrir aux robots une vision 3D précise, même à travers les murs, la fumée ou le brouillard.

En s'inspirant des stratégies sensorielles d’animaux comme les chauves-souris, qui naviguent grâce aux échos sonores, ou les requins, qui détectent les champs électriques, les chercheurs de Penn Engineering ont cherché à dépasser les limites de la vision humaine. Leur solution, PanoRadar, associe ondes radio et intelligence artificielle pour fournir une "vision" tridimensionnelle précise aux robots, même dans des conditions extrêmes.

Pony

  • Pony AI prêt à faire le saut • La startup chinoise de conduite autonome Pony AI prévoit de lever jusqu’à 224 millions de dollars (environ 210 M€) lors de son introduction en bourse aux États-Unis (lire Qant du 21 octobre), avec une valorisation potentielle de 4,48 milliards de dollars (environ 4,2 Md€) si ses actions se vendent au prix maximum de 13 dollars. Exploitant des flottes de robotaxis et de camions autonomes dans plusieurs villes chinoises, Pony AI, qui avait atteint une valorisation de 8,5 milliards de dollars en 2022, a réduit son objectif initial de levée de fonds. En savoir plus…

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :

• Gemma Scope offre de nouvelles clés pour comprendre les mécanismes internes des modèles d’IA.
• PanoRadar permet aux robots de voir à travers les murs et la fumée grâce aux ondes radio et à l’IA.

Des ondes pour donner la vue aux robots

PanoRadar, un nouveau capteur développé par l'université de Pennsylvanie, utilise les ondes radio et l'intelligence artificielle pour offrir aux robots une vision 3D précise, même à travers les murs, la fumée ou le brouillard.

Dans des environnements difficiles, comme des bâtiments enfumés ou des routes enveloppées de brouillard, les capteurs classiques peinent à fournir des données fiables. Les caméras et les systèmes Lidar, bien que performants pour produire des images détaillées, se montrent inefficaces face aux obstacles visuels ou aux conditions météorologiques extrêmes.

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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