Pendant qu'Elon Musk embrasse une femme-robot dans les réseaux et que les cryptos tremblent (à tort) devant le potentiel défaut du dollar, OpenAI fait ressortir les limites de la démarche européenne sur l'IA et le premier PC sans écran arrive sur le marché. Bienvenue dans Qant, mardi 30 mai.
“Paul Virilio : Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande
Chaque jour, les journalistes de Qant illustrent les tendances de fond qui animent la tech. Pour cela, ils s’appuient sur Kessel Média et utilisent l’IA générative depuis mars 2022. Les articles qui requièrent le plus de travail humain demandent un abonnement.
Pendant que l’AI Act essaie de réglementer le passé, OpenAI publie ses premières réflexions sur le futur : comment encadrer le développement d’intelligences artificielles générales aux capacités supérieures à l’homme, les “superintelligences”.
La semaine dernière, le CEO d’OpenAI a rendu visite à tous les chefs d’Etat ou de gouvernement européens qui ont accepté de le recevoir : Emmanuel Macron, mais aussi le premier ministre polonais Mazowiecki et le premier ministre espagnol Sànchez. Désavoué ce dimanche par des élections locales, ce dernier aurait dû détenir la présidence de l’Union Européenne à partir de juillet, au moment crucial pour OpenAI où s’établiront les ultimes négociations sur l’AI Act européen, la première législation majeure sur l’IA générative.
Après quelques cadeaux et politesses – « Le bon niveau de régulation pour l’IA s’établit entre l’UE et les Etats-Unis » expliquait Altman à Londres –, le masque est vite tombé. Si les restrictions votées par le Parlement (lire Qant du 12 mai) sont maintenues dans le futur AI Act, OpenAI se retirera d’Europe, a déclaré Sam Altman à la presse britannique. Adieu ChatGPT, ouvert sur les iPhone européens la même semaine.
Tout comme pour le défaut de paiement américain (lire ci-dessous), la probabilité qu’OpenAI se retire d’Europe est assez limitée. Sam Altman a d’ailleurs fait machine arrière dès le lendemain. Mais sa réaction montre deux différences d’approche entre Bruxelles et la Silicon Valley qui devraient nourrir la réflexion des régulateurs.
Tout d’abord, la protection des données personnelles ou protégées par le droit d’auteur dans l’entraînement des modèles de fondation, que veut imposer le Parlement européen, semble poser de réelles difficultés techniques, peut-être même une impossibilité. Sans doute parce qu’il n’y a pas d’acteurs européens sur le secteur, l’Europe a plus de facilités à imposer des normes irréalisables dans l’intelligence que dans le moteur à explosion ou les pesticides. On peut tout de même s’interroger sur l’intérêt de favoriser les industries du passé au détriment de l’innovation.
Mais surtout, l’Europe semble vouloir réglementer ce qui, pour OpenAI, tient presque du passé. L’entraînement de GPT-4 s’est sans doute conclu vers l’automne dernier. Il a été suivi par six mois de tests approfondis, le « red teaming », avant un lancement très progressif à partir de mars. Toujours la semaine dernière, OpenAI a ouvert le prochain chapitre, en publiant ses propositions pour règlementer les « superintelligences », des IA générales plus puissantes que l’esprit humain..
Trois idées essentielles sont contemplées par le document. La plus marquante : créer une agence internationale pour la superintelligence. Tout comme l’AIEA, pour l’énergie atomique, cet organisme pourrait inspecter les systèmes, exiger des audits, tester la conformité aux normes de sécurité…. Cela inciterait à une coordination entre les principaux efforts de développement, nécessaire pour assurer l’intégration de la superintelligence dans la société. Et, dans l’immédiat, renforcer la recherche pour créer les techniques qui diminueront les risques, réels, que présenteront les futures superintelligences.
Un véritable défi pour toutes les nations du monde. Et pour les régulateurs européens, dans quelques années.
Pour en savoir plus :
Source : Daniel Marven, Twitter
Du pape en doudoune à Donald Trump arrêté, les fausses photos réalisées grâce à l’intelligence artificielle deviennent un média à part entière. Héritières du dessin de presse et d’opinion, elle préfigure peut-être une nouvelle forme de satire. C’est en tout cas ce qu’évoque Elon Musk embrassant une modèle bionique, une série assez bienveillante partagée pour la première fois sur Twitter par le sud-africain Daniel Marven, après le lancement des robots humanoïdes de Tesla (lire Qant du 22 mai).
Le premier PC en réalité augmentée : La start-up américaine Sightful vient de présenter Spacetop, un ordinateur portable dont l’écran physique est remplacé par des lunettes de réalité augmentée. Un écran virtuel est projeté par l’utilisateurs grâce à des lunettes développées par xReal (lire Qant du 26 mai). L’un des arguments avancés par l’entreprise est de permettre de travailler en public sans que l’écran soit visible par autrui.
Pour en savoir plus : Wired
Un IndexGPT pour JP Morgan Chase : Après Morgan Stanley et Goldman Sachs, la plus grande banque américaine JP Morgan Chase a déposé une marque pour un service similaire à ChatGPT, appelé IndexGPT, susceptible de conseiller des investissements et proposer des analyses financières.
Pour en savoir plus : CNBC
Un dragon européen pour jouer avec les images : Le Max Planck Institute a présenté un outil nommé DragGan, qui permet aux utilisateurs de manipuler interactivement des éléments d'une image pour en modifier l'apparence.
Pour en savoir plus : Innovation Origins
Un chien-robot à Los Angeles : Le conseil municipal de Los Angeles permet à la police de la ville de recevoir en don un chien-robot de Boston Dynamics; d’une valeur de près de 300 000 dollars. Malgré la forte opposition à cette “militarisation de la police”, les villes de New York et San Francisco se prévalent déjà des services de chiens-robots.
Pour en savoir plus : CBS News
La courbe des taux d'intérêts sur la dette américaine est inversée (au 26 mai, source: https://www.ustreasuryyieldcurve.com/b/YgW6j3)
Dans un monde normal, prêter de l’argent pour pour un mois est beaucoup moins risqué et donc moins cher que le prêter pour dix ans. Mais les Etats-Unis ne sont plus un emprunteur normal et les marchés leur prêtent comme si une crise était imminente. De fait, elle pourrait l’être. Si les négociations entre le président Biden et la droite populiste républicaine, majoritaire à la Chambre des Représentants, n’aboutissent pas, le gouvernement fédéral ne pourra plus émettre de nouvelles dettes pour rembourser les anciennes. Dans ce cas, la valeur du bitcoin pourrait augmenter de plus des deux tiers, prévoit Geoff Kendrick de la banque britannique Standard Chartered. Après une chute initiale chiffrée à environ 5 000 dollars sur 26 000, le prix de la cryptomonnaie pourrait bondir d’au moins 25 000 dollars. Le prix de l’éther, la cryptomonnaie basée sur la blockchain Ethereum, s’effondrerait en revanche, tout comme les autres cryptoactifs, assimilés à des valeurs boursières risquées.
...