America First, et toute seule

58 pays adoptent la déclaration du sommet de l’IA, sans les États-Unis • Anthropic ouvre les données sur l’utilisation de Claude au travail • Un modèle d’IA améliore l’agilité des robots en réduisant l’écart entre simulation et réalité • Cessez-le-feu entre Binance et la SEC • Bienvenue dans Qant, mercredi 12 février 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Washington boude l'accord sur l'IA

Les États-Unis n'ont pas signé la déclaration adoptée par 58 autres pays au sommet de Paris sur l’intelligence artificielle, entraînant le Royaume-Uni dans leur sillage.

« Nous nous assurerons que l’IA américaine reste l’étalon-or de la tech »

  • La déclaration finale du Sommet pour l'Action de l’IA, a été signée hier soir par 58 pays, dont la France, la Chine et l’Inde, ainsi que par l’Europe et l’Union Africaine, mais non par les États-Unis et la Grande-Bretagne.

  • Courte, elle engage ses signataires, notamment, à “veiller à ce que l’IA soit ouverte à tous, inclusive, transparente, éthique, sûre, sécurisée et digne de confiance” et à “rendre l’IA durable pour les populations et la planète”.

  • Pendant le sommet, le vice-président américain J.D. Vance a violemment critiqué la régulation européenne, la jugeant trop contraignante et susceptible « d’étouffer une industrie en plein essor » – la sienne –, dont il entend qu’elle reste « l’étalon-or» pour les autres pays et leurs entreprises (voir vidéo ci-dessus).

  • L’Élysée a indiqué que d'autres nations pourraient signer la déclaration dans les jours à venir. En l’état, la déclaration de Paris fait déjà mieux que la déclaration de Bletchley Park il y a deux ans, qui avait rassemblé 28 pays – dont les États-Unis et la Grande-Bretagne, certes (lire Qant du 6 novembre 2023).

  • EN FILIGRANE : Londres tente de croquer la Pomme, sans succès. Une directive secrète du Royaume-Uni a enjoint Apple, le mois dernier, d’ouvrir aux services de sécurité britanniques les communications cryptées de bout en bout sur les iPhones. La firme à la Pomme a indiqué qu’elle suspendra ses services dans les îles britanniques si l’ordre est maintenu. Dans le bras de fer qui s’est ainsi créé, Washington apparaît comme le seul recours possible pour Londres.

  • À SURVEILLER : L’éléphant qui se Trump énormément. L’IA, ce n’est pas l’aluminium et l’acier. La Silicon Valley a construit son avance sur une économie ouverte, attirant les talents du monde entier. En s’isolant et en poussant le reste du monde vers DeepSeek, un modèle entièrement reconfigurable sur des serveurs non chinois, l’administration américaine pourrait bien atteindre le résultat exactement inverse du but affiché par J.D. Vance et nuire à la prépondérance de la tech américaine.

Claude à la loupe

Anthropic a analysé des millions de conversations sur la plateforme Claude.ai pour étudier l’impact réel de l’intelligence artificielle dans le monde du travail.

L’IA à la loupe • Qant, M. de R. avec Midjourney

Seuls les grands créateurs de modèles – OpenAI, Google, Meta, Anthropic… – disposent, aujourd’hui, de suffisamment de données pour comprendre la réalité de l’usage de l’IA générative. Anthropic vient de se distinguer en partageant les résultats de son outil d’analyse de données anonymisées, Clio, que la start-up utilise également pour détecter les usages malfaisants. 

L’Anthropic Economic Index, ainsi créé, est la première étude sur l’utilisation de l’IA générative basée sur des millions d’interactions avec le modèle Claude. Le jeu de données est mis à la disposition de chacun sur Hugging Face. Près de 60 % des interactions concernent l’écriture de code, qu’il s’agisse de génération, d’amélioration ou de correction de programmes. La rédaction et la synthèse de documents représentent quant à elles environ 20 % des usages recensés.

BBC, Bouygues, DeepSeek, Mistral, Orange, Perplexity

  • 200 milliards d'euros pour l’IA européenne • À l’occasion du sommet de l’IA, l'Union européenne a lancé InvestAI, qui vise à mobiliser les investissements dans l'intelligence artificielle (IA), dans le cadre d'une stratégie plus large, qui veut notamment favoriser sur l’IA un environnement de collaboration scientifique semblable à celui du CERN. Sur les 200 milliards d'euros d’investissements prévus, un dixième sera destiné spécifiquement aux “gigafactories de l'IA”, les centres de données qui fourniront la puissance de calcul nécessaire au développement de modèles d'IA complexes. La veille du sommet (lire Qant du 10 février), le Président de la République avait annoncé 109 milliards d’investissements dans de tels centres, pour la seule France. En savoir plus…

  • Bouygues se la joue Perplexe… • Bouygues Telecom vient d'annoncer offrir un an d’abonnement à Perplexity Pro à ses abonnés fixes et mobiles. Cette initiative intervient après l’annonce de Free Mobile, qui propose 12 mois gratuits à Le Chat Pro, l’IA générative de Mistral AI (lire Qant du 11 février). Le moteur de recherche générative Perplexity Pro est habituellement facturé 22 €/mois. Iil donne accès à des modèles comme GPT-4o et DeepSeek, ainsi qu’à la génération d’images et l’analyse de documents. En savoir plus…

  • … et Mistral souffle sur Orange • Orange et Mistral AI viennent d'annoncer un partenariat qui vise à intégrer l’IA générative dans les réseaux et services de l’opérateur. Dans un premier temps, seuls les clients professionnels bénéficieront de cette collaboration, notamment via Le Chat, le chatbot de Mistral, qui sera proposé en option dans les abonnements mobiles d’Orange. L’accord prévoit également l’intégration de Codestral, un modèle de langage conçu pour accélérer le développement logiciel des entreprises. Au-delà des services, les deux entreprises travailleront ensemble sur l’optimisation des infrastructures réseau pour mieux gérer l’essor de l’IA et améliorer la gestion du trafic et la maintenance prédictive. Orange n’exclut pas d’étendre l’offre au grand public à terme. En savoir plus…

  • Les chatbots se noient face à l’actualité • Une étude menée par la BBC révèle que les assistants d'intelligence artificielle comme ChatGPT, Copilot, Gemini et Perplexity produisent des réponses inexactes ou déformantes lorsqu’ils sont interrogés sur l’actualité. Sur 100 questions basées sur des articles de la BBC, plus de la moitié des réponses présentaient des problèmes « significatifs », incluant des erreurs factuelles sur des personnalités politiques, des citations modifiées ou inexistantes et des distorsions du contexte. En savoir plus…

  • New York fera sans DeepSeek • L'État de New York a interdit l'utilisation de DeepSeek sur les appareils publics, invoquant des risques de cybersécurité et de surveillance étrangère. La gouverneure Kathy Hochul a justifié cette décision par des préoccupations liées à la collecte de données et à la censure potentielle du modèle, développé par un laboratoire chinois. (On voit mal comment cela peut s’appliquer à un modèle open-source et open-weights fine-tuné et porté dans un cloud privé, mais ces finesses échappent peut-être à la gouverneure). En savoir plus…

Le robot qui se prenait pour Ronaldo

Grâce à une nouvelle méthode d’apprentissage, un robot conçu par Carnegie Mellon et Nvidia reproduit les gestes emblématiques de sportifs comme Cristiano Ronaldo, Kobe Bryant et LeBron James.

Grâce à un nouveau cadre d’apprentissage, un robot humanoïde du laboratoire LeCar de Carnegie Mellon a reproduit plusieurs mouvements de sportifs célèbres, dont le "Siuuu" de Cristiano Ronaldo, avec un saut et une rotation en l’air, le “fadeaway” de Kobe Bryant, nécessitant un parfait contrôle de l’équilibre, et le "Silencer" de LeBron James, basé sur un jeu de bras et une gestion précise du centre de gravité. En plus de ces mouvements, le robot est capable d’exécuter des sauts de plus d’un mètre, en avant et de côté.

Google et SoftBank misent 230 millions de dollars dans QuEra

La start-up QuEra, basée à Boston et spécialisée dans l’informatique quantique, lève 230 millions de dollars avec le soutien de Google et SoftBank pour développer un ordinateur quantique pleinement opérationnel.

  • QuEra a levé 230 millions de dollars avec la participation de Google et SoftBank Vision Fund, via une note convertible qui sera transformée en actions lors d’une prochaine levée de fonds.

  • La technologie de QuEra repose sur des qubits d’atomes neutres, permettant un fonctionnement à température ambiante, sans nécessiter de systèmes cryogéniques complexes. 

  • La start-up, issue du MIT en 2018, génère déjà des revenus, notamment grâce à la vente d’un ordinateur quantique à un institut japonais et à l’exploitation de services cloud via AWS.

  • QuEra prévoit de doubler ses effectifs, passant de 69 employés fin 2024 à environ 130 d’ici fin 2025, en recrutant principalement des scientifiques et des ingénieurs.

  • À SURVEILLER : Les applications commerciales de l’informatique quantique. Google estime que les premières utilisations concrètes arriveront d’ici cinq ans, ouvrant la voie à des avancées majeures en intelligence artificielle, simulation et optimisation.

La SEC cesse le feu contre Binance

La SEC et Binance sollicitent une suspension temporaire de leur litige, invoquant la mise en place d’un groupe de travail dédié aux cryptomonnaies.

  • Le gendarme financier américain, la SEC, et la plateforme crypto  Binance ont déposé une requête conjointe auprès du tribunal fédéral du district de Columbia pour suspendre leur procès pendant 60 jours.

  • Après cette suspension, les parties devront soumettre un rapport conjoint pour évaluer la nécessité d’une prolongation.

  • Cette demande émane de la Crypto Task Force de la SEC, créée en janvier par le président par intérim, Mark Uyeda.

  • Binance et son cofondateur Changpeng Zhao, qui font face à des poursuites engagées en 2023, ont transigé avec le département de la Justice et d’autres agences fédérales pour environ 4,3 milliards de dollars d’amendes (lire Qant du 22 novembre 2023).

  • À SURVEILLER : Le futur cadre réglementaire américain. Comme prévu, depuis le départ de Gary Gensler, la SEC devient de plus en plus permissive avec les cryptos.


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• Mythes et réalités de l’IA générative : Anthropic ouvre à l’analyse les interactions avec Claude.

• Carnegie Mellon et Nvidia présentent une IA permettant à un robot humanoïde de reproduire avec précision les gestes d’athlètes célèbres.

Claude à la loupe

Anthropic a analysé des millions de conversations sur la plateforme Claude.ai pour étudier l’impact réel de l’intelligence artificielle dans le monde du travail.

Répartition hiérarchique des six principales catégories professionnelles en fonction du degré d'utilisation de l'IA dans les tâches qui leur sont associées • Source : Anthropic

Seuls les grands créateurs de modèles – OpenAI, Google, Meta, Anthropic… – disposent, aujourd’hui, de suffisamment de données pour comprendre la réalité de l’usage de l’IA générative. Anthropic vient de se distinguer en partageant les résultats de son outil d’analyse de données anonymisées, Clio, que la start-up utilise également pour détecter les usages malfaisants. 

L’Anthropic Economic Index, ainsi créé, est la première étude sur l’utilisation de l’IA générative basée sur des millions d’interactions avec le modèle Claude. Le jeu de données est mis à la disposition de chacun sur Hugging Face. Près de 60 % des interactions concernent l’écriture de code, qu’il s’agisse de génération, d’amélioration ou de correction de programmes. La rédaction et la synthèse de documents représentent quant à elles environ 20 % des usages recensés.

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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