La revanche des doomers

Les lanceurs d’alerte se multiplient chez OpenAI • Nvidia dépasse Apple, avec une capitalisation de plus 3 000 milliards de dollars • Le robot Eve obéit à la voix, sinon la baguette • Tether s’inquiète du risque d’être marginalisé en Europe • Bienvenue dans Qant, jeudi 6 juin.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.

DERNIÈRE MINUTE

NVIDIA VERS L’INFINI ET AU-DELÀ

L’Ia fait des miracles. A la clôture de la bourse américaine hier soir, Nvidia a dépassé Apple, en s’arrogeant la deuxième capitalisation au monde : 3 012 milliards de dollars, environ 2 800 milliards d'euros. Portées par la vague de l’IA, les actions de Nvidia ont vu leur cours augmenter de plus de 3 200 % au cours des cinq dernières années. Microsoft avait pour sa part dépassé Apple en janvier 2024. Plus que jamais, les annonces du WWDC le 10 juin semblent cruciales, si Apple veut arrêter son déclin (lire Qant du 30 mai, du 28 mai et du 22 février).

Pour en savoir plus : Bloomberg

L'IA va-t-elle bouleverser la négociation et la gestion des contrats ? Un petit-déjeuner avec l'Observatoire du Financement de l'IA en FranceL'IA va-t-elle bouleverser la négociation et la gestion des contrats ? Un petit-déjeuner avec l'Observatoire du Financement de l'IA en France

L’ÉVÉNEMENT

Touche pas à mon lanceur d’alerte

Alors qu’OpenAI a commencé l’entraînement du futur GPT-5, elle peine à faire taire les polémiques sur la sécurité. L’esprit “doomer”, qui s’inquiète des risques existentiels de l’IA, montre sa résilience.

“Réduire les lanceurs d’alerte d’IA au silence” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“Réduire les lanceurs d’alerte d’IA au silence” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

1,7 million de dollars. C’est le prix que paiera Daniel Kokotajlo, un ancien employé d'OpenAI, si la société fait jouer les clauses anti-dénigrement qui lui permettent de récupérer les actions qui lui ont été attribuées. En cause : la lettre ouverte qu’il vient de signer avec 11 de ses anciens collègues – dont un certain nombre restent anonymes. Ceux qui sont encore en poste à OpenAI ont peur des rétorsions, expliquent les signataires.  

Plus sereins, deux employés de Google Deepmind les ont rejoints, ainsi que le père du deep learning Geoffrey Hinton. Lawrence Lessig, l’un des créateurs du droit du numérique, assurera leur défense comme il avait défendu, contre Meta, la donneuse d’alerte Frances Haugen. 

D’OpenAI à Meta, via Google, X et Anthropic, une course effrénée s’est en effet installée à qui créera les modèles de fondation les plus avancés. Les “accélérationistes” et les “techno-optimistes” ont triomphé dans la Silicon Valley (lire Qant du 23 novembre 2023 et du 18 octobre 2023).

Alors que l’entraînement de GPT-5 a commencé, leurs opposants les “doomers” font de la résistance.

L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE

L’ESSENTIEL : 1X, Asana, Cisco, Nvidia, Tether

ROBOTS

Eve, écoute-moi

Le robot humanoïde de la norvégienne 1X réalise une série de tâches complexes grâce à une interface de langage naturel contrôlée par la voix.

La start-up norvégienne 1X, soutenue par OpenAI, a récemment publié une vidéo qui montre que ses robots humanoïdes Eve peuvent être activés par la voix. Une interface de langage naturel permet à un opérateur de contrôler plusieurs androïdes à l'aide de commandes vocales. Le robot assistant enchaîne alors une série d'actions apprises pour accomplir des tâches complexes. 

En mars dernier, 1X a rapporté avoir développé un modèle autonome capable de regrouper un grand nombre de tâches dans un seul modèle comportemental d'IA. Cela inclut des actions comme sortir des objets d'un sac de courses, décider où les placer, nettoyer des déversements et plier des chemises.

Les humanoïdes Eve présentés dans la vidéo ne sont pas télécommandés et ne lisent pas des trajectoires scriptées à l’avance. Toutes les actions sont contrôlées par un réseau de neurones. 

En attendant GPT-4o

Améliorer le comportement du robot pour une tâche dans un modèle multi-tâches peut avoir un impact négatif sur son comportement pour d'autres. Une solution consiste à augmenter le nombre de paramètres, mais cela entraîne un temps d'entraînement plus long et un coût important. Plutôt que d'augmenter les paramètres, l'intégration d'une interface de langage naturel contrôlée par la voix permet aux opérateurs de chaîner des capacités à travers plusieurs petits modèles. Ces modèles monotâches peuvent ensuite être fusionnés selon les objectifs poursuivis. 

À terme, un modèle unifié pourra automatiser des actions de haut niveau en utilisant l'IA.  La prochaine étape pour 1X sera d'intégrer des modèles de vision-langage comme GPT-4o, Vila et Gemini Vision dans le système. 

D’Oslo à San Francisco 

Fondée en 2014 à Oslo sous le nom de Halodi Robotics, la start-up a ouvert une deuxième base en Californie en 2019, en y présentant un prototype de leur robot humanoïde sur roues, nommé Eve. Renommée 1X, elle collabore avec OpenAI depuis 2022. Les robots sont conçus pour comprendre à la fois le langage naturel et l'espace physique, ce qui leur permet d'accomplir des tâches réelles dans divers contextes professionnels. 1X développe également un robot bipède et des mains anthropomorphes.

 Pour en savoir plus :

MONNAIES NUMÉRIQUES ET BLOCKCHAINS

  • Tether s’insurge contre Mica • Le CEO de Tether, Paolo Ardoino, a déclaré hier que le règlement Mica de l'Union européenne pourrait rendre l'émission de stablecoins complexe et risquée. Il réagit ainsi à l'annonce de Binance sur les futures restrictions imposées aux stablecoins non régulés en Europe (lire Qant du 5 juin). Tether, qui dit avoir participé activement aux consultations sur le règlement européen, en appelle à des discussions supplémentaires pour clarifier certaines dispositions. Il lui reste trois semaines avant son entrée en vigueur, le 30 juin.
    Pour en savoir plus : The Block, Coin Speaker

  • Des stablecoins dans les Émirats • Le conseil d'administration de la Banque centrale des Émirats arabes unis vient d'approuver un nouveau système de régulation et de licence pour les stablecoins adossés au dirham émirati. Ces règlements précisent l'émission, la licence et la supervision de ces jetons. Cette initiative s'inscrit dans le programme de transformation de l'infrastructure financière des Émirats.
    Pour en savoir plus : Cointelegraph

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

  • Cisco mise un milliard sur l’IA • Cisco vient de lancer un fonds de 1 milliard de dollars (environ 935 millions d'euros) destinés à des investissements dans des start-ups spécialisées en intelligence artificielle. La société a déjà engagé près de 200 millions de dollars (194 millions d'euros) dans des entreprises comme Cohere, Mistral AI et Scale AI.
    Pour en savoir plus : Bloomberg

  • Discuter avec son moi du futur • Des chercheurs du MIT ont développé un chatbot alimenté par l'IA qui simule une version âgée de l'utilisateur pour encourager des choix de vie plus sages. Ce programme utilise des images vieillies numériquement et des souvenirs synthétiques pour promouvoir la réflexion à long terme sur la santé, l'argent et le travail. Des essais avec 344 volontaires ont montré que ces interactions réduisent l'anxiété de l'utilisateur.
    Pour en savoir plus : The Guardian

  • Un coéquipier IA pour les collaborateurs • La plateforme californienne de gestion de projet Asana vient d'annoncer une nouvelle fonctionnalité d'« AI teammate » capable d'assigner des tâches et de recueillir des informations manquantes pour les équipes. Asana utilise des données historiques pour attribuer les travaux aux personnes les mieux adaptées. La fonctionnalité repose sur le « Work Graph » d'Asana, qui cartographie les relations entre les tâches et les collaborateurs. Des clients testent déjà cette fonctionnalité pour la création de contenus marketing personnalisés et la standardisation des workflows.
    Pour en savoir plus : The Verge

ÉDITION PREMIUM

En exclusivité pour les abonnés :

  • Onze employés d’OpenAI, anciens ou actuels, signent une lettre ouverte alertant sur les dangers de la technologie, mais aussi sur les droits bafoués des lanceurs d'alerte face à l’IA.

  • En l'absence d'une régulation efficace, les employés des sociétés d'IA constituent selon eux le principal garde-fou en cas de développement déraisonné de la technologie.

  • Le mouvement “techno-optimiste” et “e-accélérationniste”, qui s’est affirmé ces derniers mois, se heurte au retour des pessimistes, les “doomers” inquiets des conséquences néfastes de l’IA. Tout comme les seconds avaient influencé le sommet de Bletchley Park en novembre dernier, les premiers ont laissé leur empreinte sur l’AI Action Summit qui se tiendra à Paris en février prochain.

OK, doomer !

Alors qu’OpenAI a commencé l’entraînement du futur GPT-5, elle peine à faire taire les polémiques sur la sécurité.

“Réduire les lanceurs d’alerte de l’IA au silence” (Qant, M. de R. avec Midjourney)“Réduire les lanceurs d’alerte de l’IA au silence” (Qant, M. de R. avec Midjourney)

1,7 million de dollars. C’est le prix que paiera Daniel Kokotajlo, un ancien employé d'OpenAI, si la société fait jouer les clauses anti-dénigrement qui lui permettent de récupérer les actions qui lui ont été attribuées. En cause : la lettre ouverte qu’il vient de signer avec 11 de ses anciens collègues – seuls ceux qui sont déjà partis, toutefois, ont accepté que leurs noms soient publiés. 

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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