Apple se tourne vers les robots

Bruxelles recule face à Big Tech • Le fonds tokenisé de Franklin Templeton débarque sur Solana • Anduril reprend le casque xR de l’armée américaine • Financement de l’IA : les VCs se tournent vers les applications • Apple explore la robotique domestique avec des concepts humanoïdes et non humanoïdes • Bienvenue dans Qant, vendredi 14 février 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

En retard pour le métavers, en avance pour la robotique domestique ?

Apple pourrait produire des robots, humanoïdes et non, à l’horizon 2028, avance l’analyste Ming-Chi Kuo. Elle rejoindrait ainsi les tentatives de Samsung et LG.

Source : Yuhan Hu et al.

La convergence de la robotique avec l’IA, conjuguée au vieillissement des populations, laisse espérer une émergence de la robotique domestique, parent pauvre aussi bien de la robotique industrielle et de la domotique, rêve récurrent depuis le siècle dernier, à l’instar du métavers et des interfaces cerveau-machine. Portée par cet espoir, LG a récemment présenté le Q9 AI Home Hub. Au CES 2024, Samsung avait lancé à grand bruit Ballie, un robot domestique resté dans les cartons (lire Qant du 18 janvier 2024). 

Pour sa part, Apple mène plusieurs preuves de concept (POC)  sur des robots destinés aux applications domestiques, envisageant à la fois des formes humanoïdes et non humanoïdes, selon Ming-Chi Kuo, analyste bien connu des projets d’Apple. Elles pourraient aboutir à une mise en production dans trois ans. 

Après avoir lancé le casque Apple Vision Pro avec deux ans de retard sur le métavers et avoir dû arrêter ses projets de voiture autonome, Apple serait, en ce cas, peut-être même en avance. Le faire croire, en tout cas, était sans doute le but des indiscrétions, qui ont fait le tour de la presse informatique.

Réglementation de la tech : Bruxelles recule déjà

Face aux pressions des lobbies, la Commission européenne rétropédale sur deux projets de directive.

  • Proposé en 2022, le projet de directive sur la responsabilité de l’IA visait à permettre aux consommateurs de poursuivre développeurs et fournisseurs en cas de préjudice provoqué par le modèle. Il aurait donc principalement concerné les éditeurs américains, mais il a été retiré hier par la Commission européenne.

  • La Commission a également archivé le projet, formulé dès 2017, de soumettre WhatsApp (Meta) et Skype (Microsoft) aux mêmes contraintes sur les données que les opérateurs télécoms européens.

  • Enfin, la Commission a donné raison aux détenteurs de brevets racines (Ericsson, Nokia, Qualcomm) en retirant un projet de règle qui aurait favorisé les utilisateurs, provoquant les protestations des groupes américains, d’Apple et Alphabet.

  • EN FILIGRANE : L’idéologie de Washington.  “Nous pensons qu'une réglementation excessive du secteur de l'IA pourrait tuer une industrie transformatrice au moment même où elle prend son essor, et nous veillerons à ce que cela ne se produise pas” déclarait le vice-président américain J.D. Vance mardi dernier, au Sommet de l’IA de Paris. Il aura été entendu rapidement.

  • À SURVEILLER : Munich. La retraite américaine d’Ukraine dominera certainement les débats à la conférence de Munich sur la sécurité, qui s’ouvre aujourd’hui. Mais ce sera aussi l’occasion de surveiller les relations entre la France et la Commission, qui multiplie les signes de très grande souplesse envers la nouvelle administration américaine.

Investissements en IA : après l’année record

Les investissements du capital-risque en intelligence artificielle ont atteint des sommets en 2024, redessinant le paysage technologique mondial. Les tendances pour 2025 annoncent une redistribution des fonds vers les applications concrètes.

Quelles tendances pour l’IA en 2025 ?

Selon l’institut néerlandais DealRoom, les investissements dans les start-ups IA ont atteint l’an dernier 110 milliards de dollars, soit une augmentation de 62 % par rapport à 2023. Cette croissance contraste avec la baisse des investissements dans les autres technologies, qui ont reculé de 12 %.

Les projections pour 2025 indiquent un redéploiement des capitaux vers les applications pratiques de l’IA. Selon DealRoom, l’IA pour la santé, la cybersécurité et l’industrie manufacturière figurent parmi les segments en forte croissance. Les investisseurs s’orientent vers des entreprises exploitant l’IA pour accroître l’efficacité et réduire les coûts opérationnels.

Le capital-risque dans le domaine de l'IA atteint un niveau record en 2024 • Source : DealRoom

Google, Harrison.ai, Meta, Microsoft

  • L’IA contre le péril jeunes • Google a annoncé le déploiement aux États-Unis d’un modèle de machine learning pour estimer l’âge de ses utilisateurs et appliquer des paramètres de sécurité adaptés aux mineurs. Cette technologie analysera divers signaux, comme l’historique de navigation et les vidéos regardées sur YouTube, pour déterminer si un utilisateur a moins de 18 ans. Si l’algorithme détecte un mineur, Google modifiera automatiquement certains paramètres et proposera un système de vérification de l’âge via selfie, carte de crédit ou pièce d’identité. En savoir plus…

  • Une furieuse faim de semiconducteurs • Meta serait en négociations pour acquérir Furiosa AI, une start-up sud-coréenne spécialisée dans les accélérateurs pour l’IA. Fondée par d’anciens ingénieurs de Samsung et AMD, Furiosa AI développe des semi-conducteurs destinés à l’exécution rapide de modèles d’IA. La société a levé 90 milliards de wons (environ 62 M€) auprès d’investisseurs, dont le géant technologique sud-coréen Naver. En savoir plus…

  • Microsoft se tourne vers le soleil • Microsoft a annoncé l’acquisition de 389 mégawatts d’énergie solaire auprès d’EDP Renewables North America pour répondre à la demande croissante en électricité de ses opérations cloud et IA. Ces capacités proviennent de trois projets solaires situés dans l’Illinois et au Texas. Microsoft, qui totalise désormais près de 20 gigawatts de capacité renouvelable, poursuit ainsi son objectif de neutralité carbone d’ici 2030. En savoir plus… 

  • L’IA voit des millions sur la radio • La start-up australienne Harrison.ai, spécialisée dans l’IA appliquée à l’imagerie médicale et à la pathologie, a levé 112 millions de dollars américains lors d’un tour de table mené par Aware Super, ECP Asset Management et Horizons Ventures. Fondée en 2018, l’entreprise développe des solutions d’IA pour analyser les radiographies, scanners et biopsies, notamment via ses produits Annalise.ai (radiologie) et Franklin.ai (pathologie). Les fonds levés serviront à accélérer son expansion internationale et à développer de nouvelles applications d’IA pour le diagnostic médical. En savoir plus…

Franklin Templeton prend pied sur Solana – et alors ?

Solana séduit le fonds monétaire tokenisé FOBXX de Franklin Templeton. Elle continue de construire une alternative à Ethereum pour la tokénisation et les stablecoins.

  • Franklin Templeton a ajouté Solana aux blockchains supportant son fonds Franklin OnChain U.S. Government Money Market Fund (FOBXX), après Stellar, Ethereum, Base, Aptos et Avalanche.

  • FOBXX, lancé en 2021, est le deuxième plus grand fonds monétaire tokenisé, avec une capitalisation de 594 millions de dollars, plus ou moins ex-aequo avec Buidl de Blackrock, mais bien après les 1,24 Md€ du USYC de Hashnote (racheté par Circle). 

  • Tout comme un stablecoin (quand il est réglementé), FOBXX investit dans des titres liquides, notamment des bons du Trésor américain et des repos (accords de rachat) garantis par des bons du Trésor.

  • Le 31 janvier dernier, le spécialiste de la tokénisation Securitize a également fait le choix d’étendre ses activités sur Solana.

  • EN FILIGRANE : Un marché concentré. Entrée dans la lumière grâce au memecoin $Trump, Solana multiplie les intiatives. Mais Ethereum continue de dominer largement le marché de la tokenisation des actifs réels (RWA), avec 3,86 milliards de dollars sur sa blockchain principale et 2 milliards sur une layer 2, ZKSync Era (contre à peine 135 millions pour Solana). La même chose est vraie pour les stablecoins.

  • À SURVEILLER : Stablecoins et fonds monétaires tokenisés. Les stablecoins, notamment s’ils sont règlementés comme USDC de Circle (mais aussi Tether, selon ses déclarations) sont placés, pour l’essentiel, en bons du Trésor américain : exactement comme les fonds monétaires tokenisés, FOBXX ou USYC (qui appartient désormais à Circle. La différence entre les deux catégories semble plutôt réglementaire que de substance (si ce n’est la taille des fonds). Maintenant que l’hypothèse d’un dollar numérique est écartée, c’est dans ce creuset que se forgeront sans doute les fonctions de monnaie numérique de la zone dollar.

Anduril y va de son casque

Le fabricant de drones et robots Anduril Industries prendra le relais de Microsoft pour créer le casque de réalité augmentée de l’armée américaine.

  • Anduril remplacera Microsoft comme contractant principal sur le programme Integrated Visual Augmentation System (Ivas), un casque de réalité augmentée destiné aux soldats de l’armée américaine.

  • Anduril supervisera désormais la production, le développement matériel et logiciel, ainsi que les délais de livraison, tandis que Microsoft restera fournisseur de services cloud et d’intelligence artificielle.

  • Le contrat Ivas, signé en 2021, était estimé à près de 22 milliards de dollars pour plus de 120 000 casques basés sur le modèle HoloLens de Microsoft, mais le projet a rencontré des problèmes techniques et essuyé de sévères critiques sur son manque d’utilité opérationnelle.

  • Le Pentagone doit encore valider officiellement le transfert du programme, confirmé à Techcrunch par les deux sociétés concernées.

  • À SURVEILLER : Anduril renforce sa position avant une levée de fonds. La start-up est en discussion pour lever 2,3 milliards de dollars, sur une valorisation de 26 milliards de dollars, pour poursuivre son industrialisation.


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• Après l’échec du casque Vision Pro et de l’Apple Car, Apple adopte une approche prudente pour son incursion dans la robotique domestique.

• En 2025, les capitaux dans l’IA paraissent se déplacer vers des applications concrètes comme la santé et la cybersécurité.

Apple explore la robotique pour la maison intelligente

Apple prépare le développement de robots, humanoïdes ou non, mais la mise en production n’interviendra pas avant 2028.

Source : Yuhan Hu et al.

Apple mène actuellement des recherches sur des robots destinés aux applications domestiques, envisageant à la fois des formes humanoïdes et non humanoïdes. Cette exploration technologique a été révélée par Ming-Chi Kuo, analyste bien connu des projets d’Apple. Selon lui, les robots en développement sont encore au stade de la preuve de concept (POC), une phase exploratoire où de nombreux projets, comme celui de l’Apple Car, ont déjà été abandonnés par le passé.

Lampe robotique

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

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Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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