Une pluie de décrets américains

Trump devrait prendre deux décrets pro-bitcoin la semaine prochaine et Joe Biden en publie un sur l'IA, inspiré par OpenAI • BCG X appelle les entreprises européennes à s’impliquer dans la régulation de l’IA • Chainalysis se mue en société de sécurité • Comment créer des IA aussi puissantes que o1 • Bienvenue dans Qant, mercredi 15 janvier 2025.

« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » Paul Virilio

Bitcoin : une fuite bien opportune

De nombreux décrets présidentiels devraient être pris par Trump dès son entrée à la Maison-Blanche, dont deux en faveur des cryptos. L’idée a fait rebondir le bitcoin.

  • Des fuites relayées par le Washington Post indiquent que Donald Trump prévoit de prendre dès son arrivée au pouvoir deux décrets (executive orders) très favorables aux cryptos, sous l’influence de David Sacks, qui doit être “tsar IA et crypto” dans la nouvelle administration, et de Marc Andreessen, cofondateur de A16Z, l’un des principaux investisseurs cryptos de la Silicon Valley.

  • Andreessen a accusé les régulateurs financiers de l’administration Biden et, avant elle, Obama, d’avoir restreint les services bancaires au secteur des cryptos pour des raisons politiques.

  • À l’entendre, 30 fondateurs de start-up se seraient vu fermer leurs comptes par les banques, ce qui aurait précipité des faillites comme celle de FTX.

  • Cette pratique de “debanking” serait interdite par décret dès le premier jour de Trump à la Maison Blanche. 

  • Un deuxième décret annulerait la règle qui oblige les banques à comptabiliser les cryptomonnaies au passif de leur bilan.

  • EN FILIGRANE : Depuis la mi-décembre, la vague d’optimisme crypto déclenchée par l’élection de Donald Trump est retombée. La force du dollar se reflète négativement sur le bitcoin et les autres cryptoactifs. Mais après l’article du WaPo, le bitcoin est reparti à la hausse.

  • À SURVEILLER : La spéculation. Michael Saylor, CEO de MicroStrategy, affirme que ces deux mesures aideront à pousser le prix du bitcoin à 5 millions de dollars, entraînant une capitalisation totale de 100 000 milliards de dollars. Il reste pour l’instant fermement sous les 100 000 dollars, mettant sans doute sous pression le bilan de Microstrategy, une société cotée qui emprunte pour acheter du bitcoin.

Banque d’Angleterre, NYDFS

  • La Banque d’Angleterre exporte son savoir-faire sur les actifs numériques • Le Département des Services Financiers de l’Etat de New York (NYDFS) a annoncé un programme d'échange avec la Banque d'Angleterre pour partager des expertises en matière de régulation des actifs numériques. Ce Transatlantic Regulatory Exchange débutera en février et permettra à des cadres expérimentés des deux institutions de collaborer pendant au moins six mois. En savoir plus…

OpenAI propose un nouveau plan pour l'IA ; Joe Biden le met en œuvre

Alors que Joe Biden prend son dernier décret présidentiel, OpenAI publie ses recommandations pour que les États-Unis renforcent leur position dans la course mondiale à l'intelligence artificielle.

  • OpenAI a présenté un nouveau « plan économique », destiné à orienter les politiques publiques américaines pour soutenir l'innovation en intelligence artificielle tout en protégeant la sécurité nationale. 

  • Le “blueprint” souligne la nécessité d’investir des milliards de dollars pour les infrastructures nécessaires à l'IA, notamment les puces, la donnée, l'énergie et les talents. Pour ce faire, il estime que les États-Unis devraient attirer des capitaux internationaux pour 175 milliards de dollars.

  • Parmi les mesures proposées figurent l'augmentation des dépenses fédérales dans l'énergie renouvelable (solaire, éolien, nucléaire), le renforcement des capacités des centres de données et la mise en place de règles uniformes pour éviter des réglementations conflictuelles entre États.

  • OpenAI recommande de faciliter l'exportation de modèles avancés d'IA aux alliés et de limiter leur accès aux nations adversaires, comme la Chine, afin de garantir une adoption internationale alignée sur les technologies américaines.

  • EN FILIGRANE : Hier, Joe Biden a pris un décret présidentiel qui donne force de loi au cadre règlementaire présenté lundi par le ministère du Commerce. Ces règles très restrictives en matière d’exportation de puces et de données, dont ne sont exemptés que 18 pays alliés, ont fait hurler dans la Silicon Valley, notamment Nvidia. Mais on peut observer une proximité avec l’approche du Pacte pour l’IA, qu’OpenAI avait présenté en novembre : l’executive order demande, par exemple, aux départements de la Défense et de l’Energie des sites susceptibles d’héberger des centres de données d’une puissance de plusieurs gigawatts.

  • À SURVEILLER : Le poids politique d'OpenAI. A une semaine du changement d’administration, le décret de Biden devrait faire long feu, quoique les républicains récupéreront sans doute à leur compte la dynamique antichinoise, qui pourrait limiter les ventes de puces d’IA par des acteurs non-américains comme TSMC ou Samsung. De même, le plan économique aura sans doute peu de possibilités de peser à court terme la stratégie des États-Unis en matière d'IA, tant l’influence d’Elon Musk et de David Sacks semble prédominante. La fondation de recherche aura assez à faire pour défendre sa transformation en une société commerciale.

Les dirigeants européens doivent se faire entendre concernant la réglementation de l'IA

Depuis la révolution industrielle jusqu'à aujourd'hui, les cadres réglementaires pour les technologies nouvelles et en évolution ont bénéficié de l'apport du monde réel. Pourtant, dans le cas de l'IA, trop d'entreprises restent à l'écart, ce qui accroît le risque que des règles mal conçues entravent les progrès.

Par Sylvain Duranton et Kirsten Rulf

Sylvain Duranton (BCG X), D. R.

“L’intelligence artificielle refaçonnant les économies et les sociétés, il est essentiel que les dirigeants d’entreprise songent à la manière dont ils entendent collaborer avec les dirigeants politiques pour régir le développement de cette technologie. Au sein de l’Union européenne, la loi récemment adoptée en matière d’IA impose aux entreprises de prendre certaines mesures de précaution en fonction des risques associés aux différents cas d’utilisation. Le texte considère ainsi comme « inacceptable » le risque lié à l’utilisation de l’IA à des fins de « notation sociale », alors que les filtres de courrier électronique basés sur l’IA sont décrits comme présentant seulement un risque « minime ».”

Qant est membre de Project Syndicate.

AWS, Blaize, Google, Mercedez-Benz

  • L’IA de Google dans l’habitacle • Mercedes-Benz a annoncé un partenariat élargi avec Google pour intégrer des capacités conversationnelles avancées à son assistant virtuel MBUX, grâce à l'Automotive AI Agent de Google Cloud. Cette technologie, qui s'appuie sur Google Maps, permettra aux conducteurs de recevoir des réponses personnalisées sur des sujets comme la navigation et les points d'intérêt, avec des mises à jour quasi instantanées des données cartographiques. L'expérience sera disponible sur la nouvelle série CLA de Mercedes-Benz un peu plus tard dans l’année. En savoir plus… 

  • A l’aise, Blaize • La start-up californienne Blaize, spécialisée dans les puces d’intelligence artificielle pour les applications en edge, va entrer en bourse mardi via une fusion avec une Spac, devenant ainsi la première entreprise de puces IA à se lancer en 2025. Fondée en 2011 et basée en Californie, Blaize fabrique des puces conçues pour des produits connectés comme des caméras de sécurité, des drones et des robots industriels. Elle prévoit une valorisation de 1,2 milliards de dollars après l’opération. En savoir plus… 

  • AWS mise sur l’IA dans la santé • Amazon Web Services (AWS) et le fonds de capital-risque General Catalyst ont annoncé un partenariat pluriannuel qui vise à accélérer le développement et le déploiement d’outils d’intelligence artificielle dans le secteur de la santé. Les entreprises du portefeuille de General Catalyst, notamment Aidoc (IA pour l’imagerie médicale) et Commure (automatisation des flux de travail des prestataires), utiliseront les services d’AWS pour développer des solutions plus rapidement. En savoir plus…

Chainalysis renforce sa lutte contre la fraude avec l’acquisition d’Alterya

La société Chainalysis a annoncé l’acquisition d’Alterya, une start-up israélienne spécialisée dans la prévention des fraudes, pour un montant estimé à 150 millions de dollars.

  • Chainalysis, leader américain de l’analyse blockchain et de la sécurité, a acquis Alterya, une start-up israélienne, pour environ 150 millions de dollars. 

  • Fondée en 2022, Alterya est spécialisée dans la prévention des fraudes par manipulation psychologique.

  • Elle s’appuie sur l’intelligence artificielle pour protéger les utilisateurs des réseaux de crypto-monnaies et des systèmes de paiements en temps réel.

  • La start-up a identifié 10 milliards de dollars de transactions frauduleuses en 2024 et protégé plus de 100 millions d’utilisateurs, notamment grâce à des partenariats avec Coinbase, Binance et Square.

  • Cette acquisition fait suite à l’achat d’Hexagate, une autre start-up israélienne, le mois dernier, pour environ 60 millions de dollars, spécialisée dans les solutions de sécurité Web3.

  • À SURVEILLER: Un nouveau modèle économique. Surtout connue pour l’analyse et l’investigation sur les données des blockchains, Chainalysis poursuit son expansion vers une offre de sécurité proactive complète : pendant que les modèles d’Alterya tentent d’identifier les escrocs avant qu’ils ne trouvent leurs victimes, les algorithmes de machine learning d’Hexagate identifient les transactions suspectes.

Créer une IA de raisonnement avancé

Une feuille de route détaillée éclaire les avancées nécessaires pour concevoir des IA capables de raisonnements complexes, comme o1 d’OpenAI. Les chercheurs shanghaiens passent en revue les projets open source qui se sont lancés dans l’aventure.

Comprendre les IA de raisonnement avancé • Qant, M. de R. avec Midjourney

Une équipe de chercheurs affiliés à l’université chinoise Fudan et au laboratoire d’intelligence artificielle de Shanghai vient de proposer un cadre méthodologique pour concevoir des modèles d’intelligence artificielle dotés de capacités de raisonnement avancé. Il se demande donc comment reproduire des LLM comme o1 d’OpenAI,  en se concentrant sur une approche d'apprentissage par renforcement.

EN EXCLUSIVITÉ POUR LES ABONNES :

• Le dialogue entre décideurs politiques et industriels est essentiel pour encadrer l’innovation.

• L’intégration de récompenses de processus et d’algorithmes de recherche promet d’améliorer les capacités de raisonnement des modèles IA.

Les dirigeants européens doivent se faire entendre concernant la réglementation de l'IA

Depuis la révolution industrielle jusqu'à aujourd'hui, les cadres réglementaires pour les technologies nouvelles et en évolution ont bénéficié de l'apport du monde réel. Pourtant, dans le cas de l'IA, trop d'entreprises restent à l'écart, ce qui accroît le risque que des règles mal conçues entravent les progrès.

Par Sylvain Duranton et Kirsten Rulf

Kirsten Rulf (BCG), D. R.

L’intelligence artificielle refaçonnant les économies et les sociétés, il est essentiel que les dirigeants d’entreprise songent à la manière dont ils entendent collaborer avec les dirigeants politiques pour régir le développement de cette technologie. Au sein de l’Union européenne, la loi récemment adoptée en matière d’IA impose aux entreprises de prendre certaines mesures de précaution en fonction des risques associés aux différents cas d’utilisation. Le texte considère ainsi comme « inacceptable » le risque lié à l’utilisation de l’IA à des fins de « notation sociale », alors que les filtres de courrier électronique basés sur l’IA sont décrits comme présentant seulement un risque « minime ».

Entendre la voix des entreprises 

...

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Qant: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Par QANT: Révolution cognitive et Avenir du numérique

Jean Rognetta

Binational franco-italien, économiste de formation, Jean devient journaliste au milieu des années 1990, après avoir fait ses premiers pas dans l’édition et la technologie. Il débute sa carrière au groupe Tests, leader de la presse informatique, puis se spécialise en financement de l’innovation et des PME. Il couvre le sujet pour Les Echos et Capital Finance de 2000 à 2015. En 2016, il rejoint le magazine Forbes et devient directeur de la rédaction de l’édition française.
Pendant la crise financière, il lance l’association PME Finance, à l’origine notamment du PEA-PME et de l’amortissement du corporate venture, ainsi que partiellement de la libéralisation du crowdfunding. Elle fusionne en 2015 avec le groupement d’entrepreneurs Croissance Plus.
Depuis 2020, Jean a lancé la revue SAY, édition française de Project Syndicate, dont il reste contributing editor, le supplément Corporate Finance du Nouvel Économiste et la collection Demain! aux Editions Hermann.

Maurice de Rambuteau

Diplômé du Centre de Formation des Journalistes (CFJ Paris) et de l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP BS), Maurice de Rambuteau a fait ses premières armes de journaliste dans le sport, pour le site et le magazine SoFoot, puis au sein de la rédaction football de L'Equipe. Il s'est ensuite tourné vers le journalisme économique au sein de la rédaction de La Croix, avant de donner libre cours à sa passion pour la technologie en rejoignant Qant en juin 2022 pour un premier tour d’horizon de l’IA générative. Depuis, il a percé les mystères des blockchains et du métavers et, surtout, passé des dizaines de modèles d’IA au banc d’essai.

Les derniers articles publiés