Un bon gros Grok pour finir l'hiver

Portées par l’IA générative, les arnaques crypto structurent des réseaux criminels sophistiqués • Meta cadre la collaboration entre humains et robots • L'IA entre au New York Times • Tether fait lobby de tout bois • xAI lance Grok 3 et veut lever 10 milliards supplémentaires • Bienvenue dans Qant, mardi 18 février 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

xAI entre dans le jeu des grands modèles

Elon Musk a présenté cette nuit Grok3 beta et Grok3 mini, dotés de capacités de “raisonnement”. Il a vanté les ressources massives utilisées pour leur entraînement.

  • xAI a ouvert cette nuit, aux abonnés payants de X, deux nouveaux modèles de la série Grok3 : Grok3 mini et, en bêtatest, Grok3 Reasoning.

  • Grok3 veut permettre à xAI, la start-up d’IA la mieux financée après OpenAI, de se mesurer aux modèles les plus avancés : outre GPT-4o et o1 Pro, Gemini 2.0, DeepSeek v3 et R1, Claude 3.5 Sonnet et Llama 3 400B.

  • Pour cela, la série Grok3 intègre des fonctions de raisonnement par chaîne de pensée comparable à o1Pro d’OpenAI et R1 de DeepSeek, plus joliment baptisée “Think”.

  • Elle propose également une fonction de recherche sur Internet approfondie, DeepSearch, qui veut évoquer DeepResearch sur ChatGPT Pro et sur Perplexity.

  • Les fonctionnalités de dialogue vocal, émulant GPT-4o, seront disponibles “dans une semaine”, d’après Elon Musk, notoirement peu fiable en la matière.

Elon Musk présente Grok3 • Source : xAI.

  • Cette annonce devrait conforter la levée en cours de 10 milliards de dollars sur une valorisation de 75 milliards, d'après Bloomberg, avec parmi les investisseurs Sequoia Capital, Andreessen Horowitz et Valor Equity Partners. En décembre dernier, la start-up avait levé 6 milliards de dollars sur une valorisation estimée à 40 milliards pre-money (lire Qant du 9 décembre 2024).

  • Grok3 a été entraîné sur les 200 000 GPU du supercalculateur Colossus à Memphis dans le Tennessee (lire Qant du 5 septembre 2024).

  • Dell Technologies serait sur le point de finaliser un contrat de plus de 5 milliards de dollars pour fournir à xAI des serveurs équipés de puces Nvidia GB200.

  • xAI prévoit d’exploiter 15 turbines à gaz pour alimenter Colossus jusqu’en 2030. L’installation dépasserait les seuils d’émissions de polluants dangereux, notamment le formaldéhyde. 

  • À SURVEILLER : La course à l’échelle. Alors qu’une forme de consensus semble s’installer sur la fin proche de la course à l’échelle (la “end of scale” soutenue par Ilya Sutskever et Gary Marcus), xAI semble toujours lancée à sa poursuite. Le lancement prochain de GPT 4.5, puis GPT-5, devrait en décider.

DeepSeek, New York Times

  • L’IA entre à la rédaction du NYT • Le New York Times a introduit des outils d’IA dans sa rédaction pour aider ses journalistes à réviser des articles, générer des résumés, optimiser les titres SEO et suggérer des questions d’interview. Un nouvel outil interne, Echo, a été déployé pour synthétiser des articles, sans aller jusqu’à la rédaction complète d’articles. En savoir plus… 

  • Séoul cherche noise à DeepSeek • La start-up chinoise DeepSeek a suspendu le téléchargement de ses applications de chatbot sur l’App Store et Google Play en Corée du Sud. Cette décision fait suite à une enquête de la Commission sud-coréenne de protection des données, qui a identifié un manque de transparence concernant le transfert de données à des tiers et une collecte potentiellement excessive d’informations personnelles. DeepSeek s’est engagé à renforcer ses mesures de protection avant de relancer ses applications. Les utilisateurs actuels ne sont pas concernés par cette suspension. En savoir plus…

L’année des crypto-arnaques

Depuis 2012, les arnaques sur Internet génèrent des transactions en cryptomonnaies pour 10 milliards à 12 milliards de dollars. L’IA générative favorise désormais leur essor et la structuration de véritables écosystèmes cryptocriminels, aux activités diversifiées.

Quelle crypto-criminalité pour 2025 ? • Qant, M. de R. avec Midjourney

Anne, qui a donné 830 000 euros à un faux Brad Pitt sur Internet et dont TF1 a fait la renommée, est loin d’être seule : les arnaques sentimentales ou financières sont devenues le premier secteur du crime crypto. En 2024, elles ont généré près de 10 milliards de dollars, selon les recensions actuelles de Chainalysis, sur un total de 41 milliards. Les deux chiffres sont destinés à augmenter, à mesure que l’institut identifie de nouvelles adresses frauduleuses : en première estimation, Chainalysis prévoit au moins 12 milliards sur 51 milliards.

Alors que les rançongiciels se contractent de 36%, l’IA générative a permis une explosion des "pig butchering scams", qui consistent à manipuler psychologiquement les victimes sur une longue période avant de les inciter à des investissements frauduleux : +40 % par rapport à 2023.

Répartition des crypto-arnaques par type • Source : Chainalysis

Tether renforce son lobbying américain

Après avoir dû se retirer d’Europe, Tether tente d’éviter le même sort outre-Atlantique.

  • Le CEO de Tether Paolo Arduino a admis publiquement que l’opérateur du plus grand stablecoin du monde tâche d’être le plus présent possible auprès des sénateurs et représentants qui ont charge du Genius Act et du Stable Act, deux projets de lois convergents pour la réglementation des stablecoins aux États-Unis. 

  • Se conformer aux futures normes impliquerait notamment, en l’état actuel des projets de loi, des audits mensuels par un cabinet comptable américain.

  • La semaine dernière, JPMorgan estimait que Tether serait également contrainte de vendre une partie de ses réserves en bitcoin, mettant sous pression la valeur du jeton. 

  • EN FILIGRANE : Tether compte des alliés de poids dans la nouvelle administration, notamment le secrétaire au Commerce Howard Lutnick, qui dirige le dépositaire d’une partie de ses réserves, Cantor Fitzgerald.

  • À SURVEILLER : Wall Street vaut bien une messe. Dès 2014, Tether/Bitfinex a transféré son siège dans un paradis fiscal, les Îles Vierges Britanniques, afin d’éviter les obligations de reporting de la législation américaine (qui lui ont tout de même valu une amende en 2021). Cette année, elle a laissé les plateformes la retirer de leurs offres en Europe plutôt que de rendre conforme son stablecoin conforme aux prescri​​ptions du règlement Mica. Mais se laisser exclure du marché américain au moment où les stablecoins pourraient devenir le véhicule qui offre au dollar des fonctions de monnaie numérique serait se marginaliser – et au contraire, Tether a affirmé sa volonté de se développer aux États-Unis, après avoir investi en janvier 775 millions de dollars dans Rumble, pour développer le partage de vidéos dans le Web3.

Meta rêve d’un partenariat homme-robot

Meta AI présente un nouveau cadre de recherche destiné à évaluer et améliorer la collaboration entre humains et robots dans des tâches complexes, notamment dans les environnements domestiques.

Les robots capables d’interagir avec les humains et d’exécuter des tâches domestiques de manière autonome restent un défi majeur pour la recherche en intelligence artificielle. Meta AI cherche à surmonter ces obstacles avec Partnr (Planning And Reasoning Tasks in humaN-Robot collaboration), un cadre expérimental conçu pour améliorer la coordination et la planification des tâches partagées entre humains et machines.


EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNÉS :

• Les crypto-fraudes explosent grâce à des outils d’IA, poussant les régulateurs à renforcer la lutte.

• Meta veut améliorer la collaboration homme-robot avec un nouveau cadre de recherche.

Crypto-arnaques : un système de plus en plus sophistiqué

Depuis 2012, les arnaques sur Internet génèrent des transactions en cryptomonnaies pour 10 milliards à 12 milliards de dollars. L’IA générative favorise désormais leur essor et la structuration de véritables écosystèmes cryptocriminels, aux activités diversifiées.

Revenus annuels des escroqueries aux crypto monnaies • Source : Chainalysis

Les arnaques sentimentales ou financières sont devenues le premier secteur du crime crypto. En 2024, elles ont généré près de 10 milliards de dollars, selon les recensions actuelles de Chainalysis, sur un total de 41 milliards. Les deux chiffres sont destinés à augmenter, à mesure que l’institut identifie de nouvelles adresses frauduleuses : en première estimation, Chainalysis prévoit au moins 12 milliards sur 51 milliards.

Alors que les rançongiciels se contractent de 36%, l’IA générative a permis une explosion des "pig butchering scams", qui consistent à manipuler psychologiquement les victimes sur une longue période avant de les inciter à des investissements frauduleux : +40 % par rapport à 2023. Les services d’analyse blockchain montrent une augmentation de 1900 % des flux financiers vers des vendeurs de logiciels d'IA sur la plateforme Huione Guarantee, une marketplace underground facilitant les activités frauduleuses.

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Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

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