Google Leaks, AI Overviews : pourquoi rien ne va plus pour Google • Vendredi, l’IA a rendez-vous avec le droit • Computex : Nvidia et AMD présentent leurs puces • Une caméra suisse permet aux voitures d'y voir aussi clair que les humains • Bienvenue dans Qant, mardi 4 juin.


« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio
Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022.
“Fuite de données sensibles chez Google” (Qant, M. de R. avec Midjourney)
Chez Google, le Search, la recherche sur Internet, s’apparente aux joyaux de la couronne. C’est par la qualité de ce produit grand public que la start-up a émergé des couloirs de Stanford en 1998. C’est en le protégeant mieux qu’un code nucléaire ou qu’une recette de Carême que l’algorithme s’est imposé. Au point de générer, bon an mal an, 200 milliards de dollars de chiffre d’affaires et de faire de la première page de Google l’essentiel d’Internet.
Pourquoi, alors, le remettre en cause ? Pourquoi se précipiter dans le déploiement généralisé d’AI Overviews, alors qu’il était inévitable que des hallucinations se produisent ? Si vraiment les gens préfèrent la recherche générative, pourquoi ne pas tirer les leçons des échecs de Bard et proposer un service optionnel, en bêta ouverte ?
Il n’y a pas que l’hubris. Pour la première fois dans l’histoire de Google, une fuite massive de documents a compromis, non pas l’algorithme tout entier, mais 14 000 “attributs” dont il tient compte pour la hiérarchisation du site dans ses réponses (lire ci-dessous). Au départ, Google a esquivé les questions sur l'authenticité des documents avant de confirmer leur véracité.
Aucune indication sur leur source réelle n’a transpiré, mais les documents montrent que des dirigeants de Google ont menti au public pendant des années sur le Search – et certains éléments étaient déjà clairs pendant le procès antitrust. Les audiences sont désormais closes et le juge devrait rendre son verdict cet été (lire Qant du 14 mai et du 14 septembre 2023).
Le seul autre grand procès antitrust dans la tech avait conduit, en 1998, Microsoft à devoir séparer son navigateur de son système d’exploitation. Cela avait favorisé l’émergence d’une start-up alors inconnue, Google.
Tout porte à penser que Google se prépare à une hypothèse de ce genre.
L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE EN FIN DE LETTRE
La gestion du cycle de vie des contrats (CLM) est un secteur encore petit : le marché global est évalué autour de 2 milliards d’euros. Mais son rôle est essentiel sur toutes les entreprises qui se trouvent à gérer une multiplicité de contrats, de l’automobile à la santé, via la grande distribution et l’industrie. « L’administratif peut devenir un vrai frein à la croissance d’une start-up et encore plus à sa cession : la création d’une data room, c’est trois semaines de nuits blanches ! » se souvient Elliott Reilhac, fondateur de TYTV, qu’il a vendue à Nielssen Media aux États-Unis avant de revenir en France créer Formality, une des start-up qui seront présentes à l’événement de vendredi 7 juin.
Or, l'IA que portent les nouvelles legaltech comme Formality ou Tomorro a déjà un impact significatif. Elle améliore l'efficacité, la précision et la prise de décision stratégique à travers les différentes étapes du processus de gestion des contrats. Elle peut analyser les données contractuelles pour identifier les tendances, les risques et les opportunités. Il devient ainsi concevable de déléguer entièrement la gestion des contrats à une IA. Ou presque : l’intervention humaine semble irremplaçable sur la prise de décision complexe, les considérations juridiques subtiles et la gestion du changement.
Ce qui est vrai des contrats s’applique à bien d’autres domaines juridiques. « Depuis les années 1990, la gestion électronique de documents (GED) a connu bien des avatars » sourit Eliott Reilhac : « Les drives ont pallié sa rigidité, mais ils ont créé trop de souplesse ; les SAAS ont voulu réintroduire de la structure, mais ils sont trop nombreux désormais. L’IA va pouvoir créer un OS juridique de l’entreprise !».
UN CODE DE GRATUITÉ POUR L’ÉVÉNEMENT DE VENDREDI AINSI QUE L’INTÉGRALITÉ DE CET ARTICLE SONT DISPONIBLES EN FIN DE LETTRE
Pour tout conducteur, l'apparition soudaine d'un piéton devant la voiture représente un cauchemar, avec seulement une fraction de seconde pour freiner ou éviter l'accident. Bien que certaines voitures soient équipées de systèmes de caméra capables d'alerter le conducteur ou d'activer un freinage d'urgence, ces systèmes manquent encore de rapidité et de fiabilité. Leur utilisation dans les véhicules autonomes nécessite encore de nombreuses améliorations, comme le montre l’incident récent d’une Tesla percutant un camion de pompiers qui détournait le trafic d’une autoroute après un accident.
Daniel Gehrig et Davide Scaramuzza, du département d'informatique de l'université de Zurich, ont combiné une caméra bio-inspirée avec l'IA pour développer un système capable de détecter les obstacles autour d'une voiture beaucoup plus rapidement que les systèmes actuels, tout en utilisant moins de puissance de calcul.
La plupart des caméras actuelles sont basées sur des images fixes : elles capturent des instantanés à intervalles réguliers. Les caméras utilisées pour l'assistance à la conduite capturent généralement 30 à 50 images par seconde ; un réseau neuronal est entraîné à reconnaître les objets présents sur ces images, comme les piétons, les vélos et les autres voitures. Cependant, si quelque chose se produit entre deux instantanés, la caméra peut le voir trop tard. Augmenter la fréquence d'images signifie traiter plus de données en temps réel, nécessitant ainsi plus de puissance de calcul.
Les caméras événementielles, une innovation récente, enregistrent des informations chaque fois qu'elles détectent des mouvements rapides, sans avoir de zones d'ombre entre les images. Appelées également caméras neuromorphiques, elles imitent la manière dont les yeux humains perçoivent les images. Toutefois, elles peuvent manquer des objets qui se déplacent lentement et leurs images sont difficiles à convertir en données utilisables pour entraîner un algorithme d'IA.
Gehrig et Scaramuzza ont développé un système hybride combinant les avantages des deux types de caméras. Ce système inclut une caméra standard qui collecte 20 images par seconde, un taux relativement faible comparé aux caméras actuelles. Ses images sont traitées par un réseau neuronal convolutif, entraîné à reconnaître les voitures ou les piétons. Les données de la caméra événementielle sont couplées à un autre type de système d'IA, un réseau neuronal graphique asynchrone, particulièrement adapté à l'analyse des données 3D évoluant dans le temps. Les détections de la caméra événementielle anticipent celles de la caméra standard et augmentent également ses performances.
Le résultat est un détecteur visuel aussi rapide qu'une caméra standard prenant 5 000 images par seconde, mais nécessitant la même bande passante qu'une caméra standard de 50 images par seconde. L'équipe a testé son système face aux meilleures caméras et algorithmes visuels actuellement sur le marché automobile. Elle constate des détections 100 fois plus rapides tout en réduisant la quantité de données à transmettre entre la caméra et l'ordinateur de bord, ainsi que la puissance de calcul nécessaire au traitement des images, sans compromettre l'exactitude.
Ce système peut détecter efficacement les voitures et les piétons entrant dans le champ de vision entre deux images successives de la caméra standard. Selon les chercheurs, cette méthode pourrait être encore plus puissante à l'avenir en intégrant des caméras avec des capteurs Lidar, comme ceux utilisés dans les voitures autonomes.
Les systèmes hybrides comme celui-ci pourraient ainsi garantir la sécurité sans exiger une augmentation substantielle des données et de la puissance de calcul embarquée. Cela les rendrait essentiels pour les véhicules autonomes.
Et même toutes les voitures.
Pour en savoir plus :
Daniel Gehrig et al, Low Latency Automotive Vision with Event Cameras, Nature, 2024
OpenAI mise sur l’IA embarquée • OpenAI relance son équipe de recherche en robotique après une pause de trois ans. L'entreprise développe actuellement des modèles de langage multimodal pour des applications robotiques, capables de traiter des données comme celles des capteurs embarqués des robots. Les efforts d’OpenAI pour recruter des ingénieurs en robotique et explorer de nouvelles architectures ne sont pas passés inaperçus.
Pour en savoir plus : The Information, Interesting Engineering
Computex, I : Après Blackwell, Nvidia présentera Rubin • Nvidia a annoncé le développement d'une plateforme d'intelligence artificielle de nouvelle génération nommée Rubin pour 2026. Le CEO Jensen Huang a dévoilé un cycle de mise à jour annuel avec la sortie de la puce Blackwell Ultra en 2025, en préambule de l'évènement Computex à Taiwan. La plateforme Rubin utilisera la mémoire HBM4, une technologie de mémoire avancée conçue pour offrir une bande passante élevée, essentielle pour les applications exigeantes en calcul intensif comme l'intelligence artificielle.
Pour en savoir plus : Bloomberg, CNBC
Computex, II : AMD renforce son inférence • AMD a dévoilé un nouveau processeur d'IA, le MI325X, lors du salon Computex à Taipei. Prévu pour le quatrième trimestre 2024, cet accélérateur ne vise pas tant à concurrencer Nvidia, même si AMD prévoit de réaliser 4 milliards de dollars de chiffre d’affaires avec des GPU cette année (lire Qant du 28 mai), qu’à se renforcer dans le marché aval de l'inférence. AMD a également annoncé les séries MI350 et MI400, attendues respectivement en 2025 et 2026. La série MI350 promet des performances 35 fois supérieures en inférence par rapport à la série MI300.
Pour en savoir plus : Reuters, The Verge
Pas touche à la voix du Président • Le département américain de la Justice (DOJ) s'oppose à la diffusion des enregistrements audio de l'interview du président Biden avec le procureur spécial Robert Hur, qui enquête sur les documents confidentiels qu’il aurait pu conserver après avoir quitté la vice-présidence en 2016. Le DOJ craint que ces enregistrements ne soient altérés pour produire des deepfakes présentés comme authentiques. Une transcription de l'interview a déjà été fournie aux membres républicains de la chambre des représentants, mais ceux-ci réclament les enregistrements audio. En début d’année, un deepfake audio reprenant la voix du président américain avait été diffusé au New Hampshire, invitant les électeurs à ne pas aller voter (lire Qant du 24 janvier).
Pour en savoir plus : The Hill
La Cité de l’IA fait le bilan • La Cité de l’IA, créée en 2019 dans les Hauts-de-France à l’initiative du Medef Lille Métropole, a présenté son premier bilan d’impact. Depuis sa création, plus de 2 000 entreprises ont été sensibilisées à l’intelligence artificielle, et 100 dirigeants ont participé à des voyages d'apprentissage en Israël et en Estonie. L’organisation ambitionne de sensibiliser et d'accompagner 4 000 entreprises d’ici 2027 grâce à une offre de services sur mesure.
La roupie numérique de gros dans le dur, celle de détail dans le vent • La Banque centrale d'Inde avait prévu de lancer une roupie numérique interbancaire dès janvier dernier. Au lieu de quoi, elle vient vient de publier des chiffres qui montrent l’échec des diverses expérimentations, centrées sur des comptes plutôt que des jetons. Un pilote pour les prêts interbancaires sur les marchés monétaires est encore en cours, avec neuf banques participantes. En revanche, la circulation de la roupie numérique de détail a augmenté de 57 millions de roupies (627 000 euros) à 2,34 milliards de roupies (25,8 millions d'euros) entre mars 2023 et mars 2024, avec 4,6 millions de consommateurs et 400 000 commerçants inscrits.
Pour en savoir plus : Ledger Insights
La parano de l’IA gagne l’US Navy • La marine américaine cherche des partenaires du secteur privé pour développer sa technologie d’identification blockchain "Paranoid" (Powerful Authentication Regime Applicable to Naval Operational Flight Program Integrated Development). Conçue pour sécuriser les logiciels contre les cyberattaques, Paranoid utilise la blockchain pour vérifier les fichiers à chaque étape du développement. Le système enregistre chaque action des développeurs, créant un registre immuable des activités. Le département de la Défense propose cette technologie à des entreprises intéressées par la sécurisation de la chaîne d'approvisionnement logicielle.
Pour en savoir plus : Cointelegraph
Piéger 512 ions dans un ordinateur • Une équipe de chercheurs de l'université Tsinghua en Chine, a construit un système de calcul quantique basé sur des ions, que les médias chinois présentent comme le plus puissant au monde. Ce système utilise des ions piégés comme qubits, à la manière de l’américaine IonQ ou de la française Crystal Computing. Les chercheurs de Tsinghua ont réussi à piéger et refroidir de manière stable un cristal bidimensionnel de 512 ions, une première dans le domaine.
Pour en savoir plus : South China Morning Post, Interesting Engineering
En exclusivité pour les abonnés :
La fuite de 2 500 documents internes de Google révèle des pratiques de classement des contenus par le moteur de recherche en contradiction avec les déclarations publiques de l'entreprise. Ces révélations surviennent alors que Google fait face aux polémiques sur la recherche générative et attend le verdict du procès antitrust, amplifiant les controverses autour de ses pratiques en matière de recherche en ligne.
La gestion des contrats est le premier segment à être concrètement impacté par l’IA au sein des directions juridiques des entreprises. Ouvre-t-il la porte à une diffusion bien plus massive de l’IA ? Pour venir en débattre vendredi 7 juin, les abonnés disposent d’un code de gratuité d’une valeur de 200 euros (ci-dessous).
“Fuite de données chez Google” (Qant, M. de R. avec Midjourney)
La fuite la semaine dernière de 2500 documents internes à Google révèle progressivement des informations significatives, sinon sur le fonctionnement précis de l'algorithme de recherche sur Internet, du moins sur des pratiques que l'entreprise habituellement garde secrètes.
...